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Déterminants de la malnutrition chronique chez les enfants de moins de cinq ans en république démocratique du Congo. Modélisation d’une réponse polytomique (régression logistique multinomiale).


par Antoine DIKOKE
INSTITUT SUPERIEUR DES TECHNIQUES MEDICALES DE KINSHASA (ISTM) Kinshasa - Master en Bio-statistique 2019
  

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I.4.2.3 Malnutrition en Afrique

En Afrique, la proportion d'enfants souffrant d'un retard de croissance a diminué, passant de 41,6% (en 1990) à 32% (en 2014). Néanmoins, pour cette période, le nombre d'enfants d'un retard de croissance est de 44,7 millions à 58,1 millions ; ce qui atteste que les efforts plus soutenus doivent être entrepris afin d'avoir un impact significatif (Jana Daher et al, 2016).

En Ethiopie, en RDC, en Somalie, au Zimbabwe, ou au Malawi, moins de 10 % des enfants âgés de six à 23 mois bénéficient d'un régime nutritionnel leur permettant une croissance et un développement adaptés, selon le FSIN. Le rapport s'alarme du fait que l'allaitement maternel exclusif pour les nouveau-nés âgés de moins de six mois soit très faible dans les pays en proie à des conflits (10 %, au Yémen, 11 % dans la région des lacs du Tchad, 21 % dans le nord-est du Nigeria et 24 %, en Syrie). Pourtant, dans les régions aux faibles conditions d'hygiène, les risques d'infection et de maladie sont accrus pour les enfants non allaités (Akombi, Agho, Merom, Renzaho et Hall, 2017).

En Ethiopie, une étude réalisée par GashuWorknehKassie et DemekeLakewWorkie (2020), atteste des déterminants de la malnutrition suivants : Un enfant dont l'indice de masse corporelle de la mère est inférieur à18,5 kg, de la famille la plus pauvre et d'un mari sans instruction, et un homme en état de sous-nutrition grave était 1,4, 1,8 1,2 et 1,2 fois plus susceptible d'être dans un état de sous-nutrition pire que son groupe de référence respectivement.

I.4.2.4 Situation de la nutrition en RDC

En République Démocratique du Congo (RDC), 43% des enfants de moins de cinq ans souffrent de malnutrition chronique ou du retard de croissance, soit presque un enfant sur deux. Six provinces sur 26 ont des prévalences dépassant 50% (seuil d'urgence). 26 provinces comptent plus de 40% d'enfants malnutris. Par ailleurs, la situation de la malnutrition chronique a stagné ces 15 dernières années: la prévalence a évolué de 38% des enfants de moins de cinq ans en 2001, à 47% en 2007 et 43% en 2013-2014 (MINI Plan et Santé, 2014).

De même des enfants de moins de cinq ans souffrent aussi de malnutrition aiguë; 8% en sont affectés dans le pays. Certaines zones de santé sont plus affectées que d'autres. En 2017, la situation d'insécurité alimentaire s'est détériorée et le statut nutritionnel des enfants s'est affaibli. D'après les données du système d'alerte et de surveillance nutritionnelle, 104 des 516 zones de santé (20%) étaient en alerte nutritionnelle de janvier à octobre 2017. La situation nutritionnelle de la population dans les provinces de grand Kasaï demeure inquiétante. Le pays devrait fournir davantage d'efforts pour atteindre l'objectif de 40% de réduction des taux de malnutrition chronique d'ici 2025. Un scénario de réduction de 15% du taux de malnutrition chronique permettrait de prévenir la malnutrition chez deux millions d'enfants de moins de cinq ans. Les crises aiguës récentes et la détérioration de la situation nutritionnelle pourront compromettre d'avantage les opportunités d'épanouissement et développement des enfants congolais ''(Unicef, 2018).

Le Gouvernement congolais a pris très tôt des initiatives pour lutter contre la malnutrition avec, notamment, la mise en place du PRONANUT en 2000. Malgré la volonté politique affichée, la situation de la malnutrition reste préoccupante et les tendances à la baisse sont en deçà des objectifs nationaux et internationaux.

Les données fournies par différentes enquêtes nationales attestent une légère baisse tendancielle du retard de croissance chez les enfants de moins de cinq ans, passant de 50,39 % en 1990 à 42,6 % en 2014, soit un taux de réduction moyen annuel de 0,5 %. Au cours de la période 1994 à 2000, une réduction légèrement plus importante du retard de croissance a été observée, avec un taux moyen annuel de 0,76%. L'insuffisance pondérale, quant à elle, a diminué de manière tendancielle entre 1990 et 2014, passant de 38% à 23%, soit une réduction moyenne annuelle de 1%. Toutefois, le niveau de l'insuffisance pondérale reste très élevé par rapport au seuil de 10% considéré comme tolérable par les normes sanitaires internationales. Le taux de faible poids à la naissance a été estimé en 2014 à 12% des naissances vivantes, soit 347803 enfants. La malnutrition touche particulièrement les enfants de 24 à 59 mois parmi lesquels 52,1% souffrent de retard de croissance et 26,6% sont atteints d'insuffisance pondérale. Au niveau international, une très grande disparité de situation est observée par rapport à la malnutrition des enfants de moins de cinq ans dans les provinces du pays.

En tenant compte des 26 provinces actuelles du pays, le niveau de retard de croissance observé selon l'EDS-RDC 2013- 2014 varie de 17,3% dans la Ville province de Kinshasa à 57,9 % dans la Province du Kasaï, avec une moyenne nationale de 42,7%. On constate que 21 provinces présentent des taux supérieurs à 40% et 5 seulement ont des taux inférieurs à 40%. Mais si on se réfère aux 11 anciennes provinces, la moyenne nationale reste la même (42,7%), le taux le plus élevé est de 53% au Sud Kivu contre 17,3% à Kinshasa. Si on compare la situation de l'EDS 2013-2014 par rapport à celle de MICS 2010, où le pays comptait encore11 provinces, deux Provinces seulement (la Ville Province de Kinshasa et la Province Nord-Kivu) ont connu une réduction de retard de croissance, soit respectivement 1,6 % et 1,4 %. Neuf autres ont connu une augmentation, allant de 2,2 % à 11,2 %. La moyenne nationale est passée de 38,1 % à 42,7 %, soit 4,6 % d'augmentation. Cette disparité, voire l'aggravation de la situation nutritionnelle dans bon nombre de provinces, montre à quel point le problème de la faim et de la sous-nutrition constitue un défi permanent pour l'Etat congolais(WFP, 2019).

Si on va de 1990, on constate que le nombre d'enfants affectés va croissant au vu de l'augmentation de la population dans la tranche d'âge de 0 à 59 mois. On estime que le nombre d'enfants souffrant de retard de croissance a augmenté de 18% par rapport à la situation de 1990. Cette situation nécessite encore beaucoup plus d'efforts pour limiter l'impact de la malnutrition sur la santé et la survie des enfants (Unicef, 2018).

Bien que les initiatives prises par le Gouvernement de la RDC, la situation alimentaire des enfants de moins de 5 ans reste précaire par les déterminants de la malnutrition suivants : depuis 1996, la RDC est frappée par le conflit, qui a dévasté et déstabilisé le pays et a coûté la vie à environ six millions de civils. Les gens continuent de vivre dans des conditions de crise dans de nombreux certaines parties du pays.

Malgré de nombreux accords politiques signés depuis le début du conflit, il y a peu d'attentes et de perspectives pour la paix en tant que vies de groupes vulnérables tels que les femmes et les enfants continuent d'être brisés à mesure que le conflit resurgit dans la partie orientale du pays et une nouvelle front de violence s'est ouvert dans la province de l'Equateur.

Ces conflits ont continué d'entraver la RDC dans sa capacité à faire avancer les efforts de développement, la population continue d'en subir les conséquences. Cette situation est le manque de leadership, la mauvaise gestion, corruption, détérioration rapide des conditions socio-économiques et la baisse des prix des ressources minérales sur lesquelles repose l'économie nationale en raison de la crise financière mondiale, qui a forte baisse des revenus et perte massive d'emplois. Ainsi, les besoins humanitaires dans le pays demeurent colossaux. Selon le Central Emergency Respond Rapport du Fonds en 2008, le conflit a généré jusqu'à 1,35 millions de personnes déplacées à l'intérieur du pays (PDI) dans seulement trois provinces, les mécanismes d'adaptation de millions de personnes. Avec la poursuite du conflit et les actions des groupes armés abusifs ont augmenté le prix de nourriture et ont exacerbé l'incapacité de ces zones pour nourrir les populations en raison de contraintes logistiques et ont généré des taux de malnutrition allant jusqu'à 20% dans certaines zones de santé (N-B Kandala, et al, 2011).

Pour Abdon W.M. et al (2010), à Lubumbashi les facteurs prédictifs de la malnutrition se rapportant à l'enfant comprenaient l'âge, le sexe, la durée de séjour dans le quartier, la classe sociale du foyer, le niveau d'étude atteint par la mère (ou tutrice), l'existence et le type d'eau potable dans la parcelle de l'enfant et la « morbidité » de l'enfant durant les deux semaines précédent l'interview. La durée de séjour dans la parcelle a été catégorisée en deux : l'une inférieure à trois mois et l'autre égale ou supérieure à trois mois. La durée de trois mois est considérée comme seuil minimum associé à une influence effective du milieu sur l'état nutritionnel.La classe sociale a été estimée sur base de la profession, du niveau d'études des parents et de leur revenu. Pour estimer ce dernier, les enquêteurs recouraient aux indicateurs de substitution suivants : propriétaire du domicile, coût du loyer, coût des études des enfants, type d'habitation (dimension, matériaux, toilettes, courant électrique), équipements, moyens de transport, personnes à charge du foyer, eau potable dans la maison ou dans la parcelle. Un indice avec des valeurs ordonnées a été déterminé puis la classe sociale a été définie au niveau bas et au niveau élevé

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore