WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Situation des personnes trans en Argentine: entre droit et réalités à  l'identité de genre

( Télécharger le fichier original )
par Charlène BECQUET
Université de Rouen - Master II Pratique des transversalités juridiques : droit international et européen 2017
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

III. CONTEXTUALISATION DU SUJET

A l'échelle mondiale, être trans se comprend et se régule différemment. Cette étude se centre sur l'Argentine dans son présent historique50. Nous dessinerons quelques traits de cet espace-temps : lumière sera faite sur les contextes politique, constitutionnel, social, religieux et économique.

La République argentine naît en 1810 à la faveur d'une guerre d'indépendance face à l'Empire espagnol qui l'a colonisé au cours du XVIème siècle. En 1853, la République fédérale argentine émerge autour d'une Constitution de 129 articles qui dessine 23 provinces51 et la ville autonome de Buenos Aires. En raison du principe d'autonomie législative, exécutive et judiciaire, le paysage argentin est hétérogène, ce qui entraîne des différences dans le traitement des personnes trans.

Après la dictature militaire (1976-1983), le peuple espère une explosion des libertés, une reconnaissance de ses droits fondamentaux. Les « Mères de la Place de Mai52 » ont longtemps été - et demeurent - un symbole fort de lutte contre l'impunité, exigeantes d'un droit à la reconnaissance des actes perpétrés sous la dictature. Pour Marcela ROMERA53, cela accroît l'importance de la question identitaire en Argentine considérant ainsi «[qu']une personne qui n'a pas d'identité n'a pas de droits parce qu'elle n'existe pas. L'identité est un droit, surtout dans ce pays où il y a eu 30.000 disparu[e]s 54 ». L'Etat a ainsi été questionné dans ses actes et omissions. Cette défiance peut néanmoins être calmée par un effectif contrôle de constitutionnalité : en Argentine, il se fait de manière diffuse55 sur le modèle états-unien (U.S. Supreme Court, Marbury v. Madison, 1803) suivant le principe de suprématie du pouvoir

50 Le présent historique est ici compris comme le fait de tenir en compte l'Histoire du pays aux fins de compréhension de son présent.

51 Ces provinces sont : Buenos Aires, Catamarca, Chaco, Chubut, Cordoba, Corrientes, Entre Rios, Formosa, Jujuy, La Pampa, La Rioja, Mendoza, Misiones, Neuquén, Rio Negro, Salta, San Juan, San Luis, Santa Cruz, Santa Fe, Santiago del Estero, Terre de Feu/Antarctique/Iles de l'Atlantique Sud et Tucumán.

52Notre traduction de : « madres de la Plaza de Mayo ». Leur histoire commence en pleine dictature (1977) alors que les réunions de plus de cinq personnes sont interdites en raison de la promulgation d'un état de siège. Chaque jeudi et ce, jusqu'en 2006, elles se réunissaient pour demander justice au gouvernement concernant les disparitions forcées des personnes victimes de la dictature, souvent leurs propres enfants.

53 Marcela ROMERA est une activiste trans, actuellement Présidente de l'ATTTA et coordinatrice régionale de la REDLACTRANS.

54 Référence aux 30.000 personnes disparu/es sous la dictature qui scelle l'existence des Mères de la Place de Mai ; COLLETTE Cécile, « Buenos Aires, eldorado trans au pays du conservatisme religieux » in Slate, 4 août 2014

55 A l'exception des fallos plenarios (Décret-loi n1/4 1285) et des actions de groupe (jurisprudence « Halabi » du 24 février 2009, Salle II de la Cour nationale d'Appel).

13

judiciaire fédéral (arts. 116 et 117 de la Constitution Nationale argentine56 - CN - ).

L'Argentine est aussi marqué par un facteur, constitutif de valeurs : la religion. Avec environ 76% de la population se définissant comme étant catholique57 et une Constitution qui dans son préambule « invoque la protection de Dieu, source de toute raison et justice », la religion va influencer les législations. « Le Gouvernement fédéral soutient le culte catholique, apostolique et romain » (art. 2 de la CN58) dans le cadre des relations avec le Saint-Siège organisées par un concordat. L'Etat argentin indique sa préférence pour la religion catholique sans pour autant l'élever au rang de religion d'Etat et en gardant sauve la liberté de culte (art. 14 de la CN59). Dans ce contexte, les conséquences sur le droit sont difficiles à déceler néanmoins l'article 19 de la CN pose une limite aux actions privées des « [H]ommes » : l'offense à l'ordre et à la morale publics60. La religion étant une des sources - plus ou moins directe - de la morale publique, nous retrouvons cette justification par le biais de la figure des codes contraventionnels, gardiens de celle-ci dans certaines provinces.

Il est nécessaire également de prendre acte de la situation économique de l'Argentine qui est inflationniste et qui impacte négativement les franges des populations plus démunies dont les personnes trans font souvent partie. Cette tendance est d'ailleurs renforcée depuis l'arrivée à la présidence de Mauricio MACRI en décembre 2015 qui annonça des coupes budgétaires dans les politiques publiques de santé et celles relatives au travail, entre d'autres conséquences qui seront ultérieurement étudiés.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Ceux qui rĂªvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rĂªvent de nuit"   Edgar Allan Poe