1.2.7.7 Recommandations
pour l'implantation de la psychoéducation
La psychoéducation combinée à la
médication est une intervention efficace pour le traitement du trouble
bipolaire, qu'elle soit utilisée en tant que composante d'une autre
intervention ou en tant que seule intervention psychosociale. La
psychoéducation est donc l'un des ingrédients actifs communs
parmi les diverses interventions psychosociales pour ce trouble (; Weber et al.
2007). Grâce à son efficacité, la psychoéducation
est d'ailleurs reconnue dans les lignes directrices psychiatriques pour le
trouble bipolaire (Yatham et al. 2009).
Parmi les diverses interventions psycho éducatives
fréquemment implantées, deux modèles émergent : un
programme intensif développé par Colom et Vieta (2006) et un
programme plus bref, soit le Life Goals Program, proposé par Bauer et
McBride (1996, 2003). Le programme de Colom et Vieta se démarque pour
son efficacité marquée pour lespatients bipolaires
sévères (Colom et al. 2003, 2005).
Par contre, la durée de l'intervention (21 rencontres)
et les qualifications des thérapeutes (deux psychologues avec un
doctorat) pourraient limiter la généralisation de cette
intervention à d'autres milieux cliniques. Quant à lui, le Life
Goals Program de Bauer et McBride se distingue par son format bref et
manualisé et par la faisabilité de l'implantation à grande
échelle.
Ce programme est conçu pour être animé par
des infirmières ou des intervenants en santé mentale sur le
terrain. Le programme produit des résultats globalement positifs,
même s'il semble avoir un impact moins important pour les symptômes
dépressifs (Bauer et al., 2006 ; Provencher et al., 2009 ; Sajatovic et
al., 2009 ; Simon et al.,2006), qui suggèrent qu'en présence de
dépression bipolaire, une psychothérapie structurée serait
probablement indiquée (Miklowitz et al. 2007).
En conclusion, la psychoéducation brève telle
que présentée dans le LGP est une intervention recommandée
pour le traitement du trouble bipolaire. Une prise en charge efficace des
patients bipolaires devrait inclure une médication appropriée et
une forme de psychoéducation structurée (Yatham et al. 2009). Les
défis à venir consisteront à rendre cette intervention
accessible à grande échelle dans le réseau de la
santé québécois et à en évaluer
l'efficacité pragmatique sur le terrain.
1.2.7.8 La place de la
psychoéducation dans les recommandations internationales
Depuis plus d'une dizaine d'années, la
psychoéducation est largement présente dans les recommandations
internationales de la prise en charge du trouble bipolaire.
C'est en 2005 qu'apparaît la place des interventions
psychologiques dans la prise en charge du trouble bipolaire. Les auteurs
expliquent qu'adjoindre au traitement pharmacologique une prise en charge
psychologique permet d'améliorer le cours de la maladie. A cette date et
malgré la présence trop faible d'études à
méthodologies fiables, les auteurs recommandent que tous les patients
bénéficient d'emblée de psychoéducation. Concernant
ce type d'intervention, ils se basent sur les travaux de Colom et Vieta, pour
souligner la diminution des rechutes thymiques et sur les travaux de Perry,
avec l'amélioration du temps entre la première rechute maniaque
et l'amélioration du fonctionnement social et professionnel chez les
patients entrainés à reconnaître les prodromes.
Depuis 2005, les études sur l'impact de la
psychoéducation se sont multipliées et cette dernière
conserve une place importante dans les dernières recommandations de
Yatham et al (2013). Les auteurs rappellent les données sur son
efficacité en se basant sur l'étude de Parikh et al
témoignant son équivalence en termes d'efficacité
comparé au TCC mais avec un moindre coût
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