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Déterminants de la malnutrition chronique chez les enfants de moins de cinq ans en république démocratique du Congo. Modélisation d’une réponse polytomique (régression logistique multinomiale).


par Antoine DIKOKE
INSTITUT SUPERIEUR DES TECHNIQUES MEDICALES DE KINSHASA (ISTM) Kinshasa - Master en Bio-statistique 2019
  

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I.4.4.1.2.4 Facteurs sociodémographiques des mères et des enfants

La quantité d'aliments disponibles par personne dans une famille, dans un district ou dans un pays est la quantité de nourriture produite ou achetée divisée par le nombre de personnes qui y ont accès. Une famille de huit personnes, qui produit et achète la même quantité de nourriture qu'une famille de quatre personnes, dispose de moins de nourriture par personne. Toutefois, dans les familles de producteurs, plus la famille est nombreuse, plus la productivité familiale peut être importante.

Dans certains pays, le problème démographique est généralement perçu comme un problème majeur. La surpopulation, la taille des familles et l'espacement des naissances sont considérés comme des facteurs déterminants de malnutrition. Pour de nombreux pays en développement, l'espacement des naissances est une priorité au sein des structures gouvernementales responsables de la planification familiale. Mais tout comme en production, il serait naïf de croire qu'un contrôle des naissances ou une planification familiale réussie résoudront à eux seuls les problèmes de faim et de malnutrition.Les principaux facteurs mis en exergue dans cette approche et qui peuvent influencer le statut nutritionnel des enfants sont : l'âge et le sexe de l'enfant, l'âge à la maternité et la parité de la mère, le statut matrimonial et l'indicateur d'IMC de cette dernière, l'intervalle inter-génésique, les infections et maladies contractées par l'enfant et enfin les soins préventifs (L. Sangare, 2008).

1. Age de l'enfant

L'âge de l'enfant est dans l'ensemble parmi les variables les plus discriminantes, car plus l'âge augmente, plus la malnutrition prévaut (INSAH, 2008). L'alimentation du nourrisson et du jeune enfant varie au fur et à mesure qu'il prend de l'âge : le nourrisson de moins de six mois nourri au lait maternel bénéficie de la protection des anticorps de sa mère. Au-delà de six mois, le sevrage l'expose aux agents pathogènes et à la malnutrition lorsque les aliments de sevrage ne sont pas assez riches pour couvrir les besoins de sa croissance.

Il est généralement observé que la santé de l'enfant telle que mesurée par l'état nutritionnel se détériore surtout durant la première année de vie et ce jusqu'à l'âge de deux ans, pour se stabiliser plus au moins par la suite. Cette tendance a été constatée dans les pays en voie de développement dont le Guatemala (Handa, 1999).

Quel que soit l'indice anthropométrique choisi, le taux de malnutrition augmente avec l'âge de l'enfant de la naissance à 24 mois au Mali (EDS-2001), au Burkina Faso (EDS-2003), au Cameroun (EDS-2004) et au Tchad (EDS-2004). Cette tendance s'inverse très rapidement et de façon significative après 24 mois pour le poids/âge et le poids/ taille. La tendance est mitigée pour la taille/âge après 24 mois. Il apparaît clairement que la nutrition de l'enfant est fonction de son âge. Le nourrisson de moins de six mois ne devra pas être alimenté comme l'enfant de 6 à 11 mois et ce dernier ne doit pas être alimenté comme celui de 12-23 mois (INSAH, 2008). Au Gabon, un grand nombre de décès surviennent entre 1 et 3 ans des suites de rougeole et de malnutrition : maladies qui frappent rapidement après le sevrage de l'enfant (Bakenda, 2004).

L'incidence de l'âge sur l'état nutritionnel des enfants peut être prise en compte de plusieurs manières. Soit qu'on utilise des tranches d'âge (Strauss, 1990 ; Stifel et al, 1999), soit qu'on préfère une forme quadratique : solution que Morrisson et Linskens ont retenue en 2000 lors de la recherche des facteurs explicatifs de la malnutrition en Afrique Subsaharienne.

Dans presque tous les pays explorés, ils ont obtenu des coefficients très significatifs, celui de l'âge (en mois) étant négatif et celui de l'âge au carré étant positif. D'après ces coefficients, le mois à partir duquel l'âge exerce un effet positif au lieu de négatif est en moyenne à partir de 35 mois (point d'inflexion). Jusqu'à cet âge, la situation se détériore avec le temps. Ce schéma concorde avec les résultats de Stifel et al. (1999) qui considèrent seulement trois tranches d'âge de 3 à 35 mois comme avec ceux de Strauss (1990) pour la Côte d'Ivoire qui met en évidence un handicap croissant qui atteint son maximum vers 40-48 mois. Ainsi, quelle que soit la forme choisie, les épisodes temporaires de malnutrition s'accumulent pendant les trois ou quatre premières années de telle sorte que le retard de poids par rapport aux enfants du pays de référence, les États-Unis, croît d'année en année pour s'inverser avec le changement de régime alimentaire permis par l'âge (INSAH, 2008).

2. Sexe de l'enfant

Dans certaines sociétés où l'on a une préférence pour les enfants de sexe masculin, le sexe de l'enfant joue un rôle important sur son état nutritionnel (Dackam, 1990). En Afrique subsaharienne, des auteurs comme Gbenyon et Locoh (1989), ont montré l'existence d'une discrimination alimentaire selon le sexe, mais cette différence n'était pas toujours significative. Au Mali, aucune différence significative dans l'état nutritionnel n'a été observée, ni en milieu urbain, ni en milieu rural (Mbacké et Legrand, 1992).

Pour étudier l'incidence du sexe, le centre de développement de l'OCDE en 2000, grâce aux données de 20 pays d'Afrique subsaharienne, fait recours à une diversité de l'échantillon (du point de vue revenu, mentalités, religion...). Contrairement à ce que l'on pourrait imaginer, les filles sont presque toujours privilégiées. Dans deux cas sur trois, on obtient des coefficients négatifs pour un garçon, dans les autres cas, le coefficient est non significatif et il existe seulement deux coefficients positifs pour les garçons (en zone urbaine au Ghana et au Cameroun). Ces résultats confirment les conclusions de Svedberg (1998) et des tests antérieurs (un coefficient négatif pour les garçons au Brésil, en Côte d'Ivoire, aux Philippines, mais positif au Maroc). Le cas du Maroc pourrait laisser croire qu'on accorde plus d'attention aux garçons dans les pays musulmans. Pourtant, on a observé une prévalence de la malnutrition plus élevée chez les garçons dans des pays de confession musulmane.

Au Niger par exemple, il ressort des données relatives à la malnutrition que les petites filles ne souffraient pas de discrimination en matière de soins en général et d'alimentation en particulier. La proportion des enfants touchés par la malnutrition chronique y est légèrement plus élevée pour le sexe masculin (43%) que pour le sexe féminin (40%) (EDS Niger, 1998 : 154). L'attention accordée aux filles pourrait s'expliquer par des spécificités des sociétés rurales. Les filles y sont beaucoup moins scolarisées qu'en ville et aident leurs mères pour les tâches domestiques dès leur plus jeune âge. Mais on observe une prévalence plus élevée chez les garçons aussi souvent en ville qu'à la campagne. De plus, pour des raisons physiologiques, les filles supportent mieux que les garçons une alimentation pauvre et/ou insuffisante (Ntsame, 2001). Cependant, la persistance de cette dernière laisse observer le désavantage chez les filles au profit des garçons. A ce propos, l'EDS Togo (1998) a enregistré 23% de cas de bonne nutrition chez les garçons contre 20% seulement chez les filles.

L'hypothèse qu'on puisse avancer est que ce biais en faveur des filles diminue avec le développement même s'il n'apparaît pas dans des pays moins pauvres comme le Zimbabwe (Morrisson et Linskens, 2000). De façon générale, là où il n'existe pas de discrimination à l'égard des filles, la malnutrition touche de manière identique les filles comme les garçons (Ntsame, 2001).

3. Indicateur d'IMC de la mère

L'état de santé de la mère n'est pas moins important que l'éducation. Ainsi, l'indice de Masse Corporelle (IMC) de la mère permet de mesurer cet état et est défini comme étant le rapport du poids (en kilogrammes) à la taille (en mètres) élevée au carré. Celles dont l'IMC est inférieur au seuil (le seuil de 18,5) sont considérées comme malnutries. Les enfants de ces mères sont théoriquement à risque eu regard à la théorie dite du « cycle de vie » à laquelle il a été fait allusion précédemment. La répartition des indicateurs de malnutrition suivant le niveau d'IMC des mères confirme la relation positive entre la malnutrition de l'enfant et celle de la mère dans plusieurs études menées en Afrique subsaharienne. Les niveaux de malnutrition sont élevés pour les mères dont l'IMC est inférieur au seuil. En outre, les écarts entre les deux groupes de mères sont particulièrement importants pour la malnutrition poids pour taille : de 12 points d'indice au Tchad (EDST-2004) à près de 6 points au Burkina Faso (EDSB-2003). Pour les autres indicateurs, les écarts sont plus importants au Burkina Faso sauf pour la malnutrition taille pour âge au Mali (INSAH, 2008).

4. Statut matrimonial de la mère

En Afrique subsaharienne, le mariage continue d'assurer aux femmes un sentiment de sécurité et de soutien de la part du groupe social, fait susceptible d'être associé à une meilleure santé de l'enfant (KuateDefo, 1996). L'idée généralement avancée ici est que les enfants de femmes non mariées sont plus susceptibles de souffrir d'une malnutrition plus élevée du fait qu'ils appartiennent à une famille jouissant d'une stabilité sociale plus faible.

Néanmoins, cette influence peut être inverse. Les enquêtes DHS permettent de distinguer les trois cas : la famille monogame, la famille polygame et la famille monoparentale (la mère vit seule). A propos de l'impact des structures familiales : dans 12 pays d'Afrique subsaharienne (OCDE, 2000), les enfants des mères qui vivent en union polygame ont un retard de croissance. Un seul cas, est spécifié dans la zone urbaine du Ghana, où l'on note l'effet opposé de la polygamie. En effet, les pères polygames ont, en moyenne, beaucoup plus d'enfants et d'adultes à nourrir, et même s'ils disposent de plus de ressources que les autres, ces ressources ne croissent pas en proportion des charges familiales. Cela explique aussi cette différence notée par Strauss (1990) en Côte d'Ivoire où les enfants de l'épouse la plus âgée (seule épouse au début) sont plus grands que ceux de l'épouse la plus jeune. On peut supposer que les femmes seules disposent également de moins de ressources. De fait, on a obtenu un coefficient négatif dans 8 pays. Mais dans 4 pays (Ghana, Mali, Niger et Togo), le coefficient est positif en zone urbaine. Il faut toutefois rappeler que dans la plupart des pays, les mères qui vivent seules sont peu nombreuses et dans certains cas, elles se distinguent des autres mères par un niveau d'éducation plus élevé ou la possession de biens durables. Si elles sont ainsi plus « favorisées » matériellement que les autres femmes, leur condition monoparentale n'entraîne pas systématiquement une incidence négative sur les enfants.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote