1.4. Evaluation des
enseignants, des enseignements et le suivi-évaluation des
établissements :
Paquay 2004, (Cité Par Nathan Béchard 2017)
pense que l'évaluation peut être soit officielle ou larvée.
Il affirme qu'elle soit instrumentée ou non, les pratiques
d'évaluation des enseignants ne laissent personne indifférent
dans le monde de l'éducation. L'évaluation des enseignants
permanents du secondaire est un sujet abondamment discuté dans les
médias populaires et dans la littérature scientifique dixit
Nathan en 2017.
Pour Pascale Breton (2014) l'évaluation des enseignants
relève simplement d'un tabou.Le principe méthodologique qui
consiste à évaluer les acquis des élèves et
à comparer les résultats obtenus avec d'autres variables ne se
limite pas à l'analyse des systèmes éducatifs dans leur
globalité, mais est également un principe
régulièrement utilisé pour évaluer
l'efficacité d'un établissement ou l'efficacité des
pratiques enseignantes. Ce principe s'appelle dans le jargon pédagogique
« l'effet-établissement » ou
« l'effet-maitre ». Il s'inscrit au paradigme
« processus-produit ». (Carette, 2008)
Globalement et systématiquement, l'enseignant efficace
dans une approche « processus-produit » serait un
enseignant qui propose des activités « très »
structurées. Il travaille à petit pas ; il arrive à
gérer son programme avec dextérité en insistant
suffisamment longtemps sur les matières importantes. Il propose des
évaluations qui correspondent à ce qui a été
effectivement enseigné. Il pose de nombreuses questions et pratique un
feedback positif (des louanges rares, mais distribués à bon
escient). Il est expert, s'intéresser aux apprentissages fondamentaux et
se démarque de l'enseignant « animateur ».
L'enseignant efficace peut travailler de manière
« frontale » et négliger la différenciation
des apprentissages et les travaux de groupes. Il arrive à appliquer les
élèves dans les exercices individuels. C'est une personne
rigoureuse. (Carette, 2008) p.3
Par contre, les discours pédagogiques contemporains
habituellement tenus dans les formations initiales et continues
privilégient l'efficacité de l'enseignant par rapport à sa
capacité d'organiser et d'animer dans des situations d'apprentissage.
Par l'action, les élèves sont amenés
régulièrement à résoudre des problèmes.
Idem
De nombreux chercheurs croient que l'évaluation des
enseignants peut permettre l'amélioration des pratiques enseignantes et
le développement professionnel. Pour que l'évaluation soit
acceptée et porteuse de sens, plusieurs considérations doivent
être prises en compte. À ce titre, divers spécialistes du
domaine recommandent que différentes parties prenantes soient
impliquées à chaque phase de la conception et de l'implantation
d'un processus d'évaluation. (BÉCHARD 2017)
On peut déduire des propos d'Alain Bouvier et de
Philippe Duval (2008) que le développement de l'évaluation au
sein des systèmes éducatifs a conduit à formuler des
distinctions admises de tous, par exemple entre évaluation externe et
évaluation interne (auto-évaluation) .... L'évaluation
peut être vécue comme plus ou moins contraignante. Dans certains
pays, c'est une obligation annuelle et publique des établissements
scolaires. Dans d'autres, elle relève d'instances
spécialisées, d'inspections ou d'agences.
Il y a trente ans, les évaluations se sont
substituées progressivement au contrôle sur les procédures
(horaires, programmes, façon d'enseigner...) pour devenir un
élément important de régulation et d'aide à la
décision, donc de pilotage. Que de diversité et
d'ambiguïtés !On peut légitimement considérer que
l'évaluation a contribué à améliorer les
systèmes éducatifs, en termes de qualité et
d'efficacité, en poussant à plus de responsabilité les
acteurs et les institutions.
Comparer est devenu un enjeu de première importance.
L'évaluation pratiquée par un pays dépend en premier lieu
de l'organisation politique de l'État et du degré de
décentralisation qu'il pratique, qu'elle soit politique en direction
d'autorités locales élues, ou qu'elle soit fonctionnelle,
c'est-à-dire confiée à des établissements scolaires
autonomes.
Le travail enseignant et celui de l'école, dans
certains pays, sont évalués et parfois contrôlés :
réalisation des curricula, conformité à la
réglementation, méthodes pédagogiques employées,
résultats des élèves...
L'article de Ferry de Rijcke, pour l'Europe, distingue
l'évaluation des performances des établissements,
l'évaluation de la performance des enseignants et (ce qui se fait en
France), l'amélioration des pratiques pédagogiques. Dans chaque
cas, que diffuser aux parents ? Ceci est important puisque les effets des
inspections sont considérablement renforcés lorsqu'elles sont
rendues publiques.
On perçoit des hésitations sur la cible choisie
: évaluer quoi, qui et pour en tirer quelles conséquences ?
Faut-il le faire :
· par rapport à des objectifs nationaux
(comme en France), voir internationaux (comme en Suisse),
· ou dans une logique d'aide au pilotage de
l'établissement, comme le décrivent LeonorCariola et Lorena
Meckes pour le Chili ?
· ou faut-il privilégier des enquêtes sur
échantillon ou pratiquer des épreuves
généralisées à tous les élèves d'un
niveau scolaire déterminé ou d'un âge donné ?
Il existe donc une grande disparité entre les pays et
au sein des pays eux-mêmes, surtout lorsqu'il s'agit d'États
fédéraux, comme en Espagne.
L'évaluation orientée sur les
établissements peut, dans certains cas, vouloir contribuer à les
aider pour le pilotage de leur projet. Dans d'autres, c'est une façon
d'accroître la compétition entre eux et d'intensifier ainsi une
logique de « marché scolaire », comme en Angleterre, par
exemple. En fonction des intentions, son appropriation par les acteurs des
établissements n'est pas la même.
De ces propos d'Alain Bouvier et de Philippe Duval (2008),
nous voyons la lourdeur et le poids de la question d'évaluation et les
différentes connotations liées à cette notion, mais
surtout, les enjeux de cette question.
Il y a un paradoxe que relève Claude Thélot :
les évaluations existent et sont de bonne qualité ; pourtant
elles sont peu utilisées par les acteurs.L'évaluation et le
contrôle relevaient de l'État dans les pays centralisés, et
des pouvoirs politiques locaux dans les pays de tradition
décentralisée.
L'augmentation du nombre de parties prenantes et leur
implication de plus en plus importante conduit à imaginer une
pluralité d'évaluations et de contrôles, confiés
à des instances publiques, des inspections, des agences, des
laboratoires de recherche, voire des entités du secteur privé.
Non seulement, donc, se développent les types d'évaluations
multidimensionnelles et les contrôles variés, mais aussi les
évaluateurs. Leur nombre conduit à en débattre, à
les confronter.
Tout revient à évaluer les évaluations et
à contrôler les contrôles. On voit ainsi se profiler les
mécanismes d'accréditation des évaluateurs et des
contrôleurs par des instances internationales, comme cela commence
à se faire pour l'enseignement supérieur et pour les
démarches qualité.
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