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La diplomatie camerounaise et la crise irakienne de 2003. Essai d'analyse historique


par Didier BALIABA
Université de Yaoundé I - Master en histoire des relations internationales 2018
  

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CONCLUSION DE CHAPITRE

L'étude de ce chapitre se proposait de faire une analyse du positionnement diplomatique du Cameroun dans la crise irakienne de 2003.Il a été question pour le Cameroun,dans ce conflit de défendre la légalité internationale et de partager sa vision d'un monde fondé sur la quête de règlement pacifique des différends et le respect des institutions internationales comme,illustré à cet effet,dans le cadre du règlement du conflit frontalier qui, plusieurs annéesdurant l'avait opposé au Nigeria. Car, le verdict de la Cour Internationale de Justice, rendule 10 octobre 2002 sur ce conflit, connu sous l'appellation de l' « Affaire de Bakassi », favorable au Camerounconfortait la position de la diplomatie camerounaise dans la question irakienne sur le rôle impartial de l'ONU dans le règlement des conflits internationaux.Cependant, l'aval donné aux Etats-Unis, par la visite du Chef de l'Etat camerounais, Chef de la diplomatie camerounaise à Washington,le jour même du déclenchement des hostilités par les Etats-Unis en Irak, ne vient-elle pas ouvrir la brèche à un éventuel rapprochement des positions entre Yaoundé et Washington sur la question irakienne?

CHAPITRE IV

LES RETOMBEES DE L'ENGAGEMENTDU CAMEROUN AUXCOTES DES USA

La crise irakienne de 2003et le « nouvel ordre international» qui semblent s'instaurer ont eu des répercussions au Cameroun,aussi bienen termesde coopération bilatérale quemultilatérale. La diplomatie camerounaiseau cours de cette périodea étéscrutée et interprétéecommeambigüe, malgrél'assurance faite par legouvernement pour undésarmementpacifiquede l'Irak, tout au long de la crise diplomatique qui a accompagné les négociationsentre lesdifférents membres du Conseil de Sécuritéde l'ONU sur cette question.Leprésent chapitre tented'analyser les raisonspour lesquelles Yaoundé s'est-il dédit pours'aligner sur la position des Etats-Unis, les derniers précédent le conflit.Il s'agit ainsi, de démontrerque : l'approfondissement des relations diplomatiques entre Yaoundé etWashingtond'une part, etd'autre part, le soutien des Etats-Unis sur la scène internationale,étaientindispensable au solutionement des problèmesdomestiques camerounais.

A- L'APPROFONDISSEMENT DES RELATIONS ENTRE YAOUNDE ET WASHINGTON

Les relations entre le Cameroun et les Etats-Unis sont anciennes. Elles datent de la période de mandat. Cependant, les relations officielles entre les deux pays prennent leur essorau lendemain de la création d'un consulat Américain à Yaoundé, le 5 juillet 1957.Depuis, les relations entre les deux pays n'ont cessé de s'intensifier et s'améliorer.Le soutien bien qu'implicite,de la diplomatie camerounaiseauxEtats-Unis dansla crise irakiennede 2003peut être inscrit dans cette veine. Ainsi, ce soutiendu Cameroun aux Etats-Unis, nousinviteà faire une analyse des relationspolitique et économique entre les deux pays depuis la fin de ce précédent diplomatique international.

1- Lacoopérationpolitico-diplomatique

Vielle de plus d'un demi-siècle, la coopération politico-diplomatique entre le Cameroun et les Etats-Unis a précédé tous les autres segments des relations entre les deux pays. En effet, de source proche du MINREX162(*), les relations entre le Cameroun et les Etats-Unis ont connu une évolution en quatre étapes.

A la grande période d'amitié et d'intense coopération (1960-1989), a succédé le temps des incertitudes et des incompréhensions (1989-1996) avec pour points d'orgue, les résultats contestés de l'élection présidentielle du 11 octobre 1992163(*) et à la décision du gouvernement camerounais d'instaurerl'étatd'urgencedans la province du Nord-ouest.Le Congrèsaméricain vota une mesure portant suspension de l'aide bilatérale au Cameroun164(*).En la matière, la décision la plus importante demeure l'annonce faite, le 19 novembre 1993 de la fermeture de la représentation de l'Agenceaméricainepour ledéveloppment international(USAID) au Cameroun.

En 1997, on assisteà une normalisation des relations bilatérales entre les deux pays. En effet, à l'issue de l'élection présidentielle organisée cette année-là, des responsables américains de passage à Yaoundé notamment, le Sous-secrétaire d'Etat,chargédes Affaires africaines, Georges Moosemarque son satisfecit pour la politique d'ouverture et d'union nationale prônée par le président Paul Biya. Cette politiqued'ouvertureet d'union nationale estreflétée notamment, par la formation du gouvernement du 7 décembre 1997 qui voit l'entrée au Gouvernement des leaders de l'oppositiontelsque,  BelloBoubaMaigari de l'Union national pour la démocratie et le progrès (UNDP),de HenriHogbeNlend, de l'Union des populationsdu Cameroun (UPC), etc.

La visite en juillet 1998 du Ministre américain des transports, Rodney Slater confirma cette volonté de normalisationdes relations bilatérales. Le ministreSlater futreçu en audience au Palais de l'Unité par le président Paul Biya. Au mois de novembre de cette même année, la visite d'une importante délégation de Maires et hommes d'affaires américains, conduite par le Maire de Washington D.C, Marion Barry, ouvre définitivement de nouvelles perspectives pour les relations américano-camerounaises.

A travers cette visite, les autorités camerounaises indiquent leur volonté d'améliorer l'image du pays aux Etats-Unis, en utilisant certains canaux qui ont montré leur efficacité, notamment : les lobbies et les personnalités éminentes du monde de la politique et des affaires. Au bout du compte, les responsables américains reconnaissent la stature du Cameroun et de son président dont le leadership dans l'élection de Kofi Annan, au poste de Secrétaire général de l'ONU a marqué les esprits. En effet, lors de la 32e session ordinaire de l'Assemblée des Chefs d'Etat et de Gouvernements de l'Organisation de l'unité africaine (OUA), tenue àYaoundé du 8 au 10 juillet 1996, mandat futconfiéau présidentPaulBiya, président en exercice de l'OUA, par ces pairsd'engager des contacts en vue d'assurer sinon,la réélection de BoutrosBoutrosGhali, du moins l'électiond'un Africain au poste de Secrétairegénéral de l'ONU165(*).

En 1999, les relations entre le Cameroun et les Etats-Unis connaissent leur envol. La volonté des deux pays de resserrer leurs liens politiques, économiques et commerciaux ne va pas tarder à se concrétiser à travers divers actes. Le point d'orgue de cet envol débute avec la célébration des journées d'amitié Cameroun-Etats-Unis, les 26 et 28 juin 2000 à Yaoundé. En effet, dans le cadre de l'action diplomatique du Ministère des relations extérieures pour l'exercice budgétaire 1999/2000, il a été prévu la célébration pour la première fois, des journées d'amitié Cameroun-Etats-Unis.

L'objectif de ces journées, selon le Ministre des relations exterieures, Augustin KonchouKomegniest triple : témoigner toute l'appréciation du gouvernement camerounais à ce partenaire de longue date, resserrer les liens d'amitié et de coopération qui existent entre les deux pays, et mettre en place une structure moins formelle de coopération qui pourrait être utilisée par les milieux d'affaires camerounais. En outre, les voyages officiels du président Paul Biya aux Etats-Unis en 2002 et en 2003 à l'invitation du président Georges W. Bush constituent l'apothéose de cet envol diplomatique.

Le séjour du Chef de l'Etat à Washington les 20 et 21 mars 2003 revêt à cet égard une signification particulière, à cause du contexte international marqué ce même, 20 mars par le début de l'invasion Américaine en Irak. Le voyage présidentiel futinterprétécomme un soutien implicite du Cameroun aux Etats-Unis. En effet, de nombreux observateurs se sont empressés de présenter le tête-à-tête,Bush-Biya à la Maison Blanche comme une caution de la diplomatie camerounaise à la thèse américaine d'une guerre préventive en Irak. En dépit,de l'engagement du gouvernement camerounaisde faire prévaloir « le dialogue entre les parties » et « le respect du droit international »dans ce conflit.

Le journaliste, Edmond Kamguia penseque, c'est depuis ce fameux tête-à-tête, Bush-Biya à la Maison Blancheque : « le Cameroun a commencé à figurer (...) sur la liste secrète des pays de la coalition favorable à la guerre en Irak »166(*).Cependant,interpelé sur la question par la presse camerounaise, l'ambassadeur des Etats-Unis à Yaoundé, DadeStaples, a éludé le sujet. Le diplomate américain secontentant simplement d'expliquer que : «les membres de la coalition venaient des quatre coins du monde (...)»167(*) et qu'en« Afrique, les Etats-Unis comptaient bon nombres de pays qui, le soutenaient »168(*) . S'agissant du Cameroun particulièrement,le diplomate américain a déclaré qu'« on ne pouvaitpas ignorer le rôle significatif et positif joué par ce pays au sein du Conseil de Sécurité »169(*).

Nonobstant, le calendrier d'une visite préétablie, selon un communiqué du Directeur du cabinet civil à la présidence de la république, Edgard Alain MebeNgo'o, on remarque cependant que, tout se passe comme si le président Paul Biya était contraint de respecter le calendrier d'un voyage qui aurait pu être reporté en raison, justement d'un contexte international peu favorable pour ne pas prêter le flanc à la suspicion àun éventuel rapprochement des positions entreYaoundé et Washington sur cette question.

En effet, après avoirpourtant claironné son opposition contre la guerreen Irak,on remarque que, le Chef de l'Etat camerounais a offert sciemment ou non, à son homologue américain, Georges Walker Bush, une occasion inespérée, prenant les contours d'un soutien implicite du Cameroun dans sa thèse d'une guerre préventive contre l'Irak. Pour le président américain et son administration isolés sur ce dossier, et en quête de ralliement internationaux, le soutien de la diplomatie camerounaise fut-il symbolique,venait à point nommé.Toutefois, il faut admettre que la visite du président Paul Biya aux Etats-Unismarquait la toute première rencontre bilatérale dans le cadre des échanges entre les deux pays avec le président, Georges Walker Bush.

A cette occasion, le Chef de l'Etat camerounais qui a eu non seulement, des entretiens à la MaisonBlancheavec son homologue américainle président Georges W. Bush, à rencontrer aussi le Secrétaire d'Etat, Colin Powell et reçu en audience, l'ambassadeur Robert Zoellick, représentant des Etats-Unis pour les négociations commerciales. Ces différentes rencontres ont donné l'occasion de relever une convergence de vues sur les principaux sujets abordésnotamment l'Irak, et la lutte contre le terrorisme, etc.En retour, le Cameroun a été félicité pour sa gestion du dossier de Bakassi et la position américaine en faveur de l'application de l'arrêt de la Cour Internationale de Justice du 10 octobre 2002 a été réaffirmée170(*).

Ces nouvelles orientations des relations américano-camerounaises ont été confirmées lors de la présidentielle du 11 octobre 2004. Invité par le gouvernement, un groupe d'observateurs électoraux américains réunis autour de l'Association d'anciens membres du Congrès a supervisé le scrutin sur le terrain. Les observateurs américains ont pu ainsi apprécier le déroulement des opérations électorales. Toutes choses qui ont contribué à améliorer l'image du Cameroun auprès des Etats-Unis, et avec lequel Washington peut désormais compter en Afrique subsaharienne en général et, dans le Golfe de Guinée en particulier en matière de lutte contre le terrorisme international. Ce qui explique les visites répétitives de hauts responsables politiques et militaires américains en 2004 au Cameroun.

En 2005, Yaoundé et Washington ont continué de s'honorer de visites de personnalités de haut rang. Côté Américain, l'on retient notamment la visite en mai d'une importante délégation de 11 membres conduite par Cindy L. Courville, Conseiller spécial du président Georges Walker Bush et Directeur des Affaires africaines au Conseil National de Sécurité ; celle du Sénateur de l'Etat d'Oklahoma, James Inhofe, en octobre ; et celle du Secrétaire d'Etat adjoint chargé des Affaires africaines, Donald Yamamoto, au cours du même mois. Au menu des discussions entre les hôtes américains et les émissaires camerounais, deux préoccupations essentielles : d'une part, l'enjeu sécuritaire et la portée géostratégique du Golfe de Guinée et de l'autre, l'évaluation du processus de mise en oeuvre de l'arrêt de la CIJ pour laquelle Yaoundé souhaite que Washington pèse de tout son poids pour amener le voisin nigérian à quitter la péninsule de Bakassi.

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Coté camerounais, le Premier Ministre, Chef du gouvernement Inoni Ephraïm, a effectué une visite officielle du 13 au 21 juillet 2005 à Washington à la tête d'une forte délégation d'hommes d'affaires avec pour groupe cible les investisseurs américains. C'est donc dire l'importance de la coopération entre le Cameroun et les Etats-Unis qui enregistrent une nouvelle dynamique avec la visite en février 2006de Jendayi Frazer, Secrétaire d'Etat adjoint chargé des Affaires africaines, qui se situa dans le cadre de l'inauguration du nouveau site abritant les immeubles sièges du consulat et de l'ambassade américaine à Yaoundé. Pour l'occasion, les autorités municipales de la ville de Yaoundé ont décidé de baptisé la rue qui dessert lesite de la nouvelle ambassade américaine au quartier Ntoungou à Yaoundé,en lui donnant le nom d'« Avenue Rosa Parks ». Néanmoins, il faut relever que cette dénomination avait été suggérée aux autorités camerounaises par l'ambassadeur des Etats-Unis, Niels Marquardt.

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Rosa Parks fut une militante emblématique de la lutte contre la ségrégation raciale aux Etats-Unis. Mère du Mouvement des droits civiques dans son pays, elle est décédée en 2005.Elle refusa le 1er décembre 1955 de céder sa place à un blanc dans un bus à Montgomery dans l'Etat de l'Alabama. Arrêtée par la police, elle se vit infliger une amende de 10 dollars, plus 4 dollars de frais de justice. Elle fit appel de ce jugement. Un jeune pasteur noir, inconnu à l'époque, Martin Luther King lança alors une campagne de protestation et de boycott contre la compagnie de transport qui dura 381 jours.Le 13 novembre 1956, la Cour Suprême des Etats-Unis abrogea les lois ségrégationnistes dans les bus, les déclarants anticonstitutionnels.A côté de ce regain de la coopération politico-diplomatique entre les deux pays, la coopération politico-économiquen'est pas en reste.

2- La coopérationdiplomatico-économique

Si, elles sont anciennes, les relations économiques entre Yaoundé et Washington sont longtemps restées modestes. Lesinvestissementsaméricains quelques peu insignifiants dans les années 1960 ont pris leur essortardivement. C'est au cours de la décennie 1970 que ces investissements ont commencés à se déployersurtout dans les domaines bancaires et dans l'explorationpétrolière. Toutefois,les autorités camerounaises ont ardemmentplaidé pour un intérêt plus important des firmes américaines pour le secteur privé de leur pays. La consécration juridique de cette quête est la signature àWashington, le 26 février 1986171(*)d'un traité bilatéral concernant l'encouragement et la protectionréciproque des investissements.

La main tendue de Yaoundé àWashingtondevientplus significatif,à partirde 1997, quand les deux paysdécident de tournerla page sombre de leur relation née, des crispationsde l'élection présidentielle de 1992. Cette embelliedes relationsentre les deux pays futconfirmée en juillet 1998 avec la visite à Yaoundé du Ministre américaindes transports, RodneySlater.Lereprésentant américain futmême reçu en audience par le présidentPaul Biya. Au mois de novembre de cettemêmeannée, uneimportantedélégationdes Maires et d'hommes d'affaires américains, conduite par le Maire de Washington DC,MarionBarryouvredéfinitivementla voie à de nouvelles perspectives diplomatico-économiques entre les deux pays.

Ainsi, en 1999,les relations entre Yaoundé et Washingtonprennent leur envol définitif. Car, la volonté des deux pays de resserrer leurs liens politiques et économiques ne tardepas à se concrétiseràtravers divers actes. Si au plan politique, lesvoyages duprésidentPaul BiyaauxEtats-Unis en 2002 et 2003 à l'invitationdu présidentGeorges W.Bush constituent l'apothéose diplomatique,il n'en demeure pas moins des retombéeséconomiques de cesvisites pour le Cameroun.

En effet, au lendemain de la visite du Chef de l'Etat camerounais à Washington, les 20 et 21 mars 2003, outre la construction du pipeline Tchad-Cameroun, amorcéeen 2001, sous financement partiel des firmes américaines ( Exxon Mobil, Chevron), on relève que,c'est l'entrepriseGeovic Cameroun S.A,filiale de l'américaineGeovic Limited, basé dans l'Etat du Coloradode recevoir, en avril 2003 un permis d'exploitation du gouvernement camerounais pour les gisements de cobalt de Lomié dans la province de l'Est Cameroun. Entre temps, les deux parties avaientprocédéà la signature d'une convention en 2002.

Cependant, il faut noter que, la délivrancede ce permis d'exploitation àl'entrepriseGeovic Limited par les autorités camerounaises n'étaitque, laconséquenced'une politique de travaux de rechercheet d'exploitation entamésdepuis 1995 sur le site de Lomié par l'entreprise américaine.Le gisement de Lomiéesten fait, un grand gisement latéritique et superficiel decobalt, denickel et de manganèse qui, s'étend sur unmassif de roches ultra-basaltique d'une superficie d'environ 240km2. Une évaluationdu projet PNUD/MINMEE sur la base de 11 sondages tests et ce, sur 5% seulement du gisementadonné lieu à un potentiel de deux millions detonnes de cobalt-métal. Ce quicorrespondraità 50 % du potentiel de tout le gisement et représenterait la demande mondiale de cobaltpendant 7 ans172(*).La demande mondiale de cobaltétantestimée de 30.000 tonnes par an à cette époque. Tout ce qui précède,démontre que le gisement cobaltifère de Lomié est d'une importance mondiale. En plus, ce gisement de cobalt est d'exploitation facile,en ce sens qu'à ciel ouvert,et est en même temps un gisement de nickel et de manganèse.

Le Cameroun possèdel'une, des plus grosses réservesmondiales de cobalt. Elle est estimée à10 milliards de tonnes173(*). Geovic Cameroun S.A,selon les termes de l'accord devait donc commencer à exploiter dès 2005, un volume de 240 tonnes de minerai d'une teneur de 0,3% en cobalt et de 0,6% en nickel174(*). Les travaux de construction de traitements des usines de ce minerai devaientpour leur partcommencer en fin 2003.Cependant, force est de constater que, deux décennies plus tard les investissementsaméricainstant annoncés tardent encore à prendre corps.

Concomitamment, au registre des retombées économiques de cette visite, la diplomatie sociale ne fut pas en reste. En juin 2003, l'institution hospitalière John Hopkins envoya des représentants auprès du gouvernement camerounais. L'objectif de cette visite fut d'apporter un soutien matériel, financier et humain au gouvernement camerounais dans le cadre de la lutte contre le VIH/SIDA.Au sortir de cette rencontre, la délégation américaine a apprécié les efforts conjugués et soutenus du Cameroun en faveur de la lutte contre cette pandémie175(*).

Toujours en juin 2003, cette fois, coté camerounais,unedélégation d'officiels et d'hommes d'affaires du Cameroun, conduite par le Premier Ministre,PeterMafanyMusonge pris part au sommet Etats-Unis-AfriqueàWashington DC176(*). En effet, dans le cadre d'unsommetafro-américainsur les affaires organisé par, TheCoporateCouncil on Africa,il fut question pour la délégation camerounaise de faire connaitre les potentialités économiques du Cameroun aux investisseurs américains, de nouer ou renforcer des relations susceptibles de promouvoir le commerce et l'investissement.

En marge de ce sommet,la délégation camerounaise a eu àévaluer avec le partenaireaméricain le chemin parcouru par le Cameroun depuis l'admission, le 2 octobre 2000à l'AfricanGrowthOpportunitiesAct (AGOA). Cette loi qui marque le début d'une nouvelle ère dans les relations entre les Etats-Unis et les pays d'Afriquesubsaharienne a étépromulguée le 18 mai 2000 par le présidentBillClinton. Elle ouvre le vaste marchéaméricainàplusieurs produits venant de 34 pays africains éligibles dont le Cameroun. En gros,l'AGOA vise àpromouvoir le commerce et l'investissement entre les Etats-Unis et les pays d'Afrique au Sud du Sahara, enaccordant aux pays admissibles un accèsexceptionnel -en franchise de droit de douane et sans restriction quantitative - au marchéaméricain.

Mais il faut préciser que, l'AGOA n'offre pas que des opportunités. En d'autres termes,c'est aux pays africains de les saisir et de créer un environnementfavorableà l'essor du commerce et des investissements. Parmi les produits àexporter auxEtats-Unis dans le cadre de l'AGOA,le textile occupe une place de choix. Les pays africains bénéficiaires de l'AGOA avaientjusqu'en 2008177(*) pour tirer le maximum de profit de cette opportunité d'autant plus que le présidentGeorgesBush, en 2004 par le truchement de la loi de 2002 sur le commerce, promulguée le 6 août a non seulementconfirmé son soutien à l'AGOA mais aussi a décidé de l'améliorer. On parle alors de l'AGOA II.

En somme, le chemin parcouru par le Cameroun entre 2000 et 2004 dans cette initiative américaine, reste globalement en deçà des attentes, au vu des potentialitésqu'offrece pays. Toutefois,depuis son éligibilité à ce programme, les exportations camerounaises en direction des Etats-Unis ont accru.  En 2004, la valeur des exportations du Cameroun vers les Etats-Unis, qui se décomposent en produits tels que : bois, caoutchouc, cacao, pétrole et autres objet d'arts divers a atteint le montant de « 318 millions de dollars contre 214, l'année d'avant »178(*) ».  Tandis que, les exportations des Etats-Unis vers le Cameroun, eux sont passéesde« 87 millions de dollars en 2000 à 123 millions en 2004 »179(*). Ceci principalement dû au fait de la vente au Cameroun des pièces d'aéronefs et d'avions, des produits pharmaceutiques, des céréales et autres matériaux d'équipement.

Cette progression bien que croissante des échanges entre les deux pays, n'est pas de nature à masquer les écueils d'une certaine réalité. L'essentiel des exportations camerounaises en direction des Etats-Unis sont dominées par les matières premières agricoles et non agricoles, en occurrence les ressources pétrolières. En clair, le dispositif mis en place par Washington en 2000 profite davantage au secteur pétrolier. Car, instauré au moment, où les Etats-Unis amorçaient la diversification de leurs sources d'approvisionnement en hydrocarbure afin de réduire leur dépendance vis-à-vis du Moyen Orient, l'AGOA est à ce point de vue une réussite de la politique étrangère américaine, où transite annuellement près de 80% du brut africain en général, en direction des USA.

3- L'amélioration de l'image du Cameroun à l'international

Les Etats-Unis disposent d'un puissant levier d'informations à travers le monde. Ils notent généralement les Etats en fonction des critères que certains observateurs trouvent pour le moins subjectif. Du regard qu'ils portent sur un pays dépend son image sur la scène internationale. Cette diplomatie du « smart power »180(*)est un puissant instrument de propagande au service des Etats-Unis. Ils font usage d'un langage riche et généralement fluctuant pour exprimer leur inimitié à l'égard d'Etats peu aimables. Il n'est donc pas rare d'entendre ou de voir dans des medias des officiels américains utilisés, les termes ou expressions qui visent à avoir un regard péjoratif de certains Etats : « Axe du Mal » ; « Etat-voyous » ; « Pays de merde », etc.

Le Cameroun n'a certainement pas oublié le souvenir de la turbulence diplomatique entre 1992 et 1996 lorsque les Etats-Unis l'ont accusé de déficit démocratique. L'image de Yaoundé en est sortie ternie. D'où, la mise en oeuvre dans la même période d'une politique qu'on pourrait qualifiée de réouverture et dont le but avait été, sinon de préserver, du moins de soigner l'image du pays à l'international. Des exigences démocratiques somme, toutes curieuses lorsqu'on sait que Washington s'accommode parfaitement bien avec le régime d'ObiangNguemaMbasogo de Guinée Equatoriale, nonobstant sa démocratie minimale. Lepetit pays d'Afrique centrale, devenu troisième, producteur africain de pétrole181(*)au Sud du Sahara derrière le Nigeria et l'Angola a ainsi été rayé de la liste des quatorze pays africains mal lotis en matière de démocratie et de droit de l'homme en 2003, par le Département d'Etat. Bien plus, au contraire, la Guinée Equatoriale attire de plus en plus l'aide et les investisseurs américains.

Un scénario à peu près similaire est en train de se produire avec la Corée du Nord qui est en passe d'être retiré de la liste des pays de l'« Axe du Mal ». Ce revirement diplomatique semble trouver son origine dans les négociations entamées par le président Sud-coréen, Moon Jae-In182(*)pendant les jeux olympiques d'hiver de Pyeonchang (en février 2018) au sujet de l'abandon par ce pays de ses activités nucléaires à but militaire. Une rencontre de haut niveau entre le président américain Donald Trump183(*) et le leader Nord-coréen Kim-Jong-Un184(*) est même prévue à cet effet, en juin 2018 à Singapour. En fait, on constate que les exigences de démocratie, des droits de l'homme et de bonne gouvernance comme conditionnalités déterminant le principe de coopération des Etats-Unis avec certainspays du Tiers-monde semblent en passe d'être sacrifiés sur l'autel des marchandages diplomatique, économique et géostratégique, alors même que la Corée du Nord ne semble pas avoir amorcé un pas notable dans ces domaines.

Le Cameroun a donc parfaitement conscience des implications de la nature des relations qu'il peut entretenir avec les Etats-Unis. Pour avoir déjà connu une expérience autrefois, il sait pouvoir soigner son image sur le plan international, en entretenant d'excellentes relations avec la première puissance du monde. La célébration du 1er anniversaire des attentats terroristes du 11 septembre 2001, le 11 septembre 2002 par le président Georges Walker Bush, à New York, et auquel le président Paul Biya avait été convié est la preuve d'un soutien de la diplomatie camerounaise aux Etats-Unis dans sa lutte contre le terrorisme international185(*). Ainsi que, de son engagement bien que tacite, aux côtés de l'Administration Bush dans la crise irakienne de 2003.A propos decette crise précisément, en 2006,répondantà une interviewaccordée au quotidien gouvernementalCameroun Tribune, l'ambassadeur, NielsMarquardtareconnu le soutien que le gouvernement camerounais aapporté àson pays, en ces termes : « Le Cameroun a montré qu'il était un grand ami des Etats-Unis lors du déclenchement de la guerre en Irak, il y a trois ans lorsqu'il siégeait en qualité de membre non-permanent du Conseil de Sécurité des Nations Unies »186(*).

On regrettetoutefois que, face aux questions diplomatiques embarrassantes et confrontées à de subtils dilemmes, pouvant nuire à son image auprès des Etats-Unis, le Camerounà défaut, d'un subtil alignement préfère très souvent opter pour la politique de la chaise vide. C'est ce que ces représentants firenten 1989, lors des 77 ème et 88ème séances plénières de l'Assemblée générale de l'ONU187(*). En effet, il s'agissaitde se prononcer sur deux textes condamnant les Etats-Unis pour non-respect et violation du droit international.

La résolution 44/43188(*) votée à l'absence des délégués camerounais demandait que soit : « pleinement et immédiatement appliqué » par les Etats-Unis conformément à la Charte des Nations Unies, l'arrêt de la Cour Internationale de Justice sur l'« Affaire des activités militaires et paramilitaires au Nicaragua et contre celui-ci ». Quant à la résolution 44/40189(*), elle déplorait l'intervention des Etats-Unis au Panama, en violation du droit international et de l'indépendance, de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de cet Etat ; et exigeait la cessation immédiate de l'invasion du Panama par les Etats-Unis. Tout comme l'autre, dans les deux cas l'atteinte à la légalité internationale était indéniable. Cependant, le Cameroun fut partagé entre la tentation de condamner cette atteinte au droit international et les exigences perverses de sa diplomatie de développement.

La politique de ménagement des autorités camerounaises à l'égard de Washington vaut depuis peu au Cameroun un rayonnement de son image diplomatique au plan international. Comme l'atteste ici, Eileen Chamberlain Donahoe, le représentant des Etats-Unis auprès du Conseil de l'ONU pour les droits de l'homme qui parle des « progrès significatifs »190(*) réalisés par le Cameroun en matière de démocratie, reformes électorales, gouvernance et lutte contre la corruption. Ce satisfecit de Washington à l'endroit du Cameroun a permis également à l'ambassadeur Robert P. Jackson191(*) d'indiquer au cours d'une audience, à luiaccordée par le président Paul Biya, en avril 2012 que : « les Etats-Unis remerciaient le Cameroun pour leur collaboration au sein du système des Nations Unies et que le Cameroun devait s'attendre à un retour imminent de l'Agence américaine pour le développement (USAID) » sur son sol.

En effet, l'USAID est l'Agencedes Etats-Unis pour la coopérationinternationale en charge pour ledéveloppementéconomique et l'assistance humanitaire dans le monde. Elle aofficiellement cessé ses activités au Cameroun en 1995. Les raisons évoquéesàl'époque pour sa fermeture sont d'ordre budgétaire.Mais la réalité est tout autre. En effet, c'est davantage à cause de la détérioration de la situation des droits de l'homme, née à la suite de lacontroverse des résultats del'électionprésidentielle de 1992 qui sont àl'origine de cette fermeture192(*).Toutefois, le retour de l'USAIDa-t-il,souligné le diplomate américain est « un signal fort du fait qu'après dix-huit ans nous avons réalisés que nous nous étions trompés en fermant notre Agence au Cameroun.Nous voulons rectifier le tir en faisant revenir cette expertise »193(*).

Ces propos du diplomate américain sont-ilssincères ? Onne saurait le savoir. Maistoujours est-il que, depuisl'annonce de la fermeture de l'USAIDau Cameroun en 1993,on constate que les autorités américaines ne cessent de proclamer quand l'occasionleur est donnée, aux autorités camerounaises, le retour imminentde cette agence de coopération internationale. Plus de quinze ans,après l'envol des relations bilatérales entre les deux pays, il n'en esttoujours rien.

B- LE SOUTIEN DES ETATS-UNIS SUR LA SCENE INTERNATIONALE

L'approfondissement des relations entre le Cameroun et les Etats-Unisa permis au gouvernement camerounais de bénéficiersur le plan international d'un importantsoutienaméricainsur bon nombres de dossiers jugéscruciauxauxquels,le pays étaitconfronté.Il s'agit entre autres de : l'atteintedu point d'achèvement de l'initiative payspauvre trèsendettés (PPTE)etde la mise en oeuvre du verdict de la Cour Internationale de Justicedans l'« Affaire de Bakassi ». A côté de cesdossiers,s'y ajoutele maintien de la paix et la sécuritédans la sous-région.

1- Le coup de pouce providentiel des Etats-Unisauprès des institutions de Bretton Woods et en matière de désendettementbilatéral

Le 11 octobre 2000, le Cameroun a atteint le point de décision de l'IPPTE.Ce fut le début d'un long programme économique imposé par le FMI et la Banque Mondiale ; lequel programme a abouti en partie grâce, au soutien des Etats-Unis en 2006.

En effet,cinq ans après la validation du point de décision de l'IPPTE, le processus devant mener le Cameroun à l'atteinte du point d'achèvement a connu plusieurs péripéties. Notons d'abord que,c'est à la suite de la longue crise économique qu'a connu le Cameroun au milieu des années 1980 que, le gouvernement va signer et exécuter avec le FMI et la Banque Mondiale quatre accords de programmes d'ajustements structurels (PAS).

Cependant, des quatre accords, un seul a atteint son terme dans les conditions prévues. Il s'agit du PAS II. En effet, conclu en 1997,le PAS II est un accord triennal (1997-2000)qui s'inscrit dans le cadre visant à rétablir les politiques d'équilibres budgétaires (internes et externes), en vue d'une croissance durable et équitablement répartie. Mais également, il doit permettre d'assister le pays dans le cadre de l'atteinte du point de décision de l'IPPTE. Les résultats de ce plan économique et financierfut pour le moins flatteur.On note une embellie de l'activité économique avec des taux de croissance annuel,oscillant entre 5% (1997/1998) et 4% (1999/2000).

Le PAS IIIintervient à la suite du PAS II.Bien qu'il n'ait pas atteint les objectifs escomptés, il s'inscrit dans le cadre des politiques d'appui au programme de développement du gouvernement. Il met en oeuvre, le Document de stratégie pour la réduction de la pauvreté intérimaire (DSRP), adopté en 2000 et de celui, visant à permettre au Cameroun d'atteindre le point d'achèvement. En avril 2003, à la suite de ce Document, le gouvernement a adopté une version améliorée.

A son entame, le programme d'exécution du DSRP est appeléà s'achever au plus tard, le 30 octobre 2003mais, il n'y est pas parvenu. Le gouvernement, conscientde ce retardfixa une nouvelle échéance, fin 2004.Seulement, à cette nouvelleautre échéance, il n'y parvinttoujours pas. Ces atermoiements des autorités camerounaises ballotées entre désir de conservatisme et volonté de faire exécuter les réformes, conformément aux engagements pris dans le DSRP,ont poussé les Institutions de Bretton Woods à suspendre leCameroundu programme IPPTE pour inertie.

Parlant des reformes, il s'agissait de celles préconisées notamment par les PAS antérieurs, puis reprises par le DSRP. Au rang de ces réformes, on peut citer : le programme de privatisation des entreprises publiques, annoncé depuis 1996 par le président Paul Biya mais dont rien de concret n'y avaitencore été fait. Exceptionsfaites, de quelques entreprises publiques comme : la REGIFERCAM, l'OCB, HEVECAM, CHOCOCAM, etc.Par ailleurs, même les ressources additionnelles194(*), obtenues pourtant dans le cadre de l'atteinte du point de décision, en octobre 2000 ne furentpas consomméesde façon efficiente et à temps.

LePremier Ministre,PeterMafanyMusonge,lui-même dans sa lettred'intention adressée au Directeurgénéraldu FMI, MichelCamdessus admetce mea-culpa en ces termes:

Le gouvernement reconnait que la mise en oeuvre des premières séries de programmes et projets qui ont reçus l'avis favorable du comité consultatif et de suivi de la gestion des ressources PPTE a pris du retard (...) Notamment, l'exécution des dépenses d'investissements sont nettement en de ça des objectifs 195(*).

En somme, face à l'intransigeance des Institutions de Bretton Woods à l'endroit du Cameroun, pour fautes à mettre en oeuvre les réformes prévues dans le cadre du DSRP,le gouvernementengagea des tractationsavec certainsde ses partenaires bilatéraux à l'instar, des Etats-Unis,en vued'yretrouverà nouveau,la confiancedes bailleurs de fonds.En effet,dans un entretien accordé au Cameroon Tribune, le 20 février 2006,l'ambassadeur des Etats-Unis, NielsMarquardt,profitant de la venue àYaoundé du Secrétaired'Etat adjoint aux Affaires africaines, JendayiFrazer pour l'inauguration de l'immeublesiège de la nouvelle ambassadedes Etats-UnisàYaoundé, suite à l'audience à eux accordée, déclare : « le présidentPaulBiya aexpriméà la diplomate américainele désir de voir les Etats-Unis intervenir dans le dossier du Cameroun auprès desinstitutions de BrettonWoods afin, de l'aider à atteindre le point d'achèvement de l'IPPTE »196(*).

Il faut rappeler que lasollicitude des autorités camerounaisesdans ce dossierauprès de la premièrepuissance mondiale n'est pas nouvelle.En 2005,lors d'unpassage àYaoundéde Cindy L. Courville, Conseiller spécial du président Georges W. Bush et Directeur des Affaires africaines au Conseil national de sécurité,le président Paul Biya avait déjàprofité une fois de plus de cette venue du diplomate américainpour adresser les demandes camerounaises à Washington. L'un comme l'autre, les deux émissaires américains ont répondu favorablement aux demandes camerounaises. D'où cette intervention du Département d'Etat197(*) en avril 2006, au côté du président du groupe de la Banque Mondiale,Paul Wolfovits, à examiner favorablement le dossier du Cameroun, afin de lui permettre à franchir le point d'achèvement de l'initiative PPTE.

En effet, au cours des jours précédentla tenue des Conseils d'administration de la Banque Mondiale et du FMI, devant aboutir à l'éligibilitéou non, duCameroun, au point d'achèvement de l'initiative PPTE,le président Paul Biyamonta au créneau. Le Chef de l'Etat, sans doute « inquiet »d'éventuelles conséquences négatives en termes d'économie,d'un avis défavorable des Institutions de Bretton Wood au dossier du Camerounauraittéléphoné, le président Georges W. Bush, pour demander un soutien dela Maison Blanche. Ainsi que, les président français, jacques Chirac, les Chefs de Gouvernements britannique, Tony Blair et allemand, Angela Merkel. Ces derniers, l'auraient rassuré du soutien de leurs pays198(*).

Ce faisant, le jour de laplénière, le conseil d'administrationde la Banque mondiale procéda au vote.Le Cameroun obtint 70% des suffragesexprimés. Ce premier verroumenant au processus de l'IPPTE franchi, la voie du paysse tournavers le FMI dont, le conseil d'administration devait se réunir le jour suivant.Mais celui-ci, ne donna pas carte blancheau Cameroun comme, se fut le cas la veille. Car, certains membres d'administration de cette institution notamment, le Canadaet les PaysBas, reprochèrent au gouvernementcamerounais son manque de visibilitédans la lutte contre la corruption et le flou caractérisant leprocessusélectoral.

Toutefois, le Conseil procédaau vote.Les 2/3 des voies nécessairespour être admis au point d'achèvement ne furentpas obtenuspar leCameroun.Lepayséchouaà atteindrel'initiative PPTE.Le président Paul Biya199(*)qui, suivrait les pourparlers depuis la Suisse où il se trouvait en congé, aurait appelé, le Directeur général du FMI, Rodrigo Rato pour influencer la décision des membres du conseil d'administration.Au siège de l'institution cependant,à Washington, AlassaneDramaneOuattara,un des lobbyistes,mandatés par l'Etat du Cameroun auprès du FMI et l'ambassadeurMartin BelingaEboutou,chef dela délégation camerounaise à ces assises, eurent unentretien avec, Rodrigo Rato pour s'enquérir de ce qui coince dans le dossier du Cameroun. Voici ce que déclarece dernier :

Les Administrateurs du FMI veulent faire pression sur le Cameroun pour qu'il manifeste sa bonne foi en s'engageant de manière ferme à mener la lutte contre la corruption, à mener un processusélectoral plus transparent, àêtre clair sur sa gestion pétrolière et àréduire son équipe gouvernementale de 70% 200(*).

Au demeurant, l'issue des travaux révèle que le Camerounfutaprès d'âpres tractationsadmis à ce programme ce,malgrél'échec à obtenir les 2/3 de voix nécessaires. Loin des arcanes du pouvoirpolitique et diplomatique, nousnous sommes tenus aux allégations d'une certaine presse201(*) qui, aurait couvert l'évènement et quelques sources orales interrogées.Il ne figurenulle partà notre connaissance, une preuve écriteattestant le soutiend'une quelconquepuissanceextérieure au dossier du Cameroun dans ce programme.Toutefois, au regardd'uncertains nombres de données empiriques sur l'état de l'économie camerounaise au cours de cette période, l'on est fondé de croire que, « l'éligibilité du Cameroun au bénéfice de l'initiative PPTE (...), vu l'implication personnelle du président Paul Biya dans l'aboutissement du dossier est hautement politique »202(*).

Cette admission au forcepset qui procède d'un coupde pouce des partenaires traditionnels du Cameroun, en particulier des Etats-Unis,soulèvedes interrogations notamment, sur le caractère démocratique des institutionsinternationales en générale et de BrettonWood en particulier, d'une part et d'autre part,si cette élection du Camerouna ce programme ne seraitpas un « cadeau empoisonné » ?Bref, l'atteinte du point d'achèvement de l'IPPTE par le Cameroun est semble-t-ilplus, une faveur accordée à un pays qui ne le méritaitpas, mieux qui devait y parvenir plus tard,au regard des griefs faits par les administrateurs du FMI. Par ailleurs, la pléthore de conditionnalités accompagnant cette décision n'allège que « 1.3 millions d'euros sur les 6 millions »203(*) dont le pays est redevable à la communauté internationale des bailleurs de fonds dans le cadre multilatéral.

La quête de l'intérêt national des Etats-Unis ces dernières années sembleaussi passer par la diminution du niveau de pauvreté dans certaines régions du monde. Cette initiative qui trouve son origine dans le rapport de l'AfricanOil Policy Initiative Group (AOPIG), en 2002 propose au gouvernement américain, « un engagement prudent et contrôlé des Etats-Unis en faveur d'une annulation de la dette ». Dans ce sillage, le Cameroun peut compter sur la bienveillance américaine.

En2002, lepays a bénéficié d'un important accord d'annulation et de rééchelonnement de sa dette bilatérale. Ainsi, l'accord signé entre l'ambassadeur des Etats-Unis Georges M. Staples et le Ministre camerounais de l'Economie et des Finances (MINEFI), Michel Meva'aMeboutou a permis au Cameroun de bénéficier d'une annulation de sa dette pour un montant de « 17.6 milliards de F.CFA » et de « 159 millions»204(*), représentants le montant des frais de rééchelonnement de la dette bilatérale du Cameroun vis à vis de ce pays pour une période de « 23 ans »205(*).

Bien que, répondant aux engagements pris par le Cameroun, lors de la session du Club de Paris en janvier 2001, de conclure des accords de consolidation de désendettement avec les pays partenaires, cet acte découlait d'abord d'un signal fort des autorités américaines à rectifier le tir et d'intensifier leur coopération avec le Cameroun. Georges M. Staples n'a pas hésité àrassurer l'opinion que son pays avait décidé d'annuler et de rééchelonner les dettes dues par le Cameroun, aux Etats-Unis, en ce sens que : « le gouvernement camerounais avait fait d'admirables progrès dans le sens de l'amélioration de sa gestion microéconomique »206(*). Le souhait des Etats-Unis, a-t-il relevé est que, l'argent épargné soit réinvesti dans des programmes de réduction de la pauvreté.

En somme, on remarque que, l'envol des relations bilatérales entre le Cameroun et les Etats-Unis permet ainsiindubitablement, de renforcer l'axe de coopération Yaoundé - Washington.Celienentre les deux pays fut encore bénéfique pour le Camerounsur l'« AffaireBakassi ».

2- Le verdict de La Haye et la stratégie américaine de résolution du conflit de Bakassi

La visite officielle, effectuée par le président Paul Biya aux Etats-Unis, les 20 et 21 mars 2003 s'inscrivait de la stratégie du gouvernement, àapprofondir les relations avec Washington.La diplomatie camerounaise qui tient également à la diversification des partenariats ne désespérait pas tout aussi d'un soutien des membres du Conseil de Sécurité dans l'application de l'arrêt de la Cour internationale de justice sur l'« Affaire de Bakassi ».

En effet, le 20février2006,lorsd'une audienceaccordépar le président Paul Biya au Secrétaire d'Etat adjoint, pourles Affaires africaines,Jendayi Frazer, Niels Marquardt,ambassadeur des Etats-Unis au Cameroun, et qui avait pris part à cetterencontre entre les deux personnalitésdéclara à la presse : 

Le présidenta demandénotre soutien pour l'application de l'arrêtde la CIJ. Nous lui avons dit très clairement - et telle a toujours été la position des Etats-Unis-que nous soutenons la décision de la CIJ et son processus de mise en application. Nous avons de très bonnes relations à la fois avec le Cameroun et le Nigeria. Nous aurions l'occasion de parler avec nos amis nigérians afin de leur rappeler notre position et leur poser des questions sur le retards pris dans la mise en application du verdict de la CIJ »207(*).

Le soutien des Etats-Unis au Cameroun dans cet épineuxdossier n'était pas nouveau. En septembre 2002 déjà, en marge des cérémonies de commémoration du 1er anniversaire des attentats terroristes du 11 septembre 2001,le Secrétaire d'Etat, Colin Powell qui avait eu unentretien avec le présidentPaul n'avait pas hésitéàconforter l'option prise par le Cameroun dans ce dossier pour résoudre ce différend208(*). Option, justement prise en faveur du respect du droit international.

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Ainsi, déboutéparl'arrêt du 10 octobre 2002 de la CIJ, il faudra attendre quatre ans pour voir le Nigeria accepter contre son gré, la rétrocession de la péninsule de Bakassi au Cameroun. Cette rétrocession a été rendue possible à travers la signature par les deux parties de l'accord de Greentree. En effet, sous la très haute implication de Kofi Annan et des quatre Etats témoins209(*) : les Etats-Unis (hôte du sommet), la France, la Grande Bretagne, et l'Allemagne, les Présidents Paul Biya du Cameroun et OlessegunObassandjo du Nigeriasignèrent, le 12 juin 2006 dans le Domaine de GreentreeEstates, Manhasset, Etat de New York, l'accord du même nom.

L'accord de Greentree, qui met définitivement un terme au différend frontalier entre le Cameroun et le Nigeria, est un texte comprenant huit articles (08), auxquels s'ajoutent deux annexes dont une carte qui donne des précisions géographiques sur la délimitation de la zone concernée. Dans son article premier, l'accord précise que le Cameroun et le Nigeria reconnaissent la frontière terrestre et maritime entre les deux pays, tel que délimité par la CIJ et s'engagent à poursuivre le processus de mise en oeuvre déjà entamé. L'article deuxième stipule que le Nigeria s'engage à retirer l'ensemble de ses forces armées stationnées sur la péninsule dans un délai de soixante (60) jours à compter de la date de signature de l'accord. Cependant, ce délai peut être prorogé par le Secrétaire général des Nations Unies pour une période n'excédant pas trente (30) jours.

Le 14 août 2008, conformément à ces dispositions, le Nigeria transféra au Cameroun, son autorité perdue depuis 1994 sur la presqu'île de Bakassi. Le professeur, Maurice Kamto, ministre délégué à la justice et, chef de la délégation camerounaise et ChiefBoyo Ojo ont apposé respectivement pour le Cameroun et le Nigeria, leur signature au bas du document y relatif, en présence des représentants des Etats témoins.

L'article 3 de l'accord de Greentree prescrit des obligations qui incombent à la partie camerounaise en ce qui concerne le traitement des populations nigérianes résidant à Bakassi. L'article 4 rappelle à toutes fin utiles qu'aucune disposition de l'accord ne peut être interpréter comme impliquant une renonciation du Cameroun à sa souveraineté sur une parcelle quelconque de son territoire. Cet article souligne par ailleurs que, l'accord ne peut être entendu comme une interprétation ou une modification de l'arrêt de la Cour Internationale de Justice du 10 octobre 2002 dont il n'est qu'une simple modalité d'application.

L'annexe 1 de l'accord de Greentree fixe les modalités du régime spécial transitoire devant prévaloir jusqu'au transfert définitif de l'autorité sur Bakassi. En son article 2A, cette annexe précise que le Cameroun autorisera le Nigeria à maintenir son administration civile et une force de police nécessaire au maintien de l'ordre dans la zone pendant une période non renouvelable de deux ans, à compter de la fin du retrait des forces nigérianes.

A l'issue de cette période, le Nigeria retirera son administration et sa force de police, et le Cameroun reprendra l'administration de la zone. L'article 3 de l'annexe prescrit au Nigeria, un certain nombre d'obligations pendant la période transitoire qui lui est imparti, notamment :

? d'empêcher tout transfert ou afflux massif de ses ressortissants dans la zone ;

? d'entreprendre dans la zone, aucune activité qui compliquerait ou entraverait le transfert d'autorité au Cameroun ;

? ne pas entreprendre ou poursuivre l'exploitation des ressources naturelles de la zone ni aucune activité portant à atteinte à l'environnement ;

? ne pas positionner aucune force dans la zone.

L'annexe 1 fixe également les obligations qui incombent au Cameroun par rapport aux populations nigérianes vivant dans la zone ainsi qu'aux autorités civiles et forces de police nigérianes. L'article 5 de l'annexe 1 précise qu'à la fin du régime spécial transitoire, le Cameroun exercera en toute plénitude ses droits de souveraineté sur la zone. L'accord de Greentree apparait ainsi comme une véritable révolution dans la résolution pacifique de différends internationaux.

En dehors de cet appui diplomatique des Etats-Unis, et des autres grandes puissances sur la question de Bakassi, la sécurité dans la sous-région reste un impératifdans la stratégie américaine au Cameroun.

Carte 2 : La péninsule deBakassi

Source : www.google.com/search?q=carte+de+bakassi+lesaccords+de+greentre, consulté, le 2 janvier 2018.

3- Le soutien des Etats-Unis en matière de sécurité sous régionale

Dans le cadre de la redéfinition de leurs misions stratégiques àtravers le monde, élaborées au lendemain des attentats du 11 septembre 2001, lesEtats-Unismènent des actions concertées au niveau sous régional avec l'armée camerounaise et les armées nationales des autres pays voisins pour le maintien de la paix et la sécurité dans le Golfe de Guinée.

Le Golfede Guinée, à en croire les spécialistes est uneregion qui concentre une série de facteurs porteurs d'insécurité. La montée de l'insécurité dans le Golfe de Guinée est due,entre autres à trois facteurs, expliquele professeur ElaMvomowullson de l'Institut des relations internationales du Cameroun (IRIC).

D'abord, par sa position au fond du bassingéopolitique de l'Atlantique centre-oriental. LeGolfe de Guinée est l'une des « portes d'entrée de l'Afrique » et est en passe dedevenirl'un des relais importants du trafic international dela drogue,de la piraterie maritime, et autres activités illicites en provenance de l'Asie Centrale-Moyen-Orient et de l'AmériqueLatine, et à destination de l'Occident (Europecentrale et Amérique du nord).

« Carrefour des civilisationsafricaines », le Golfe de Guinée est susceptible de devenirà l'exemplede ce qui se passeactuellement au nord du Nigeria, l'un des grands théâtres du prosélytismefondamentalo-islamiste,avec des risquesaccruesde terrorisme. Par ailleurs, bordé en ces marches septentrionaleet australe par des « zones grises » qui ont longtempsconstituées les conflictualitésentremêlées de l'Afrique de l'Ouest (Sierra Leone, Liberia, Cote d'Ivoire) et des Grands Lacs (République Démocratique du Congo, Rwanda, Burundi), le Golfe de Guinée semble en sursis précaire. Enfin, il faut naturellement relever les risques politiques de l'économiede rente dans la région.

Carte 3 : Domaine maritime et continentale des pays du golfe deGuinée

Source : http://www.afriqueindex..com/articles/carte-afrique.htm, consulte, le 2 janvier 2018.

Au Cameroun particulièrement,le pays est confronté àdes manifestationsdu brigandagede groupes politico-criminels.En 2007,vingtsoldats de l'armée camerounaise ont étéabattus dans la crique Issanguelé-Bakassi210(*). L'attaquequi avait étéd'abordattribuée au groupe d'auto-déterminationnigérian, du Mouvement pour l'émancipation du delta du Niger (MEND),a été ensuite revendiquée par le groupeautoproclamé,BakassiFreedomFichters(BFF) opposé à toute idée de rétrocession de Bakassi au Cameroun.

Selon des affirmations de ses membres,le groupe souhaitait lancer un avertissement au gouvernement camerounais,qui quelques jours auparavant avait arrêté certains de ses membres. En 2008, uneautreattaque d'envergure s'est produit près des côtesàLimbé (Sud-ouest du pays) lorsque des individus lourdement armés, et se déplaçantà bord de vedettes ont investi un pétrolierfrançais, contrepaiement d'une rançon.

Cette mêmeannéeégalementa été marquée par l'intensification de braquages de banques,et une spectaculaire attaque,l'année d'après contre la présidenceéquato-guinéenneàMalabo par des groupes criminels venus par mer,et qui auraient confondu, l'île de Malaboà l'embouchure du delta du Niger. Lebraquage de banque au Cameroun débute au mois de septembre2008 dans la ville côtière de Limbé. Conduite comme une véritableopérationcommando, il implique des dizaines d'assaillantséquipés d'armes de guerres. Cetteattaque fait une dizaine de morts.Le moisd'après, on enregistre une tentative de braquage de banquesàKribi. L'arrestation des assaillants de nationalités camerounaises permet de conclure que ces attaques ne sont pas que l'oeuvre des étrangers.En tout étatde cause, desexemples comme ceux-cisont légions et ne se comptabilisentplus.

Or, l'importance des intérêts des Etats-Unis dans la region est telle qu'ils ne s'accommodent pas d'instabilité et d'insécurité. Les enjeux sont tels que les experts ont pu dire qu'il s'agit d'une zone d'« intérêt vital » pour Washington. Il s'agit d' « intérêt essentiellement pétrolier »211(*), et les données sont connues.

Au Cameroun,il y a d'abord le pipeline Tchad-Cameroun dont la durée de vie de l'exploitation était théoriquement de 25 ou 30 ans, avant que les spécialistesn'envisagent une espérance de vie un peu plus longue, suiteà la découverte de nouveaux gisements de pétrole dans la region de Doba, au sud du Tchad.Mais les expertsévoquent aussi l'oléoducHigleig - Port-Soudan dans la perspective d'une liaisonstratégiqueTchad-Soudan. Il y aenfin aussi, cette présencedes compagnies pétrolièresaméricaines dans l'ensemble des pays producteurs de pétrole du Golfe de Guinée, du Nigeriaàl'Angola, enpassant par la GuinéeEquatoriale.

Enjeu décisif, lesEtats-Unis envisage de porter entre 25%et30% (voir plus) la proportion de leur approvisionnementen hydrocarbures d'ici à l'horizon 2025 contre 17% actuellement, réduisant la proportion de leur dépendance vis-à-vis des pays du Golfe persique,en proie à des instabilités permanentes. C'est ainsi qu'il faut comprendre la forte présence des officiels militaires américains au Cameroun ces dernièresannées et les velléités d'installation d'une base militaire permanente au Cameroun, qui permettrait à la CIA d'avoir un regard sur l'Afrique centrale212(*).

Même si pour l'instant, pour cette dernière préoccupation, Washington a échoué jusqu'ici, à convaincre les autorités camerounaises dans les négociationsdu bien-fondé de son projet. Toutefois,la demande reste persistante. Cela a été le cas en 2008, lors desvisitesàYaoundé, dupremier Comandant d'AFRICOM, le Général William E. Ward, et de celledu General, Carter F. Mam, au président Paul Biya213(*) en 2012.

On note que, la simulation dedifférentsexercices navales au large des eaux territoriales des pays de cet espace, comme leCameroun en 2006lorsque, le pays a accueilli au large de ses eaux territoriales, unexercicemilitaire multinational dénommé « Sawa 2006 »214(*) du programmeaméricain de formation pour les opérationsd'urgences en Afrique et de la mise sur pied de la Force africaine en attente (FAA),augure une fructueuse et longue coopération militaire entre les deux pays.

Le choix du Cameroun dans cet exercicerépondaitparticulièrementdu souci de la position centrale qu'occupe ce pays dans le Golfe de Guinée mais également aussi de sa vulnérabilitésécuritaire. Au cours des douze mois qui ont suivi l'exercice,le Cameroun a reçude la part des Etats-Unis une importante dotation enmatériel militaire,ce qui a permis de former non seulement les forces nationales mais aussi plusieurs bataillons des forces internationales de maintien de la paix, prêtà se déployer en tout lieu, en cas de nécessité.

Washington amis en place diverses initiatives de soutien aux pays de la region. C'est le cas notamment de :l'AfricanContingency Operations Training and Assistance (ACOTA), leCentre d'étude stratégique pour l'Afrique (CESA) et biensûr, l'initiative la plus ambitieuse, le Commandement US-Africa (AFRICOM). Ces initiatives portent sur des accords avec des pays clés de la region dont le Cameroun. Sur cettebase, l'US Navyeffectue des escalesrégulières dans les ports des pays de cet espace pour fournir un appui logistique et former les marines nationales. Au Cameroun, unexercice naval multinational de ce type, dénommé « ObangaméExpress » a eu lieu àDouala, en 2011.

En somme, legouvernement camerounais a conclu des accordsstratégiques avec legouvernementaméricain et dont,les forces armées utilisent d'ores et déjà lesinstallationsaéroportuaires camerounaises. En dehors,de l'assistanceapportéedans le cadre de la lutte contre l'insécurité dans le Golfe de Guinée, lesEtats-Unis forment aussi les soldats camerounais du Bataillon d'Intervention Rapide(BIR). Ce soutien américain est complétépar la traque des terroristes du groupe de l'Etat islamique en Afrique de l'Ouest, ex BokoHaram dans la regionde l'Extrême Nord. Eneffet, depuis 2015,les Etats-Unis y ont déployé une force militaire de 300 soldats et créé une station de drone permanente à Garoua, à la demande des autorités camerounaises.

Les missionsassignées aux soldats américainssont diverses. Elles consistent en la conduite des opérations de renseignement, desurveillanceet de reconnaissancedes frontières nationales en particulier, celles de la partie septentrionale du pays. Bien que, ne participant pas aux combats, les soldats américainss'activent au côté de l'armée camerounaise, en lui fournissant de précieuses informations collectées à l'aide des drones MQ-1, nonarmées qui offrent un soutien en IRS(intelligence renseignement surveillance) aux troupes de terre. Cettecoopération entre le Cameroun et les Etats-Unis est appeléeàperdurer.D'ailleurs, uncommuniqué du porte-parolede la Maison Blanche indique que : « cette force militaireest appeléeàrester au Cameroun jusqu'à ce que le soutienaméricain ne soit plus nécessaire »215(*).

* 162Anonyme, 53 ans, Diplomate, en service au MINREX, Yaoundé, 19 décembre 2017.

* 163Lors de cette élection, Paul Biya fut élu, président de la république avec un score de 39.9% de suffrages exprimés contre 35.9% pour son principal opposant, Ni John Fru Ndi. Cependant, au même moment, certaines sources notamment celles, de l'ambassade des Etats-Unis à Yaoundé accrédite, John Fru Ndi vainqueur de l'élection avec un score de 39% contre 36% pour Paul Biya. Suite donc à la publication de ces résultats controversés, et des violations massives des droits de l'homme qui en ont suivi, les Etats-Unis décidèrent de suspendre certains aspects de leur coopération avec le Cameroun. On peut noter, les fermetures : du centre culturel américain ; le service commercial de l'ambassade des Etats-Unis ; les banques telles que : Boston Bank, Cameroon Charted Bank, l'USAID, etc.

* 164Martin Dieudonné,Ebolo, « L'implication des puissances occidentales dans le processus de démocratisation en Afrique : analyse des actions américaines et française au Cameroun (1989-1997) », Africanpolitical science, vol.4, N°2,1999, p.52.

* 165Afin de combler le mandat, à lui confié par ces pairs, le président Biya effectua une mission à New York, du 22 au 28 octobre 1996. Outre, les importantes allocutions qu'il prononça devant l'Assemblée générale de l'ONU le 24 octobre et le Groupe africain, le président camerounais s'entretint également avec le représentant permanent des Etats-Unis à l'ONU, Madeleine Albright, opposé à la réélection de Boutros Boutros Ghali. Au terme de ces tractations et a l'issue du vote à l'Assemblée générale, le ghanéen Kofi Annan est élu Secrétaire général de l'ONU. « Nous avons ardemment oeuvrée pour qu'un second mandat soit accordé à l'Afrique », dira le président camerounais. « Notre objectif a été atteint. Nous nous réjouissons de ce que la communauté internationale nous ait renouvelé sa confiance ».Lire, Ebolo, Martin Dieudonné, « L'implication des puissances occidentales dans le processus de démocratisation en Afrique : analyse des actions américaine et française au Cameroun (1989-1997), Africanpolitical science, vol 4, N°2, p.52.

* 166Edmond, Kamguia.K, « L'énigmatique tête à tête Biya-Bush », in La Nouvelle Expression, N°1209,31 décembre,2003, p.9.

* 167Ibid.

* 168Ibid.

* 169Ibid., pp.9-10.

* 170Nicolas, Amayena, « Une nouvelle dynamique : l'excellence des relations entre Yaoundé et Washington se traduit par un échange de personnalité de haut rang », in Cameroon Tribune, N°...? jeudi, 16 février 2006, p.4.

* 171Narcisse, Mouelle Kombi, La politique étrangère du Cameroun, p.155.

* 172Armane Ndoma Bilé, « Le cobalt et le nickel de Lomié en question », in La nation, N°94, 15 avril, 2003, p.4.

* 173Marchés Nouveaux, N°13, novembre 2003, p.78.

* 174Marché Nouveaux, pp.78-81.

* 175Ibid.

* 176Cameroon Tribune, « Cameroun-Etats-Unis : le temps des affaires », N°7873/4162, 25 juin 2003, p.3.

* 177En 2008, le président Barack Obama l'a renouvelée jusqu'en 2012, avant d'en faire encore autant en 2016.

* 178E., Kengne Pokam, La France et les Etats-Unis au Cameroun : le processus démocratique en question, Paris, L'Harmattan, 2009, p.246.

* 179Ibid.

* 180Le concept de Smart Power a été officiellement utilisé pour la première fois par la Secrétaire d'Etat Hillary Clinton (2009-2013) qui affirmait que les Etats-Unis ne comptaient pas renoncer à leur puissance diplomatique et militaire mais voulait rompre avec le discours messianique et le recours systématique à la coercition militaire qui a caractérisé l'Administration Bush (2000-2008). Toutefois dans le domaine des relations internationales, le terme de Smart Power renvoie à la combinaison des stratégies de Soft Power et Hard Power. Il est défini par le « Center for strategies and international studies » comme une approche qui souligne la nécessité d'une armée forte mais aussi d'alliances, de partenariats et institutions à tous les niveaux pour étendre l'influence américaine et établir la légitimité du pouvoir des Etats-Unis.

* 181En 2002,la production de pétrole brut évaluée de la Guinée équatoriale, était de 350000 barils/jour ; celle du Nigeria de 2millions 148 000 barils/jour ; l'Angola de 731000barils/jour. Pour plus de détails lire, Christian D'Alayer, « Il était une fois le brut africain »,Jeune Afrique/L'intelligent, N°2189-2190, du 22 décembre 2002 au 4 janvier 2003,pp.171-176.

* 182Moon Jae-in, né le 24janvier 1953 à Geoje,est un avocat et homme d'Etat Sud-coréen,président de la république de Corée du sud depuis le 10mai 2017.

* 183Donald Trump, né le 14 juin 1946 à New York, est un homme d'affaires, animateur de television et homme d'Etat américain, président des Etats-Unis depuis le 20 janvier 2017.

* 184Kim Jong-un,né le 8 janvier 1984 à Pyongyang, est un homme d'Etat Nord-coréen, actuel dirigeant suprême de la Corée du nord (depuis 2010, il a succédé à son père, Kim Jong-il, décédé) ou il occupe les postes de président du parti du travail de Corée, de Commandant suprême de l'armée populaire et de président de la Commission des affaires de l'Etat.

* 185Cameroon Tribune, « September 11, 2001 : America remembers », N°76/79/3968, 11 septembre, 2002, P.1.

* 186Interview accordée au quotidien Cameroon Tribune, le 20 février 2006, p.6

* 187Narcisse, Mouelle Kombi, La politique étrangère du Cameroun, Paris, L'Harmattan, p.173

* 188Ibid., pp.173-174.

* 189Ibid.

* 190Cameroon Tribune, « Droits de l'homme au Cameroun : Washington apprécie », N°10038/6239, 21 février 2012, p.2.

* 191Cameroun Tribune, « Cameroun-Etats-Unis : l'USAID revient », N°10084/6285, 27 avril 2012, p.2

* 192La suspension de l'USAID au Cameroun par le gouvernement américain avait pour objectif inavoué d'amener le gouvernement camerounais à mettre l'accent sur les droits de l'homme. Propos confirmés par, John Shattuck, sous-secrétaire d'Etat en charge des droits de l'homme « Le fait que l'USAID se soit retiré du Cameroun a été pris en raison de problèmes extrêmement importants de non-respect des droits de l'homme(...) ». Lire, le magazine, Afrique - Etats-Unis, N°1493, décembre, 1993, p.4.

* 193Cameroon Tribune, « Cameroun - Etats-Unis : l'USAID revient », p.2.

* 194L'atteinte du point de décision en 2000 a permis au Cameroun de bénéficier de près 1400 milliards de F.CFA de financements extérieurs au titre de la coopération multilatérale. Et de près de 100 millions d'euros par an pendant dix ans au titre de l'APD, avec la France, s'il franchit le point d'achèvement.

* 195François, Bambou, « Quand le point d'achèvement s'éloigne : comment franchir le point d'achèvement sans bouger ? C'est le miracle que veut réaliser le gouvernement »,La nouvelle expression, N°1273, 9 juin, 2004.

* 196Niels Marquardt, ambassadeur des Etats-Unis en poste au Cameroun, propos recueilli auprès du journal Cameroon Tribune, du 20 février 2006, p.6.

* 197La urne de l'actu, « Atteinte du point d'achèvement de l'initiative PPTE : tractations difficiles à Washington », N° 25,9 mai, 2006, p.5.

* 198Ibid., p.6.

Nb : lire l'article en annexe.

* 199Ibid.

* 200Ibid.

* 201Lire, l'article de presse en question, en annexe.

* 202Jean François, Nguegan, « L'histoire de l'initiative PPTE », Economia, N°36, hors-série, 2007, p.312.

* 203Ibid.

* 204Rousseau joel, Fouté, « Dette du Cameroun : les Etats-Unis annulent 17.6 milliards de F.CFA »,Cameroon Tribune, N°7531/3820, 6 février 2002, p.5.

* 205Ibid.

* 206Ibid.

* 207Niels Marquardt, ambassadeur des Etats-Unis, interview réalisée par Cameroon Tribune, le 20 février 2006, p.6.

* 208Cameroon Tribune, « Affaire de Bakassi : l'appui des Etats-Unis à l'option de Yaoundé », N° 7683/3972, 17 septembre 2002.

* 209Ces quatre Etats témoins qui acceptent de parrainer l'accord de Greentree sont représentés par les personnalités suivantes : Günter Pleuger, représentant permanent de l'Allemagne auprès de l'ONU, Jackie Janders, ambassadeur, chef de la mission américaine auprès de l'ONU pour les Etats-Unis, Michel Duclos, adjoint au représentant permanent de Paris à l'ONU pour la France, et Karen Pierce, adjoint au représentant permanent de Londres à l'ONU, pour le Royaume-Uni de Grande Bretagne et d'Irlande du Nord.

* 210International Crisis Group, « Le golfe de Guinée : la nouvelle zone à haut risque », Rapport, N°195, 12 décembre 2012, p.16.

* 211Arthur, Nguiamba, « Les raisons de la visite de Paul Biya aux Etats-Unis », p.3.

* 212Ibid.

* 213Cameroon Tribune, « Cameroun-Etats-Unis : on parle sécurité », N°10065/6266, 29 mars 2012, p.1

* 214Le magazine des Forces de Défenses Camerounaise, « Honneur et Fidélité », N°...? décembre 2014, p.38.

* 215Siegfried, KamgaNkuissi, « Le déploiement militaire des Etats-Unis en Afrique dans un contexte d'édification de la sécurité collective régionale », mémoire de Master en relations internationales/option diplomatie, Yaoundé, IRIC, 2017, p.123.

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