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Communication de crise : gestion de la crise sanitaire mondiale par le gouvernement marocain, cas du MEN


par NOUREDDINE IDRISSI
Université de Versailles-Saint-Quentin en Yvelines Paris-Saclay - Master 2 en politiques de communication 2019
  

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Chapitre 1

La communication de crise : Objectifs et enjeux

« Les crises de demain sont souvent le refus des questions d'aujourd'hui. »Patrick LAGADEC

Pour Alex Mucchielli, la communication de crise est une méthodologie d'accompagnement d'individus et de groupes confrontés à des situations qu'ils doivent dépasser.

La communication de crise est une branche de la communication d'entreprise. Elle dépend entièrement en matière de messages, cibles et valeurs de la stratégie de communication globale de l'entreprise. En gérant les crises, elle repose sur une stratégie institutionnelle si la crise atteint à l'image globale de l'entreprise, coordonne avec la communication produit s'il s'agit d'une crise ayant relation avec les biens et services que produit l'organisation, et se conjugue à la communication financière au cas où le cours de l'action sera influé.

La communication de crise regroupe à la fois, la communication interne, la communication institutionnelle, les relations presse et les relations publiques.

La communication de crise se base sur de multiples aspects et doit être considérée dans sa globalité.

Mais avant tout, la communication de crise c'est la mise en oeuvre de techniques éprouvées, de stratégies réfléchies, qui ne laisse aucune place à l'improvisation, au hasard, à l'intuition ou à l'à peu près. Sans être une science exacte, la communication de crise exige suffisamment de technicité et de rigueur et doit être traitée par des professionnels.

Mais la communication de crise c'est aussi un ensemble de techniques de communication permettant d'atteindre plusieurs objectifs :


· Permettre d'anticiper les crises, voire même les éviter.


· Éviter qu'un accident ne se transforme en crise.


· Permettre d'atténuer une crise.


· Proposer l'opportunité d'une sortie favorable à une crise.

Dans tous les cas, l'objectif majeur de la communication de crise sera de préserver la crédibilité de l'entreprise ou de l'institution.

Les enjeux seraient : perte de confiance, méfiance de la population et des médias, perte de crédibilité des gestionnaires et des intervenants en situation d'urgence, confusion lors des interventions, atteinte possible à la sécurité de l'équipe d'intervention et de la population.

Définition et concepts de crise

Une crise est un processus qui, sous l'effet d'un événement déclencheur (interne ou externe), met en évidence une série de dysfonctionnements affectant temporairement ou durablement un ou plusieurs des aspects suivants d'une organisation (entreprise ou collectivité) : la sûreté, la santé humaine, l'environnement, le produit, la réputation, la pérennité.

La crise est un phénomène qui se produit dans de nombreux domaines. Elle nécessite une gestion particulière. Dans certains cas, elle peut être bénéfique et entraîner un changement important. Actuellement de nouveaux types de crises apparaissent, entraînant de nouveaux risques plus ou moins importants. Une conjonction de facteurs peut ainsi donner naissance à une crise parfaite voire majeure.

Une crise n'en devient réellement une, qu'à partir du moment où les médias s'en mêlent. C'est pourquoi il est important d'avoir une bonne communication durant ces périodes et d'intégrer cette communication au centre de la gestion de crise.

Selon Patrick LAGADEC, une crise est une situation où de multiples organisations aux prises avec des problèmes critiques, soumises à de fortes pressions externes, d'âpres tensions internes, se trouvent brutalement et sur une période longue, sur le devant de la scène, le tout dans une société de communication de masse.

Étymologiquement le terme « crise » vient du mot grec krisis, qui signifie « décider ou distinguer » c'est-à-dire une réponse à une situation particulière.

Une crise correspond à la phase ultime d'une suite de dysfonctionnements qui met en péril la réputation et la stabilité d'une organisation.

D'autres auteurs mettent plutôt l'accent sur le caractère déstabilisant de la crise. Ils soulignent la présence de changements profonds dans les paramètres de l'environnement humain et physique, de telle sorte que les gens ne savent plus comment se comporter.

La crise se caractérise par l'intrusion de nouvelles parties prenantes qui exigent qu'on leur rende des comptes, comme les pouvoirs publics, les associations de consommateurs... Il convient de noter l'importance des enjeux que peut avoir ce bouleversement en termes d'image mais également de chiffre d'affaires, de motivation des salariés ou encore de méfiance des fournisseurs à l'égard de l'organisation. La crise se matérialise par une saturation des capacités de communication face à l'afflux des demandes.

Pour Thierry Libaert, directeur scientifique de l'Observatoire international des crises et chercheur au LASCO, la crise se caractérise par la présence d'acteurs pouvant être inhabituels (la presse, les élus locaux, les pouvoirs publics, les associations, la justice...), un flux inhabituel et surdimensionné d'informations. Elle entraîne une mise sous tension généralisée due à l'accélération du temps selon la nature de la situation (urgence accrue...).

Pour ce chercheur, la crise est la phase ultime d'une suite de dysfonctionnements mettant en péril la réputation et la stabilité d'une entreprise.

La plupart du temps, une crise engendre des incertitudes et favorise la circulation de rumeurs.

La crise touche aux quatre fonctions essentielles du management :

· Le pilotage (détermination de la stratégie, des objectifs) ;

· La maintenance (la gestion de l'entreprise, la production, la mise en oeuvre des projets) ;

· Le leadership (les valeurs, les rites, les symboles) ;

· L'interface (surveiller l'environnement interne et externe)

Typologies des crises

Il existe de nombreuses typologies de crise. La plupart sont axées sur le type de causes à l'origine de la crise. Les typologies sont utilisées principalement dans la phase d'anticipation, afin de recenser l'ensemble des crises possibles à l'intérieur d'un domaine d'activité. Les crises peuvent être de nature :


· sociale : grève, blocage d'usine, suicide sur le lieu de travail


· financière : krach boursier, OPA sauvage


· technique : explosion, incendie, crash, naufrage ;


· commerciale : défaillance dans la qualité du produit


· environnementale : pollution


· sanitaire : intoxication alimentaire liée à un produit, pandémie ...etc.


· réglementaire : imposition de contraintes sur l'activité de l'entreprise


· judiciaire : procès pour abus de biens sociaux


· réputationnelle : rumeur, désinformation


· économique : effondrement des activités économiques suite à une innovation concurrentielle.

Le Cycle de vie d'une crise

1- Phase de gestation : Cette phase est caractérisée par une série de dysfonctionnements et d'erreurs qui sont autant de signaux. Si ces signaux sont détectés, compris et pris en compte par l'organisation et ses dirigeants, la crise peut être anticipée et ses effets minimisés.

2- Phase aiguë : Durant cette phase, il est essentiel d'avoir un suivi presse pour savoir comment réagir aux propos des médias. Il convient d'opérer un travail de rapprochement entre les informations, les acteurs et la surcharge de médiation pour garder une vision globale de la situation.

3- Phase chronique : Lors de cette phase, les médias se focalisent sur le sujet de la crise. La durée du traitement médiatique dépend alors des autres sujets d'actualité pouvant détourner l'attention des médias.

4- Phase de cicatrisation :Le cycle de vie de la crise s'achève. On constate alors une atténuation de la crise, les médias s'en désintéressant depuis un moment. Cette phase ne doit pas être négligée : la crise peut à tout moment resurgir.

L'organisation de la communication de crise :

La gestion de la crise se gagne avant son émergence. C'est pour cela que l'entreprise doit se focaliser sur l'avant crise où l'anticipation est primordiale. Pour ce faire, l'entreprise doit fonder sa communication sur une structure organisée avec des outils concrets.

Dans une perspective de prévention et de préparation, les outils suivants doivent être conçus, mis en oeuvre et évalués :

A.La cellule de crise : elle est composée de 15 personnes au maximum. Il faut prévoir 3 types de composantes :

L'animateur : il doit être un décideur ayant une délégation de pouvoir ; il conduit les débats, anime et gère le temps.

Les experts : chargés de recueillir et d'analyser les informations techniques. Ils doivent avoir une formation juridique et financière.

Le responsable de la communication : il assure le rôle de l'intermédiaire entre l'environnement externe de l'entreprise et la cellule de crise. Il doit également traduire en messages de communication les décisions prises par la cellule.

B. Le recensement : une liste exhaustive de toutes les crises potentielles qui peuvent frapper l'entreprise -avec leurs probabilités- classées en familles. L'entreprise va travailler sur les scénarios de crise les plus probables.

C. La Simulation : après le recensement des crises, l'entreprise doit faire des simulations des crises afin de renforcer sa capacité à répondre rapidement. Elle doit impérativement prévoir les données de base à donner considérant différents types de crise.

D. La check-list : en situations de crise, le moindre détail compte et a des conséquences. Il est convenable alors de tout prévoir à l'avance : les clés des locaux, les mots de passe d'accès aux données et aux systèmes, les numéros de téléphone des personnes internes et externes à contacter lors d'une crise ... etc. Cet outil vient pour répondre à un besoin de rapidité. Après avoir fondé une structure matérielle de la communication de crise, l'entreprise doit -à travers la cellule de crise- concevoir un plan de communication de crise prenant en considération l'avant, pendant et après crise, et adopter une stratégie de communication de crise.

La stratégie de communication de crise :

Thierry Libaert présente différentes stratégies de communication de crise :

La reconnaissance, le projet latéral, le refus.

La reconnaissance :

Cette première stratégie consiste à accepter la crise et ce, le plus rapidement possible. "Dans cette stratégie, explique Didier Heiderich, si la presse dévoile la crise en devançant l'entreprise, c'est que la communication de celle-ci est mauvaise et que la crise ne lui appartient déjà plus. Pour mener l'opération, l'entreprise doit donc aller vite et être en mesure de déterminer rapidement si elle est compétente par rapport au moteur de la crise. Ce moteur peut être interne, par exemple lié aux produits de l'entreprise, ou externe, par exemple lié à un contexte politique. Dans chacun des cas, l'axe de communication ne sera pas le même."

De manière générale, la stratégie de la reconnaissance s'appuie sur une communication claire et ferme.

Selon le contexte, plusieurs alternatives s'offrent à l'entreprise :

- Reconnaître complètement la situation et sa responsabilité. Dans ce cas, assumer les réparations des dommages subis apporte un avantage au point de vue juridique, mais aussi médiatique.

- Exprimer son incompréhension, si l'entreprise ne connaît pas les raisons à l'origine de la situation.

-Elargir la responsabilité à des acteurs externes, comme les autorités de régulation.

-Dissocier les choses en se délestant des responsables s'il le faut.

-Contingenter la crise sur un objet, un lieu, un temps. Le but est alors d'éviter d'élargir le phénomène à d'autres produits, d'autres marques, d'autres usines...

Encore peu employée, cette stratégie de la reconnaissance est pourtant "l'une de celle qui fonctionne le mieux", selon Didier Heiderich. Difficile en effet d'avouer sa responsabilité pour une entreprise. Mais le faire, c'est jouer la carte de la transparence et acquérir une crédibilité auprès des différents publics. Cette stratégie permet également d'éviter une remontée ultérieure d'informations contredisant les premières déclarations. Une situation dans laquelle l'entreprise a énormément à perdre sur le plan de l'image.

Le projet latéral

Développée par Thierry Libaert dans son livre Communication de crise (Dunod, 2001), cette stratégie

cherche à modifier l'angle de vue de la crise. "Mais elle doit pouvoir être fondée sur la réalité et des faits concrets pour réussir à déplacer le lieu de débat", précise Didier Heiderich.

Pour mener à bien un projet latéral, différentes tactiques sont possibles :

-Contre-attaquer et dire à qui profite les faits, soit le plus souvent au concurrent. Cette stratégie est

utilisée notamment par les grandes entreprises françaises qui trouvent alors dans la concurrence internationale un alibi naturel.

-Reporter la responsabilité à l'extérieur, en orientant les faits vers l'administration, le politique...

-Minimaliser sa communication, ou communiquer plus fortement sur un autre registre.

- Souligner le fait que le pire a été évité et que la situation aurait pu être largement plus grave si l'entreprise n'avait agi de telle ou telle manière.

Le projet latéral, qui consiste à déporter la crise en dehors du champ de l'entreprise, doit impérativement s'appuyer sur des éléments tangibles. Dans le cas contraire, son utilisation peut s'avérer bien plus dangereuse que la crise elle-même.

Le refus

La stratégie du refus consiste à affirmer qu'il n'y a pas de crise. "Il s'agit alors d'une posture que l'entreprise doit être capable de tenir", précise Didier Heiderich.

Quatre possibilités s'offrent à l'entreprise dans ce scénario :

-Garder le silence dès le début de la crise (stratégie choisie par les autorités russes lors de l'accident de la centrale nucléaire de Tchernobyl)

-Cesser de parler à partir d'un moment précis et donc ne plus alimenter la crise.

-Avancer le principe du chaînon manquant, comme dans l'affaire des paillotes en Corse, où nul ne sait qui a donné l'ordre initial.

-Minimiser les effets de la crise, à condition d'être le seul interlocuteur à disposer des données. C'est

la formule choisie par le gouvernement lors de la canicule de l'été 2003. Mais les statistiques fournies

par les Pompes funèbres ont enrayé le scénario.

Les conséquences d'une telle stratégie peuvent s'avérer extrêmement dommageables, aux niveaux juridique et médiatique, si les faits ressurgissent à plus ou moins long terme et avec une nouvelle lecture des événements. Concrètement, ce scénario du pire se traduira dans la plupart des cas par une perte de crédibilité.

Avant que l'entreprise n'opte pour une stratégie de communication de crise, elle doit absolument prendre en considération les six éléments suivants :

A. La connaissance de la crise : dès le début, l'entreprise doit posséder l'ensemble des informations relatives aux causes et aux conséquences de la crise pour se positionner clairement sur un type de messages ;

B. Les enjeux : l'entreprise doit savoir ce que la crise peut lui faire perdre. Il s'agit généralement du chiffre d'affaire, la motivation du personnel, l'image de marque de l'entreprise...etc.

C. La médiatisation : l'entreprise procèdera à analyser les caractéristiques des médias auxquels elle a affaire. On ne s'adresse pas de la même façon à un journal local qu'à une chaine TV internationale de large couverture ;

D. Le déroulement prévisible de la crise : si l'entreprise possède une idée de ce que deviendra la situation d'ici une période donnée de temps, elle peut envisager le type de messages à véhiculer. Par exemple, si l'entreprise prévoit que la crise va se calmer dans une courte période, elle peut adopter la stratégie du silence ;

E. Les acteurs : l'entreprise doit être consciente des acteurs se trouvant impliqués dans la crise : les autorités publiques, les entreprises concurrentes, les médias etc.

F. Le temps : la crise se caractérise par l'accélération du temps de la décision et par l'urgence. L'entreprise doit bien gérer les flux d'information internes et externes qui s'embouteillent dans de telles situations de pression.

Les 11 commandements de la communication de crise

a- Avant la crise

1 - Formez-vous à la communication de crise

2 - Créez une cellule de crise, des process

3 - Faites de la veille

4 - Anticipez les cas de crise et prévoyez des solutions

5 - Préparez votre documentation anti-crise : visuels, sites web de crise dit « noirs », liste des interlocuteurs, des ennemis intérieurs et extérieurs

6 - Simulez une crise

b- Pendant la crise

7 - Évaluer la source de la crise et les différentes stratégies possibles

8 - Réagir à bon moment, ni trop vite, ni trop lentement

9 - Bien dialoguer avec votre interlocuteur interne ou externe. Il faut que tous croient en votre bonne volonté et finissent par avoir confiance en vous. Pas de mensonges, pas de promesses, pas de bouc-émissaire, pas d'approximation.

10 - Ne pas se laisser déborder. Déterminer l'urgent et l'important, l'urgent et le non important, le non urgent et important, le non urgent et le non important.

c- Après la crise

11 - Faites le bilan : qu'est-ce qui a fonctionné ? Raté ?

Plan de communication de crise 

Thierry Libaert définit le plan de communication de crise comme « un outil opérationnel » fournissant la programmation et le tableau de bord des actions à entreprendre. 

Le Plan de Gestion de Crise doit notamment intégrer les éléments suivants :

1. Le schéma d'alerte, qui va permettre de définir clairement pour l'ensemble de l'organisation les étapes essentielles de transmission des informations ;

2. La cellule de crise, qui a pour but de définir clairement les différents intervenants de l'organisation en cas de crise ;

3. Les fiches missions, qui ont pour objectif de définir le rôle de chacun de ces intervenants en amont, pendant et en aval de la gestion de crise ;

4. Les fiches outils, qui ont pour but de favoriser la transmission des informations et le reporting pendant la gestion de la crise et ainsi de gagner en efficacité ;

5. Les annexes, telles que l'annuaire de crise, le plan des salles de crise ou encore les plans des sites de repli, qui doivent permettent à chacun des intervenants de trouver les informations utiles dont il a besoin pour remplir son rôle au sein de la structure de gestion de la crise.

Au final, l'anticipation par la mise en place d'une organisation et d'outils cadrés et maîtrisés par les différents intervenants doit permettre à l'organisation de limiter la part d'improvisation et de se mobiliser immédiatement dès la survenance d'un évènement à caractère exceptionnel.

1- Définissez les objectifs généraux de votre stratégie de communication

2- Définissez votre public (Les personnes les plus touchées par la rumeur ou la crise,

Les personnes les plus influentes pour communiquer vos messages)

3- Choisissez vos messages clés(Que voulez-vous que le public entende et retienne ?)

4- Choisissez les canaux de communication

Les actions de communication en situation de crise

a) Au préalable

Suivi des médias

En situation de crise les relations avec les médias jouent un rôle fondamental.

Il est donc nécessaire de disposer de moyens efficaces de suivi des médias afin d'identifier en temps quasi-réel ce qui est dit ou publié sur l'entreprise.

Il existe des organismes spécialisés dans ce domaine, il est impératif de les connaître et de savoir comment les utiliser si nécessaire.


· Identifier les porte-parole et leurs suppléants.


· Identifier une personne en charge de la documentation. (En situation de crise, la communication doit s'appuyer en permanence sur des informations provenant de sources variées) S'assurer qu'une personne soit disponible pour aller chercher les informations nécessaires, c'est se donner plus de temps pour l'essentiel : bâtir une stratégie et construire des messages.

b) Pendant la première heure


· Se procurer le manuel de communication de crise


· Informer le management de l'entreprise si cela n'a pas déjà été fait


· Informer les pouvoirs publics et les autorités si nécessaire


· Prévenir les organismes chargés du suivi des médias


· Mobiliser les équipes de communication nécessaires


· Se mettre en contact avec les équipes en charge de la gestion de la crise


· Préparer un premier «statement»


· Commencer un journal de bord.

c) Pendant la deuxième heure


· Si possible envoyer un porte-parole sur le site de la crise


· Informer le standard, la sécurité et le personnel sur la possible arrivée de journalistes (rappeler l'interdiction de répondre directement aux journalistes, renvoyer tous les contacts vers la communication).


· Contacter les familles des victimes éventuelles (obtenir des informations sur ces personnes : fonction, âge, ancienneté,...)


· Préparer un premier Q&A sur la crise

d) Pendant la troisième heure et ensuite


· Contacter éventuellement les élus locaux


· Définir une stratégie de communication de crise


· Préparer un communiqué de presse


· Mettre à jour les Q&A et «statements» en fonctions des informations


· Maintenir un contact avec les victimes et leurs familles


· Suivre et analyser les messages repris par les médias

Les règles de base d'une communication de crise réussie :


· Soyez présent le plus vite possible sur le site de la crise


· Un seul porte-parole !


· Soyez aussi clair, franc et transparent que possible


· Restez-en aux faits


· Parlez uniquement de ce que vous savez - pas de spéculations !


· Empêchez la diffusion d'informations incomplètes ou contradictoires


· Adaptez l'information aux personnes à qui vous vous adressez


· Ne dites que la vérité - pas de mensonge ni d'omission


· Considérez les groupes d'opposants éventuels comme des partenaires et non des ennemis


· Expliquez les choses simplement et précisément


· Assurez-vous de la cohérence entre ce que vous dites et ce qui est fait


· Evitez les contradictions

Se préparer à la communication en situation de crise

La préparation et l'entraînement jouent des rôles majeurs et permettent de se donner tous les atouts pour gérer au mieux la communication dans des situations souvent stressantes.

Les exercices les plus courants sont :

La simulation de crise

Elle peut être de plusieurs niveaux. Dans un premier temps il peut s'agir de tester la rapidité avec laquelle la cellule de crise se constitue. Ensuite, il est recommandé de faire un exercice de crise «grandeur nature» régulièrement (tous les 18 mois environ). Cela permet non seulement de valider la pertinence des outils mais également de tester la façon dont les membres de la cellule de crise travaillent ensemble.

(Pour plus d'efficacité, il peut être pertinent de travailler avec des prestataires extérieurs pour ce type d'exercice)

Le media-training

C'est l'entrainement à la prise de parole face aux médias. Il est traditionnellement réalisé avec l'aide d'un prestataire extérieur.

Le choix du porte-parole

Le choix du porte-parole en situation de crise est un exercice toujours délicat.

Tout d'abord un bon porte-parole doit être volontaire, ou tout au moins ne doit pas être forcé. Cela se voit immédiatement lorsqu'une personne a été obligée de prendre ce rôle et cela donne une image catastrophique. Enfin, et c'est sans doute le plus important, il aura été bien entendu au préalable entraîné pour ce rôle.

Communiquer en situation de crise

Une bonne communication de crise repose avant tout sur un parfait travail d'équipe. Dans la plupart des cas, la crise génère stress, chaos, confusion; lapression, l'émotion montent rapidement; la capacité de chacun à prendre des décisions rationnelles, pertinentes, diminue alors fortement.

Il est indispensable dans ces situations de pouvoir alors se reposer sur des process quasi-automatiques qui facilitent la mise en place d'une communication efficace et garantissent que toutes les parties prenantes soient bien informées et disposent de l'ensemble des éléments clés pour comprendre la situation.

Evaluation et debriefing

Lorsque la crise est finie, bien souvent le premier réflexe est de vouloir passer rapidement à autre chose, de retrouver un fonctionnement «normal». Or, s'il y a bien un domaine où l'expérience fait fortement progresser, c'est bien celui-là. L'analyse à posteriori de la communication (messages, statements, communiqués de presse, Q&A, articles de presse,...) permet de mesurer concrètement l'efficacité des outils mis en place et de les adapter en conséquence.

Une évaluation efficace repose sur :

Des interviews des personnes impliquées


· Evaluation de la communication de crise dans son ensemble


· Ce qui a bien fonctionné ? / Ce qui n'a pas été efficace


· Rétrospectivement, qu'est-ce qui aurait dû être fait autrement ?

Une évaluation qualitative et quantitative des actions menées


· La rapidité avec laquelle l'alerte a été donnée


· Est-ce que la communication a été faite efficacement?


· A quelle vitesse, les équipes de crise se sont-elles mobilisées?


· Combien de temps a-t-il fallu pour faire un Q&A ? Un statement?


· Comment les médias ont-ils été gérés?


· Quelle influence a eu la communication sur la perception qu'ont eu les médias de la situation?

Enfin, n'oubliez pas de clore «symboliquement» la crise. Il peut s'agir dans un premier temps de remercier tous ceux qui en ont été les acteurs, puis ensuite de prendre une initiative marquante (il peut s'agir tout simplement d'un message de remerciement de la part du PDG à tous ceux qui ont été en première ligne).

Histoire de la communication de crise 

Patrick Lagadec estime que la communication de crise s'est développée dans les années 80 en réponse à une ouverture des entreprises sur l'extérieur via la diffusion d'informations.

La communication de crise est entrée dans une nouvelle ère depuis l'avènement d'internet et en particulier des réseaux sociaux (Facebook, Twitter...).

Cependant, il est difficile de fixer une date précise pour caractériser la naissance de la communication de crise. Présente au début du XXème siècle, elle se retrouve dans le domaine des grandes opérations financières, et le groupe Publicis déclare l'avoir mise en oeuvre avec succès en 1968 pour le groupe Saint-Gobain qui faisait l'objet de la part de BSN (actuellement Danone) de la première grande OPA hostile.

C'est toutefois dans les années 1980 que la communication de crise en tant que pratique organisationnelle est reconnue comme champ de recherche institutionnelle. La catastrophe de Three Mile Island (1979) et l'affaire du Tylenol (1982) auront d'importantes répercussions, et les premiers ouvrages seront publiés à cette époque :

- La civilisation du risque, Patrick Lagadec, 1981

- La société du risque, Ulrich Beck, 1986

- Crisis Management: Planning for the inevitable, Steven Fink, 1986.

On peut considérer que c'est la catastrophe de Tchernobyl en 1986, première grande crise à l'échelle internationale, qui a accéléré les recherches et la prise en compte d'une nécessité de préparation dans la sphère industrielle.

La dernière étape émerge aux alentours de 2005, avec la généralisation progressive des réseaux sociaux. Les crises changent de nature, elles deviennent davantage insaisissables, imprévisibles et se confondent souvent avec le bad buzz.

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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo