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Approvisionnement de la ville de N'Djamena en bois-énergie. Ses influences sur le milieu naturel.

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par Man-na Djangrang
Université de Bangui - Maîtrise 2002
  

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D. Le commerce et le circuit de distribution du bois-énergie à N'Djaména

Le commerce du bois de chauffe et du charbon de bois relève du secteur informel de l'économie du marché. L'organisation du commerce et de ces filières présente de nombreuses analogies avec celles du commerce traditionnel, à la seule différence qu'elle intègre les besoins des populations urbaines. Ainsi, elle fait intervenir une multitude d'acteurs opérants soit pour leur propre compte, ou soit pour une coopérative installée en ville.

1. Les différents intervenants dans le commerce de bois-énergie

Il est difficile de déterminer avec exactitude les différents intervenants dans le commerce de bois-énergie. Toutefois, l'enquête de terrain nous a permis de distinguer les catégories socioprofessionnelles diverses qui s'intéressent à cette filière. On y rencontre des paysans, des ouvriers-charbonniers, des intermédiaires, des commerçants grossistes et des agents de l'administration, notamment ceux du domaine de la protection de l'environnement par personnes interposées. Ce dernier groupe s'y intéresse à cause du profit excessif que procure ce commerce, car ils bénéficient de leur situation pour ne pas payer les taxes y afférentes19(*).

L'exploitation des ressources forestières à des fins énergétiques fait vivre de nombreuses personnes. DJANGRANG (1991) estimait ce nombre à 9000 personnes par an dont 6000 au service de collecte du bois et de carbonisation. Il prévoit qu'en 2000, le nombre d'employés avoisinerait 15.000 personnes. Ce nombre semble être trop élevé, car si on y regarde de près, la filière bois-énergie est détenue par des groupes d'acteurs indépendants ou semi-indépendants opérant en chaîne. Il en découle ainsi des intermédiaires comme les commerçants transporteurs, les grossistes, les détaillants et les micro- détaillants.

En campagne on note trois groupes d'acteurs dans le commerce de charbon de bois et de bois de chauffe :

· Les producteurs indépendants qui se contentent d'alimenter une clientèle fixe sur la base de négociations préalables au prix unitaire du sac de charbon ;

· Les ouvriers-producteurs travaillant pour le compte des commerçants installés à N'Djaména et ayant pratiquement le monopole du commerce. Une partie de ceux-ci sont quelquefois loués par les agents de l'administration. Ils sont installés en pleine brousse où ils n'ont qu'une seule mission, couper et carboniser moyennant un salaire préalablement négocié ;

· Dans le dernier groupe, on retrouve les paysans isolés qui ne sont pas intégrés dans le circuit global du commerce et des centres des décisions de la carbonisation. Ils se contentent de produire et d'évacuer leur production sur la voie bitumée pour y être écoulée.

A N'Djaména, le circuit commercial du charbon de bois est très bien stratifié et organisé selon la figure 15 ci-après.

En ville, on note des dépôts éparpillés entretenus par des commerçants et même des fonctionnaires de l'Etat qui confient la gestion à leurs proches parents.

De la figure 15 on constate que l'approvisionnement se fait à partir des sites de carbonisation privés en campagne où le sac de 42 Kg coûte entre 1.000 FCFA à 1500 FCA. Quelquefois à l'entrée de la ville (Pont de Chagoua) des cargaisons entières de camion Peugeot Pick-up 404 ou Mini-bus (photo 3) sont négociés au prix de 2.000 à 2.500 FCFA par sac. Ces mêmes sacs sont vendus en ville entre 3.750 F à 4250, voire 5.000F.CFA selon les saisons.

Figure 15: Circuits de distribution de charbon de bois à N'Djaména, Source: Auteur, enquête, avril 2002

A partir des grossistes, s'est développé un autre réseau de commercialisation du charbon de bois : les revendeurs ambulants (photo 1). Ils sont des jeunes désoeuvrés (garçons) qui sillonnent la ville. Ces jeunes exercent indépendamment leur activité de commerçants grossistes. Ils sont soit en charrette mue par un cheval ou pousse-pousse (photo 1) contenant cinq à six sacs de charbon. Ils louent le « pousse-pousse » à 500 FCFA par jour et négocient le prix unitaire du sac de charbon avec les commerçants grossistes. Généralement, ils bénéficient d'un achat à crédit auprès des grossistes qui après revente, remboursent la totalité de la valeur du crédit d'achat.

Aussi, depuis quelques années, s'organisent et se développe parallèlement aux vendeurs ambulants, un commerce de micro-détaillant de charbon de bois. Les tenants de ce commerce sont des boutiquiers et certaines ménagères opérant devant leur maison.

Pour les premiers, il s'agit de diversifier leurs activités commerciales alors que les seconds (surtout les femmes) se contentent de cette activité pour améliorer le quotidien alimentaire familial.

Les tenants de commerce de micro-détail des produits ligneux, achètent des sacs de charbon aux grossistes ou détaillants ambulants. Ils procèdent au conditionnement par petits emballages noirs communément appelés « leda ». Un « leda » pesant à peine 500 grammes est vendu entre 50 à 100 FCA. Le conditionnement d'un sac de charbon permet d'obtenir environ 75 à 100 « leda ». Ce qui rapporte entre 3.750 à 5.000 FCFA. Ce commerce est tellement prospère que ces derniers n'hésitent plus à faire de conditionnement de charbon pour un prix de 100 à 200 FCFA voire 250 FCFA en saison des pluies.

L'enquête dans les quartiers de Chagoua et Dembé consignée dans le tableau 11 permet de confirmer que ce petit commerce procure aux micro-détaillants un revenu moyen de l'ordre de 950 à 1.850 FCFA/jour soit 28.500 à 55.500 F.CFA par mois. Ce qui dépasse de loin le niveau du salaire Minimum Inter-Garanti (SMIG), soit 20.000 F.CFA au Tchad.

Tableau 11: Bénéfice moyen tiré des ventes des produits ligneux dans les quartiers Chagoua et Dembé sur 45 enquêtés (détaillants)

 

Bénéfice moyen selon les types de combustibles

Lieux de vente

Nombre des enquêtés

Charbon

Bois de feu

Chagoua

33

946,6

1725

Dembé

12

957,14

1990

Total

45

951,65

1857,50

Source :Djangrang Man-na, Avril 2002

Dans la ville, les détaillants sont très nombreux : plus d'un millier. L'activité est fluctuante à cause de sa pratique facile. A côté des détaillants permanents, on compte de nombreuses revendeuses occasionnelles qui abandonnent l'activité au profit d'autres opportunités de gains plus élevés (vente de poissons par exemple) ou des contraintes familiales.

La distribution de bois de feu est généralement plus simple que le charbon de bois. Elle est assurée par des grossistes et des multiples détaillants.

Les grossistes constituent les professionnels permanents du secteur. Ils sont le plus souvent transporteurs. Le commerce de bois de feu qui intéressé très peu des commerçants, semble être paradoxalement beaucoup plus lucratif que le charbon de bois. Cela s'explique par la complexité des opérations de transformation et de reconditionnement des produits par des transporteurs-revendeurs. La deuxième raison viendrait du fait que les différences entre les grossistes et les semi-grossistes ou détaillants ne sont pas bien marquées. Le plus souvent, un seul commerçant multiplie les points de vente pour écouler le plus vite ses produits.

Le bois de feu est généralement transporté à N'Djaména par des camions porteurs d'une contenance d'environ 12 tonnes.

Les prix du bois de feu varient selon plusieurs facteurs : la saison, la nature du bois vendu et le mode de commercialisation. Par exemple, les prix augmentent de 12 à 22% durant la saison des pluies. Dans ces conditions, il est difficile d'avancer des « prix fixe » observés dans les quartiers. A Chagoua20(*) et à Dembé, le prix est de 50FCFA une assiette (tas de trois fagots fendus). D'après le tableau 12, l'évolution des prix d'une assiette du bois de feu de mai à décembre 2002 a été la suivante.

Tableau 12: Évolution des prix de bois à N'Djaména

Mois

Mai

Jui

Juil

Août

Sept

Oct

Nov

Déc

Prix FCFA

50

50

60

75

50

50

80

100

Source : Auteur, enquête : quartiers Chagoua et Dembé, 2002

En Avril 2002, nos enquêtes ont relevé une hausse substantielle des prix : 150 à 200 FCFA, le même tas de trois fagots fendus. On remarque en terme général que la hausse intervient en Août et Décembre, respectivement en période de fortes pluviosités et de fraîcheur. Dans cette incertitude de fluctuation et des fréquences d'approvisionnement, la vente de bois de feu rapporte théoriquement une somme de 78.650 F.CFA21(*) aux tenants. Le tableau 13 donne des indications sur la structure des prix de bois de feu et le tableau 14 sur le charbon de bois.

Tableau 13: Structure du prix du bois sur 45 enquêtés (12 tonnes)

Rubriques

Montant en CFA pour 12 tonnes.

%

Taxe forestière

1500

0,5

Coût d'achat en brousse

150.000

50,8

Coût de transport

65.900

22,2

Marge vente en gros

47.400

16,0

Prix de vente en gros

265.300

 

Frais de revente

18.500

6,2

Marge bénéficiaire au détail

12.750

4,3

Prix de vente au détail

296.550

100,00

Source : Djangrang Man-na, Avril 2002

Tableau 14: Structure du prix d'un sac de charbon de bois sur 45 enquêtés à N'Djaména

Rubriques

Montant pour 1 sac de 42 kg

%

Droit et taxes

100

2,9

Extraction et carbonisation

500

14,5

Transport

500

14,5

Manutention

100

2,9

Marges bénéficiaires en gros

1300

37,7

Prix de vente en gros

2500

-

Marge bénéficiaire au détail

950

27,5

Prix de vente au détail

3450

100,00

Source : Auteur, enquête, Avril 2002

Ces tableaux relèvent la faiblesse des taxes forestières (0,5% et 2,9%) pour la trésorerie de l'Etat malgré un chiffre d'affaire assez élevé, l'importance du coût de transport (22,2%) et des marges bénéficiaires à la vente en gros (16,0% 37,7%).

Les principaux clients sont les vendeuses de boissons locales, les vendeurs de grillade et les familles.

* 19 Les taxes d'abattage, taxe forestière (annexe III) ; et autres avantages (Ne pas payer les pourboires de 100 FCFA par sac par poste de contrôle forestier).

* 20 Chagoua est considéré comme le port à bois

* 21 Si l'opération est répétée (deux le mois), on estime à 157.300 F.CFA, le bénéfice mensuel. Ce montant correspond au total de la marge (vente en gros + frais de revente et de la masse vente au détail) : (12.750 + 18.500 + 47400 =78650 F.CFA

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus