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La transition durable dans les petites villes : le cas de Barcelonnette


par Charly Muziotti
Université du Mans - Master Gestion des Territoires et Développement Local 2019
  

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II. Barcelonnette, ville enclavée au rôle

fédérateur sur son territoire

alentours, entre contraintes et

potentialités d'une petite ville

structurante

1. Une méthodologie analytique et empirique pour comprendre un sujet majeur, transversal à tous les domaines politiques

Après avoir étudié la littérature ainsi que l'historique de l'analyse des petites villes, nous nous sommes arrêtés sur les perspectives d'avenir des villes et leur capacité à prendre en main leur propre destin. Nous avons ensuite dissocié les villes sous l'influence métropolitaine des petites villes qui devaient envisager leur développement territorial de manière moins collaborative. A ce titre, il convient ainsi de souligner la différence de moyens et donc de marge de manoeuvre entre les deux types d'entités. L'objectif final était de mettre en exergue les freins et les potentialités des petites villes pour tendre vers la transition durable, pour souligner leur capacité à prendre en main leur développement local en accord avec les principes de durabilité qui peuvent et doivent régir la ville de demain.

A. Des données qualitatives et quantitatives pour éclairer notre propos

Les données recherchées sont d'ordre qualitatif et quantitatif.

Les données quantitatives liées à la transition écologique sont à chercher plutôt dans l'entretien semi directif avec le maire de Barcelonnette. A cette occasion, il sera possible de déterminer des freins économiques et des manques de moyens humains pouvant empêcher certains projets de se réaliser. A cela peut s'ajouter les perspectives chiffrées des projets mis en oeuvre.

D'un point de vue qualitatif, il conviendra de récupérer des données sur la perception qu'ont les habitants de leur ville. Une perception à mettre en parallèle avec leur sensibilité à l'écologie et d'autres paramètres tels que leur sentiment d'appartenance à la ville et leur capacité à influer sur les décisions politiques.

Le même type de données peut être récolté lors de l'entretien avec le maire, avec cette fois une vision « top-down ». Cependant, la relative jeunesse des projets actuellement discutés en font des problématiques essentiellement reliées aux pouvoirs publics. De fait, la population n'a pas encore la pleine mesure des avancées sur ces sujets étant donné que peu de choses concrètes ont été entreprises. De fait,

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les données quantitatives se limiteront à des montants budgétaires et aux écarts entre ceux-ci et le coût des installations prévues.

B. Des entretiens semi-directifs pour comprendre les problématiques en jeu

Dans le cadre de la collecte de données qualitatives, un entretien semi directif sera réalisé en présence de Pierre MARTIN-CHARPENEL, maire de Barcelonnette. Le but de cet entretien est de dresser un tableau actuel des avancées en matière de transition écologique et de s'attarder sur les problématiques et la manière dont la ville envisage de passer outre les obstacles. Cet entretien permettra d'avoir le point de vue de la mairie et devra être couplé à un questionnaire auprès des habitants de la vallée de l'Ubaye.

De plus, un autre entretien semi-directif sera réalisé avec Claude GOURON, président de l'association Énergies Modernes Ubaye (EMU). Cet entretien aura pour but de comprendre les tenants et les aboutissants d'une association citoyenne qui souhaite oeuvrer dans le sens d'une meilleure autonomie énergétique. Cela permettra de confronter les problématiques publiques et citoyennes et de comprendre les interrelations qui sous-tendent leurs projets.

Enfin, un entretien sera réalisé avec le Pays S.U.D. qui possède des bureaux à Barcelonnette. L'idée étant de confronter les différentes perceptions de ces projets en fonction de l'entité. Le Pays S.U.D. englobant Barcelonnette, ils peuvent avoir des approches légèrement différentes, notamment en termes d'outils mobilisés pour arriver à leurs fins. Ainsi, des acteurs de toutes les strates seront sondés et nous pourrons comprendre les relations qu'ils entretiennent enfin de rendre leurs démarches les plus efficientes possibles.

En fonction de ces entretiens, d'autres interlocuteurs peuvent être interrogés à propos de leur rôle au sein de ces projets. Nous les détaillerons dans les entretiens si besoin est.

Lors de ces entretiens, nous nous efforcerons de ne pas enfermer les interlocuteurs dans un questionnaire trop précis. Dans un premier temps, nous parlerons de l'historique des projets d'autonomie énergétique, que ce soit les projets de Barcelonnette en matière d'autonomie à l'horizon 2040, ou les projets de TEPOS du Pays S.U.D.. Une méthodologie similaire sera appliquée à l'entretien avec Claude GOURON, afin dans un premier temps de mettre en exergue les motivations qui ont poussé ces acteurs citoyens à participer à ces projets.

Un autre objectif sera de comprendre les relations qui régissent et sous-tendent les deux projets, à savoir celui de Barcelonnette et celui du Pays S.U.D., dont Barcelonnette fait partie intégrante. Nous verrons ainsi comment ces projets sont menés, s'ils sont concomitants ou s'ils sont dissociés sur certains points. Compte tenu de la faible expertise et du manque de moyens, nous essaierons aussi de comprendre quels sont les transferts de compétences et de connaissances qui permettent aux deux projets d'éviter les non-sens et d'être le plus efficients possibles.

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Au-delà de ces projets, nous essaierons de comprendre quelles seront les prochaines étapes, à savoir la mise en pratique des théories actuellement à l'étude et les impacts de ces idées sur les autres secteurs des pouvoirs publics tels que l'urbanisme, l'économie et le social.

C. Des limites méthodologiques inhérentes à la recherche dont il faut avoir conscience

Malgré le soin qui sera apporté à la collecte et à l'analyse des données, il faut souligner les limites incompressibles qui sous-tendent une telle démarche et qui doivent être prise en considération dans la lecture de l'analyse. Nous abordons en particulier les limites concernant la collecte d'informations.

Bien que le panel soit le plus diversifié possible, cela ne peut garantir sa neutralité totale. Ainsi, les militants et partisans d'une transition écologique seront plus enclins à s'étendre sur le sujet tandis que les personnes qui ne se sentent pas concernées pourront ne pas prendre le temps de répondre à nos questions.

Du fait que le sujet est aujourd'hui axé essentiellement sur les pouvoirs publics et les initiatives locales proches de ces pouvoirs publics, nous ne récolterons pas de données concernant le ressenti des habitants de ces territoires. Cela pourra être fait dans un deuxième temps, afin de consulter la population et d'ajuster les actions pour qu'elles soient en adéquation avec les attentes des habitants. De fait, une fois cette consultation faite, il se peut que le projet dévie sensiblement des postulats de départ, il sera intéressant de refaire l'exercice à plusieurs étapes du projet afin de confronter le projet de départ avec les actions mises en place et ainsi évaluer l'importance de la population dans le processus d'application des idées.

De plus, il ne faut pas exclure l'existence de certains biais. Ces acteurs interrogés n'ont pas tous les mêmes aspirations politiques ni la même vision de la transition durable. Du fait de leur appartenance à différents services, à différentes échelles, il se peut que des incompréhensions naissent de leurs rapports et biaisent les réponses, consciemment ou non.

Enfin, ces projets s'inscrivant sur le long terme, ces entretiens ne sauraient relater qu'une photographie d'une situation à un moment donné. Le turn-over politique amènera probablement les objectifs à dévier de ceux initialement édictés et il se peut que le panorama soit sensiblement différent en fonction des interlocuteurs qui régissent le territoire.

Dans le cadre de ce mémoire, les problématiques seront appliquées au territoire de Barcelonnette et à sa zone urbaine environnante. Ainsi, nous prendrons comme référentiel la vallée de l'Ubaye, pour laquelle Barcelonnette est le chef-lieu. Ce choix s'est imposé naturellement car il y a un fort lien entre les communes alentours et la ville centre qui, malgré sa petite taille, agit comme un pôle central autour duquel les communes s'articulent et se développent.

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2. Un territoire organisé le long de l'Ubaye, articulé entre une communauté des communes et une association de territoires,

qui joue un rôle prépondérant dans le développement local et les projets d'avenir

A. Un territoire centralisé autour de l'Ubaye, qui va

de sa source au lac de Serre-Ponçon

Figure 1 - CARTOGRAPHIE DU PAYS S.U.D.

Source : www.ccvusp.fr, consultée le 10 mai 2019

La communauté de communes Vallée de l'Ubaye Serre-Ponçon est située dans le département des Alpes de Haute Provence. Depuis le 1er janvier 2017, la communauté de communes regroupe 13 communes comptant 7 790 habitants et d'une superficie de 1 013,6 km1. Le siège de la communauté des communes se situe à Barcelonnette, la ville la plus peuplée des 13 communes. Barcelonnette est aussi la sous-préfecture des Alpes de Haute-Provence.

La communauté de communes est un territoire d'altitude variable qui se divise en trois catégories :

? La basse vallée : Du Lauzet à Barcelonnette (771 mètres à 1150 mètres) ;

? La moyenne vallée : De Barcelonnette à Jausiers (1200 mètres à 1300 mètres) ;

1 https://www.annuaire-mairie.fr/communaute-communes-vallee-de-l-ubaye-serre-poncon.html

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? Les hautes vallées : De Jausiers aux sources de l'Ubaye (1200 mètres à 2650 mètres).

Le territoire est marqué par le passage de l'Ubaye en son centre. Cette rivière prend sa source à la frontière franco-italienne pour aller se jeter dans le lac de Serre-Ponçon, 80 kilomètres plus à l'ouest. La vallée bénéficie de très nombreux lacs et retenues d'eau artificielles.

L'échelle supérieure dans laquelle Barcelonnette est englobée est la CCVUSP. La Communauté des Communes de la Vallée de L'Ubaye Serre-Ponçon a été créée en 2017 et regroupe 13 communes. Barcelonnette est le siège de la CCVUSP. Elle est née de la fusion de la communauté des communes de la Vallée de l'Ubaye et de la communauté des communes Ubaye Serre-Ponçon. La CCVUSP est une émanation qui découle de la Loi NOTRe pour renforcer les compétences des établissements publics de coopérations intercommunale. Cette échelle se croise avec celle du Pays S.U.D. qui représente un autre niveau de gouvernance à l'échelle du territoire.

Le Pays S.U.D. est une association loi 1901 qui a vu le jour en 2005 à l'initiative de 4 communautés de communes voisines. S.U.D. est l'acronyme de Serre-Ponçon-Ubaye-Durance ; le pays regroupe les communautés de communes suivantes :

? La Communauté de communes du Savinois Serre-Ponçon (CCSPP) ; ? La Communauté de communes de l'Embrunais (CCE) ;

? La Communauté de communes de la Vallée de l'Ubaye (CCVU) ; ? La Communauté de communes d'Ubaye Serre-Ponçon (CCUSP).

Ces 31 communes se sont réunies sous l'égide d'une même entité afin de coordonner leur développement rural et tendre vers la soutenabilité de leur territoire. Leur but est de s'organiser autour d'un « projet de territoire » et d'un « territoire de projets ». La mutualisation des ressources et des compétences des communes permet d'avoir un poids plus important sur l'aménagement du territoire.

B. Un environnement riche et fragile sur lequel repose une économie locale importante, qui doit être protégé pour perdurer dans le temps

Un climat méditerranéen et un ensoleillement important qui offrent des opportunités en matière de ressources énergétiques potentielles

La Vallée de L'Ubaye bénéficie d'un climat méditerranéen et d'un ensoleillement de 300 jours par an en moyenne. Cette particularité, couplée à un espace fortement naturel, permet à la ville de bénéficier de nombreuses ressources potentielles pour amorcer une transition énergétique et produire des énergies renouvelables.

Les risques naturels sont détaillés dans un Document d'Information Communal sur les Risques Majeurs (DICRIM). Il s'agit principalement des inondations, des mouvements de terrain, du risque sismique, des feux de forêts et des risques climatiques des territoires de montagne. Étant donné leur caractère immuable et le peu d'emprise des actions humaines sur leur survenue, ils ne seront pas détaillés plus amplement ici.

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D'un point de vue de la gestion des risques, la maitrise des émissions de gaz à effet de serre est primordiale, d'autant plus que la Vallée de l'Ubaye est très vulnérable aux aléas climatiques. En effet, comme nous le verrons dans la prochaine partie, la région vit essentiellement du tourisme et plus particulièrement des sports d'hiver. Or le changement climatique en cours rend les hivers imprévisibles et l'enneigement s'en trouve modifié. Il est donc nécessaire d'atténuer les changements tout en diversifiant les sources de revenus économiques.

Barcelonnette a tout intérêt à empêcher les dégradations de son environnement car c'est une commune qui vit du tourisme et qui, hiver comme été, est tributaire des aléas climatiques qui peuvent impacter gravement les retombées économiques. Il est, de fait, important de lutter contre les aléas climatiques afin de stabiliser la situation et continuer de bénéficier des retomber du tourisme des sports d'hiver et d'été, en modifiant les comportements afin que ce tourisme impacte moins l'environnement.

Un environnement naturel riche qui doit être protégé par la mise en place de programmes de sauvegarde

La Vallée de l'Ubaye possède un environnement naturel riche et une biodiversité importante en matière de faune et de flore. De ce fait, et pour protéger une vallée fortement marquée par l'empreinte de l'homme depuis le XIème siècle, des dispositions ont été prises afin de se montrer proactif dans la protection de l'environnement.

Les prémices règlementaires de la protection des territoires de montagne apparaissent en 1985 avec la Loi Montagne. Le but de cette loi est de favoriser le développement et la préservation des territoires de montagne par l'intermédiaire de règles d'urbanisme spécifiques qui régissent le développement urbain des villes concernées. Selon cette loi, les territoires de montagnes sont considérés comme : « un ensemble de territoires dont le développement équitable et durable constitue un objectif d'intérêt national en raison de leur rôle économique, social, environnemental, paysager, sanitaire et culturel ». Barcelonnette, comme plus de 6 000 communes en France, fait partie des villes qui doivent mener leur développement en accord avec cette loi (DIAGNOSTIC TERRITORIAL SYNTHETIQUE, 2015). De nombreux autres documents directeurs verront le jour par la suite et ils doivent tous être en concordance avec les premiers principes édictés en 1985.

Barcelonnette agit sur deux volets concernant la protection de son environnement naturel. Il s'agit des sites classés Natura 2000 d'une part et l'adhésion au parc national du Mercantour d'autre part.

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Des sites classés Natura 2000, témoins de la volonté du Pays S.U.D. de préserver la richesse de son environnement

Figure 2 - SITES NATURA 2000 ANIMES PAR LA CCVUSP

Source : https://www.ccvusp.fr/

Le projet Natura 2000 émane des politiques européennes de préservation de la biodiversité. Les sites ayant cette désignation font l'objet d'une attention particulière dans le but d'encourager une gestion collective équilibrée et durable. De fait, les activités humaines susceptibles de porter préjudice à l'environnement dans lequel elles s'installent ne peuvent s'établir qu'après une évaluation de l'impact réel sur la biodiversité. Des objectifs de conservation sont édictés et la gestion quotidienne de ces sites doit aller dans le sens de ces objectifs. Ces projets bénéficient d'aides de la part de l'Union Européenne.

Plusieurs sites de la communauté des communes sont classés en zones Natura 2000. Ainsi, le contractant s'engage à respecter un cahier des charges strict afin de protéger la faune et la flore des zones concernées.

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Une adhésion volontaire au Parc du Mercantour, une première nationale pour aller plus loin dans la préservation du patrimoine naturel

Le parc national du Mercantour est l'un des 10 parcs nationaux que compte la France. Cette zone a suscité de nombreux débats liés à sa préservation et ce depuis le milieu du XIXème siècle. C'est en 1979 que le parc est officiellement créé, il s'étend sur deux départements (Alpes Maritimes et Alpes de Haute Provence) et 21 communes. Son extrême diversité en termes de faunes et flores en font un territoire très protégé, mais aussi très touristique.

Barcelonnette, chef-lieu de la Vallée de l'Ubaye, a volontairement rejoint le Mercantour en juillet 2017. Cette adhésion se traduit par la mise en place d'un plan d'actions portant sur des nombreux points tels que la gestion d'un tourisme durable, la promotion du développement durable et l'étude approfondie du patrimoine naturel de la ville en vue de sa préservation. L'adhésion volontaire d'une commune dans un parc national est une première en France. Barcelonnette montre ici sa capacité proactive et sa volonté de lutter efficacement contre les effets néfastes sur la biodiversité des activités de l'Homme.

Figure 3 - CARTE DU PARC NATIONAL DU MERCANTOUR

Source : https://seolane.org/, consultée le 11 juin 2019

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C. Une consommation énergétique majoritairement saisonnière et largement tournée vers le secteur résidentiel et les transports routiers

En tant que territoire largement tourné vers le tourisme, Barcelonnette a un profil de consommation d'énergie spécifique. Ainsi, une grande partie de la consommation énergétique concerne le chauffage du secteur résidentiel (PAYS SUD, 2015). Le fait qu'une grande partie des logements soient à vocation touristique génère une hausse de la consommation électrique. En effet pour répondre à la demande saisonnière, ces logements sont équipés en grande partie de chauffages électriques. De plus, les stations de ski sont de grandes consommatrices d'électricité pour leurs installations.

Figure 4 - CONSOMMATION FINALE DE CC VALLEE DE L'UBAYE - SERRE-PONÇON

Consommation finale de CC Vallée de l'Ubaye - Serre-

Ponçon

Evolution sectorielle (énergie finale en KTEP)

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10 8 6 4 2 0

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Industrie/déchets Résidentiel Tertiaire Agriculture Transports routiers

Source : AtmoSud - Inventaire énergétique et d'émissions de polluants et gaz à effet de serre, 2017

Nous pouvons voir, grâce au graphique ci-dessus que le secteur résidentiel compte pour une part importante de la consommation finale d'énergie de Barcelonnette, au même titre que le transport routier. Le secteur tertiaire arrive en troisième position et reste stable au fil des années. Par ailleurs, nous notons que la consommation liée à l'industrie est en forte baisse. Cela témoigne de la place prépondérante du tourisme dans l'économie locale. Si les deux secteurs étaient au même niveau de consommation en 2007, nous pouvons observer que la tendance baissière de l'industrie montre que l'économie locale doit se concentrer sur le tourisme qui est et reste son secteur principal de revenus.

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3. Un territoire pertinent pour aborder la problématique de la transition durable dans les territoires ruraux isolés

A. Un secteur économique saisonnier éloigné de l'influence d'une métropole

La Vallée de l'Ubaye vit principalement du secteur touristique. Selon les mots de Pierre MARTIN-CHARPENEL, maire de Barcelonnette : « Il est bien connu que notre économie repose à 80 ou 90 % sur l'activité touristique, c'est-à-dire sur des activités saisonnières. Depuis plus de quarante ans, avec des Comité d'expansion, de Bassin d'Emploi et d'autres structures, la problématique pour résoudre le « il faut diversifier l'économie » n'a jamais obtenu de résultat. En cette période où l'argent public se fait de plus en plus rare, nos chances de diversification sont encore plus réduites, l'espoir de désaisonnaliser l'économie semble vain » (décembre 2017).

Figure 5 - PROPORTIONS D'ENTREPRISES PAR SECTEURS D'ACTIVITES (EN % DES ENTREPRISES

TOTALES)

Proportion d'entreprises par secteurs

Industrie Commerce Dont commerce Construction Administration

automobile publique, santé,

enseignement

Proportion d'entreprises par secteurs

70

60

50

40

30

20

10

0

Source : Plan Local d'Urbanisme de Barcelonnette, 2015

Nous voyons grâce au graphique ci-dessus la prépondérance des activités liées au tourisme. A cela s'ajoute l'évolution défavorable du nombre d'entreprises du secteur, en effet, une trentaine de commerces du centre-ville ont fermés entre 2009 et 2014, tandis que le nombre d'entreprises crées est passé lui de 50 en 2009 à 32 en 2014 (ELABORATION DU PLAN LOCAL D'URBANISME, 2015). Cela est en partie du à la conjoncture, mais ce même document souligne des lacunes dans l'offre touristique qui peine à se renouveler pour attirer un nouveau profil de clientèle.

Le territoire est donc partagé entre la nécessité de dynamiser son secteur touristique à des fins économiques d'une part et l'obligation morale de protéger son environnement. De plus, les sports d'hiver est une part prépondérante de l'activité touristique et sera un des premiers secteurs à subir les effets du réchauffement climatique avec des saisons de plus en plus courtes et des taux d'enneigement

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irréguliers2. A cela s'ajoute la versatilité en termes de comportements touristiques, qui génère des incertitudes et empêche la Vallée de l'Ubaye de pouvoir faire des prévisions de fréquentation d'une année sur l'autre (PAYS S.U.D., 2014). La diversification de l'économie revient donc sur le devant de la scène, en impulsant de nouvelles dynamiques dans les secteurs agricoles (notamment avec les circuits courts) et énergétiques (car le territoire bénéficie d'une réserve d'énergies renouvelables prometteuse).

Des territoires isolés, qui doivent se développer en eux-mêmes, pour eux-mêmes

Barcelonnette, chef-lieu de la communauté des communes, est relativement éloignée des principales métropoles du sud-est de la France. Ainsi, la métropole la plus proche est Nice à 147 kilomètres. Cependant, le col de la Bonette n'étant ouvert que l'été, Nice se retrouve à 240 kilomètres. Les autres métropoles à proximité sont Grenoble (170 kilomètres), Marseille (210 kilomètres) et Lyon à 290 kilomètres.

A cela s'ajoute une faible offre en matière de transports rapides vers le Pays S.U.D. En effet, bien que de nombreux projets aient été mis à l'étude afin de raccorder l'hinterland marseillais aux territoires alpins, la plupart ont été abandonnés, faute de terrain d'entente entre les différentes parties prenantes. De fait, les réseaux autoroutières et ferroviaires existent aux alentours mais ne sont pas raccordés au Pays S.U.D. et plus particulièrement à la Vallée de l'Ubaye. Ainsi, l'autoroute A51 s'arrête à 13 kilomètres de Gap et 65 kilomètres de Barcelonnette.

Par ailleurs, une ligne de train faisant Chorges-Barcelonnette devait voir le jour. Son histoire débute à la suite du Plan Freycinet (1879), qui voulait que toutes les sous-préfectures soient reliées au réseau ferré. Ce projet a démarré en parallèle du projet de barrage à Serre-Ponçon (voir focus ci-dessous), ce qui a d'ailleurs eu des conséquences sur le tracé prévu pour la ligne de train. En 1909 débute les travaux afin de relier Barcelonnette et Chorges. Cependant, la première guerre mondiale va rapidement grever les travaux et suspendre le projet pour un temps. En 1936, alors que 27 kilomètres de voies ont déjà vu le jour, un arrêté ministériel met fin aux travaux à cause du manque de crédits alloués3. Le projet ne sera pas repris et la Vallée de l'Ubaye n'a pas pu bénéficier du désenclavement qu'aurait permis la création d'une ligne de chemin de fer. La Vallée de l'Ubaye demeure de fait un territoire enclavé, relié aux métropoles par des routes de montagnes sinueuses.

Cette situation fait de Barcelonnette une ville au pouvoir structurant fort car la communauté des communes ne subit pas l'effet d'aspiration que peuvent avoir les métropoles sur les communes environnantes. De fait, la ville et le Pays S.U.D. qui l'englobe en sont un bon exemple pour illustrer notre problématique sur la transition écologique dans les petites villes, ne bénéficiant pas de l'influence directe d'une métropole pour se développer et prendre des initiatives ambitieuses.

2 https://www.ccomptes.fr/sites/default/files/2018-01/14-stations-ski-Alpes-nord-face-rechauffement-climatique-Tome-2.pdf

3 http://www.lauzetubaye.fr/annuaire/voie-ferree

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B. Le Pays S.U.D., entre développement rural et volonté d'être précurseur dans la résilience

L'autonomie énergétique en 2040, un objectif ambitieux, témoin du dynamisme d'un territoire enclavé

Barcelonnette, ville centrale de la Valée de l'Ubaye, nourrit un projet ambitieux d'être autonome en énergie à l'horizon 2040. Les élus de Barcelonnette ont validé le lancement d'une étude de faisabilité pour atteindre l'autonomie énergétique à l'horizon 2030/2040. Comme le dit Pierre MARTIN CHARPENEL : « Des villes ont déjà atteint cet objectif, nous souhaitons devenir ville pilote et atteindre cette autonomie à l'horizon 2030/2040. Ce projet s'insère pleinement dans la candidature Territoire à Énergie positives porté par le gouvernement et dont le Pays SUD est lauréat sur le territoire ».

Pour cela, Barcelonnette peut compter sur une subvention de 80 000€. Les élus comptent, de plus, intégrer pleinement les habitants dans ce processus, d'abord par une phase informative afin de susciter l'adhésion de la population, puis par une phase consultative4.

Pour poser les jalons de l'étude, la ville utilise un logiciel appelé Dimosim et développé par le Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB). Ce logiciel permet d'effectuer des simulations de plusieurs scénarios. L'objectif est doublement intéressant car d'une part le logiciel va permettre d'envisager les scénarios les plus efficients et d'autre part, son utilisation permettra d'améliorer les simulations futures, il s'agit donc d'un vrai test pour les deux parties engagées dans ce projet. Le CSTB a donc établi deux modèles, un modèle à moyen terme (2030) avec la mise en place de technologies durables pour la production, le stockage et l'utilisation de l'énergie verte, et un scénario à long terme (2050) visant une autonomie énergétique totale5.

Ce projet fait écho à la volonté du Pays S.U.D. de mettre en place un territoire à énergie positive (TEPOS). Un territoire à énergie positive (TEPOS) est un projet qui agit sur deux volets. Premièrement la réduction des besoins énergétiques en combinant la sobriété et l'efficacité énergétique. Deuxièmement, la couverture des besoins restants avec de l'énergie renouvelable.

L'objectif de la mise en place d'un TEPOS (Territoire à Énergie Positive) est pertinent à l'échelle des territoires de montagnes à cela pour plusieurs raisons. Premièrement, les ressources disponibles en matière d'énergies renouvelables surpassent la consommation d'énergie du territoire compte tenu de la faible densité. Barcelonnette dispose d'une densité de 159 habitants par kilomètre carré6, soit légèrement plus que la densité moyenne sur l'ensemble du territoire français (104,6 habitants/km2 en 20157). La communauté des communes Vallée de l'Ubaye Serre-Ponçon, elle, a une

4 https://www.laprovence.com/article/edition-alpes/3396848/la-ville-bientot-pilote-en-matiere-dautonomie-energetique.html

5 http://www.cstb.fr/fr/actualites/detail/dimosim/

6 https://www.insee.fr/fr/statistiques/1405599?geo=COM-04019

7 https://www.insee.fr/fr/statistiques/1405599?geo=FRANCE-1

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densité de 7,8 habitants au kilomètre carré en 2014 avec un total de 7 921 habitants répartis sur 13 communes. Cette densité est considérée comme très faible selon l'INSEE.

Deuxièmement, la multiplicité des ressources pouvant être exploitées à des fins de production d'énergie renouvelable est significative. Eau, vent, soleil, biomasse peuvent être exploités dans les territoires montagnards afin d'atteindre l'autonomie énergétique. Le TEPOS sera décliné en deux échéances à savoir 2030 et 2050, avec pour les deux des objectifs différents. D'ici 2030, le Pays S.U.D. veut tendre vers l'autosuffisance énergétique en électricité et en chauffage en agissant sur les leviers de la précarité énergétique afin de faire baisser la consommation d'énergie et les émissions de gaz à effet de serre de 40%. A l'horizon 2050, le TEPOS prévoit une autosuffisance énergétique qui inclut la mobilité, une division par 4 des émissions de gaz à effet de serre et une division par 2 de la consommation énergétique.

C. Un TEPOS pertinent compte tenu des potentialités énergétiques

a. Des infrastructures de production d'énergies renouvelables locales importantes mais encore sous-exploitées

Le Pays S.U.D. produit 183GWh/an en énergie renouvelable, cela représente 24% de sa consommation totale mais la totalité de la consommation en électricité (174 GWh/an). L'épicentre de la production locale d'énergie est la Vallée de l'Ubaye qui concentre 60% de cette production (PAYS S.U.D., 2015).

Focus sur le barrage de Serre-Ponçon

Le barrage de Serre-Ponçon retient le lac artificiel du même nom. Sa création en 1960 répondait à deux nécessités : assagir la Durance - rivière capricieuse capable de détruire des infrastructures - et produire de l'électricité.

Au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, les besoins en énergies des habitants de la région allaient croissants, et nécessitaient de trouver une source d'énergie fiable et régulière à travers les saisons. Cependant l'idée du barrage est antérieure à la guerre. En effet, nous retrouvons les prémices d'un barrage en 1856, suivi en 1912 d'un ouvrage d'Ivan WILHELM intitulé La Durance. Étude de l'utilisation de ses eaux et de l'amélioration de son régime par la création de barrages qui insiste sur la pertinence d'un barrage compte tenu des avantages qu'il pourrait présenter (régulation de la Durance, production d'électricité, réservoir d'eau pour l'agriculture). De nombreuses études sont dès lors lancées (12 campagnes de sondages jusqu'en 1927) mais les résultats obtenus ne permettent pas d'envisager la création d'un barrage en béton, voire tout simplement de construire un barrage avec les moyens techniques de l'époque.

En 1948, EDF et de nombreux protagonistes rouvrent le débat et prennent la décision de construire un barrage en remblais atteignant les 120 mètres de hauteur. Pour cela, 100 000 m3 d'alluvions sont mélangés à 20 000 tonnes d'argile et 10 000 tonnes de ciment afin de réaliser ce qui reste aujourd'hui le plus gros barrage en terre d'Europe. Sa réalisation a nécessité la submersion de 2825 ha de terres réparties sur 13 communes, ainsi que l'expropriation de plus de 1 000 personnes.

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Aujourd'hui, la centrale hydroélectrique du barrage de Serre-Ponçon produit plus de 700 millions de KWh par an, ce qui correspond à la consommation électrique des Hautes-Alpes, cela classe la centrale parmi les plus puissantes de France8.

Depuis la mise en place du projet de TEPOS par le Pays S.U.D., des initiatives ont vu le jour afin de favoriser la relocalisation de l'énergie produite en la rendant, lorsque cela est possible, renouvelable.

Ainsi, Energ'éthique 04 voit le jour en 2012. Cette SCIC est l'oeuvre d'une cinquantaine de citoyens ayant la volonté de se réapproprier la production énergétique de leurs territoires. Energ'éthique 04 a été missionné par Barcelonnette et le Pays S.U.D. afin de les accompagner dans leur étude concernant la mise en place de projets d'énergies renouvelables citoyens en Ubaye. Cette mission de 9 200€9 a débuté en 2016 et doit émerger sur la faisabilité d'un projet citoyen d'énergie renouvelable « de type centrale villageoise ». L'intérêt d'un tel projet se décline en plusieurs points :

? Faire collaborer les citoyens et les collectivités ;

? Intégrer les installations productrices d'énergies renouvelables dans des territoires au patrimoine local fort ;

? Mettre à l'oeuvre le savoir-faire local dans des projets qui pourront s'inscrire comme des références en la matière ;

? Mutualiser plusieurs petits projets afin de réduire le coût.

Cette initiative a pour but de concilier les compétences de toutes les strates du territoire afin d'aller vers un objectif commun : l'autonomie énergétique. Cela rejoint les principes de la ville durable tels que nous les avons mis en exergue en première partie, en effet, l'objectif n'étant pas seulement d'aboutir à une centrale de production énergétique locale, mais aussi d'impliquer les citoyens sur des questions fondamentales telles que la gestion de l'énergie. Cela passe par une phase d'informations et de sensibilisation pour aller vers un débat ouvert sur les dispositions à prendre afin de tendre vers ce projet.

Energ'éthique 04 travaille en collaboration avec EMU (Énergies Modernes Ubaye) qui a pour but de regrouper les citoyens désireux de faire partie de ce projet. Leur premier objectif est d'augmenter le taux d'équipement en panneaux photovoltaïque des ménages et de certains bâtiments publics. Sont ainsi concernés l'école élémentaire, la salle omnisports, le complexe de l'ancienne caserne ou encore la salle des fêtes. Chaque projet est détaillé dans une fiche exhaustive afin de déterminer les caractéristiques et les potentialités de chaque bâtiment.

Le territoire bénéficie aussi d'une centrale photovoltaïque située sur la commune du Lauzet-Ubaye et qui a une capacité de production de 2.5MWc.

8 http://museoscope-du-lac.com/fr/presentation-barrage-serre-poncon.html

9 http://www.ener04.com/la-cooperative/nos-references.php

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b. D'autres filières d'énergie renouvelable existent et peuvent être exploitées pour augmenter le pack d'EnR à l'échelle locale

Certaines énergies renouvelables n'ont que très peu de références en milieu montagnard. C'est le cas par exemple du solaire thermique et de la méthanisation. De fait, il est difficile d'extrapoler compte tenu du peu de données et les seuls résultats pertinents peuvent venir d'une analyse empirique. En l'absence de tels projets, ces énergies ne seront pas prises en compte dans cette étude.

Il y a parfois une absence de données récentes sur la consommation énergétique du Pays S.U.D.. Certains secteurs semblent ne pas avoir de données du tout. Il est donc difficile de dresser un panorama exhaustif de la consommation. Cependant, étant donné les potentialités en matière d'énergies renouvelables, il est possible d'imaginer que Barcelonnette et le Pays S.U.D. ont suffisamment de potentiel pour couvrir les besoins en énergie des habitants.

Sur cette base, il est possible de faire émerger les potentialités de chaque filière d'énergie renouvelable et estimer leur pertinence à l'échelle du Pays S.U.D. (CEREMA, 2016).

La filière bois-énergie : une filière à fort potentiel qui reste encore sous-exploitée

La Vallée de l'Ubaye possède 28 500 ha de forêt de production avec des essences quasiment toutes résineuses, notamment composées de pins sylvestres et de mélèzes. Outre l'intérêt écologique de préserver les forêts dans un état convenable, il y a aussi un intérêt au niveau de la filière bois-énergie. De nombreuses communes aux alentours continuent d'utiliser le bois comme bois de chauffage et les demandes en affouage sont en augmentation. Le territoire possède aussi une chaufferie « bois » (25 tonnes de bois par an) et de multiples projets relatifs à l'utilisation du bois-énergie10.

La communauté des communes s'est d'ailleurs dotée d'une charte forestière afin de développer, mettre en valeur et protéger les ressources en bois du territoire. Le but de cette charte est de mettre en confrontation tous les acteurs de la filière afin de leur permettre de se concerter et de prendre des mesures pour l'avenir de leur filière. 6 axes ont été définis, eux-mêmes regroupant plusieurs actions :

· Favoriser la concertation ;

· Promouvoir l'image du territoire au travers de la filière bois ;

· Augmenter la part de bois local dans le bois de construction ;

· Développement et valorisation des entreprises locales du secteur ;

· Renforcer la mobilisation du bois ;

· Permettre la valorisation des forêts via le tourisme.

Le territoire de la CFT (Charte Forestière de Territoire) a été mis en place en 2007 et concerne les territoires Ubaye-Pays de Seyne. Ce territoire est couvert à 28% de

10 https://www.ccvusp.fr/la-filiere-bois.html

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forêts de production mais la filière est encore sous exploitée (CHARTE FORESTIERE UBAYE-PAYS DE SEYNE, 2012).

Cette filière fait face à des contraintes d'exploitation qu'il faudra surmonter afin de dynamiser le secteur et permettre une gestion optimale des forêts de production :

? Éloignement des axes de communications ; ? Difficultés d'exploitation liées au relief ; ? Peu de transformation locale ;

? Encore peu de liens entre les acteurs.

La CFT définit, entre autres, des indications afin de dynamiser la filière bois-énergie à l'échelle locale en augmentant les ressources mobilisables et en mettant en avant le savoir-faire local en la matière. Un PAT (Plan d'approvisionnement territorial) vient s'ajouter en complément dans le but de participer au programme « 1 000 chaufferies bois » mis en place par la Fédération Nationale des Communes Forestières. Ce projet vise à créer un réseau de 1 000 chaufferies bois sur le territoire national (ADEME, 2010).

Les objectifs à moyen terme de la CFT en ce qui concerne l'utilisation de la filière bois-énergie sont les suivants :

Figure 6 - EXTRAIT DE LA CHARTE FORESTIERE TERRITORIALE

Source : https://www.ccvusp.fr, 2012

Nous observons ici la volonté de multiplier par près de 4,5 l'utilisation du bois-énergie à l'échelle locale par an.

Le Pays S.U.D possède un réservoir de bois-énergie conséquent. Cependant, cette ressource est inégalement accessible du fait du relief, de l'enneigement et des considérations environnementales et peut donc faire varier les coûts finaux de l'utilisation du bois. De plus, il faut que les techniques pour brûler le bois soient performantes car, dans le cas contraire, elles peuvent émettre des particules nocives (UICN, 2013).

La filière hydroélectrique : des potentialités existantes mais qui peinent à se concrétiser compte tenu des inquiétudes quant à son impact sur les milieux aquatiques

L'énergie produite par la filière hydroélectrique est généralement admise comme propre car elle ne rejette que peu de gaz à effet de serre est potentiellement intéressante pour les territoires montagnards. Il existe des inquiétudes concernant l'impact des centrales sur la biodiversité aquatique. Cependant, selon certaines études, il est possible de faire cohabiter les centrales avec les milieux aquatiques sans que l'impact ne soit significatif sur la nature (ASSOCIATION NATIONALE DES ELUS DE LA MONTAGNE, 2010).

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La filière photovoltaïque : un secteur d'avenir pour la Vallée, capable d'offrir une énergie décentralisée aux espaces les plus reculés

Outre l'ensoleillement important de Barcelonnette et de ses environs (> 2 700 heures/an11), les sommets enneigés en hiver constituent aussi un atout non négligeable pour capter la lumière du soleil. En effet, la neige augmente l'effet albédo et permet de capter les rayons diffus, ce qui a pour effet d'accroitre l'énergie captée par les panneaux solaires, mais aussi leur disposition. Ils peuvent ainsi être mis verticalement sur les façades des immeubles. Les températures relativement fraiches tout au long de l'année (8,4°C à Barcelonnette12) permettent aussi de préserver les cellules photovoltaïques, qui voient leur tension générée baisser au-delà de 25°C13.

Enfin, le relief naturel des Alpes est un autre atout à l'implantation de champs de panneaux photovoltaïques au sol. Cependant, et cette problématique s'applique à tous les projets de centrales photovoltaïques, le fait que les besoins en énergie soient principalement observés lors des périodes de faible insolation, oblige à surdimensionner les centrales afin de répondre à la demande, cela est donc très consommateur d'espace.

La filière éolienne : une filière peu déterminante compte tenu de la géographie encaissée du territoire

Il s'agit peut-être de la filière la moins pertinente pour les territoires de montagne. En effet, les reliefs des territoires montagnards tels que Barcelonnette et ses environs agissent comme un coupe-vent (CLUB ARC ALPIN, 2012). L'éolien fonctionne de manière efficiente avec des vents constants autant en vitesse qu'en direction, or la présence de montagnes tout autour accroit les turbulences et rendent la technologie peu intéressante.

De plus, l'impact négatif sur les paysages rend l'acceptation des projets éoliens plus difficiles pour les habitants. Enfin, il est difficile d'installer des éoliennes sur des terrains dont les pentes dépassent les 20% (PROJET ALPINE WINDHARVEST, 2005). De fait, la vallée de l'Ubaye voit son potentiel d'installation de projets éoliens réduit par le fait que de nombreuses pentes dépassent ce seuil.

Cependant, les projets de petit éolien peuvent être pertinents afin d`alimenter en énergie des bâtiments isolés en moyenne et haute montagne, afin de les rendre autonome et éviter un raccordement au réseau plus lourd et avec des conséquences négatives plus importantes.

11 http://eost.u-strasbg.fr/seolane/ubaye/presentation/

12 https://fr.climate-data.org/europe/france/provence-alpes-cote-d-azur/barcelonnette-65644/

13 https://energieplus-lesite.be/theories/le-photovoltaique/le-rendement-et-la-puissance-crete-des-cellules-photovoltaiques/

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Comme nous l'avons vu dans cette partie, Barcelonnette et plus généralement le Pays S.U.D. présentent des caractéristiques déterminantes pour répondre à la problématique. En effet, ces territoires naturels reculés n'ont pas d'influence d'une métropole aux alentours, compte tenu de la distance avec ces dernières.

Ainsi, les villes qui pourraient faire office de petites villes dans un autre contexte ont ici un rôle structurant et doivent impulser des nouvelles actions au territoire dans son ensemble. De fait, le projet de TEPOS et d'autonomie énergétique sont deux volets qu'il est intéressant d'analyser. En effet, ces projets sont maintenant dans l'air du temps et de plus en plus de grandes villes en font des arguments de marketing territorial. Ici, l'enjeu est de préserver un territoire riche, tout en permettant au secteur économique de se développer afin d'assurer un avenir pérenne à ces territoires.

De fait, ce double objectif peut et doit être co-construit pour que le projet soit cohérent et permette au territoire de se construire une identité et une pérennité dans les décennies à venir. Nous verrons dans la prochaine partie, par l'intermédiaire d'entretiens avec des acteurs de ce développement, que les problématiques, bien que similaires à celles des grandes villes, diffèrent dans la pratique car les moyens et les compétences ne sont pas les mêmes que dans les métropoles.

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