SECTION II : Les obligations de vigilance
renforcée à l'égard des
clients PPE
Le professionnel, après avoir déterminé
que son client est une PPE, catégorie de personnes à risque
aggravé de blanchiment, doit observer des mesures de vigilance
renforcée. La surveillance d'une infraction, notamment du blanchiment
des capitaux, et de façon sous-jacente la corruption, engageant la
responsabilité des organismes assujettis constitue un risque
présent à chaque étape de son
activité100.
97 Rapport de la Commission des banques suisses,
Fonds « Abacha » auprès des banques suisses du 30 aout 2000,
p. 12.
98 NGAPA (T.), La lutte contre
le blanchiment d'argent dans la sous-région de l'Afrique centrale CEMAC
: analyse à la lumière des normes et standards européens
et internationaux, Op.cit. p. 261.
99 Ibidem.
100 SUSCEC (S.), Le secteur bancaire et
financier français face à la corruption : un système
d'intégrité en construction, Op.cit., p. 185.
39
A cet effet, les institutions financières prennent les
mesures spécifiques, lorsqu'elles nouent des relations d'affaires ou
lorsqu'elles effectuent des transactions avec ou pour le compte des
PPE101. Ainsi, il s'agit des mesures de vigilance renforcée
relatives à la relation d'affaires (paragraphe 1) en plus desquelles,
d'autres mesures doivent être observées (paragraphe 2).
Paragraphe 1 : Les obligations de vigilance relatives
à la relation d'affaires
La relation d'affaires ou l'exécution d'une
opération avec une PPE ou une personne agissant pour son compte fait
l'objet d'un régime particulier. En effet, le législateur
communautaire, en adhérent ou du moins en prenant en compte la
Recommandation 12 du GAFI de février 2012, met à la charge des
personnes assujetties des articles 6 et 7 du règlement CEMAC de 2016 une
pléthore d'obligations qui doivent être observées.
Ainsi, la relation d'affaire pour être établie
avec une PPE doit être le fait de la haute direction (A) et doit faire
l'objet d'une surveillance continue (B) une fois établie.
A - L'autorisation préalable de la haute
direction
L'entrée en relation d'affaires avec certaines
personnes présentant des caractéristiques particulières
sont gérées différemment par rapport aux opérations
ou relations habituelles. Ainsi, l'entrée en relation avec une PPE est
fortement règlementée et soumise à une exigence
particulière. Car, elle nécessite l'autorisation de la haute
direction pour être établie.
A cet effet, conformément aux articles 25 et 60 du
Règlement CEMAC et l'article 8 du Règlement COBAC, les agents des
organismes ou institutions financières doivent obtenir l'autorisation de
la haute direction avant de nouer ou de poursuivre une relation d'affaire avec
un client PPE. Ils doivent aussi informer la haute direction avant le paiement
du capital. Cette autorisation, il faut le dire, doit intervenir tant dans le
cadre de l'acceptation d'un nouveau client, que dans le cas d'un client
existant devenu PPE au cours de la relation.
Il est également fait obligation aux assujettis
lorsqu'ils entretiennent des relations avec des clients PPE de faire une
déclaration de soupçon en cas d'une assurance vie. L'on comprend
pour cette dernière obligation, qu'il est tout simplement interdit de
contracter une assurance vie avec une PPE et si cela arrive, le professionnel
est soumis à une obligation de déclaration automatique de
soupçon.
101 Cf. art. 60 al. 1 du Règlement CEMAC.
40
C'est le moment de souligner que les modalités
d'application de cette obligation sont précisées par voie de
décision du comité ministériel de la CEMAC sur proposition
du GABAC de concert avec la COBAC102.
À titre de Droit comparé, en droit
français notamment, l'entrée en relation d'affaires avec les PPE
répond pratiquement aux mêmes exigences. En effet, l'autorisation
d'entrée en relation est donnée par un membre de l'organe
exécutif ou toute personne habileté à cet effet par
l'organe exécutif103.
À l'analyse de la règlementation communautaire,
les établissements financiers sont libres d'entrer ou non en relation
avec cette catégorie de clients que sont les PPE après l'avis de
la haute direction. Si la haute direction qui donne son avis sur
l'entrée en relation d'affaires avec une PPE refuse celle-ci, il ne se
pose aucun problème particulier. Mais, si elle accepte d'entrer en
relation avec la PPE, l'organisme est tenu d'avoir une surveillance continue
sur ladite relation.
|