3.3- L'influence de la maladie
sur les recours des enquêtés
La signification ou l'interprétation donnée
à la maladie diffère d'un environnement social à un autre,
d'un individu à l'autre. A cet effet, le choix d'une thérapie est
lié au contexte social dans lequel évolue l'individu. Et
pourtant, nos enquêtes montrent que les catégories de connaissance
locales sur les deux maladies ne correspondent pas toujours à celles de
la biomédecine. Les maladies sont décrites et nommées
à partir des paradigmes populaires, ce qui influence le choix de
l'orientation thérapeutique. Autrement dit, l'influence du paludisme et
de la fièvre jaune sur le recours thérapeutique passe
principalement par la perception de la nature et de l'étiologie de ces
pathologies, les attitudes des enquêtés vis-à-vis de la
médecine moderne et de sa gestion de ces maladies. En effet,
l'observation du tableau 10 donne un aperçu des itinéraires
thérapeutiques des enquêtés en fonction des deux
maladies.
Tableau 9 : Distribution des recours
thérapeutiques en fonction des maladies
Recours
Maladies
|
Moderne
|
Traditionnelle
|
Mixte
|
Auto
Traitement
|
Non
réponse
|
Total
|
Effectifs
|
0%
|
Paludisme
|
79,1%
|
12,8%
|
5,8%
|
2,3%
|
0%
|
86
|
100%
|
Fièvre jaune
|
54,7%
|
36,%
|
2 ,3%
|
0%
|
7%
|
86
|
100%
|
Source: données du
terrain, Mars -Avril 2012 à Diarrabakoko.
Au regard des données recueillies, on constate une
variation des fréquences des recours thérapeutiques en fonction
de la maladie. En effet les proportions sont de 79,1% pour la médecine
moderne, 12,8% pour la médecine traditionnelle, 5,8% pour le recours
mixte, et 2,3% pour l'automédication en cas de paludisme. Ces
fréquences passent ensuite en cas de fièvre jaune de 54,7% pour
le moderne à 36% pour le traditionnel, 2,3% pour le mixte et 7% pour la
proportion des non réponses. A ce niveau on signale qu'aucun
enquêté n'a fait cas de l'automédication. Le constat qui se
dégage est que le paludisme et la fièvre jaune ont une influence
sur les recours thérapeutiques des enquêtés. La logique de
la liaison entre ces maladies et ces différents recours s'explique par
la logique sociale qui tourne autour de ces pathologies et qui conditionne
l'adhésion à un traitement plutôt qu'à un autre. On
pourrait parler entre autres du consensus observé dans la description
médicale et profane des symptômes du paludisme, de la perception
naturelle et évolutive de cette affection par les profanes dont le stade
grabataire se rapporte à la fièvre jaune. En témoignent
deux informateurs :
Le paludisme est une maladie grave car toutes les autres
maladies proviennent de lui. Et il est présent à tout moment
surtout en début de saison pluvieuse et la période des mangues et
des karités (entretien avec S.H, le 13/04/2012,
Diarrabakôkô). « Moi-même je pars souvent me faire
consulter à l'hôpital. Seul le docteur sait ce qu'il y a dans le
sang. On peut commencer avec eux pour terminer avec la nôtre
(entretien avec S.D, le 09/04/2012, Diarrabakôkô)».
Au regard des résultats, l'idée selon laquelle
les représentations sociales de la maladie conditionnent les recours
thérapeutiques se vérifie. Mais il est possible que certaines
caractéristiques des services offertes influencent les recours
thérapeutiques des patients de Diarrabakôkô.
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