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Efficacité de la psychoéducation dans la prise en charge des patients souffrant des troubles bipolaires au centre psychiatrique Sosame de Bukavu.


par Lydia FADHILI BALEMBA
Université Libre des Pays des Grands Lacs de Bukavu (ULPGL /BUKAVU) - Licence en psychologie 2019
  

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SIGLES ET ACCRONYMES

APA : Association des Psychologues Américains

Ass : Assistant

BDOM : Bureau Diocésain des OEuvres Médicales

CIM : Classification Internationale des Maladies mentales

CP : Centre Psychiatrique

CMP : Centre Médico-Psychologique

CNIL : Commission Nationale d'Informatique et de Liberté

DSM : Manuel Diagnostique et Statistique des troubles mentaux

EEG: Electro-Encéphalogramme

ECA: Epidemiological Catchement Area study

ETP: Educationthérapeutique

F : Fréquence

IPSRT : Psychothérapie Interpersonnelle et des Rythmes Sociaux

ISDR : Institut Supérieur pour le Développement Rural

ISTM : Institut Supérieur des Techniques Médicales

MDQ :MoodDisorder Questionnaire

NCS : National Cormobidity Survey

N : Effectif total

OMS : Organisation Mondiale de la Santé

PC : Prise en Charge

PMD : Psychose Maniaco-Dépressive

SOSAME : Soins de Santé Mentale

TB : Trouble Bipolaire

TCA : Trouble de Conduite Alimentaire

TCC : Thérapie Cognitivo-comportementale

TOC : Troubles Obsessionnels Compulsifs

RDC : République Démocratique du Congo

ULPGL : Université Libre des Pays des Grands Lacs

INTRODUCTION

1.1. Problématique

Le trouble bipolaire (TB), classé en 1990 au sixième rang parmi les dix premières causes d'invalidité dans le monde, constitue encore aujourd'hui un réel problème de santé publique malgré les progrès diagnostiques et thérapeutiques (Ghachem et al. 2006, p.329-336).

C'est dans ce sens que Sanchez-Moreno et al. (2010, p .32) soutiennent qu'il est désormais établi qu'au-delà des épisodes thymiques, les patients peinent à atteindre une rémission fonctionnelle complète où il persiste des altérations dans divers domaines comme l'emploi, les relations amicales et familiales et, les loisirs.

Le trouble bipolaire est un trouble largement comorbide avec un taux de comorbidité estimé par Merikangas et al. (2011, p.51) à respectivement 88,2%, 83,1% et 69,1% pour les troubles bipolaire des types I, II et indifférenciés. Ces auteurs retrouvent que 76,5% des patients bipolaires souffrent, en plus de leur trouble bipolaire d'une autre comorbidité psychiatrique avec plus de la moitié d'entre eux. Parmi eux, les troubles anxieux, en particulier les attaques de panique font partie des comorbidités les plus fréquentes (49,8%), suivi par les troubles de la personnalité (44,8%) et les troubles de l'usage de substance psychoactives (36,6%).

Tondo et al. (2005, pp. 55-65) estiment un risque suicidaire pour les patients souffrant de trouble bipolaire : 30 à 60 fois plus important qu'en population générale et, le suicide représente 15 à 20% des causes de décès chez ces patients.

En Afrique, le trouble bipolaire a longtemps été sous-estimé. C'est pourquoi, Diop (1967, p.57) dit que la psychose maniaco-dépressive semble relativement rare en milieu Africain et n'a apparu dans les enseignements de la faculté de médecine qu'en 1979, en Tunisie.

La pathologie bipolaire demeure parmi les maladies psychiatriques à risque suicidaire particulièrement important : la prévalence du suicide chez les patients bipolaires est de 15%, soit environ 2000 morts par an (Rouillons, 2008, pp.6-70).

Le repérage des sujets exposés à ce risque s'avère essentiel dans la prise en charge de la pathologie. Les conséquences psychosociales de la maladie, notamment l'altération du fonctionnement professionnel, la dégradation des relations interpersonnelles et sociales ou encore la comorbidité addictive, constituent des facteurs prédictifs du pronostic de la maladie. Ce qui souligne l'intérêt d'une prise en charge précoce, incluant le repérage des formes à début précoce, l'instauration d'un traitement pharmacologique et psychothérapique adéquat avec réhabilitation psychosociale ;

Cette prise en charge du trouble bipolaire repose, d'après Oud Mayo-Wilson et al. (2016) sur un traitement pharmacologique dont l'efficacité est établie mais comporte des limites et les thérapies psychologiques issues d'approches psychosociales, basées sur une approche multidimensionnelle, ont trouvé une place importante dans la prise en charge globale du patient souffrant de trouble bipolaire en adjonction du traitement médicamenteux.

C'est ainsi que Yatham et al. (2013, p.1-44) parle La psychoéducation, inspirée des programmes d'éducation thérapeutique développée dans le champ des maladies somatiques chroniques, qui doit désormais faire partie des recommandations internationales dans la prise en charge du trouble bipolaire.

Ces auteurs ajoutent que la psychoéducation est maintenant reconnue dans les lignes directrices psychiatriques et elle est au premier plan dans la prise en charge des patients bipolaires. Bien que plusieurs recensions des écrits sur l'efficacité des interventions psychosociales pour le trouble bipolaire aient été effectuées (par exemple Huxley et al. 2000 ; Khazaal et al. 2006 ; Maina et al. 2010 ; Miklowitz, 2008 ; Weber et al. 2007), aucune ne s'est intéressée à l'efficacité spécifique de la composante psychoéducative de ces interventions. Par exemple, Khazaal et al. (2006) se sont intéressés conjointement à l'efficacité de la psychoéducation et de la thérapie cognitive comportementale pour les patients bipolaires.

S'inscrivant dans la philosophie de l'éducation thérapeutique, la psychoéducation fait partie des recommandations internationales de prise en charge dans les troubles bipolaires. Elle offre une réponse aux défis thérapeutiques posés par les troubles bipolaires. Le but général de la psychoéducation pour le trouble bipolaire estde fournir aux patients ou aux membres de leur famille des informationssur la maladie et son traitement. Plus spécifiquement, la psychoéducation vise à enseigner aux patients comment mieux gérer leur maladieafin de réduire les rechutes, les symptômes résiduels et d'augmenterleur niveau fonctionnel.

Cette citation est soutenue par Martin Provencher et al. (2012, p. 157), Rouget et Aubry (2007, pp. 11-27) et Bond Anderson IM (2015), lorsqu'ils disent que l'efficacité de la psychoéducation est confirmée concernant des domaines comme la prévention des rechutes thymiques et l'amélioration de l'observance, mais les données de la littérature demeurent actuellement insuffisantes pour statuer de l'efficacité de la psychoéducation sur le fonctionnement, bien que des travaux aillent dans ce sens.

Etant donné la régularité des malades mentaux souffrant de trouble bipolaire dans la Province du Sud-Kivu et le système de pris en charge en vigueur au Centre psychiatrique de Bukavu, quelques interrogations méritent d'être soulevées dans cette étude :

- Quelle est la place qu'occupe la psychoéducation dans la prise en charge des patients souffrant des troubles bipolaires soignés au Centre SOSAME de Bukavu ?

- La psychoéducation est-elle efficace que d'autres thérapies psychologiques dans le cadre de traitement de troubles bipolaires ?

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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon