I.4.2.3 Malnutrition en
Afrique
En Afrique, la proportion d'enfants souffrant d'un retard de
croissance a diminué, passant de 41,6% (en 1990) à 32% (en 2014).
Néanmoins, pour cette période, le nombre d'enfants d'un retard de
croissance est de 44,7 millions à 58,1 millions ; ce qui atteste
que les efforts plus soutenus doivent être entrepris afin d'avoir un
impact significatif (Jana Daher et al, 2016).
En Ethiopie, en RDC, en Somalie, au Zimbabwe, ou au Malawi,
moins de 10 % des enfants âgés de six à 23 mois
bénéficient d'un régime nutritionnel leur permettant une
croissance et un développement adaptés, selon le FSIN. Le rapport
s'alarme du fait que l'allaitement maternel exclusif pour les
nouveau-nés âgés de moins de six mois soit très
faible dans les pays en proie à des conflits (10 %, au
Yémen, 11 % dans la région des lacs du Tchad, 21 % dans
le nord-est du Nigeria et 24 %, en Syrie). Pourtant, dans les
régions aux faibles conditions d'hygiène, les risques d'infection
et de maladie sont accrus pour les enfants non allaités (Akombi, Agho,
Merom, Renzaho et Hall, 2017).
En Ethiopie, une étude réalisée par
GashuWorknehKassie et DemekeLakewWorkie (2020), atteste des déterminants
de la malnutrition suivants : Un enfant dont l'indice de masse corporelle
de la mère est inférieur à18,5 kg, de la famille la plus
pauvre et d'un mari sans instruction, et un homme en état de
sous-nutrition grave était 1,4, 1,8 1,2 et 1,2 fois plus susceptible
d'être dans un état de sous-nutrition pire que son groupe de
référence respectivement.
I.4.2.4 Situation de la
nutrition en RDC
En République Démocratique du Congo (RDC), 43%
des enfants de moins de cinq ans souffrent de malnutrition chronique ou du
retard de croissance, soit presque un enfant sur deux. Six provinces sur 26 ont
des prévalences dépassant 50% (seuil d'urgence). 26 provinces
comptent plus de 40% d'enfants malnutris. Par ailleurs, la situation de la
malnutrition chronique a stagné ces 15 dernières années:
la prévalence a évolué de 38% des enfants de moins de cinq
ans en 2001, à 47% en 2007 et 43% en 2013-2014 (MINI Plan et
Santé, 2014).
De même des enfants de moins de cinq ans souffrent aussi
de malnutrition aiguë; 8% en sont affectés dans le pays. Certaines
zones de santé sont plus affectées que d'autres. En 2017, la
situation d'insécurité alimentaire s'est
détériorée et le statut nutritionnel des enfants s'est
affaibli. D'après les données du système d'alerte et de
surveillance nutritionnelle, 104 des 516 zones de santé (20%)
étaient en alerte nutritionnelle de janvier à octobre 2017. La
situation nutritionnelle de la population dans les provinces de grand
Kasaï demeure inquiétante. Le pays devrait fournir
davantage d'efforts pour atteindre l'objectif de 40% de réduction des
taux de malnutrition chronique d'ici 2025. Un scénario de
réduction de 15% du taux de malnutrition chronique permettrait de
prévenir la malnutrition chez deux millions d'enfants de moins de cinq
ans. Les crises aiguës récentes et la détérioration
de la situation nutritionnelle pourront compromettre d'avantage les
opportunités d'épanouissement et développement des enfants
congolais ''(Unicef, 2018).
Le Gouvernement congolais a pris très tôt des
initiatives pour lutter contre la malnutrition avec, notamment, la mise en
place du PRONANUT en 2000. Malgré la volonté politique
affichée, la situation de la malnutrition reste préoccupante et
les tendances à la baisse sont en deçà des objectifs
nationaux et internationaux.
Les données fournies par différentes
enquêtes nationales attestent une légère baisse
tendancielle du retard de croissance chez les enfants de moins de cinq ans,
passant de 50,39 % en 1990 à 42,6 % en 2014, soit un taux de
réduction moyen annuel de 0,5 %. Au cours de la période 1994
à 2000, une réduction légèrement plus importante du
retard de croissance a été observée, avec un taux moyen
annuel de 0,76%. L'insuffisance pondérale, quant à elle, a
diminué de manière tendancielle entre 1990 et 2014, passant de
38% à 23%, soit une réduction moyenne annuelle de 1%. Toutefois,
le niveau de l'insuffisance pondérale reste très
élevé par rapport au seuil de 10% considéré comme
tolérable par les normes sanitaires internationales. Le taux de faible
poids à la naissance a été estimé en 2014 à
12% des naissances vivantes, soit 347803 enfants. La malnutrition touche
particulièrement les enfants de 24 à 59 mois parmi lesquels 52,1%
souffrent de retard de croissance et 26,6% sont atteints d'insuffisance
pondérale. Au niveau international, une très grande
disparité de situation est observée par rapport à la
malnutrition des enfants de moins de cinq ans dans les provinces du pays.
En tenant compte des 26 provinces actuelles du pays, le niveau
de retard de croissance observé selon l'EDS-RDC 2013- 2014 varie de
17,3% dans la Ville province de Kinshasa à 57,9 % dans la Province du
Kasaï, avec une moyenne nationale de 42,7%. On constate que 21 provinces
présentent des taux supérieurs à 40% et 5 seulement ont
des taux inférieurs à 40%. Mais si on se réfère aux
11 anciennes provinces, la moyenne nationale reste la même (42,7%), le
taux le plus élevé est de 53% au Sud Kivu contre 17,3% à
Kinshasa. Si on compare la situation de l'EDS 2013-2014 par rapport à
celle de MICS 2010, où le pays comptait encore11 provinces, deux
Provinces seulement (la Ville Province de Kinshasa et la Province Nord-Kivu)
ont connu une réduction de retard de croissance, soit respectivement 1,6
% et 1,4 %. Neuf autres ont connu une augmentation, allant de 2,2 % à
11,2 %. La moyenne nationale est passée de 38,1 % à 42,7 %, soit
4,6 % d'augmentation. Cette disparité, voire l'aggravation de la
situation nutritionnelle dans bon nombre de provinces, montre à quel
point le problème de la faim et de la sous-nutrition constitue un
défi permanent pour l'Etat congolais(WFP, 2019).
Si on va de 1990, on constate que le nombre d'enfants
affectés va croissant au vu de l'augmentation de la population dans la
tranche d'âge de 0 à 59 mois. On estime que le nombre d'enfants
souffrant de retard de croissance a augmenté de 18% par rapport à
la situation de 1990. Cette situation nécessite encore beaucoup plus
d'efforts pour limiter l'impact de la malnutrition sur la santé et la
survie des enfants (Unicef, 2018).
Bien que les initiatives prises par le Gouvernement de la RDC,
la situation alimentaire des enfants de moins de 5 ans reste précaire
par les déterminants de la malnutrition suivants : depuis 1996, la
RDC est frappée par le conflit, qui a dévasté et
déstabilisé le pays et a coûté la vie à
environ six millions de civils. Les gens continuent de vivre dans des
conditions de crise dans de nombreux certaines parties du pays.
Malgré de nombreux accords politiques signés
depuis le début du conflit, il y a peu d'attentes et de perspectives
pour la paix en tant que vies de groupes vulnérables tels que les femmes
et les enfants continuent d'être brisés à mesure que le
conflit resurgit dans la partie orientale du pays et une nouvelle front de
violence s'est ouvert dans la province de l'Equateur.
Ces conflits ont continué d'entraver la RDC dans sa
capacité à faire avancer les efforts de développement, la
population continue d'en subir les conséquences. Cette situation est le
manque de leadership, la mauvaise gestion, corruption,
détérioration rapide des conditions socio-économiques et
la baisse des prix des ressources minérales sur lesquelles repose
l'économie nationale en raison de la crise financière mondiale,
qui a forte baisse des revenus et perte massive d'emplois. Ainsi, les besoins
humanitaires dans le pays demeurent colossaux. Selon le Central Emergency
Respond Rapport du Fonds en 2008, le conflit a généré
jusqu'à 1,35 millions de personnes déplacées à
l'intérieur du pays (PDI) dans seulement trois provinces, les
mécanismes d'adaptation de millions de personnes. Avec la poursuite du
conflit et les actions des groupes armés abusifs ont augmenté le
prix de nourriture et ont exacerbé l'incapacité de ces zones pour
nourrir les populations en raison de contraintes logistiques et ont
généré des taux de malnutrition allant jusqu'à 20%
dans certaines zones de santé (N-B Kandala, et al, 2011).
Pour Abdon W.M. et al (2010), à Lubumbashi les facteurs
prédictifs de la malnutrition se rapportant à l'enfant
comprenaient l'âge, le sexe, la durée de séjour dans le
quartier, la classe sociale du foyer, le niveau d'étude atteint par la
mère (ou tutrice), l'existence et le type d'eau potable dans la parcelle
de l'enfant et la « morbidité » de l'enfant durant les deux
semaines précédent l'interview. La durée de séjour
dans la parcelle a été catégorisée en deux : l'une
inférieure à trois mois et l'autre égale ou
supérieure à trois mois. La durée de trois mois est
considérée comme seuil minimum associé à une
influence effective du milieu sur l'état nutritionnel.La classe sociale
a été estimée sur base de la profession, du niveau
d'études des parents et de leur revenu. Pour estimer ce dernier, les
enquêteurs recouraient aux indicateurs de substitution suivants :
propriétaire du domicile, coût du loyer, coût des
études des enfants, type d'habitation (dimension, matériaux,
toilettes, courant électrique), équipements, moyens de transport,
personnes à charge du foyer, eau potable dans la maison ou dans la
parcelle. Un indice avec des valeurs ordonnées a été
déterminé puis la classe sociale a été
définie au niveau bas et au niveau élevé
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