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La réglementation CEMAC relative à  la lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme. Etude du cas des personnes politiquement exposées.


par HINASSOU MAHAMAT
Université de Dschang - Master 2 recherche en Droit des Affaires et de l'Entreprise. 2020
  

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B - La forme et les mentions de la déclaration

Nous examinerons successivement la forme de la déclaration (1) et les mentions (2) que celle-ci doit comporter.

1- La forme de la déclaration

Cette déclaration qui est à la charge des personnes assujetties ne doit pas être faite n'importe comment mais, dans les conditions fixées par le Règlement CEMAC et selon un modèle de déclaration fixé par arrêté du Ministre chargé des Finances sur proposition de l'ANIF67. Ainsi, au sens de l'article 86 du Règlement CEMAC, les déclarations de soupçon sont transmises à l'ANIF seulement par écrit et par tout moyen laissant trace écrite. Les déclarations faites téléphoniquement ou par moyen électronique doivent être confirmées par écrit dans un délai de quarante-huit (48) heures.

Il faut le dire, l'article 27 du Règlement COBAC relatif aux diligences des établissements assujettis en matière de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme encore en vigueur évoque la possibilité de faire une déclaration verbale ou écrite qui, toutefois, doit être confirmée par un moyen laissant trace écrite est de nature à porter confusions. Toute chose qui nécessite, à notre avis, une révision bien que cela ne préjudicie pas les mentions de ladite déclaration.

2- Les mentions de la déclaration

L'alinéa 2 de l'article 86 du Règlement CEMAC précise que « les déclarations précisent, notamment suivant les cas : a) les raisons pour lesquelles l'opération a déjà été exécutée ; b) le délai dans lequel, l'opération doit être exécutée ».

67 Cf. art. 83 al. 1 du Règlement CEMAC.

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Outre ces mentions, une déclaration doit pouvoir fournir les informations utiles à l'ANIF afin de lui permettre de pouvoir reconstituer les opérations liées à la même personne68. La déclaration de soupçon qui est faite aura forcément une suite.

C - Les éventuelles suites de la déclaration de soupçon

Pour ce qui est des suites réservées à la déclaration, nous retenons tout d'abord que l'ANIF accuse réception de la déclaration qui lui est ainsi faite, sauf si l'entité déclarante en avise autrement69.

Il faut souligner cependant que, l'article 83 alinéa 5 du Règlement CEMAC de 2016 dispose que « toute information de nature à infirmer, conforter ou modifier les éléments contenus dans la déclaration de soupçon est portée, sans délai, à la connaissance de l'ANIF ». C'est ce qui laisse paraitre le caractère révocable de la déclaration ; car comme nous l'avons souligné plus haut le soupçon est un avis défavorable sur la personne ou son comportement basé sur des intuitions sans preuves précises et dans une telle hypothèse, la personne qui effectue la déclaration n'est pas exempt de la possibilité de se tromper ; car la nature humaine étant ce qu'elle est.

Dans l'hypothèse où l'ANIF a accusé réception de la déclaration, elle procède au traitement et à l'analyse des opérations déclarées70. Ce traitement peut entrainer ou non des poursuites judiciaires contre les personnes soupçonnées si le Procureur de la République est saisi et décide d'ouvrir lesdites poursuites. L'ANIF joue ainsi un rôle capital dans la lutte contre la criminalité financière.

68 TCHABO SONTANG (H.M), Secret bancaire et lutte contre le blanchiment des capitaux en zone CEMAC, mémoire de DEA, Op.cit. p. 60.

69 Cf. art. 86 al. 3 du Règlement CEMAC.

70 V. l'art. 12 du décret du 02 février 2007 portant institution organisation et fonctionnement de l'ANIF au Tchad et l'art. 21 du décret N°2005/187 du mai 2005 portant organisation du fonctionnement de l'ANIF Cameroun.

CONCLUSION DU CHAPITRE I

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La criminalité financière organisée prend de l'ampleur dans le monde et les organismes de lutte anti-blanchiment ont mis en place des mesures de vigilance standards que les assujettis sont appelés à observer à l'égard de tout client. De ce fait, le législateur communautaire soumet les personnes assujetties à l'observer de l'obligation de connaissance de leur clientèle et de son activité économique afin de pouvoir déterminer si le patrimoine ou les fonds de cette dernière ne proviennent pas d'activités illicites. Lorsqu'il y a un doute ou une anomalie quelconque sur la provenance des fonds, l'assujetti doit faire une déclaration de soupçon à l'ANIF, qui transmettra le dossier aux autorités judiciaires après enquête.

Cependant, en plus de mesures de vigilance générale qui s'appliquent à toute catégorie de clients, certains clients à l'instar des personnes politiquement exposées ont des risques de BC/FT élevés et les assujettis doivent observer à leur égard des mesures spécifiques.

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry