Approvisionnement de la ville de N'Djamena en bois-énergie. Ses influences sur le milieu naturel.( Télécharger le fichier original )par Man-na Djangrang Université de Bangui - Maîtrise 2002 |
2. Les moyens de distribution du bois-énergie.La multiplicité des formes de conditionnement du bois de feu et de charbon de bois, la distance de la zone caractérisent une organisation différente de chacun des cas pour son acheminement en ville. Parmi ces moyens, on peut citer les camions, les pirogues, les ânes et en ce dernier temps les charrettes. La voie de communication la plus utilisée est la route où les comptages sont possibles. Mais, certains transports peuvent emprunter une multitude de chemins différents qu'il est impossible de contrôler. Un deuxième facteur important d'incertitude sur les résultats est les transports complémentaires. Il s'agit des transports de bois opérés de manière annexe. Par exemple, un camion chargé de mil peut transporter en plus de sa cargaison un ou quelques bottes de fagots. On peut ajouter à ces contraintes des transports, opérés discrètement (surtout de nuit) de façon à éviter les contrôles (Taxes forestières qui s'y rattachent). Il n'est pas aisé de spécifier les principaux utilisateurs des moyens de transport à cause des multiples fonctions que ces derniers peuvent adopter. Les camions avec remorque ou semi-remorque peu, employés en raison de leur contenance très élevée (12 tonnes), appartiennent aux revendeurs grossistes. Lors de l'enquête au poste de contrôle de Walia, aucun mode de ce transport n'a été effectué. Une des caractéristiques dominantes de ces véhicules est leur vétusté qui s'inscrit dans une logique économique (frais de transport le plus bas par rapport aux véhicules en bon état qui sont destinés au transport des marchandises coûteuses et aux hommes), vendre son produit en ville à un prix compétitif. Généralement, ces gros véhicules sont destinés au transport de bois de feu. Tel n'est pas le cas pour des camionnettes, type Peugeot 404 bâchés (Photo 2) utilisées spécialement pour le transport de charbon dont la charge utile moyenne est comprise entre 800 et 1250 kg, soit 19 à 3O sacs de 42 kg. Mais en règle générale, nous avons constaté qu'elle pouvait transporter jusqu'à 60 sacs soit le double de la charge utile. Les opérateurs transporteurs sont soit des Bornou, soit des Kotoko, ou encore les Zagoua (nouveaux venus dans le circuit commercial de charbon). Quelque fois, les détaillants louent aux coûts de 45.000 à 58.000 FCFA le transport des sacs de charbon achetés préalablement dans les villages situés à plus de 100 Km de N'Djaména. Dans les zones les plus proches (moins de 50 km), le transport soit à dos d'âne ou par des charrettes mues par le cheval. Les charrettes : Il s'agit des charrettes tractées soit par un âne ou cheval comme à Ouagadougou. Son emploi demeure exceptionnel et très limité à des distances très courtes (environ 50 Km). La charge transportée est estimée entre 650 à 850 kg. Leur utilisation reste le domaine des producteurs ruraux. En ville, ces producteurs deviennent des détaillants ambulants. Les ânes (Photos 4) portent deux ou trois bottes de fagots de bois ou encore 2 à 3 sacs de charbon de bois. Ces moyens de transport très réguliers dans les années soixante dix qui assuraient le trafic quotidien à partir des villages proches de N'Djaména (Linia, Am Djamena, Klessoum, Gaoui etc.) tendent à disparaître aujourd'hui en raison de la rareté de bois morts. La plupart de ce trafic est clandestin, car il emprunte des sentiers loin des axes routiers et demeure difficile à apprécier. De même que les utilisateurs de charrettes, les âniers sont généralement des producteurs paysans habitant les villages. On estime que la charge utile de bois portée à chaque voyage par âne est de 100 à 120 kg. Les piroguiers et les bateaux métalliques (baleinières) : Ce mode de transport revêt un caractère saisonnier. Il est limité à la courte période (septembre, octobre, novembre) où le fleuve Chari est navigable. Au cours de l'enquête, aucun transport de bois n'a été enregistré en raison de l'étiage très prononcé du chari. Le comptage que nous avons effectué en deux jours au poste de Walia donne les chiffres suivants selon les moyens de transport et les lieux de provenance au tableau suivant : Tableau 15: Comptage de bois-énergie au poste de contrôle forestier de Walia selon les moyens de transport en deux jours
Source : Auteur, enquête, Avril, 2002 Pendant deux jours d'enquêtes, nous avons comptabilisé 1989 sacs soit 83.538 kg et 700 kg de bois de chauffe, soit un total de 84.238 Kg. Cette enquête n'aurait montré qu'une infime partie des ressources ligneuses énergétiques qui entrent régulièrement dans la ville. Une vérité certes, mais qui cache la réalité. L'extrapolation du présent résultat (84.238 Kg) en 7 jours et rapporté aux 8 postes d'entrées en ville nous donnerait un total de 2.358.664 kg. Figure 16 : Planche I (Photos 1, 2, 3 et 4) Photo 1 : Un revendeur ambulant sillonnant la ville de « pousse-pousse chargé de sacs de charbon de bois. A l'arrière plan, d'autres ambulants s'apprêtent. Cliché de l'auteur, mai 2002 Photo 2: Un Mini bus à l'entrée de N'Djaména. Un nouveau mode de transport de charbon de bois et de bois de chauffe. La cargaison est négociée par une femme détaillante. Cliché de l'auteur, mai 2002 Photo 3 : Un ânier au poste de contrôle de Koundoul (21 km). Il est un paysan - producteur - transporteur - vendeur. Cliché de l'auteur, avril 2002 Photo 4 : Une camionnette type Peugeot 404 chargé de plus de 40 sacs de charbon en provenance de Mandelia. Le transport - grossiste suit un contrôle de routine en ville. Cliché de l'auteur, avril 2002 Les forêts servent en effet à satisfaire les besoins directs de la population rurale. Celle-ci s'approvisionne d'abord elle-même (auto-approvisionnement) en bois combustibles surtout, et dans une moindre mesure en bois de service (pêche). La croissance de la ville a engendré le développement du commerce du bois de feu, de charbon de bois et leur consommation qui s'est traduite par le déboisement de zones environnantes. Ainsi, il faut aller de plus en plus loin pour satisfaire la clientèle qui devient plus nombreuses. Les quantités totales prélevées sont loin d'être négligeables puisque nous estimons l'ensemble de la récolte à 155 667 m3 22(*) par an. Ce volume représente en terme de surfaces déboisées23(*) par an de 709 hectares de forêts claires ou 9 481 hectares de savanes boisées ou encore 22 238 hectares de savanes arbustives. Dans cet état de fait, il est urgent de modifier le comportement des citadins en matière de consommation d'énergie traditionnelle, des ruraux, dans leurs activités de production de bois et de charbon de bois, puis les pratiques culturales qui ne respectent pas les exigences écologiques déjà confrontées aux changements climatiques que nous étudierons au chapitre suivant. * 22 1 stère= 2,31 m3=350 Kg ; 2358664 Kg est égale à 155667 m3 * 23 1 m3 de bois correspond à 4,510 ha de forêts claires déboisées. 1 m3 de bois correspond à 6,0910 ha de savanes boisées déboisées. 1 m3 de bois correspond à 1,4210 ha de savanes arbustives déboisées. |
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