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La réglementation CEMAC relative à  la lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme. Etude du cas des personnes politiquement exposées.


par HINASSOU MAHAMAT
Université de Dschang - Master 2 recherche en Droit des Affaires et de l'Entreprise. 2020
  

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Paragraphe 2 : Les modalités d'exercice de la déclaration

L'obligation de déclaration des opérations suspectes ainsi posée ne s'effectue pas au hasard, car, elle est soumise à un régime particulier. A cet effet, nous nous intéressons aux personnes concernées par la déclaration (A), aux formes et mentions (B) ainsi qu'aux suites éventuelles que pourrait avoir ladite déclaration (C).

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A - Les personnes concernées par la déclaration de soupçon.

Trois catégories de personnes sont impliquées dans la déclaration de soupçon. A savoir les assujettis, l'Agence Nationale d'Investigation Financière et le Procureur de la République. Ainsi, nous évoquerons ces personnes selon qu'elles sont débitrices (1) ou créancières de l'obligation (2) de déclaration de soupçon.

1- Les débiteurs de l'obligation

Toutes les personnes physiques ou morales qui, dans le cadre de leur profession, réalisent, contrôlent ou conseillent des opérations entrainant des dépôts, des changes, des placements, des conversions ou tous autres mouvements des capitaux sont assujetties aux obligations de lutte contre le blanchiment des capitaux et du financement de terrorisme et par conséquent à l'obligation de déclaration des opérations suspectes. Il s'agit entre autres, des établissements de crédit, des entreprises d'assurances, des administrations chargées des régies financières, de la BEAC, des agents immobiliers, des agents sportifs, des agences de voyages, des avocats, des notaires, des experts comptables, des conseillers fiscaux etc.61.

Ces personnes assujetties sont appelées à communiquer à l'ANIF et leur autorité de contrôle, l'identité de leurs dirigeants et préposées chargés de répondre aux demandes de ce service et de cette autorité et d'assurer la diffusion aux membres concernés du personnel, des informations, avis ou recommandations de caractère général qui en émanent62. Ainsi, les assujettis désignent en leur sein une personne habileté à faire la déclaration de soupçon, mais toutefois, tout dirigeant ou préposé peut le faire lorsque l'urgence l'exige63.

Les personnes débitrices de la déclaration de soupçon n'adressent pas leur déclaration à tous organismes mais, aux créanciers de ladite déclaration.

2- Les créanciers de l'obligation de la déclaration de soupçon

Les textes régissant la prévention et la répression du blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme et de la prolifération désignent principalement l'ANIF (a) et subsidiairement le Procureur de la République (b), comme étant créanciers de la déclaration de soupçon.

a- L'Agence Nationale d'Investigation Financière

61 Ces personnes sont énumérées aux articles 6 et 7 du règlement CEMAC.

62 Conformément aux articles 84 al. 1 du Règlement CEMAC et 41 al. 1 du Règlement COBAC.

63 Cf. art. 41 al. 2 Règlement COBAC.

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L'ANIF est la cellule de renseignements financiers instituée par la législation communautaire64 et consacrée par la législation nationale de chaque Etat membre65. A cet effet, elle a pour mission de recevoir, de traiter et le cas échéant de transmettre aux autorités compétentes, les renseignements propres à établir l'origine des fonds ou la nature des opérations faisant l'objet de la déclaration de soupçon66.

Ainsi, l'ANIF est l'unique destinataire des déclarations de soupçon des personnes assujetties par les Règlements communautaires. Selon les articles 26 et 28 du Règlement COBAC de 2005 relative aux diligences des établissements assujettis en matière de lutte contre le blanchiment des capitaux et financement du terrorisme, puis 83 et 86 du Règlement CEMAC de 2016 portant prévention et répression du blanchiment des capitaux et de financement du terrorisme et de la prolifération en Afrique centrale, les personnes assujetties au titre des articles 6 et 7 du Règlement CEMAC sont tenus de faire leurs déclarations à l'ANIF ; ce qui n'est pas le cas pour les personnes non assujetties qui doivent faire leur déclaration directement au Procureur de la République.

b- Le Procureur de la République

Au titre des personnes impliquées dans la déclaration de soupçon, figure le Procureur de la République. Le Procureur peut être impliqué dans la déclaration de soupçon à deux niveaux.

Primo, lorsque les personnes déclarant une opération suspecte ne sont pas celles des articles 6 et 7 du Règlement CEMAC de 2016 précité. A cet effet, l'article 84 alinéa 5 dispose que « les personnes autres que celles visées aux articles 6 et 7 du présent Règlement sont tenues de déclarer au Procureur de la République les opérations dont elles ont connaissances et qui portent sur des sommes qu'elles savent susceptibles de provenir d'un crime ou délit ou s'inscrire dans un processus de blanchiment ou de financement du terrorisme et de la prolifération. Le Procureur de la République en informe l'ANIF qui lui fournit tous les renseignements utiles ».

64 Aux termes de l'art. 65 du Règlement CEMAC de 2016 « il est institué, dans chaque Etat membre, sous la dénomination de l'ANIF, une autorité administrative, placée sous tutelle du Ministre chargé des Finances. L'ANIF est dotée de l'autonomie financière et d'un pouvoir de décision sur les matières relevant de sa compétence ».

65 Les différents décrets nationaux portant institution, organisation et fonctionnement des ANIF dans chaque Etat membre. Pour le Cameroun, il s'agit du décret N°2005/187 du 31 mai 2005 portant organisation et fonctionnement de l'Agence Nationale d'Investigation Financière. Pour le Gabon, c'est le décret du 22 septembre 2005 portant création de l'ANIF. Pour le Tchad, c'est le décret N°07-107 du 02 février 2007 portant institution, organisation et fonctionnement d'une Agence Nationale d'Investigation Financière.

66 V. L'article 66 du Règlement CEMAC de 2016.

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Secundo, le Procureur de la République est impliqué dans la déclaration de soupçon lorsque celle-ci s'avère vraie après traitement par l'ANIF qui décide donc de lui transmettre le dossier.

Les personnes concernées par la déclaration de soupçon étant connues, reste à préciser les exigences quant à la forme et mentions.

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