1.4
L'analyse du bénévolat par les autres sciences sociales
La question de motivation des bénévoles a
toujours suscité l'intérêt dans plusieurs disciplines. La
plupart des recherches l'ont abordé suivant une approche psycho-sociale.
A l'opposé des économistes qui ont centré leurs travaux
sur la détermination de modèles, les psychologues vont s'investir
largement dans la mise en place de théories. Ils vont donc tenter avec
succès de mettre à jour des motivations pouvant conduire à
l'engagement bénévole.
La théorie de l'autodétermination
(TAD) développée par Edouard Deci et Richard Ryan en 1985
est la plus citée de toutes. L'autodétermination selon les
auteurs est le degré de liberté qu'a un individu lorsqu'il prend
sa décision en l'occurrence, celle de faire du bénévolat.
Cette théorie renferme à la base cinq motivations qui peuvent
être classées par ordre sur un
« continuumd'autodétermination » (Deci et
Ryan, 2000). Selon cette théorie, l'individu agit par choix ou
contrainte. Ainsi donc, il peut choisir de faire du bénévolat
parce qu'il y ressent du plaisir, cela est en adéquation avec ses
valeurs ou cela présente une utilité sociale (motivation
intrinsèque). Il peut au contraire s'engager par contrainte (motivation
extrinsèque). Soit que l'activité relève d'une obligation
sociale ou scolaire ou que l'individu ne veut pas être sous le coût
d'une sanction externe comme manque d'estime (motivation introjectée).
L'individu peut s'engager sans savoir trop pourquoi, on dit qu'il n'est pas
motivé (amotivation).
Figure 2 : le continuum d'autodétermination
(Forest, Crevier-Brault et gagné, 2009)
![](Les-dterminants-de-l-engagement-bnvole-en-cte-d-Ivoire1.png)
Une deuxième théorie beaucoup citée est
la théorie fonctionnaliste de la motivation. Cette théorie est
basée sur un principe fondamental selon lequel : un
bénévole peut poursuivre plusieurs buts à travers son
activité et deux personnes peuvent s'engager dans la même
activité sans pour autant satisfaire les même motivations (Clary,
Snyder et Stukas, 1996 ; Clary et Snyder, 1999 ; Houle, Sagarin et
Kaplan, 2005). La théorie fonctionnaliste suppose que le
bénévole satisfait à des besoins ou
« fonctions » psychologiques par son activité
(Clary, Snyder et Stukas, 1996). Donc sa décision de commencer ou de
continuer le bénévolat dépend du fait que cette
activité correspond ou non à ses besoins ou buts. Cette
théorie a abouti à l'élaboration de la
volunteerFunctionInventory (VFI), qui comporte six dimensions reflétant
la motivation au bénévolat.
· Motivations de valeurs : le bénévole
cherche à exprimer des valeurs d'altruismes, humanitaires,
tournées vers autrui. Cette fonction s'apparente à de l'altruisme
pur, à des motivations autodéterminées altruistes.
· Motivations d'apprentissage : le
bénévole cherche à apprendre ou à exercer des
compétences qu'il n'a pas eu l'occasion d'exercer ailleurs. Elles
s'apparentent à des motivations autodéterminées
égoïstes acquisitives.
· Motivations de carrière : le
bénévole cherche à acquérir une expérience
pour la valoriser sur le marché de l'emploi. Il s'agit de motivations
non autodéterminées égoïstes.
· Motivations sociales : le bénévole
cherche à développer des relations sociales, à être
reconnu socialement.
· Motivations de protection : le
bénévole cherche à réduire des émotions
négatives, à échapper à des problèmes
personnels à travers son activité.
· Motivation de développement personnel : le
bénévole cherche à se développer psychologiquement
ou à augmenter l'estime qu'il ressent de lui-même.
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