2.2. Ses quelques citations et prédictions
(1) Marshall Mc LUHAN disait : « Pour être un bon
prophète, ne jamais prédire que ce qui est déjà
arrivé » ; cela n'empêche qu'en 1962, il avait prédit
l'Internet 15 ans avant qu'on en parle, et, en substance au moins, les
principes qui donneraient lieu à YouTube, Wikipédia, et à
toute l'économie des réseaux.
(2) Il a encore dit : « La technologie électrique
nouvelle, qui, étend sur toute la surface du globe un filet de
prolongements de nos sens et de nos nerfs, aura une portée immense sur
l'avenir du langage. La technologie électrique n'a pas besoin de mots,
comme l'ordinateur n'a besoin de nombres.
L'électricité ouvre la voie à une
extension du processus même de la conscience, à une échelle
mondiale et sans verbalisation aucune »11 .
Dans ses deux ouvrages majeurs La Galaxie Gutenberg
et Pour comprendre les médias, les analyses de Marshall Mc
LUHAN sur les technologies ont pour objet les effets culturels au sens large
(cognitifs, sociaux, artistiques,...) de ces dernières et ceci par
époque technique, de l'imprimerie à l'électronique. Ces
extensions de l'homme, comme il les nomme, sont selon lui en interaction avec
nos organes et notre système nerveux de telle sorte que l'humain
lui-même se modifie avec la technique, à laquelle ses sens
seraient asservis, de même que celle-ci influe sur les organisations
sociales.
Par exemple, l'oralité est propre à maintenir le
système tribal, ou encore la vitesse de l'électricité et
de la transmission de l'information fait de la planète un village
global, etc. ... Ainsi les technologies ou médias (car en Anglais
média signifie aussi moyen technique) génèrent des
milieux, propres à leur contexte.
Il nous intéresse ici de revisiter la pensée de
Mc Luhan à partir de cette problématique pour interroger les
pratiques artistiques actuelles, arts dont il a écrit :
(3) « A mesure que la prolifération de nos
technologies créait toute une série de nouveaux milieux, les
hommes se sont rendu compte que les arts sont des contre-milieux ou des
antidotes qui nous donnent les moyens de percevoir le milieu lui-même
».
(4) « Notre planète est un village global
où le centre est partout et la périphérie nulle part
».
Cela ne signifie pas que les frontières disparaissent,
mais qu'elles sont en quelque sorte intériorisées et
démultipliées, que leur signification n'est plus
11 ALEMBE YUAKALI V., Op.cit., p.6
essentiellement spatiale mais spatio-temporelle. Leur
multiplicité dessine des espaces qui ne se recouvrent pas et qui peuvent
même paraître contradictoires.
« Ça ne veut pas dire que les centres
disparaissent, pas plus que les frontières. On n'a jamais construit
autant de murs que depuis la chute du mur de Berlin »12.
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