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La cour royale du Danxomè: un vecteur d'éclosion des arts

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par Hyppolite Togo
Université d'Abomey-Calavi - Licence en histoire de l'art 2016
  

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Chapitre III- Les prémisses d'une école d'art à Agbomè

A- La spécialisation dans les arts

Il y avait à Agbomè, la capitale du royaume, une spécialisation nette dans les métiers d'art. Il existait des quartiers de la capitale et des villages qui formaient des corporations spécialisées, dont le chef recevait une dignité : il était « maître d'un siège »15 (P. Mercier, 1962 : 198). C'est ainsi qu'on constate aujourd'hui à Abomey des quartiers dont la toponymie est liée aux noms de familles d'artistes ; par exemple les quartiers Hountondji, Yèmandjè,... En effet, afin de concéder des avantages à des alliés et aux populations du plateau nouvellement soumises, le roi Houégbadja, fondateur du royaume, fit spécialiser chaque famille d'artiste dans un métier.

Ainsi, installés à proximité du palais par Houégbadja au début de son règne, les Hountondji étaient forgerons avant de se spécialiser dans la technique de la cire perdue sous le règne de Ghézo notamment, devenant ainsi bijoutiers. Parlant de forge, nous avons entre autres les Adjalian et les Zounon, invités par Agadja, et qui étaient spécialistes du travail du fer essentiellement, avec la fabrication des armes, des outils agraires et des objets de culte. Doté et «épousé» par le roi Kpengla, un talentueux forgeron du nom de

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15 C'est-à-dire que le chef de la corporation d'artistes du même métier était élevé au rang de dignitaire.

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Déguénon Mongbo sera installé auprès des Hountondji, et devint très tôt le premier spécialiste de la fabrication du Gou. Il existait de nombreuses autres familles spécialistes de la forge telles que celle Akati, réputée dans la production du Gou, des récades, des sabres ; la famille Agbo qui avait le monopole de la fabrication du gong jumelé (Kpan) ; les Assogbakpé, grands producteurs d'assen.

Le domaine de la tenture ne manquait pas non plus de spécialistes. Ce métier a pris son envol sous le règne d'Agadja. En effet, lors d'une prise de guerre à Agbozounmey, dans la région d'Avrankou, au Sud-est du Bénin actuel, les tenturiers et tisserands Hantan et Zinflou ont été capturés par les soldats fon. Il est important de préciser que les appliqués sur tissu réalisés par ces deux artistes l'étaient sur fond de raphia et non de coton, comme il fut de mise après avec l'apparition des toiles issues du commerce des esclaves. Ils sont les premiers spécialistes de la tenture au Danxomè. Cette corporation connaîtra un grand essor avec Yèmandjè, « doté et épousé » par Agonglo pour s'attacher ses services. La famille Yèmandjè finit par supplanter celles Zinflou et Hantan, et son chef devait porter avant le roi tout vêtement produit en appliqué. Il était le « miroir » du roi, dit-on16.

La sculpture sur bois est une autre spécialité des arts fon. D'origine yoruba, elle existait sur le plateau avant l'arrivée des Agassouvi. Elle sera ensuite adoptée par des habitants de Gbanamè dans la région d'Agonli, au Sud-est du Bénin actuel. Le roi Agonglo a beaucoup oeuvré pour le rayonnement de cet art, en se faisant sculpter des trônes de luxe (Gandémè) en lieu et place des traditionnels kataklè17. Les sculptures en bois consacrées aux cultes vodoun étaient l'apanage de la famille Sossa Dèdè. Quant aux Djotohou, ils étaient spécialistes de la fabrication des chaussures, amulettes et autres objets en cuir du roi, tandis que les Danhoungbé se chargeaient de la composition de chapeaux et d'amulettes en perles.

La production des bas-reliefs qui constituent l'une des caractéristiques fondamentales de l'art du Danxomè, a connu des perfectionnements au fil des règnes. Elle nécessite plusieurs aptitudes de la part de ses spécialistes : la forge, l'architecture, la poterie, la décoration et la peinture. Sur le plan de la musique et de la danse, des orchestres étaient bien établis. Chaque orchestre était spécialiste d'un rythme précis.

16 Ainsi parla Fidèle YÈMANDJÈ, tenturier et tisserand.

17 Tabourets à trois pieds qui servirent de trônes pendant longtemps avant d'être utilisés comme sièges d'intronisation avec la création des trônes de luxe.

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B- La pérennisation du savoir-faire

Les artistes de cour n'étaient pas qu'investis de produire des oeuvres pour le roi et son entourage immédiat, ils étaient aussi charger de perpétuer leur savoir-faire en formant d'autres personnes. C'est alors que des apprentis étaient engagés pour être formés afin d'assurer la relève. Ceux-ci étaient des enfants d'artistes ou d'hommes de confiance ne pouvant trahir le secret de la discrétion. Cette forme de transmission a occasionné la floraison de familles d'artistes ; ce qui a permis la conservation de certains métiers et techniques artistiques. Placé dans un atelier familial dirigé par le chef de la famille ou l'artiste le plus doué, chaque apprenti reproduisait suivant son talent des objets créés par son maître. Apprenant le métier depuis sa toute jeune enfance, l'apprenti ne finissait sa formation qu'à un âge relativement mûr et après avoir prouvé tout son talent.

Le roi-mécène ne se contentait pas uniquement d'offrir de bonnes conditions de vie et de travail aux artistes. Il s'occupait également de la formation de la relève. Des enfants de ministres et des princes héritiers étaient aussi placés sous la coupole des chefs des corporations d'artistes. C'est ainsi que des rois arrivaient à séduire par leurs connaissances artistiques18.

Une preuve de la pérennisation du savoir-faire est la subsistance des familles d'artistes. Des membres de ces dernières sont aujourd'hui installés au centre artisanal du musée historique d'Abomey où ils tentent tant bien que mal de perpétuer la tradition familiale. Un peu partout dans la ville d'Abomey nous pouvons observer l'héritage de ces arts de cour à travers des ateliers de tenture, de tissage, de bijouterie, de sculpture, etc.

Cependant, un membre de la famille Hountondji, interrogé au centre artisanal, affirme qu'il est aujourd'hui très difficile voire impossible de pratiquer certaines techniques qu'il a apprises du fait de la pénurie de métaux nécessaires. À cela s'ajoute le manque d'intégration des arts dans les politiques de développement.

18 La plupart de mes informateurs ont affirmé que le roi Agonglo avait sculpté lui-même un trône, alors que le roi Ghézo a composé de nombreuses chansons qu'il a laissées à la postérité. Quant à Gbèhanzin, il excellait dans la danse.

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Deuxième partie :

QUELQUES PRODUCTIONS DE

PORTÉE INTERNATIONALE DES ARTS

DE COUR DU DANXOMÈ

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Deuxième partie :

QUELQUES PRODUCTIONS DE PORTÉE INTERNATIONALE DES ARTS DE

COUR DU DANXOMÈ

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon