3. L'Évapotranspiration
potentielle (ETP)
L'ETP se définit comme la perte par évaporation
et transpiration d'un couvert végétal actif bien alimenté
en eau. Cette donnée pratiquement indépendante du type de plante,
est liée directement à l'énergie disponible et au climat
(RIOU et al., 1964). L'ETP constitue donc une étape
préalable du bilan de l'eau à l'échelle locale ou
régionale. Elle permet d'estimer les besoins en eau d'une plante. C'est
à RIOU (1975) que reviennent les premiers travaux pour la ville de
N'Djaména. Les résultats obtenus sont repris dans la
figure 10. Sur cette figure, on observe que l'ETP passe par
deux maxima, l'un en fin de saison chaude (Mars-Avril) et l'autre plus
réduit en Novembre. Pendant la saison des pluies, l'ETP diminue
nettement pour donner des valeurs presque comparables à la
pluviosité mensuelle. L'ETP moyenne annuelle de 1950 à 2000 est
de l'ordre de 2274 mm. Ce chiffre comparé à la
pluviométrie moyenne annuelle qui est de l'ordre de 568,4 mm fait
apparaître un énorme déficit annuel. En revanche, durant la
saison des pluies, il arrive que le total pluviométrique mensuel
dépasse la valeur mensuelle de l'ETP. C'est le cas par exemple des mois
d'août, de juillet et de septembre qui représentent le coeur de la
saison des pluies. A partir d'octobre, mois qui correspond grosso modo au
retrait du FIT vers le sud, le déficit hydrique (P-ETP) s'installe.
Sans entrer dans le bilan de l'eau, on remarque
néanmoins à la station de N'Djaména que, même
pendant la saison des pluies, l'excédent de pluies sur l'ETP ne
dépasse guère 100 mm.
Figure 10: Evapotranspiration potentielle moyenne
mensuelle de 1950-2000 d'après les données de D.R.M
4.
Bilan hydrique potentiel (P - ETP)
Les matières ligneuses, principales sources de revenus
pour beaucoup des ruraux et énergies domestiques pour la plupart des
urbains, dépendent exclusivement des ressources du climat, notamment de
la pluviométrie. Comme précédemment étudiée,
l'étude de la pluviométrie a révélé une
variabilité spatio-temporelle importante donc difficile à
interpréter pour la bonne production des matières ligneuses. De
ce fait, l'utilisation du bilan hydrique en fonction d'un certain nombre
d'hypothèses (réserve utile, comportement hydrique de plantes)
permet de calculer en sortie de modèle des indices de stress hydriques
(CHOISNEL, 1992). L'étude du bilan hydrique permet d'évaluer
l'impact des contraintes pluviométriques sur la production ligneuse non
seulement en tant que facteur limitant du rendement (production) mais aussi en
tant facteur contraignant pour la mise en oeuvre des techniques de reboisement
et d'aménagement des « massifs forestiers ».
Dans ce travail, nous étudierons le bilan climatique
(BHP). Il est établi à partir des données de ETP (demande
climatique) et de pluviométrie (offre) en appliquant la relation
suivante :
BHP = P - ETP
Ce bilan n'est qu'une approche élémentaire
à la connaissance de la demande en eau de l`atmosphère.
Toutefois, il permet de caractériser le cycle de l'eau dans
l'échange entre le sol et l'atmosphère et d'en déduire les
déficits hydriques. Il convient de rappeler que le déficit
hydrique est ici exprimé par rapport à l'ETP. Ce
bilan n'intègre pas les notions liées au sol. Les relations
suivantes permettent alors d'apprécier l'intensité des
déficits ou d'excédents hydriques à l'échelle
mensuelle.
Si P - ETP < 0, le bilan
est dit déficitaire ;
Si P - ETP > 0, le bilan est
excédentaire. Ici l'eau n'est plus une contrainte en terme de carence,
l'eau en abondance permet non seulement au ligneux de satisfaire leur besoin,
mais d'approvisionner la réserve utile du sol ;
Si P - ETP = 0, le bilan est nul donc
équilibré. Cette dernière relation peut être
considérée comme une situation intermédiaire entre deux
saisons (saison sèche ou saison des pluies) (NDJENDOLE, 2001). NDJENDLE
l'a utilisé dans le cadre de l'espace centrafricain, notamment le nord
qui s'apparente au sud du Tchad. C'est dans cette optique que nous appliquons
ladite méthode.
Toutefois, il peut y arriver que le bilan s'équilibre
au sein d'une même saison. Pour le bassin d'approvisionnement, le BHP
annuel est établi sur la saison humide au cours de laquelle la
végétation est soumise aux variations pluviométriques. A
cette échelle, l'évolution du BHP est globalement
déficitaire dans la station de N'Djaména. En effet la demande
climatique en vapeur d'eau est largement supérieure à l'offre.
L'offre mensuelle à la station de N'Djaména très variable
ne suffit pas à combler la forte demande climatique. Ce qui
témoigne l'aridité relative. Sur la figure 11,
on peut remarquer sur 5 mois humides (mai - juin - juillet - août -
septembre), seul le mois d'août dispose d'un excédent de 63,7 mm.
A partir de septembre, les déficits sont enregistrés et
augmentent graduellement pour stationner autour de 196 mm en novembre. Pendant
la saison sèche, les déficits sont naturellement très
élevés à cause de la forte insolation et des vents
apportés par l'harmattan. Cette forte évapotranspiration induit
certainement un stress aux plantes qui après avoir épuisé
la réserve utile du sol finissent par flétrir. Cela contribue
à la diminution notable de la production ligneuse, matière
première énergétique des urbains
Figure 11: Bilan hydrique potentiel moyen mensuel de
1950-2000 d'après les données de D.R.M
Le bilan
hydrique potentiel relève une situation très controverse de
l'apport pluviométrique pour la bonne production des
végétaux du bassin d'approvisionnement en bois énergie de
la ville de N'Djaména. Il n'est pas le seul indicateur climatique,
d'autres paramètres permettront de mettre en évidence les
difficultés ressenties par les végétaux.
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