5.5. Facteurs associés à la
séroconversion du VHB chez les donneurs de sang
Le risque instantané ou Hazard ratio (HR) de devenir
séropositif au VHB était 1,302 fois plus élevé chez
les donneurs de sang de 21 à moins de 24 ans (p = 0,007 ; IC [21 ; 24ans
[ : [1,074 ; 1,579]) et 2,485 fois plus élevé chez ceux ayant au
moins 24 ans (p < 0,001 ; IC?24ans : [1,893 ; 3,262]).
La survenue d'une séroconversion du VHB serait donc
liée à l'âge du donneur de sang et le risque de
séroconversion du VHB augmente avec l'âge des donneurs de sang.
Ces résultats sont similaires à ceux de NAGALO
B. M. et al. [29] qui trouvaient un risque de 1,48 fois plus
élevé (p = 0,015) chez les donneurs de 20 à 29 ans et de
1,30 fois (p = 0,127) chez les donneurs de sang de moins de 20 ans.
Ce constat pourrait s'expliquer par l'insuffisance dans la
sélection médicale pré-don des donneurs de sang (non
habilitation des professionnels de santé chargés de la
sélection, baisse de la rigueur dans la sélection pré-don
des anciens donneurs ou donneurs connus car supposés « sûrs
» et maitrisant le questionnaire de sélection pré-don, fort
taux de mobilité et de sortie du personnel habilité), la
persistance, voire l'intensification de l'adoption des comportements à
risque. Aussi, ces résultats suggèreraient que l'adoption de
comportements sexuels à risque est plus fréquente avec
l'âge du fait de l'autonomie financière avec l'acquisition d'un
emploi stable. Enfin, la formation des professionnels de santé en
transfusion sanguine et leur fidélisation au CNTS pourrait contribuer
à une meilleure prise en charge des donneurs de sang et à la
réduction de l'incidence des infections transmissibles par transfusion
sanguine.
La sensibilisation doit être continue sur les actions de
prévention des infections au VHB telles que le respect strict des
mesures d'hygiène universelle, les mesures de désinfection et de
stérilisation des matériels contondants, piquants et tranchants,
le recours aux matériels à usage unique surtout dans les soins de
santé, l'éducation sexuelle et surtout la vaccination contre le
VHB.
Le risque de séroconvertir au VHB était 1,108
fois plus élevé chez les donneurs de sexe féminin
comparativement aux donneurs de sexe masculin mais cette différence
n'était pas statistiquement significative (p=0,325). Nos
résultats sont confirmés par ceux de PILLONEL J et col. [22] en
France, LUPANDE M. D. en RDC [33] qui ne trouvaient pas de différence
selon le sexe dans l'infection au VHB.
En revanche, les résultats de l'étude de NAGALO
M. B. et al [29] au Burkina Faso en 2009 rapportaient une différence
statistiquement significative (Odds ratio = 1,47 ; p<0,001) de la survenue
de l'infection au VHB chez les donneurs de sexe masculin par rapport aux
donneurs de sexe féminin.
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Ces résultats laisseraient penser que les donneurs de
sexe masculin sont autant exposés à l'infection au VHB que les
donneurs de sexe féminin. Aussi, la persistance de certaines pesanteurs
socioculturelles, les difficultés financières des femmes, la
physiologie de leur appareil génital pourraient justifier le fait que
les femmes soient plus à risque de séroconvertir au VHB que les
hommes.
Les actions de prévention et de prise en charge des
infections transmissibles par transfusion devraient donc concerner autant les
hommes que les femmes.
A propos du lieu de résidence des donneurs de sang,
aucune association significative n'a été trouvée entre les
donneurs résidant en milieu urbain et ceux résidant en milieu
rural dans la survenue d'une séroconversion du VHB (HRrural = 1,118 ;
p=0,362). NAGALO M. B. et al. [29] trouvaient par contre dans leur étude
un risque plus élevé en milieu rural comparativement au milieu
urbain (Odds ratio = 1,54 ; p<0,001). Cette différence s'expliquerait
par les différences de prévalence de l'hépatite en
fonction des régions du Burkina (l'étude de NAGALO ayant
concerné trois centres de transfusion sanguine différents alors
que la nôtre n'a concerné que celui de Ouagadougou). Aussi, la
persistance de certaines pratiques traditionnelles telles que les
scarifications, l'excision, les us et coutumes spécifiques à
chaque région, l'accès limité à des canaux (chaines
de télévision, de radio) d'information et de sensibilisation sur
les mesures préventives et le faible niveau socioéconomique
pourraient justifier ces écarts.
L'implication des autorités administratives, des
leaders d'opinion, des leaders religieux et coutumiers, des associations de
jeunes et de femmes dans la promotion du don de sang et de l'adoption de
comportements à moindre risque s'avère indispensable pour la
préservation de la santé des populations et l'approvisionnement
adéquat et régulier en produits sanguins sûrs.
Enfin, le risque de devenir séropositif au VHB chez les
donneurs de sang diminuait avec le nombre de dons de sang (Hazard ratio = 0,583
; p = 0,006). Ce constat a été fait dans la littérature,
soutenant l'idée que les donneurs fidélisés et
réguliers sont moins à risque d'infections transmissibles par
transfusion. Cela est dû au fait que ces types de donneurs comprennent
mieux le bien fondé du don de sang et de la préservation de leur
santé.
Les autorités sanitaires et particulièrement par
le centre national de transfusion sanguine du Burkina Faso devraient alors
mettre l'accent sur le recrutement et surtout la fidélisation des
donneurs de sang afin de disposer de stocks de sang et de produits sanguins
suffisants et « surs » pour tous les patients en besoin de
transfusion sanguine.
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En somme, notre étude ayant a concerné
uniquement les donneurs de sang âgés de 18 à 27 ans au
CRTS/O, il est donc probable qu'elle ne soit pas représentative de la
totalité des donneurs de sang du fait de la répartition
inégale de la prévalence du VHB, des us et coutumes dans les
différentes régions du pays.
Globalement, nous pouvons dire que notre étude nous a
permis de répondre à nos questions de recherche et de
vérifier nos hypothèses de recherche.
L'analyse a montré que l'augmentation de l'âge
des donneurs de sang était significativement associée à
l'incidence l'infection au VHB chez les donneurs de sang. Mais l'absence
d'informations sur le niveau d'instruction, le niveau socioéconomique,
les attitudes, les comportements, le mode de vie des donneurs de sang n'a pas
permis d'identifier tous les facteurs associés à la
séroconversion de l'infection au VHB chez les donneurs de sang.
Enfin, notre étude a rapporté que l'augmentation
du nombre de dons de sang chez les donneurs de sang diminuait le risque de
devenir séropositif au VHB. Cela conforte l'idée que les donneurs
fidèles et réguliers sont moins à risque d'infections
transmissibles par transfusion que les autres types de donneurs de sang
(nouveaux donneurs, donneurs familiaux, donneurs de remplacement, etc.).
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