fédérateur sur son territoire
alentours, entre contraintes et
potentialités d'une petite ville
structurante
1. Une méthodologie analytique et empirique
pour comprendre un sujet majeur, transversal à tous les domaines
politiques
Après avoir étudié la littérature
ainsi que l'historique de l'analyse des petites villes, nous nous sommes
arrêtés sur les perspectives d'avenir des villes et leur
capacité à prendre en main leur propre destin. Nous avons ensuite
dissocié les villes sous l'influence métropolitaine des petites
villes qui devaient envisager leur développement territorial de
manière moins collaborative. A ce titre, il convient ainsi de souligner
la différence de moyens et donc de marge de manoeuvre entre les deux
types d'entités. L'objectif final était de mettre en exergue les
freins et les potentialités des petites villes pour tendre vers la
transition durable, pour souligner leur capacité à prendre en
main leur développement local en accord avec les principes de
durabilité qui peuvent et doivent régir la ville de demain.
A. Des données qualitatives et quantitatives pour
éclairer notre propos
Les données recherchées sont d'ordre qualitatif et
quantitatif.
Les données quantitatives liées à la
transition écologique sont à chercher plutôt dans
l'entretien semi directif avec le maire de Barcelonnette. A cette occasion, il
sera possible de déterminer des freins économiques et des manques
de moyens humains pouvant empêcher certains projets de se
réaliser. A cela peut s'ajouter les perspectives chiffrées des
projets mis en oeuvre.
D'un point de vue qualitatif, il conviendra de
récupérer des données sur la perception qu'ont les
habitants de leur ville. Une perception à mettre en parallèle
avec leur sensibilité à l'écologie et d'autres
paramètres tels que leur sentiment d'appartenance à la ville et
leur capacité à influer sur les décisions politiques.
Le même type de données peut être
récolté lors de l'entretien avec le maire, avec cette fois une
vision « top-down ». Cependant, la relative jeunesse des
projets actuellement discutés en font des problématiques
essentiellement reliées aux pouvoirs publics. De fait, la population n'a
pas encore la pleine mesure des avancées sur ces sujets étant
donné que peu de choses concrètes ont été
entreprises. De fait,
17
les données quantitatives se limiteront à des
montants budgétaires et aux écarts entre ceux-ci et le coût
des installations prévues.
B. Des entretiens semi-directifs pour comprendre les
problématiques en jeu
Dans le cadre de la collecte de données qualitatives,
un entretien semi directif sera réalisé en présence de
Pierre MARTIN-CHARPENEL, maire de Barcelonnette. Le but de cet entretien est de
dresser un tableau actuel des avancées en matière de transition
écologique et de s'attarder sur les problématiques et la
manière dont la ville envisage de passer outre les obstacles. Cet
entretien permettra d'avoir le point de vue de la mairie et devra être
couplé à un questionnaire auprès des habitants de la
vallée de l'Ubaye.
De plus, un autre entretien semi-directif sera
réalisé avec Claude GOURON, président de l'association
Énergies Modernes Ubaye (EMU). Cet entretien aura pour but de
comprendre les tenants et les aboutissants d'une association citoyenne qui
souhaite oeuvrer dans le sens d'une meilleure autonomie
énergétique. Cela permettra de confronter les
problématiques publiques et citoyennes et de comprendre les
interrelations qui sous-tendent leurs projets.
Enfin, un entretien sera réalisé avec le Pays
S.U.D. qui possède des bureaux à Barcelonnette. L'idée
étant de confronter les différentes perceptions de ces projets en
fonction de l'entité. Le Pays S.U.D. englobant Barcelonnette, ils
peuvent avoir des approches légèrement différentes,
notamment en termes d'outils mobilisés pour arriver à leurs fins.
Ainsi, des acteurs de toutes les strates seront sondés et nous pourrons
comprendre les relations qu'ils entretiennent enfin de rendre leurs
démarches les plus efficientes possibles.
En fonction de ces entretiens, d'autres interlocuteurs peuvent
être interrogés à propos de leur rôle au sein de ces
projets. Nous les détaillerons dans les entretiens si besoin est.
Lors de ces entretiens, nous nous efforcerons de ne pas
enfermer les interlocuteurs dans un questionnaire trop précis. Dans un
premier temps, nous parlerons de l'historique des projets d'autonomie
énergétique, que ce soit les projets de Barcelonnette en
matière d'autonomie à l'horizon 2040, ou les projets de TEPOS du
Pays S.U.D.. Une méthodologie similaire sera appliquée à
l'entretien avec Claude GOURON, afin dans un premier temps de mettre en exergue
les motivations qui ont poussé ces acteurs citoyens à participer
à ces projets.
Un autre objectif sera de comprendre les relations qui
régissent et sous-tendent les deux projets, à savoir celui de
Barcelonnette et celui du Pays S.U.D., dont Barcelonnette fait partie
intégrante. Nous verrons ainsi comment ces projets sont menés,
s'ils sont concomitants ou s'ils sont dissociés sur certains points.
Compte tenu de la faible expertise et du manque de moyens, nous essaierons
aussi de comprendre quels sont les transferts de compétences et de
connaissances qui permettent aux deux projets d'éviter les non-sens et
d'être le plus efficients possibles.
18
Au-delà de ces projets, nous essaierons de comprendre
quelles seront les prochaines étapes, à savoir la mise en
pratique des théories actuellement à l'étude et les
impacts de ces idées sur les autres secteurs des pouvoirs publics tels
que l'urbanisme, l'économie et le social.
C. Des limites méthodologiques inhérentes à
la recherche dont il faut avoir conscience
Malgré le soin qui sera apporté à la
collecte et à l'analyse des données, il faut souligner les
limites incompressibles qui sous-tendent une telle démarche et qui
doivent être prise en considération dans la lecture de l'analyse.
Nous abordons en particulier les limites concernant la collecte
d'informations.
Bien que le panel soit le plus diversifié possible,
cela ne peut garantir sa neutralité totale. Ainsi, les militants et
partisans d'une transition écologique seront plus enclins à
s'étendre sur le sujet tandis que les personnes qui ne se sentent pas
concernées pourront ne pas prendre le temps de répondre à
nos questions.
Du fait que le sujet est aujourd'hui axé
essentiellement sur les pouvoirs publics et les initiatives locales proches de
ces pouvoirs publics, nous ne récolterons pas de données
concernant le ressenti des habitants de ces territoires. Cela pourra être
fait dans un deuxième temps, afin de consulter la population et
d'ajuster les actions pour qu'elles soient en adéquation avec les
attentes des habitants. De fait, une fois cette consultation faite, il se peut
que le projet dévie sensiblement des postulats de départ, il sera
intéressant de refaire l'exercice à plusieurs étapes du
projet afin de confronter le projet de départ avec les actions mises en
place et ainsi évaluer l'importance de la population dans le processus
d'application des idées.
De plus, il ne faut pas exclure l'existence de certains
biais. Ces acteurs interrogés n'ont pas tous les mêmes aspirations
politiques ni la même vision de la transition durable. Du fait de leur
appartenance à différents services, à différentes
échelles, il se peut que des incompréhensions naissent de leurs
rapports et biaisent les réponses, consciemment ou non.
Enfin, ces projets s'inscrivant sur le long terme, ces
entretiens ne sauraient relater qu'une photographie d'une situation à un
moment donné. Le turn-over politique amènera probablement les
objectifs à dévier de ceux initialement édictés et
il se peut que le panorama soit sensiblement différent en fonction des
interlocuteurs qui régissent le territoire.
Dans le cadre de ce mémoire, les problématiques
seront appliquées au territoire de Barcelonnette et à sa zone
urbaine environnante. Ainsi, nous prendrons comme référentiel la
vallée de l'Ubaye, pour laquelle Barcelonnette est le chef-lieu. Ce
choix s'est imposé naturellement car il y a un fort lien entre les
communes alentours et la ville centre qui, malgré sa petite taille, agit
comme un pôle central autour duquel les communes s'articulent et se
développent.
19
2. Un territoire organisé le long de l'Ubaye,
articulé entre une communauté des communes et une association de
territoires,
qui joue un rôle prépondérant
dans le développement local et les projets d'avenir
de sa source au lac de Serre-Ponçon
Figure 1 - CARTOGRAPHIE DU PAYS S.U.D.
Source :
www.ccvusp.fr,
consultée le 10 mai 2019
La communauté de communes Vallée de l'Ubaye
Serre-Ponçon est située dans le département des Alpes de
Haute Provence. Depuis le 1er janvier 2017, la communauté de
communes regroupe 13 communes comptant 7 790 habitants et d'une superficie de 1
013,6 km1. Le siège de la communauté des communes se
situe à Barcelonnette, la ville la plus peuplée des 13 communes.
Barcelonnette est aussi la sous-préfecture des Alpes de
Haute-Provence.
La communauté de communes est un territoire d'altitude
variable qui se divise en trois catégories :
? La basse vallée : Du Lauzet à Barcelonnette (771
mètres à 1150 mètres) ;
? La moyenne vallée : De Barcelonnette à
Jausiers (1200 mètres à 1300 mètres) ;
1
https://www.annuaire-mairie.fr/communaute-communes-vallee-de-l-ubaye-serre-poncon.html
20
? Les hautes vallées : De Jausiers aux sources de l'Ubaye
(1200 mètres à 2650 mètres).
Le territoire est marqué par le passage de l'Ubaye en
son centre. Cette rivière prend sa source à la frontière
franco-italienne pour aller se jeter dans le lac de Serre-Ponçon, 80
kilomètres plus à l'ouest. La vallée
bénéficie de très nombreux lacs et retenues d'eau
artificielles.
L'échelle supérieure dans laquelle
Barcelonnette est englobée est la CCVUSP. La Communauté des
Communes de la Vallée de L'Ubaye Serre-Ponçon a été
créée en 2017 et regroupe 13 communes. Barcelonnette est le
siège de la CCVUSP. Elle est née de la fusion de la
communauté des communes de la Vallée de l'Ubaye et de la
communauté des communes Ubaye Serre-Ponçon. La CCVUSP est une
émanation qui découle de la Loi NOTRe pour renforcer les
compétences des établissements publics de coopérations
intercommunale. Cette échelle se croise avec celle du Pays S.U.D. qui
représente un autre niveau de gouvernance à l'échelle du
territoire.
Le Pays S.U.D. est une association loi 1901 qui a vu le jour
en 2005 à l'initiative de 4 communautés de communes voisines.
S.U.D. est l'acronyme de Serre-Ponçon-Ubaye-Durance ; le pays regroupe
les communautés de communes suivantes :
? La Communauté de communes du Savinois
Serre-Ponçon (CCSPP) ; ? La Communauté de communes de l'Embrunais
(CCE) ;
? La Communauté de communes de la Vallée de
l'Ubaye (CCVU) ; ? La Communauté de communes d'Ubaye Serre-Ponçon
(CCUSP).
Ces 31 communes se sont réunies sous l'égide
d'une même entité afin de coordonner leur développement
rural et tendre vers la soutenabilité de leur territoire. Leur but est
de s'organiser autour d'un « projet de territoire » et d'un «
territoire de projets ». La mutualisation des ressources et des
compétences des communes permet d'avoir un poids plus important sur
l'aménagement du territoire.
B. Un environnement riche et fragile sur lequel repose une
économie locale importante, qui doit être protégé
pour perdurer dans le temps
Un climat méditerranéen et un ensoleillement
important qui offrent des opportunités en matière de ressources
énergétiques potentielles
La Vallée de L'Ubaye bénéficie d'un
climat méditerranéen et d'un ensoleillement de 300 jours par an
en moyenne. Cette particularité, couplée à un espace
fortement naturel, permet à la ville de bénéficier de
nombreuses ressources potentielles pour amorcer une transition
énergétique et produire des énergies renouvelables.
Les risques naturels sont détaillés dans un
Document d'Information Communal sur les Risques Majeurs (DICRIM). Il
s'agit principalement des inondations, des mouvements de terrain, du risque
sismique, des feux de forêts et des risques climatiques des territoires
de montagne. Étant donné leur caractère immuable et le peu
d'emprise des actions humaines sur leur survenue, ils ne seront pas
détaillés plus amplement ici.
21
D'un point de vue de la gestion des risques, la maitrise des
émissions de gaz à effet de serre est primordiale, d'autant plus
que la Vallée de l'Ubaye est très vulnérable aux
aléas climatiques. En effet, comme nous le verrons dans la prochaine
partie, la région vit essentiellement du tourisme et plus
particulièrement des sports d'hiver. Or le changement climatique en
cours rend les hivers imprévisibles et l'enneigement s'en trouve
modifié. Il est donc nécessaire d'atténuer les changements
tout en diversifiant les sources de revenus économiques.
Barcelonnette a tout intérêt à
empêcher les dégradations de son environnement car c'est une
commune qui vit du tourisme et qui, hiver comme été, est
tributaire des aléas climatiques qui peuvent impacter gravement les
retombées économiques. Il est, de fait, important de lutter
contre les aléas climatiques afin de stabiliser la situation et
continuer de bénéficier des retomber du tourisme des sports
d'hiver et d'été, en modifiant les comportements afin que ce
tourisme impacte moins l'environnement.
Un environnement naturel riche qui doit être
protégé par la mise en place de programmes de sauvegarde
La Vallée de l'Ubaye possède un environnement
naturel riche et une biodiversité importante en matière de faune
et de flore. De ce fait, et pour protéger une vallée fortement
marquée par l'empreinte de l'homme depuis le XIème
siècle, des dispositions ont été prises afin de se montrer
proactif dans la protection de l'environnement.
Les prémices règlementaires de la protection
des territoires de montagne apparaissent en 1985 avec la Loi Montagne.
Le but de cette loi est de favoriser le développement et la
préservation des territoires de montagne par l'intermédiaire de
règles d'urbanisme spécifiques qui régissent le
développement urbain des villes concernées. Selon cette loi, les
territoires de montagnes sont considérés comme : « un
ensemble de territoires dont le développement équitable et
durable constitue un objectif d'intérêt national en raison de leur
rôle économique, social, environnemental, paysager, sanitaire et
culturel ». Barcelonnette, comme plus de 6 000 communes en France,
fait partie des villes qui doivent mener leur développement en accord
avec cette loi (DIAGNOSTIC TERRITORIAL SYNTHETIQUE, 2015). De nombreux autres
documents directeurs verront le jour par la suite et ils doivent tous
être en concordance avec les premiers principes édictés en
1985.
Barcelonnette agit sur deux volets concernant la protection
de son environnement naturel. Il s'agit des sites classés Natura
2000 d'une part et l'adhésion au parc national du Mercantour
d'autre part.
22
Des sites classés Natura 2000, témoins de la
volonté du Pays S.U.D. de préserver la richesse de son
environnement
Figure 2 - SITES NATURA 2000 ANIMES PAR LA
CCVUSP
Source : https://www.ccvusp.fr/
Le projet Natura 2000 émane des politiques
européennes de préservation de la biodiversité. Les sites
ayant cette désignation font l'objet d'une attention particulière
dans le but d'encourager une gestion collective équilibrée et
durable. De fait, les activités humaines susceptibles de porter
préjudice à l'environnement dans lequel elles s'installent ne
peuvent s'établir qu'après une évaluation de l'impact
réel sur la biodiversité. Des objectifs de conservation sont
édictés et la gestion quotidienne de ces sites doit aller dans le
sens de ces objectifs. Ces projets bénéficient d'aides de la part
de l'Union Européenne.
Plusieurs sites de la communauté des communes sont
classés en zones Natura 2000. Ainsi, le contractant s'engage
à respecter un cahier des charges strict afin de protéger la
faune et la flore des zones concernées.
23
Une adhésion volontaire au Parc du Mercantour, une
première nationale pour aller plus loin dans la préservation du
patrimoine naturel
Le parc national du Mercantour est l'un des 10 parcs
nationaux que compte la France. Cette zone a suscité de nombreux
débats liés à sa préservation et ce depuis le
milieu du XIXème siècle. C'est en 1979 que le parc est
officiellement créé, il s'étend sur deux
départements (Alpes Maritimes et Alpes de Haute Provence) et 21
communes. Son extrême diversité en termes de faunes et flores en
font un territoire très protégé, mais aussi très
touristique.
Barcelonnette, chef-lieu de la Vallée de l'Ubaye, a
volontairement rejoint le Mercantour en juillet 2017. Cette adhésion se
traduit par la mise en place d'un plan d'actions portant sur des nombreux
points tels que la gestion d'un tourisme durable, la promotion du
développement durable et l'étude approfondie du patrimoine
naturel de la ville en vue de sa préservation. L'adhésion
volontaire d'une commune dans un parc national est une première en
France. Barcelonnette montre ici sa capacité proactive et sa
volonté de lutter efficacement contre les effets néfastes sur la
biodiversité des activités de l'Homme.
Figure 3 - CARTE DU PARC NATIONAL DU
MERCANTOUR
Source :
https://seolane.org/,
consultée le 11 juin 2019
24
C. Une consommation énergétique majoritairement
saisonnière et largement tournée vers le secteur
résidentiel et les transports routiers
En tant que territoire largement tourné vers le
tourisme, Barcelonnette a un profil de consommation d'énergie
spécifique. Ainsi, une grande partie de la consommation
énergétique concerne le chauffage du secteur résidentiel
(PAYS SUD, 2015). Le fait qu'une grande partie des logements soient à
vocation touristique génère une hausse de la consommation
électrique. En effet pour répondre à la demande
saisonnière, ces logements sont équipés en grande partie
de chauffages électriques. De plus, les stations de ski sont de grandes
consommatrices d'électricité pour leurs installations.
Figure 4 - CONSOMMATION FINALE DE CC VALLEE DE L'UBAYE
- SERRE-PONÇON
Consommation finale de CC Vallée de l'Ubaye -
Serre-
Ponçon
Evolution sectorielle (énergie finale en KTEP)
Industrie/déchets Résidentiel Tertiaire
Agriculture Transports routiers
Source : AtmoSud - Inventaire énergétique et
d'émissions de polluants et gaz à effet de serre, 2017
Nous pouvons voir, grâce au graphique ci-dessus que le
secteur résidentiel compte pour une part importante de la consommation
finale d'énergie de Barcelonnette, au même titre que le transport
routier. Le secteur tertiaire arrive en troisième position et reste
stable au fil des années. Par ailleurs, nous notons que la consommation
liée à l'industrie est en forte baisse. Cela témoigne de
la place prépondérante du tourisme dans l'économie locale.
Si les deux secteurs étaient au même niveau de consommation en
2007, nous pouvons observer que la tendance baissière de l'industrie
montre que l'économie locale doit se concentrer sur le tourisme qui est
et reste son secteur principal de revenus.
25
3. Un territoire pertinent pour aborder la
problématique de la transition durable dans les territoires ruraux
isolés
A. Un secteur économique saisonnier éloigné
de l'influence d'une métropole
La Vallée de l'Ubaye vit principalement du secteur
touristique. Selon les mots de Pierre MARTIN-CHARPENEL, maire de Barcelonnette
: « Il est bien connu que notre économie repose à 80 ou
90 % sur l'activité touristique, c'est-à-dire sur des
activités saisonnières. Depuis plus de quarante ans, avec des
Comité d'expansion, de Bassin d'Emploi et d'autres structures, la
problématique pour résoudre le « il faut diversifier
l'économie » n'a jamais obtenu de résultat. En cette
période où l'argent public se fait de plus en plus rare, nos
chances de diversification sont encore plus réduites, l'espoir de
désaisonnaliser l'économie semble vain »
(décembre 2017).
Figure 5 - PROPORTIONS D'ENTREPRISES PAR SECTEURS
D'ACTIVITES (EN % DES ENTREPRISES
TOTALES)
Proportion d'entreprises par secteurs
Industrie Commerce Dont commerce Construction Administration
automobile publique, santé,
enseignement
Proportion d'entreprises par secteurs
70
60
50
40
30
20
10
0
Source : Plan Local d'Urbanisme de Barcelonnette, 2015
Nous voyons grâce au graphique ci-dessus la
prépondérance des activités liées au tourisme. A
cela s'ajoute l'évolution défavorable du nombre d'entreprises du
secteur, en effet, une trentaine de commerces du centre-ville ont fermés
entre 2009 et 2014, tandis que le nombre d'entreprises crées est
passé lui de 50 en 2009 à 32 en 2014 (ELABORATION DU PLAN LOCAL
D'URBANISME, 2015). Cela est en partie du à la conjoncture, mais ce
même document souligne des lacunes dans l'offre touristique qui peine
à se renouveler pour attirer un nouveau profil de clientèle.
Le territoire est donc partagé entre la
nécessité de dynamiser son secteur touristique à des fins
économiques d'une part et l'obligation morale de protéger son
environnement. De plus, les sports d'hiver est une part
prépondérante de l'activité touristique et sera un des
premiers secteurs à subir les effets du réchauffement climatique
avec des saisons de plus en plus courtes et des taux d'enneigement
26
irréguliers2. A cela s'ajoute la
versatilité en termes de comportements touristiques, qui
génère des incertitudes et empêche la Vallée de
l'Ubaye de pouvoir faire des prévisions de fréquentation d'une
année sur l'autre (PAYS S.U.D., 2014). La diversification de
l'économie revient donc sur le devant de la scène, en impulsant
de nouvelles dynamiques dans les secteurs agricoles (notamment avec les
circuits courts) et énergétiques (car le territoire
bénéficie d'une réserve d'énergies renouvelables
prometteuse).
Des territoires isolés, qui doivent se
développer en eux-mêmes, pour eux-mêmes
Barcelonnette, chef-lieu de la communauté des
communes, est relativement éloignée des principales
métropoles du sud-est de la France. Ainsi, la métropole la plus
proche est Nice à 147 kilomètres. Cependant, le col de la Bonette
n'étant ouvert que l'été, Nice se retrouve à 240
kilomètres. Les autres métropoles à proximité sont
Grenoble (170 kilomètres), Marseille (210 kilomètres) et Lyon
à 290 kilomètres.
A cela s'ajoute une faible offre en matière de
transports rapides vers le Pays S.U.D. En effet, bien que de nombreux projets
aient été mis à l'étude afin de raccorder
l'hinterland marseillais aux territoires alpins, la plupart ont
été abandonnés, faute de terrain d'entente entre les
différentes parties prenantes. De fait, les réseaux
autoroutières et ferroviaires existent aux alentours mais ne sont pas
raccordés au Pays S.U.D. et plus particulièrement à la
Vallée de l'Ubaye. Ainsi, l'autoroute A51 s'arrête à 13
kilomètres de Gap et 65 kilomètres de Barcelonnette.
Par ailleurs, une ligne de train faisant
Chorges-Barcelonnette devait voir le jour. Son histoire débute à
la suite du Plan Freycinet (1879), qui voulait que toutes les
sous-préfectures soient reliées au réseau ferré. Ce
projet a démarré en parallèle du projet de barrage
à Serre-Ponçon (voir focus ci-dessous), ce qui a d'ailleurs eu
des conséquences sur le tracé prévu pour la ligne de
train. En 1909 débute les travaux afin de relier Barcelonnette et
Chorges. Cependant, la première guerre mondiale va rapidement grever les
travaux et suspendre le projet pour un temps. En 1936, alors que 27
kilomètres de voies ont déjà vu le jour, un
arrêté ministériel met fin aux travaux à cause du
manque de crédits alloués3. Le projet ne sera pas
repris et la Vallée de l'Ubaye n'a pas pu bénéficier du
désenclavement qu'aurait permis la création d'une ligne de chemin
de fer. La Vallée de l'Ubaye demeure de fait un territoire
enclavé, relié aux métropoles par des routes de montagnes
sinueuses.
Cette situation fait de Barcelonnette une ville au pouvoir
structurant fort car la communauté des communes ne subit pas l'effet
d'aspiration que peuvent avoir les métropoles sur les communes
environnantes. De fait, la ville et le Pays S.U.D. qui l'englobe en sont un bon
exemple pour illustrer notre problématique sur la transition
écologique dans les petites villes, ne bénéficiant pas de
l'influence directe d'une métropole pour se développer et prendre
des initiatives ambitieuses.
2
https://www.ccomptes.fr/sites/default/files/2018-01/14-stations-ski-Alpes-nord-face-rechauffement-climatique-Tome-2.pdf
3
http://www.lauzetubaye.fr/annuaire/voie-ferree
27
B. Le Pays S.U.D., entre développement rural et
volonté d'être précurseur dans la
résilience
L'autonomie énergétique en 2040, un
objectif ambitieux, témoin du dynamisme d'un territoire
enclavé
Barcelonnette, ville centrale de la Valée de
l'Ubaye, nourrit un projet ambitieux d'être autonome en énergie
à l'horizon 2040. Les élus de Barcelonnette ont validé le
lancement d'une étude de faisabilité pour atteindre l'autonomie
énergétique à l'horizon 2030/2040. Comme
le dit Pierre MARTIN CHARPENEL : « Des villes ont
déjà atteint cet objectif, nous souhaitons devenir ville
pilote et atteindre cette autonomie à l'horizon 2030/2040. Ce projet
s'insère pleinement dans la candidature Territoire à
Énergie positives porté par le gouvernement et dont le Pays SUD
est lauréat sur le territoire ».
Pour cela, Barcelonnette peut compter sur une subvention de
80 000€. Les élus comptent, de plus, intégrer
pleinement les habitants dans ce processus, d'abord par une phase informative
afin de susciter l'adhésion de la population, puis par une
phase consultative4.
Pour poser les jalons de l'étude, la ville
utilise un logiciel appelé Dimosim et
développé par le Centre scientifique et technique du
bâtiment (CSTB). Ce logiciel permet d'effectuer des
simulations de plusieurs scénarios. L'objectif est doublement
intéressant car d'une part le logiciel va permettre d'envisager
les scénarios les plus efficients et d'autre part, son
utilisation permettra d'améliorer les simulations futures, il s'agit
donc d'un vrai test pour les deux parties engagées dans ce projet. Le
CSTB a donc établi deux modèles, un modèle
à moyen terme (2030) avec la mise en place de technologies
durables pour la production, le stockage et l'utilisation de l'énergie
verte, et un scénario à long terme (2050) visant une
autonomie énergétique totale5.
Ce projet fait écho à la volonté du Pays
S.U.D. de mettre en place un territoire à énergie positive
(TEPOS). Un territoire à énergie positive (TEPOS) est un projet
qui agit sur deux volets. Premièrement la réduction des besoins
énergétiques en combinant la sobriété et
l'efficacité énergétique. Deuxièmement, la
couverture des besoins restants avec de l'énergie
renouvelable.
L'objectif de la mise en place d'un TEPOS (Territoire
à Énergie Positive) est pertinent à l'échelle des
territoires de montagnes à cela pour plusieurs raisons.
Premièrement, les ressources disponibles en matière
d'énergies renouvelables surpassent la consommation d'énergie du
territoire compte tenu de la faible densité. Barcelonnette
dispose d'une densité de 159 habitants par
kilomètre carré6, soit légèrement plus
que la densité moyenne sur l'ensemble du territoire
français (104,6 habitants/km2 en 20157).
La communauté des communes Vallée de l'Ubaye
Serre-Ponçon, elle, a une
4
https://www.laprovence.com/article/edition-alpes/3396848/la-ville-bientot-pilote-en-matiere-dautonomie-energetique.html
5
http://www.cstb.fr/fr/actualites/detail/dimosim/
6
https://www.insee.fr/fr/statistiques/1405599?geo=COM-04019
7
https://www.insee.fr/fr/statistiques/1405599?geo=FRANCE-1
28
densité de 7,8 habitants au kilomètre
carré en 2014 avec un total de 7 921 habitants répartis sur 13
communes. Cette densité est considérée comme très
faible selon l'INSEE.
Deuxièmement, la multiplicité des ressources
pouvant être exploitées à des fins de production
d'énergie renouvelable est significative. Eau, vent, soleil, biomasse
peuvent être exploités dans les territoires montagnards afin
d'atteindre l'autonomie énergétique. Le TEPOS sera
décliné en deux échéances à savoir 2030 et
2050, avec pour les deux des objectifs différents. D'ici 2030, le Pays
S.U.D. veut tendre vers l'autosuffisance énergétique en
électricité et en chauffage en agissant sur les leviers de la
précarité énergétique afin de faire baisser la
consommation d'énergie et les émissions de gaz à effet de
serre de 40%. A l'horizon 2050, le TEPOS prévoit une autosuffisance
énergétique qui inclut la mobilité, une division par 4 des
émissions de gaz à effet de serre et une division par 2 de la
consommation énergétique.
C. Un TEPOS pertinent compte tenu des potentialités
énergétiques
a. Des infrastructures de production d'énergies
renouvelables locales importantes mais encore sous-exploitées
Le Pays S.U.D. produit 183GWh/an en énergie
renouvelable, cela représente 24% de sa consommation totale mais la
totalité de la consommation en électricité (174 GWh/an).
L'épicentre de la production locale d'énergie est la
Vallée de l'Ubaye qui concentre 60% de cette production (PAYS S.U.D.,
2015).
Focus sur le barrage de Serre-Ponçon
Le barrage de Serre-Ponçon retient le lac artificiel
du même nom. Sa création en 1960 répondait à deux
nécessités : assagir la Durance - rivière capricieuse
capable de détruire des infrastructures - et produire de
l'électricité.
Au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, les besoins en
énergies des habitants de la région allaient croissants, et
nécessitaient de trouver une source d'énergie fiable et
régulière à travers les saisons. Cependant l'idée
du barrage est antérieure à la guerre. En effet, nous retrouvons
les prémices d'un barrage en 1856, suivi en 1912 d'un ouvrage d'Ivan
WILHELM intitulé La Durance. Étude de l'utilisation de ses
eaux et de l'amélioration de son régime par la création de
barrages qui insiste sur la pertinence d'un barrage compte tenu des
avantages qu'il pourrait présenter (régulation de la Durance,
production d'électricité, réservoir d'eau pour
l'agriculture). De nombreuses études sont dès lors lancées
(12 campagnes de sondages jusqu'en 1927) mais les résultats obtenus ne
permettent pas d'envisager la création d'un barrage en béton,
voire tout simplement de construire un barrage avec les moyens techniques de
l'époque.
En 1948, EDF et de nombreux protagonistes rouvrent le
débat et prennent la décision de construire un barrage en
remblais atteignant les 120 mètres de hauteur. Pour cela, 100 000 m3
d'alluvions sont mélangés à 20 000 tonnes d'argile et 10
000 tonnes de ciment afin de réaliser ce qui reste aujourd'hui le plus
gros barrage en terre d'Europe. Sa réalisation a nécessité
la submersion de 2825 ha de terres réparties sur 13 communes, ainsi que
l'expropriation de plus de 1 000 personnes.
29
Aujourd'hui, la centrale hydroélectrique du barrage de
Serre-Ponçon produit plus de 700 millions de KWh par an, ce qui
correspond à la consommation électrique des Hautes-Alpes, cela
classe la centrale parmi les plus puissantes de France8.
Depuis la mise en place du projet de TEPOS par le Pays
S.U.D., des initiatives ont vu le jour afin de favoriser la relocalisation de
l'énergie produite en la rendant, lorsque cela est possible,
renouvelable.
Ainsi, Energ'éthique 04 voit le jour en 2012. Cette
SCIC est l'oeuvre d'une cinquantaine de citoyens ayant la volonté de se
réapproprier la production énergétique de leurs
territoires. Energ'éthique 04 a été missionné par
Barcelonnette et le Pays S.U.D. afin de les accompagner dans leur étude
concernant la mise en place de projets d'énergies renouvelables citoyens
en Ubaye. Cette mission de 9 200€9 a débuté en
2016 et doit émerger sur la faisabilité d'un projet citoyen
d'énergie renouvelable « de type centrale villageoise
». L'intérêt d'un tel projet se décline en
plusieurs points :
? Faire collaborer les citoyens et les collectivités ;
? Intégrer les installations productrices
d'énergies renouvelables dans des territoires au patrimoine local fort
;
? Mettre à l'oeuvre le savoir-faire local dans des
projets qui pourront s'inscrire comme des références en la
matière ;
? Mutualiser plusieurs petits projets afin de réduire le
coût.
Cette initiative a pour but de concilier les
compétences de toutes les strates du territoire afin d'aller vers un
objectif commun : l'autonomie énergétique. Cela rejoint les
principes de la ville durable tels que nous les avons mis en exergue en
première partie, en effet, l'objectif n'étant pas seulement
d'aboutir à une centrale de production énergétique locale,
mais aussi d'impliquer les citoyens sur des questions fondamentales telles que
la gestion de l'énergie. Cela passe par une phase d'informations et de
sensibilisation pour aller vers un débat ouvert sur les dispositions
à prendre afin de tendre vers ce projet.
Energ'éthique 04 travaille en collaboration avec EMU
(Énergies Modernes Ubaye) qui a pour but de regrouper les
citoyens désireux de faire partie de ce projet. Leur premier objectif
est d'augmenter le taux d'équipement en panneaux photovoltaïque des
ménages et de certains bâtiments publics. Sont ainsi
concernés l'école élémentaire, la salle omnisports,
le complexe de l'ancienne caserne ou encore la salle des fêtes. Chaque
projet est détaillé dans une fiche exhaustive afin de
déterminer les caractéristiques et les potentialités de
chaque bâtiment.
Le territoire bénéficie aussi d'une centrale
photovoltaïque située sur la commune du Lauzet-Ubaye et qui a une
capacité de production de 2.5MWc.
8
http://museoscope-du-lac.com/fr/presentation-barrage-serre-poncon.html
9
http://www.ener04.com/la-cooperative/nos-references.php
30
b. D'autres filières d'énergie renouvelable
existent et peuvent être exploitées pour augmenter le pack d'EnR
à l'échelle locale
Certaines énergies renouvelables n'ont que très
peu de références en milieu montagnard. C'est le cas par exemple
du solaire thermique et de la méthanisation. De fait, il est difficile
d'extrapoler compte tenu du peu de données et les seuls résultats
pertinents peuvent venir d'une analyse empirique. En l'absence de tels projets,
ces énergies ne seront pas prises en compte dans cette étude.
Il y a parfois une absence de données récentes
sur la consommation énergétique du Pays S.U.D.. Certains secteurs
semblent ne pas avoir de données du tout. Il est donc difficile de
dresser un panorama exhaustif de la consommation. Cependant, étant
donné les potentialités en matière d'énergies
renouvelables, il est possible d'imaginer que Barcelonnette et le Pays S.U.D.
ont suffisamment de potentiel pour couvrir les besoins en énergie des
habitants.
Sur cette base, il est possible de faire émerger les
potentialités de chaque filière d'énergie renouvelable et
estimer leur pertinence à l'échelle du Pays S.U.D. (CEREMA,
2016).
La filière bois-énergie : une filière
à fort potentiel qui reste encore sous-exploitée
La Vallée de l'Ubaye possède 28 500 ha de
forêt de production avec des essences quasiment toutes résineuses,
notamment composées de pins sylvestres et de mélèzes.
Outre l'intérêt écologique de préserver les
forêts dans un état convenable, il y a aussi un
intérêt au niveau de la filière bois-énergie. De
nombreuses communes aux alentours continuent d'utiliser le bois comme bois de
chauffage et les demandes en affouage sont en augmentation. Le territoire
possède aussi une chaufferie « bois » (25 tonnes de bois par
an) et de multiples projets relatifs à l'utilisation du
bois-énergie10.
La communauté des communes s'est d'ailleurs
dotée d'une charte forestière afin de développer, mettre
en valeur et protéger les ressources en bois du territoire. Le but de
cette charte est de mettre en confrontation tous les acteurs de la
filière afin de leur permettre de se concerter et de prendre des mesures
pour l'avenir de leur filière. 6 axes ont été
définis, eux-mêmes regroupant plusieurs actions :
· Favoriser la concertation ;
· Promouvoir l'image du territoire au travers de la
filière bois ;
· Augmenter la part de bois local dans le bois de
construction ;
· Développement et valorisation des entreprises
locales du secteur ;
· Renforcer la mobilisation du bois ;
· Permettre la valorisation des forêts via le
tourisme.
Le territoire de la CFT (Charte Forestière de
Territoire) a été mis en place en 2007 et concerne les
territoires Ubaye-Pays de Seyne. Ce territoire est couvert à 28% de
10
https://www.ccvusp.fr/la-filiere-bois.html
31
forêts de production mais la filière est encore
sous exploitée (CHARTE FORESTIERE UBAYE-PAYS DE SEYNE, 2012).
Cette filière fait face à des contraintes
d'exploitation qu'il faudra surmonter afin de dynamiser le secteur et permettre
une gestion optimale des forêts de production :
? Éloignement des axes de communications ; ?
Difficultés d'exploitation liées au relief ; ? Peu de
transformation locale ;
? Encore peu de liens entre les acteurs.
La CFT définit, entre autres, des indications afin de
dynamiser la filière bois-énergie à l'échelle
locale en augmentant les ressources mobilisables et en mettant en avant le
savoir-faire local en la matière. Un PAT (Plan d'approvisionnement
territorial) vient s'ajouter en complément dans le but de participer au
programme « 1 000 chaufferies bois » mis en place par la
Fédération Nationale des Communes Forestières. Ce
projet vise à créer un réseau de 1 000 chaufferies bois
sur le territoire national (ADEME, 2010).
Les objectifs à moyen terme de la CFT en ce qui
concerne l'utilisation de la filière bois-énergie sont les
suivants :
Figure 6 - EXTRAIT DE LA CHARTE FORESTIERE
TERRITORIALE
Source :
https://www.ccvusp.fr,
2012
Nous observons ici la volonté de multiplier par
près de 4,5 l'utilisation du bois-énergie à
l'échelle locale par an.
Le Pays S.U.D possède un réservoir de
bois-énergie conséquent. Cependant, cette ressource est
inégalement accessible du fait du relief, de l'enneigement et des
considérations environnementales et peut donc faire varier les
coûts finaux de l'utilisation du bois. De plus, il faut que les
techniques pour brûler le bois soient performantes car, dans le cas
contraire, elles peuvent émettre des particules nocives (UICN, 2013).
La filière hydroélectrique : des
potentialités existantes mais qui peinent à se
concrétiser compte tenu des inquiétudes quant à son impact
sur les milieux aquatiques
L'énergie produite par la filière
hydroélectrique est généralement admise comme propre car
elle ne rejette que peu de gaz à effet de serre est potentiellement
intéressante pour les territoires montagnards. Il existe des
inquiétudes concernant l'impact des centrales sur la biodiversité
aquatique. Cependant, selon certaines études, il est possible de faire
cohabiter les centrales avec les milieux aquatiques sans que l'impact ne soit
significatif sur la nature (ASSOCIATION NATIONALE DES ELUS DE LA MONTAGNE,
2010).
32
La filière photovoltaïque : un secteur
d'avenir pour la Vallée, capable d'offrir une énergie
décentralisée aux espaces les plus reculés
Outre l'ensoleillement important de
Barcelonnette et de ses environs (> 2 700 heures/an11), les
sommets enneigés en hiver constituent aussi un atout non
négligeable pour capter la lumière du soleil. En effet,
la neige augmente l'effet albédo et permet de capter
les rayons diffus, ce qui a pour effet d'accroitre l'énergie
captée par les panneaux solaires, mais aussi leur disposition.
Ils peuvent ainsi être mis verticalement sur les façades des
immeubles. Les températures relativement fraiches tout au long
de l'année (8,4°C à Barcelonnette12)
permettent aussi de préserver les cellules photovoltaïques, qui
voient leur tension générée baisser au-delà de
25°C13.
Enfin, le relief naturel des Alpes est un autre atout
à l'implantation de champs de panneaux photovoltaïques au
sol. Cependant, et cette problématique s'applique à
tous les projets de centrales photovoltaïques, le fait que les
besoins en énergie soient principalement observés lors des
périodes de faible insolation, oblige à surdimensionner les
centrales afin de répondre à la demande, cela est donc
très consommateur d'espace.
La filière éolienne : une filière peu
déterminante compte tenu de la géographie encaissée du
territoire
Il s'agit peut-être de la
filière la moins pertinente pour les territoires de montagne. En effet,
les reliefs des territoires montagnards tels que Barcelonnette et ses environs
agissent comme un coupe-vent (CLUB ARC ALPIN, 2012). L'éolien
fonctionne de manière efficiente avec des vents constants
autant en vitesse qu'en direction, or la présence de
montagnes tout autour accroit les turbulences et rendent la technologie peu
intéressante.
De plus, l'impact négatif sur les paysages
rend l'acceptation des projets éoliens plus difficiles pour les
habitants. Enfin, il est difficile d'installer des éoliennes sur
des terrains dont les pentes dépassent les 20% (PROJET ALPINE
WINDHARVEST, 2005). De fait, la vallée de l'Ubaye voit son
potentiel d'installation de projets éoliens réduit par
le fait que de nombreuses pentes dépassent ce seuil.
Cependant, les projets de petit éolien peuvent
être pertinents afin d`alimenter en énergie des
bâtiments isolés en moyenne et haute montagne, afin de les rendre
autonome et éviter un raccordement au réseau plus lourd et avec
des conséquences négatives plus importantes.
11
http://eost.u-strasbg.fr/seolane/ubaye/presentation/
12
https://fr.climate-data.org/europe/france/provence-alpes-cote-d-azur/barcelonnette-65644/
13
https://energieplus-lesite.be/theories/le-photovoltaique/le-rendement-et-la-puissance-crete-des-cellules-photovoltaiques/
33
Comme nous l'avons vu dans cette partie, Barcelonnette et plus
généralement le Pays S.U.D. présentent des
caractéristiques déterminantes pour répondre à la
problématique. En effet, ces territoires naturels reculés n'ont
pas d'influence d'une métropole aux alentours, compte tenu de la
distance avec ces dernières.
Ainsi, les villes qui pourraient faire office de petites
villes dans un autre contexte ont ici un rôle structurant et doivent
impulser des nouvelles actions au territoire dans son ensemble. De fait, le
projet de TEPOS et d'autonomie énergétique sont deux volets qu'il
est intéressant d'analyser. En effet, ces projets sont maintenant dans
l'air du temps et de plus en plus de grandes villes en font des arguments de
marketing territorial. Ici, l'enjeu est de préserver un territoire
riche, tout en permettant au secteur économique de se développer
afin d'assurer un avenir pérenne à ces territoires.
De fait, ce double objectif peut et doit être
co-construit pour que le projet soit cohérent et permette au territoire
de se construire une identité et une pérennité dans les
décennies à venir. Nous verrons dans la prochaine partie, par
l'intermédiaire d'entretiens avec des acteurs de ce
développement, que les problématiques, bien que similaires
à celles des grandes villes, diffèrent dans la pratique car les
moyens et les compétences ne sont pas les mêmes que dans les
métropoles.