CHAPITRE III. RESULTATS ET DISCUSSION
III.1. Etat des lieux de la gestion de l'exploitation et la
prise en compte de l'exploitation à faible impact dans les
procédures interne de l'entreprise
L'analyse de la structure organisationnelle de gestion de
l'exploitation forestière est nécessaire car elle permet de
comprendre le choix d'une méthode de gestion forestière mise en
oeuvre sur le terrain.
III.1.1. Acteurs
Lors des descentes de terrain et des entretiens menés
auprès des responsables de l'entreprise un schéma de gestion de
l'exploitation forestière montrant les différents acteurs
impliqués dans la gestion de l'UFA 09 022 a été
décelé (figure 3.1) et correspond àl'organigramme officiel
de la direction des forêts et de l'UFA 09 022.
Figure 3.1 : Organigramme de la
direction des forêts et de l'UFA 09 022 SFE
La structure organisationnelle de gestion de l'exploitation
forestière trouvée dans le cadre de cette étude (ayant un
service d'exploitation) est semblable à celle obtenue par Manga (2011)
à la SIFCO. Par contre, cette organisation diffère de celle de
Djomou (2007) à PALLISCO, de Abessolo (2014) à la SEFAC et la
STBK etNteukam (2016) à la FIPCAM. Cette différence réside
au niveau de l'absence de cellule d'aménagement au sein de la SFE. Cette
absence pourrait être à l'origine de la piètre performance
de cette entreprise lors de la mise en oeuvre des normes d'exploitation
forestière à faible impact. Cependant, la SFE au même titre
que ces entreprises ne disposent pas d'un Responsable Faune au sein de leur
cellule d'aménagement.
III.1.2.Prise en compte des
mesures EFIR dans les procédures
Le niveau de prise en compte des mesures EFIR dans les
procédures est négligeable car l'entreprise étant
naissante, ne dispose pas encore de procédure interne clairement
définie et rédigé dans un manuel. Néanmoins elle
assure la mise en oeuvre des activités d'exploitation à travers
des fiches techniques.Par contre, ce niveau de prise en compte diffère
de ceux de Djomou (2007) à PALLISCO, de Abessolo (2014) à la
SEFAC et la STBK et Nteukam (2016) à la FIPCAM. Cette différence
s'expliquer par la présence d'une cellule d'aménagement et d'un
manuel de procédures d'exploitation clairement défini par dans
ces entreprises.
III.2.Evaluation de la mise en oeuvre des mesures
d'exploitation à faible impact
Pour chaque activité, le niveau d'application des
mesures y afférentes est évalué.
III.2.1. Mise en oeuvre des
mesures pour l'implantation du réseau routier
Le réseau routier de l'AAC 3-4 est constitué
d'une route principale orientée Est- Ouest et de 10 routes secondaires
ou bretelles dont la longueur totale est 20254 m. La densité du
réseau routier est de 10m/ha soit 0,6m/m3. A cet effet, 0,6m
de route est ouverte pour la production de 1m3 de grumes.
Ø Planification du réseau routier
L'implantation du réseau routier dans l'AAC 3-4 de
l'UFA 09 022 est planifiée. Avant la construction des routes,
l'entreprise établit une carte dite « projet route ». Cette
carte est conçue sur la base des résultats de l'inventaire
d'exploitation (topographie, l'hydrographie, la concentration des essences
exploitables, zones marécageuses, zones sensibles à hautes valeur
pour la conservation) et tient compte des anciennes routes.Toutefois, certaines
contraintes du terrain peuvent amener le chef d'exploitation à modifier
légèrement le projet route. Les levés de terrain ont
également permis de constater que les routes ont été
situées à plus de 60 m du plan du cours d'eau qui se trouve dans
la zone (figure 3.2).
Figure 3.2 : Carte du
réseau routier de l'AAC 3-4
Ø Largeur de l'emprise et de la plate forme des
différentes routes
le tableau 3.1 présente les valeurs de l'emprise
et de la plate forme de la route principale et des routes secondaires.
Tableau 3.1 : Largeurs des
emprises et des plates formes des routes
|
N
|
Minimum
|
Maximum
|
Moyenne
|
Ecart-type
|
Route
Principale
|
Largeur de l'emprise (m)
|
20
|
27
|
35
|
30,1
|
1,55
|
Largeur plate forme (m)
|
20
|
6
|
10
|
8,13
|
1,11
|
Surface ouverte (ha)
|
|
12,04
|
|
Routes
Secondaires
|
Largeur de l'emprise (m)
|
20
|
20
|
25
|
23,05
|
1,10
|
Largeur plate forme (m)
|
20
|
5
|
8
|
5,98
|
0,75
|
Surface ouverte (ha)
|
|
9,3
|
|
Il ressort du tableau 3.1 que les largeurs moyennes des
emprises des routes principale et secondairessont respectivement de 30,1m avec
un écart type de 1,55m (30,1#177;1,55) pour une superficie
mesurée de 12,04haet de 23,05m avec un écart type de 1,1
(23,05#177;1,1)pour une superficie mesurée de 9,3 ha. Les plates formes
quant à elles ont des largeurs moyennes respectives de 8,13m, avec un
écart type de 1,11m (8,13#177;1,11) pour la route principale et de 5,98m
avec un écart type de 0,75m (5,98#177;0,75) pour les routes secondaires.
Les valeurs faibles des écarts types montrent que le long ces routes,
les largeurs des emprises et des plates formes des routes varient très
peu. Il faut noter que les valeurs observées sur le terrain sont
inférieures à celles prescrites par le code FAO/UICN (30 à
45m pour l'emprise et 8 à 10m pour la plate forme de la routes
principale et 20 à 25m pour l'emprise et 5 à 7m pour la plate
forme des routes secondaires).
En somme qu'il s'agisse de la route principale ou des
bretelles, on constate que les largeurs observées sur le terrain restent
dans l'intervalle de celles prescrites par le code FAO/ UICN. Cependant les
largeurs moyennes de la plate d'forme des routes obtenues sur le terrain ne
sont pas très loin de celles trouvées par Nteukam (2016)
estimées à 6,7m pour la route principale et 4,9m pour la route
secondaire. Ces résultats à peu près semblables aux
nôtres pourraient s'expliqué d'une part par le fait que
l'ouverture des routes avec des largeurs réduites est liée
à la politique interne de l'entreprise à opter pour une
réduction de la surface perturbée et d'autre part au faite que la
méthodologie utilisée pour la prise des dimensions des routes est
la même.Par contre, Manga (2011) et Dongmo (2013) ont obtenus des
largeurs des emprises des routes bien différents aux nôtres dans
le cadre des études similaires à savoir respectivement 43m et 14m
d'une part et 12,7m et 12,71m d'autre part. Cette différence pourrait
être due d'une part à l'habileté du personnel de
l'équipe route car selon Manga (2011), « le manque de formation
des conducteurs en matière d'ouverture de piste forestière
seraient à l'origine des écarts constatés ». La
nature du terrain pourrait également expliquer cette différence
car selon Durrieu et al., (1998) et repris par Dongmo (2013),
« la largeur des routes varie en fonction du type de route et de la
nature du terrain ».
Ø Délai de construction des routes
principales
Il ressort des entretiens effectués auprès du
responsable d'exploitation que le démarrage des travaux de construction
de la route principale dans cette AAC s'est fait au mois de Décembre
2020 et s'est achevé au mois de janvier 2021. Tandis que l'exploitation
de ladite assiette a commencé à partir du mois de Février.
De ce fait, l'intervalle de temps qui sépare la fin de construction de
la route principale et le début de l'exploitation est de 2 mois et non
de 6 mois telle que prescrit par l'article 35 des NIMF. Pour ce qui est des
routes secondaires, l'ouverture de certaines d'entre elles chevauchait avec
l'exploitation. Ces routes étaient peu stables et impraticables pendant
les pluies. A cet effet, le délai prescrit pour la construction des
routes principales et secondaires n'est pas respecté.
Ø Mise en forme de la route, drainage des eaux
de ruissellement et dispositifs de sécurité et de passage des
animaux
Lors des observations directes sur le terrain, il ressort que
la plate forme de la route principale n'est généralement pas
bombée. A cet effet, les eaux stagnent généralement sur la
chaussée et contribuent à son altération. La plate forme
des différentes routes n'est recouverte d'une couche de latérite
ce qui favorise les bourbiers en cas de forte pluie. Les rigoles de collecte
des eaux de ruissellement sont absentes de part et d'autre de la plate forme.
Par ailleurs les banquettes de visibilité, panneaux de signalisation et
les ponts de canopée pour le passage de certains primates
(chimpanzé) sont absents.Il faut noter que la présence des
exutoires est une régularité observée sur le site.
Ø Construction des ouvrages de franchissements
et maintien d'une lisière boisée
Le réseau routier de l'AAC 3-4 de l'UFA 09 022 traverse
6 grands cours d'eau. Conformément à l'article 47 alinéa 1
des NIMF, six ponts ont été construits. Il ressort des
observations faites sur le terrain que le tapis végétal et les
souches sont préservés dans les 30 mètres de ces cours
d'eau. Ces ouvrages ont été construits de façon à
permettre une bonne circulation de l'eau. A cet effet ils devraient
continuellement être nettoyés (figure 3.3).
Figure 3.3 : Cours d'eau
obstrué sur la route principale
Le tableau 3.2présente la note obtenue pour l'ouverture
des routes
Tableau 3.2 : Performance
obtenues pour l'ouverture des routes forestières
Activités
|
Mesures EFIR prescrites
|
Points obtenus
|
Points maximum
admis
|
PPLANIFICATION ET CONSTRUCTION
DES ROUTES
|
Planifier et cartographier le réseau routier
|
4
|
4
|
Ouvrir la route principale sur une emprise de 30 à 45 m
et la plate forme de 8 à 10 m
|
3
|
4
|
Aménager la plate forme de la route de façon
qu'elle soit bombée et la revêtir d'une couche de
latérite
|
1
|
4
|
Ouvrir les bretelles sur une emprise de 20 à 25 m et la
plate forme de 5 à 7m
|
3
|
4
|
Construire des ouvrages de franchissement lorsque la route
traverse un cours d'eau
|
4
|
4
|
Construire des fossés de part et d'autres de la
route
|
0
|
4
|
Maintenir des ponts de canopée tous les 5000
mètres pour le passage des primates
|
0
|
4
|
Dévier les eaux de ruissèlement vers les zones
de végétation
|
2
|
4
|
Créer des exutoires
|
2
|
4
|
Mettre des dispositifs de sécurité sur la
route
|
0
|
4
|
TOTAL DES POINTS
|
19
|
40
|
NIVEAU DE MISE EN OEUVRE DES MESURES EFIR
47%
|
Le tableau 3.2 révèle que le niveau
d'application des mesures d'exploitation forestière à impact
réduit pour l'ouverture des routes est estimé à 47% pour
une appréciation faible.
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