CHAPITRE I : CADRE CONCEPTUEL ET THEORIQUE
SECTION I : CADRE CONCEPTUEL
Plusieurs concepts émaillent ce présent travail.
Cependant, les plus techniques seront les plus récurrents, à
savoir : les Réseaux Sociaux (que nous développons au
2ème Chapitre), Le Village global et Mc Luhan.
§ 1. LE VILLAGE GLOBAL
Ce concept « Village global »5 vient du
Célèbre Théoricien de la communication canadien Marshall
Mc LUHAN. Lui et son ami Quentin FIORE l'ont rendu célèbre. Il
s'agit, grâce aux Nouvelles Technologies de l'Information et de la
Communication, d'un concept qui détermine la possibilité
d'être directement connectée avec le reste de la planète,
renouant ainsi avec les idées de proximité et de
communauté jadis liées aux sociétés
villageoises.
Au-delà de tout, l'expression « village global
» signifierait que du plus petit point de l'espace (le lieu) au plus grand
(la Terre) il y aurait absence de niveaux intermédiaires ; plus encore,
que la notion même d'échelle perdrait sa pertinence,
transcendée par un espace local mondialisé ou la
contiguïté deviendrait la norme. Si cette deuxième
interprétation relève encore de l'utopie, force est de constater
les incertitudes et remises en cause qui pèsent sur des niveaux
maintenant jugés intermédiaires. Pris dans ce que certains
appellent un processus de « glocalisation »6,
l'échelon national verrait ainsi sa légitimité
contestée à la fois par le « local » et le «
global ». Et ce sont bien ces deux termes qu'il convient d'analyser quand
on parle de « village global », autant pour ce que chacun
5 Mc LUHAN M. et FIORE Q., Guerre et paix dans le village
planétaire, Paris, Robert Laffont-collections «
Libertés », 1970, p.4
6 SWYNGEDOUW E., « La transformations des
échelles spatiales de régulation : Vers une nouvelle articulation
» dans Géographie-Economie-Société, 2000, vol.
II, N°2, p. 211-244
7 Définition tirée dans Le Robert-Dictionnaire,
Historique de la langue française, Paris, 1998
représente que pour la signification nouvelle qu'ils
prennent, accolés l'un à l'autre.
a. Le « local » reconfiguré
Le lieu, « portion déterminée
d'espace »7, et le local, adjectif substantivé
du précédent. Avant de qualifier (vers 1789) un
bâtiment, « lieu servant à un usage
déterminé ». Selon le Robert, le local avait
donc le sens « hors d'usage ».
Ces prémices étymologiques laissent à
entrevoir, cependant, toute la richesse sémantique et symbolique qui
entoure ces deux mots et leurs dérivés. Le lieu correspond
à une fraction unique, nommée, localisable, de l'espace
terrestre. Séparé des autres lieux par des limites physiques
favorisant le lien entre espace de proximité (celui des relations
sociales quotidiennes des habitants) et la distance géographique.
L'élément essentiel de la mobilité, ici, reste la marche
ou même les moyens de transport.
On peut en ce moment dégager la corrélation
quasi parfaite entre l'espace du lieu (qui répond à la
question où ? et figure sur les cartes) et l'espace du local
(qui répond aux usages du lieu par ceux qui y vivent) : tous deux
font sens, pour les habitants, comme un seul et même espace auquel ils
attachent un sentiment mutuel d'appartenance.
La distinction entre l'espace du local et l'espace du lieu
prend tout son sens, dès lors qu'un individu voit sa «
localité » (entendue comme la substantivation du « local
», et non comme synonyme de « commune » éclatée en
plusieurs lieux non contigus, aux frontières peu ou mal définies.
L'accentuation des processus de mobilité dans nos sociétés
renforce cette individuation des rapports même si, de fait, la
révolution de la mobilité reste encore, pour la plus grande
partie de l'humanité, un rêve inaccessible. Elle a ses
héros, mobiles, polyglottes habitant
Paris, New York, Londres, Kinshasa ou, faisant du lointain
leur champ de proximité.
b. L'émergence du global
Le « global », un adjectif substantivé
tiré du nom « globe », il se distingue aujourd'hui, des mots
voisins comme « universel », « mondial », «
planétaire » : le sens initial de ce « qui est pris en bloc
», « considéré dans son ensemble ».
Les fusions-acquisitions, l'internationalisation de
l'actionnariat sont en train de mettre en compétition l'ensemble des
territoires et donc de s'affranchir des frontières (politiques) et des
barrières (commerciales). On dirait que le global transformerait la
terre en lieu.
La distance se dissoudrait dans la mobilité ;
l'interdépendance est en voie d'être complète. En ce sens,
tout fait social, au sein du global, deviendrait total. Cette vie en village
global va ignorer l'aspérité,
l'hétérogénéité, la frontière ; son
principe de fonctionnement repose plus sur l'intégration que sur
l'addition d'entités territoriales différentes.
c. La force des transgressions scalaires
Concept d'Eric SWYNGEDOUW, la « transgression scalaire
»8, renvoie à l'effacement progressif d'échelles
de régulation politique et économique au profit d'autres niveaux.
Exemple significatif et souvent développé, celui des institutions
internationales qui, à l'instar du Fond Monétaire International,
ont les moyens d'imposer à tous les Etats9 des politiques
standardisées. Un néologisme apparut à la fin des
années quatre-vingt, vraisemblablement au Japon, synthétise
ces
8 SWYNGEDOUW E., op.cit., p. 234
9 A l'exception notable des Etats-Unis. Ce pays est le
seul à détenir, de facto, un droit de veto au F.M.I ; il n'est
donc pas absurde, dans ce cadre précis, de lier globalisation et
américanisation...
processus : la « glocalisation ». Mot-valise peu
chantant à l'oreille, amalgame de « local » et « global
», il traduit pourtant bien les mouvements contemporains de glissement
scalaire. Significativement, le terme correspond, également, à
une stratégie économique qui consiste, pour une entreprise,
à proposer un même produit de base sur l'ensemble de la
planète, mais sous des aspects différents, adaptés aux
exigences des marchés locaux ; rares sont les produits, à l'image
de Coca-Cola, présentés à l'identique dans tous les
pays.
On pourrait ainsi, schématiquement, qualifier de «
glocal » tout lieu associant, à une forte intégration
mondiale en matière économique, politique et culturelle, une
capacité à contrôler, de manière unilatérale,
la totalité ou une partie des échanges auxquels ses habitants
participent, et ce, au détriment d'autres échelles de
régulation étatique ou régionale). L'endroit «
glocalisé » j'ajoute. Il est reconnu comme point nodal et
nécessaire du système-monde par ses habitants et par le reste du
monde, devenant la figure autoréférentielle d'une nouvelle
sacralité qui ne dit pas son nom.
§ 2. Mc LUHAN 2.1. Biographie
Marshall Mc LUHAN est un Philosophe, Sociologue, Professeur de
littérature anglaise et théoricien de la communication, de la
nationalité canadienne ; né en 1911 et meurt en
1980.10
Penseur du « village global » et inventeur de la
formule « le message c'est le médium », analyste des
médias, des technologies et des mutations culturelles et
anthropologiques qu'ils induisent, depuis l'imprimerie jusqu'à
l'électronique, Mc
10 CICCOLINI F., op.cit., p.5
Luhan à travers ses pensées, prophétise
sur l'ampleur des médias numériques actuels et l'emprise de la
globalisation informationnelle et culturelle.
Né à Edmonton (Alberta), le Canadien Mc Luhan
fait des études d'ingénieur puis de littérature moderne
à l'Université de Manitoba. Au début des années
1930, il se convertit au catholicisme. Professeur de littérature, il
s'intéresse aux problèmes du symbolisme et leur consacre une
thèse en 1943. Sa carrière universitaire, brillante et diverse
(il enseigne à Wisconsin University, puis à Assumption College,
Saint Louis, et finalement à Toronto, où, il a dirigé le
Center of Culture and Technology), se caractérise, jusqu'en 1962,
année de la parution de La Galaxie Gutenberg, par la
prédominance d'un thème de réflexion : Les
conséquences et les modes des processus de communication de la
pensée et des émotions par les médias. Dans Pour
comprendre les médias, ouvrage publié en 1964, Marshall Mc
LUHAN montrait l'influence qu'exercent sur l'individu la radio, la
télévision et l'ordinateur, qu'il considérait comme le
prolongement de ses organes physiques et de son système nerveux.
Macluhan est considéré comme l'un des fondateurs des
études contemporaines sur les médias.
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