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La réglementation CEMAC relative à  la lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme. Etude du cas des personnes politiquement exposées.


par HINASSOU MAHAMAT
Université de Dschang - Master 2 recherche en Droit des Affaires et de l'Entreprise. 2020
  

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PARTIE II : LES OBSTACLES À LA MISE EN OEUVRE
EFFECTIVE DU DISPOSITIF ANTI-BLANCHIMENT À
L'ÉGARD DES PERSONNES POLITIQUEMENT EXPOSÉES

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« Une loi n'est efficace que dans la mesure où elle est strictement appliquée »122, cet auteur nous donne à comprendre que la loi n'a d'efficacité que lorsqu'elle est appliquée.

Ainsi, le dispositif, tant international que communautaire, de lutte contre la criminalité financière ne pourrait produire les effets escomptés que lorsque son application ne va souffrir d'aucune difficulté car dans le cas contraire, l'on ne parlerait ni d'efficacité et encore moins d'effectivité. Or, dans la pratique, l'application du dispositif anti-blanchiment à l'égard des PPE n'est pas chose aisée.

En effet, l'évolution technologique a permis que les institutions financières proposent des services par le biais des technologies de l'information et de la communication (TIC), fruits de la mondialisation à savoir ; la prestation des services par le biais de l'internet ou de téléphones mobiles. Ces nouveaux services et les autres services classiques des banques, que sont le transfert des fonds, l'opération de change, renferment des failles qui constituent des obstacles à l'application du dispositif anti-blanchiment (CHAPITRE I). Outre ces difficultés liées au système financier, le droit met une certaine barrière à l'efficacité de la lutte contre les malversations liant les PPE ou commis par elles (CHAPITRE II).

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122 FERDINAND-LOP (S.), Les nouvelles pensées et maximes (1970).

CHAPITRE I : L'EXISTENCE DES PASSERELLES ENTRE LE BLANCHIMENT DES CAPITAUX ET LE SYSTEME

FINANCIER

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Les blanchisseurs sont à la perpétuelle recherche des moyens et procédés leur permettant de recycler leurs fonds ; ils utilisent toutes les voies pour y parvenir. Dans leur recherche de discrétion, les délinquants utilisent toutes les failles se trouvant dans le système financier et parallèle pour blanchir leur butin. Ces failles peuvent être dans le secteur de l'assurance ou de l'immobilier mais pour notre étude, compte tenu du fait que les fonds blanchis par les PPE vont en général vers l'extérieur et emprunte le circuit bancaire et financier pour être logés dans les paradis fiscaux, l'on évoquera les failles inhérentes à ces systèmes qui favorisent les activités de blanchiment. Ainsi, les délinquants économiques profitent de la facilitation que leur offrent certains mécanismes financiers (section 1). Et les PPE, du fait de leur influence, notoriété et d'énormes sommes dont elles blanchissent, séduisent les organismes financiers qui, il faut le dire, dans la plupart des cas détectés, prennent part aux activités de blanchiment des capitaux (section 2).

SECTION I : La facilitation du blanchiment des capitaux par
certains mécanismes financiers

Pendant longtemps, le mécanisme dans le système financier qui favorisait le blanchiment des capitaux était le secret bancaire. Il fut considéré dans certains pays, à l'exemple de la Suisse, comme étant sacré, parce que lié au droit de la personnalité123. Cette sacralisation du secret bancaire jouait un rôle actif dans le blanchiment. Mais, fort heureusement, aujourd'hui le secret bancaire est nettement limité en matière de LBC/FT et ceci, même dans certains pays qui le considéraient comme un sacro-saint principe124. Toutefois, dans les paradis fiscaux, il subsiste encore. Raison pour laquelle, il sera évoqué dans le cadre du laxisme de la réglementation dans les paradis fiscaux.

Les blanchisseurs, comme nous l'avons souligné plus haut, cherchent toujours à contourner le système de prévention pour parvenir à leur fin et ce malgré la relativisation du

123 TCHABO SONTANG (H.M), Secret bancaire et lutte contre le blanchiment en zone CEMAC, mémoire de DEA, Op.cit. p .24.

124 « L'annonce de la fin du secret bancaire en Suisse le 13 mars 2009 par le conseil fédéral Suisse ». Article de presse disponible sur www.rts.ch , consulté le 10 décembre 2019 à 21h 10min. V. également LONGCHAMP (O.), « La reconfiguration du secret bancaire Suisse », In l'Economie politique 2010/2 (N° 46), pages 21 à 35. Article disponible sur www.cairn.info, consulté le 10 décembre 2019 à 21h 05min.

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secret bancaire. Ainsi, ils profitent de l'absence de rigueur dans le contrôle de certaines opérations (paragraphe 1) et de la couverture que les paradis-fiscaux leurs offrent pour blanchir des capitaux (paragraphe 2) d'origine illicite.

Paragraphe 1 : Le manque d'un contrôle rigoureux sur certaines opérations.

La mondialisation exige que les relations commerciales et financières que nouent les agents ne soient ni entravées, ni ralenties par des obstacles qui s'opposeraient aux règlements qu'elles impliquent. Il ne serait pas acceptable qu'un dysfonctionnement, voire un blocage des paiements, gène le bon déroulement des transactions économiques125. D'où la mise en place de certains mécanismes et pratiques bancaires tels que les opérations numériques, les opérations de change, etc. pour permettre un paiement rapide et adapté aux échanges commerciaux internationaux.

Mais, malheureusement, les délinquants dans leur perpétuelle recherche des voies et moyens de blanchiment profitent de la surveillance limitée sur les opérations numériques (A) et de certaines opérations dont la pratique comporte des failles favorisant le blanchiment des capitaux (B) pour parvenir à leur fin.

A - La limitation de la surveillance sur les opérations numériques

L'évolution technologique a permis non seulement à ce que les établissements financiers offrent des services en ligne à leur clientèle mais, de disposer également un moyen de paiement à la hauteur de ladite évolution à savoir la monnaie électronique. Ces opérations offertes, ne sont pas exempts de tous risques de blanchiment. Toute chose, qui fait le bonheur des blanchisseurs.

A cet effet, nous jetterons un regard sur les risques de blanchiment liés à la monnaie électronique (2), mais avant cela, nous évoquerons la surveillance limitée sur les cybers opérations ou opérations effectuées via internet (1).

1- La problématique de la surveillance des cybers opérations

L'avènement des Nouvelles Technologies de l'Information et de la Communication (NTIC) a permis le développement des divers services bancaires. Le continent africain ne pouvant pas rester en marche, s'approprie davantage ces outils de développement. Ainsi, les

125 GAZE (P.), « Nouveaux moyens de paiement : nouveaux risques ? », In Cahiers du numérique, 2003 (vol.4), pages 93 à 113. Disponible sur www.cairn.info, consulté le 20 décembre 2019 à 12h 13min.

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établissements financiers et parallèles de la CEMAC offrent des services téléphoniques, des services via internet etc.

Les avantages et les bienfaits de ces services ne sont plus à démontrer ; car ils permettent d'effectuer des nombreuses opérations à distance et ceci de façon simplifiée et rapide. De ce fait, certains soutiennent que ces technologies offrent un éventail d'instrument facilitant la lutte anti-blanchiment126. Cependant, ces nouvelles technologies de l'information et de la communication, du fait des failles qu'elles comportent, facilitent plus les activités de blanchiment des capitaux et de financement de terrorisme.

D'ailleurs le comité de Bâle sur les contrôles bancaires l'avait déjà noté en octobre 2001 en ce terme « la nature de la banque électronique, qui n'implique aucun contact physique et se joue des frontières, combinée à la rapidité de la transaction, crée inévitablement des difficultés en matière d'identification du client et de vérification. »

Nous montrerons à travers l'analyse que les cybers opérations des banques renferment des difficultés d'identification des clients et de détection des opérations elles-mêmes (a) et par déçu tous, des risques de blanchiment liées aux autres opérations électroniques (b).

a- Les difficultés d'identification liées aux opérations sur internet

Nous relèverons les difficultés d'identification des cybers clients (i) avant de nous intéresser sur la question de la traçabilité des opérations effectuées sur internet (ii).

i- Les difficultés d'identification des cybers clients

L'identification est le préalable. Identifier un client, est une étape capitale dans la lutte anti-blanchiment. Ce n'est qu'une fois identifié, que l'on peut faire supporter à un client sont acte127. Le système et procédés employés dans les cybers services comportent des failles qui rendent difficiles l'identification des clients.

La difficulté tient tout d'abord, du fait que dans les opérations effectuées sur internet, il y a une distance entre la banque et son client. En effet, avec la banque traditionnelle ou classique, l'identification est plus aisée. Puisque le client se présente au guichet de la banque ; elle peut ainsi procéder à toutes les vérifications possibles afin de l'identifier. Et même si les informations et pièces données s'avèrent fausse, elle est à même de pouvoir faire un portrait-robot de son client. Mais, avec l'évolution technologique et les exigences du commerce

126 TCHABO SONTANG (H.M), Secret bancaire et lutte contre le blanchiment d'argent dans la CEMAC, mémoire de DEA, Op.cit. p. 25.

127 Ibidem. p. 26.

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extérieur, la mise en place des cartes de crédit, cartes prépayées, l'ouverture des comptes en ligne etc., il y a une certaine distance entre les établissements financiers et les clients. Et cela ne permet pas une identification appropriée car, non seulement l'identification peut être truquée, mais aussi et surtout avec la possibilité d'utilisation des faux noms ou même de falsification des pièces dont la sous-région CEMAC n'est pas exempte, « le client a la faculté de fait de ne pas décliner sa véritable identité »128 comme le souligne un auteur. Ainsi, cette distance que le client a avec l'établissement financier fait de tel enseigne que celui-là, échappe à la surveillance de celui-ci rendant ainsi difficile l'efficacité du contrôle.

Il est bien vrai que les articles 25 et 43 du Règlement anti-blanchiment de la CEMAC de 2016 imposent aux personnes assujetties de prendre de dispositions particulières et suffisantes pour prévenir le BC/FT lorsqu'elles entretiennent des relations d'affaires ou exécutent des opérations avec un client qui n'est pas physiquement présent aux fins d'identification, dans la pratique, cela n'est pas chose facile. Ceci d'autant que le client a une certaine liberté dans l'utilisation des services à distances.

La distance et la liberté offertes aux clients sont de manière à rendre difficile la traçabilité des opérations.

ii- La question de la traçabilité des opérations effectuées sur internet

Après l'analyse qui en découle, il est clair que l'internet constitue un avantage précieux pour le blanchiment. Car, la mobilité, la rapidité, la liberté et la distance dans les cybers opérations ou services sont tout ce que recherche le délinquant économique.

Ainsi, pour TCHABO SONTANG, « malgré les prouesses constatées jusqu'à présent dans l'évolution des technologies de l'information et de la communication, repérer les traces d'une opération sur internet n'est pas ce qu'il y a de facile »129. Car, sur internet tout va si vite, tout se brouille dans une nébuleuse constituée d'une infinité de liens hypertextes-liens reliant les fichiers entre eux. Les traces se perdent du fait d'une infinité de services rendus aux mêmes instants et empruntant les mêmes canaux, touffus et confus. En conséquence le risque de rupture de la piste d'audit est très probable. Il devient ainsi difficile, voire impossible de tracer les opérations sur internet et ceci est un facteur de brouille des pistes d'enquêtes.

128 LE CERF (X.) et IVALDI (N.), Des usages de traçabilité en matière de paiement électronique, In Traçabilité et responsabilité, sous la direction de PEDROT (P.), édition Economica, 2003, p. 189 et S.

129 TCHABO SONTANG (H.M), Secret bancaire et lutte contre le blanchiment d'argent en zone CEMAC, Op.cit. p. 30.

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Toutes ces difficultés sur l'identification et la traçabilité des opérations effectuées sur internet sont de nature à constituer des risques de blanchiment pour les opérations électroniques.

b- Les risques de blanchiment liés aux opérations de virements électroniques

Le virement est l'opération consistant, pour un titulaire de compte, à demander à sa banque un transfert des fonds de son propre compte vers un autre compte. Pour Philippe NEAU-LEDUC, le virement « est un procédé qui permet de transférer des fonds d'un compte vers un autre compte par un simple jeu d'écriture »130.

Cette opération qui permet à des capitaux de passer d'un compte à un autre, d'un établissement à un autre, apparaît comme étant un instrument clé du processus de recyclage des fonds d'origine illicite. En effet, le virement est le moyen d'empilement le plus utilisé par le blanchisseur131. Comme nous le fait savoir De Feo « les virements sont probablement la méthode d'empilement la plus importante dont disposent les blanchisseurs de capitaux. Ils sont intéressants à plus d'un titre pour les criminels qui souhaitent couvrir leur trace. La vitesse, la distance, les traces comptables minimales et l'anonymat croissant qu'ils offrent du fait qu'ils se fondent dans l'énorme masse quotidienne de virements électroniques sont autant davantage qui n'ont pas de prix »132.

Le législateur CEMAC n'a pas omis cet aspect. C'est ainsi que l'article 36 du Règlement CEMAC dispose que « les institutions financières dont les activités comprennent des virements électroniques sont tenues d'obtenir et de vérifier le nom complet, le numéro de compte et l'adresse ou, en absence d'adresse, le numéro d'identification nationale ou le lieu et la date de naissance du donneur d'ordre et du bénéficiaire du virement y compris, si nécessaire, le nom de l'institution financière du donneur d'ordre de ces transferts.

Ces informations doivent figurer dans le message ou le formulaire de paiement qui accompagne le transfert. S'il n'existe pas de numéro de compte, un numéro de référence unique doit accompagner le virement.

Ces dispositifs ne s'appliquent pas aux transferts exécutés à la suite d'opérations effectuées au moyen d'une carte de crédit ou de la carte de débit qui accompagne le transfert,

130 NEAU-LEDUC (P.), Droit bancaire, 4ème édition, Paris, Dalloz, 2010, p. 181.

131 TSOGNI DJOUMETIO (N.L), Les banque et la mise en oeuvre du dispositif préventif de lutte contre le blanchiment des capitaux au Cameroun et en France, Thèse de doctorat, Op.cit., p. 138.

132 SAVONA (E.U) et De Feo (M.A), Money Tails : international Money Laudering Trends and proventon control Policies. Rapport présenté à la conférence de 1994, Supra (note 2) (manuscript dactylographié), p. 84, cité par TSOGNI DJOUMETIO (N.L), Les banque et la mise en oeuvre du dispositif préventif de lutte contre le blanchiment des capitaux au Cameroun et en France, Op.cit., p. 138.

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ni aux transferts entre institutions financières pour leur compte ». L'on perçoit clairement que le législateur exige un bon nombre des mentions permettant la traçabilité des virements électroniques. Mais, dans la pratique cela ne semble pas si facile.

Le système SWIFT133 est l'exemple le plus parfait des opérations de virement renfermant des risques de blanchiment. En effet, ce système qui est utilisé par les banques pour effectuer des virements, offre aux délinquants de par sa rapidité, la possibilité de multiplier les transferts : en quelques minutes des capitaux peuvent transiter par plusieurs dizaines d'établissements.

Il est bien sûr théoriquement possible de suivre la trace de ces capitaux, mais, en pratique, les donneurs d'ordre auront pris le soin de faire appel à des banques implantées dans différents pays. En plus, le système SWIFT envoie des informations codées, ce qui contribue à opacifier les circuits financiers.

Ainsi, la rapidité, l'internationalisation et la multiplication offertes dans les transferts par le système SWIFT constituent des risques de blanchiment que les délinquants exploiteront pour parvenir à leur fin. Ils feront de même quant aux failles de la monnaie électronique.

2- Les risques de blanchiment de la monnaie électronique

La monnaie électronique s'entend comme une « valeur monétaire incorporée sous forme électronique contre remise de fonds de valeur égale, qui peut être utilisée pour effectuer des paiements à des personnes autres que l'émetteur, sans faire intervenir des comptes bancaires dans la transaction »134 .

La monnaie électronique fait donc partie d'un « système de paiement » composé d'un émetteur (l'établissement bancaire), d'un porteur (le consommateur) et de commerçants135. À ce titre, elle est considérée comme un nouveau moyen de paiement puisqu'elle permet avec un porte-monnaie électronique chargé d'unités électroniques de transférer des fonds et d'exécuter une obligation de somme d'argent.

Si les avantages et les bienfaits des nouveaux instruments de paiement dont fait partie la monnaie électronique ne sont plus à démontrer, leur utilisation peut favoriser certains

133 La Société for Worldwide Interbank Financial Telecommunication Interbancaire Mondial. Le réseau SWIFT a été créé en 1977 pour remplacer le réseau Télex, jugé trop lent et pas assez fiable. Créé à l'origine avec un protocole BSC, il migre en 1991 vers le réseau Swift II en X.25. Depuis 2004, il utilise un réseau sur IP, SWIFT Net. Cette société est une coopération de droit belge basée à Hulpe près de Bruxelles détenues et contrôlée par l'industrie financière internationale. Elle répond aux besoins d'un échange sécurisé entre ses membres à plus de 700 institutions financières situées dans environ 197 pays et territoires.

134 Alinéa J) de l'article 1er du Règlement CEMAC N° 01/11-CEMAC/UMAC/CM du 18 septembre 2011 relatif à l'exercice de l'activité d'émission de monnaie électronique.

135 NEAU-LEDUC (P.), Droit bancaire, Op.cit., p. 183.

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comportements répréhensibles au sens des lois et règlements édictés par les Etats membres de la CEMAC, notamment le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme136.

Les délinquants économiques sont constamment à la recherche de nouveaux moyens permettant de donner aux revenus qu'ils tirent de leurs activités une façade légitime. À cet effet, la monnaie électronique est dès lors intéressante pour eux et ce pour plusieurs raisons.

Tout d'abord, les opérations électroniques peuvent être effectuées de manière à n'est pas laisser de traces, c'est-à-dire dans le plus grand anonymat137 . En effet, pour l'émetteur, les fonds reçus contrairement aux opérations réalisées au moyen d'instruments de paiements classiques tels que les chèques ou les cartes bancaires, ne sont pas inscrits au nom du consommateur détenteur du porte-monnaie électronique et ne sont, pas non plus dû, a un bénéficiaire identifié.

Ensuite, pour les modes de paiement, la remise au commerçant d'un chèque ou le paiement par carte bancaire ne permet pas de créditer immédiatement le compte du bénéficiaire. Alors que le paiement par monnaie électronique entraine une modification instantanée des soldes des portes monnaies électroniques sans qu'il y ait besoin du concours de l'émetteur pour réaliser cette opération138.

En fin, la maitrise des flux monétiques constitue le principal facteur de risque lié à la réalisation des transactions par l'entremise des nouvelles méthodes de paiement. Or, dans la sous-région, les banques n'ont pas la maitrise de leur plate-forme monétiques, qui sont localisées hors de leurs juridictions d'activités. Ceci peut encourager une manipulation des informations relatives aux transactions effectuées au moyen des cartes prépayées depuis les services du prestataire et favoriser la réalisation des opérations douteuses. Ce risque est encore renforcé par le fait que dans ces institutions il n'existe pas un dispositif électronique d'alerte qui identifie les indices de soupçon de blanchiment d'argent et de financement du terrorisme139.

Toutes ces particularités ont pour conséquence de ne pas laisser la possibilité d'établir une piste de vérification traditionnelle de la légitimité des opérations réalisées. Par ailleurs, la monnaie électronique offre une grande mobilité permettant d'effectuer sur internet avec un

136 « Les 15 risques du paiement mobile pouvant entraîner le blanchiment d'argent en zone CEMAC », article de presse portant sur l'étude du GABAC relative au risque de blanchiment de la monnaie électronique en 2017, disponible sur www.digitalbusness.africa, consulté le 01 juin 2020 à 20h 00min.

137 TSOBGNI DJOUMETIO (N.L), Les banques et la mise en oeuvre du dispositif de lutte contre le blanchiment des capitaux au Cameroun et en France, thèse de doctorat. Op.cit., p. 143.

138 Ibidem

139 « Les 15 risques du paiement mobile pouvant entrainer le blanchiment d'argent en zone CEMAC », article de presse portant sur l'étude du GABAC relative au risque de blanchiment de la monnaie électronique en 2017, disponible sur www.digitalbusness.africa. Consulté le 10 juin 2020 à 21h 15min.

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porte-monnaie virtuel, des virements de fonds d'un pays à un autre sans aucune restriction imposée par les autorités des pays visés140.

Outre les failles que renferment les opérations numériques, certaines opérations classiques favorisent aussi le blanchiment.

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams