Paragraphe 2 : Une
place importante occupée par les bailleurs de fonds au sein des deux
Unions :
Le processus d'intégration des deux Unions a toujours
été encouragé de l'extérieur (A). En plus, les
conditionnalités sont adoptées sans une véritable prise en
compte des réalités des Etats (B).
A- Un processus
d'intégration encouragé de l'extérieur :
Le fait que l'U.E.M.O.A et la C.E.M.A.C n'aient pas de
modèles qui leur sont propres ne leur est pas imputable à elles
seules. On a vu que mis à part les Etats membres, le long processus
d'intégration de l'U.E.M.O.A et de la C.E.M.A.C a toujours fait
participer d'autres acteurs. Ces acteurs ne sont pas signataires des
conventions d'intégration mais exercent des influences certaines sur les
décisions prises. Il s'agit, en premier lieu, de la France qui, depuis
les indépendances, accompagnent les Etats dont la plupart sont des
anciennes colonies. S'y ajoute le fait que le Franc CFA arriméà
l'Euro.
En second lieu, il y a les institutions de Breton Woods qui
occupent une place de plus en plus importante depuis la grande crise des
années 80.
Enfin, l'Union Européenne est un grand bailleur fonds
à travers la coopération avec les Etats ACP
(Afrique-Caraïbe-Pacifique).
Des coïncidences ont été remarquées
entre la construction européenne et celle des deux Unions. Le
traité de Maastricht de 1992 prévoit le respect de
critères de convergence pour la préparation de l'Union
monétaire. Les Etats devaient se soumettre aux critères à
partir du 1er janvier 1994. Le même mois, l'Union
Monétaire Ouest Africaine est complétée d'une union
économique. Quelques temps après, la C.E.M.A.C est
créée. Celle-ci n'a pas hésité à
reconnaître dans son préambule que les Etats doivent se conformer
à « la nouvelle dynamique en cours dans la zone Franc, au
demeurant nécessaire au regard des mutations et du recentrage des
stratégies de coopération et de développement
observés en Afrique et sur d'autres continents dont
l'Europe. ».
On reprochait aussi à l'U.E.M.O.A. de s'être
inspirée des critères de convergence définis dans le
traité d'Amsterdam de 1997 qui a mis sur pied un Pacte de
Stabilité et de Croissance. En 1999, l'U.E.M.O.A se dote d'un P.C.S.C.S
en reprenant notamment ceux relatifs au déficit public. Le traité
de Maastricht prévoit, en effet, un déficit public de 3 % du PIB
et un encours d'endettement qui ne doit pas dépasser 60% du PIB et pour
l'U.E.M.O.A c'était un solde budgétaire positif ou nul et un
endettement qui devait être inférieur à 70% du PIB. LA
C.E.M.A.C, comme toujours, a suivi les pas de l'U.E.M.O.A. La ressemblance est
plus frappante maintenant avec le nouveau P.C.S.C.S vu que les Etats de
l'U.E.M.O.A peuvent avoir un déficit de 3% comme ceux de l'Union
Européenne.
Dès lors, l'intégration semble plus être
un phénomène voulu plutôt que subi. Les deux unions sont
influencées par les incessantes interventions des bailleurs de fonds
Il est légitime que les bailleurs de fonds se soucient
de l'efficacité des aides octroyées. Elle est d'ailleurs devenue
une conditionnalité pour l'octroi d'aide. Mais les
conditionnalités sont souvent adoptées en marge des
réalités des Etats.
|