5.3. Caractéristiques sociodémographiques
des donneurs de sang
5.3.1. Sexe du donneur de sang
De notre étude, il ressort que sur les 23 494 donneurs
de sang, 16 735 (71,23%) étaient de sexe masculin. Cette
prédominance du sexe masculin parmi les donneurs de sang a
été rapportée par les études de YOODA A. P. et al.,
et de KOURA M. et al. au Burkina Faso et de KABINDA J. M. et al. en RDC [8, 23,
26] avec respectivement 71, 15%, 75,5% et 73,2%.
La faible proportion de donneurs de sexe féminin
s'expliquerait par les pesanteurs socioculturelles en Afrique obligeant la
femme à avoir l'accord de son conjoint pour toute initiative surtout
pour le don de sang, la peur de voir couler le sang, les états
physiologiques caractérisant la femme (menstrues, grossesse,
allaitement) la contre-indiquant au don de sang ou l'empêchant de donner
régulièrement son sang.
En revanche, dans certains pays d'Afrique notamment le
Maghreb, on note une plus forte participation des femmes au don de sang avec
respectivement 35% en Tunisie, 40% au Maroc et 50% en Egypte. Cela serait
lié à une meilleure compréhension de l'importance du don
de sang par les femmes dans ces localités mais aussi à une plus
grande liberté des femmes de disposer de leur corps sans l'accord
préalable de leur conjoint, parent ou tuteur [27].
Ces résultats témoignent de la
nécessité d'intensifier les sensibilisations auprès de la
gente féminine qui représente près de 52% de la population
du Burkina Faso (et plus grands consommateurs des produits sanguins avec les
enfants de moins de cinq ans) afin d'y recruter des donneurs de sang et de les
fidéliser au don de sang.
Le nombre de séroconversions de l'infection au virus de
l'hépatite B était de 559 dont 435 (1,85%) chez les donneurs de
sexe masculin et 124 (0,53%) chez les donneurs de sexe féminin. Cette
prédominance masculine de l'incidence du VHB chez les donneurs de sang a
été observée dans les études de NAGALO B. M. et al.
au Burkina Faso [28, 29], de KRA O. et al. en Côte d'Ivoire [30] et de
KABEMBA B. H. et al. en RDC [31].
Ces résultats seraient dus au fait que les jeunes de
sexe masculin sont plus enclin à l'adoption de comportements sexuels
à risque (multipartenariat, rapports sexuels avec d'autres hommes,
rapports sexuels non protégés, etc.) et à l'utilisation de
drogues par voie injectable, toutes choses qui exposent aux infections comme
l'hépatite virale B. En plus, le nombre élevé de donneurs
de sexe masculin (71,15%) et la fréquence plus rapprochée du don
de sang chez les hommes (tous les 3
SAWADOGO Abdoul-G, Master Santé Publique-Option
Epidémiologie, Biostatistique et Recherche en santé -
Année académique 2018-2019
45
mois contrairement aux femmes qui donnent tous les 4 mois)
pourraient justifier cette incidence élevée chez les donneurs de
sexe masculin.
La prédominance masculine de l'incidence de
l'hépatite virale B parmi les donneurs de sang pose la question de la
disponibilité de sang sécurisé pour les patients du fait
que les donneurs de sang de sexe masculin constituent la plus grande population
de donneurs de sang. Aussi, il s'avère nécessaire de poser la
question de l'importance de la vaccination contre le virus de l'hépatite
virale B des donneurs de sang comme stratégie de fidélisation des
donneurs de sang et partant, de toutes les couches de la population surtout
dans notre contexte de forte endémicité afin de réduire
l'incidence de cette pathologie.
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