5.4. Incidence de la séroconversion de
l'hépatite virale B
Parmi ces 23 494 donneurs de sang, nous avons observé
559 séroconversions au virus de l'hépatite B, soit une incidence
cumulée de 2,38%. Ces résultats sont sensiblement
supérieurs à ceux de YOODA A. P. et al. en 2019 au Burkina Faso
[8] qui ont rapporté 316 cas (1,99%) de séroconversions et
à ceux de KABINDA J. M. et al. en 2014 en RDC [23] avec une incidence de
cumulée de l'hépatite virale B estimée à 1,24%
(37cas sur 2986).
SAWADOGO Abdoul-G, Master Santé Publique-Option
Epidémiologie, Biostatistique et Recherche en santé -
Année académique 2018-2019
47
Ces différences pourraient être dues aux tranches
d'âges des donneurs de sang (18 à 27 ans dans notre étude
et 18 à 65 ans dans les deux autres études), à la
période de notre étude qui s'est étendue sur 10
années contrairement aux deux autres études qui ont
concerné une période de 3 ans ainsi qu'à la taille de la
population d'étude. Aussi, ces résultats seraient dus aux efforts
constants de sensibilisation et de vulgarisation de la vaccination contre le
virus de l'hépatite au cours de cette dernière
décennie.
Mais l'incidence de l'infection au VHB dans notre étude
est très inférieure à celle trouvée par UWINGABIYE
J. et al [2] à Rabat au Maroc de 2010 à 2012 avec 102 cas sur 25
661 soit 0,97%. Ce constat s'expliquerait par une différence de
séroprévalence du VHB dans les deux pays, le Burkina Faso
étant un pays de forte endémicité de l'infection au VHB
contrairement au Maroc.
Quant au taux d'incidence de l'infection au VHB chez les
donneurs de sang dans notre étude, elle était de 9,53
séroconversions au VHB pour 1000 donneurs-années. Ce taux
était inférieur à celui trouvé par NAGALO B. M. et
al. [28] qui était de 50,39 pour 1000 donneurs-années en 2009
dans une étude menée dans trois centres régionaux de
transfusion sanguine du Burkina Faso et à celui de TOURE-FALL A.O. et
al.[32] avec 66,78 pour 1000 donneurs-années entre 2003 et 2005 à
Dakar au Sénégal. Ces résultats pourraient être
attribuées à la différence de séroprévalence
de l'hépatite virale B tant entre les pays qu'à
l'intérieur des pays mais aussi entre les tranches d'âges des
donneurs de sang et aux techniques de dépistage de l'Ag HBs
utilisés sur les dons de sang.
Par contre, cette incidence est très supérieure
à celle observée en France par PILLONEL J et al. [22] qui
notaient un taux d'incidence de 0,72 pour 100 000 donneurs-années pour
le VHB entre 2008 et 2010 chez les donneurs de sang. Ces données
témoignent des fortes différences de séroprévalence
de l'hépatite virale B entre la France (faible endémicité
du VHB) et le Burkina Faso (forte endémicité du VHB), de
l'efficacité de la sélection des donneurs de sang
(sélection médicale pré-don faite par du personnel
médical en France), des différences des techniques de
dépistage de l'Ag HBs et du fait que les dons de sang
bénéficient d'un test de confirmation des résultats
sérologiques en France contrairement au Burkina Faso.
L'amélioration de la sécurité
transfusionnelle dans un contexte de forte endémicité de
l'infection au VHB passe par des stratégies de recrutement des donneurs
de sang dans les populations à moindre risque et leur
fidélisation, par l'amélioration de la sélection
médicale pré-don des donneurs de sang et par la vaccination de
toute la population et particulièrement celle en âge de donner le
sang afin de maintenir un pool suffisant de donneurs de sang « sûrs
».
SAWADOGO Abdoul-G, Master Santé Publique-Option
Epidémiologie, Biostatistique et Recherche en santé -
Année académique 2018-2019
48
|