2.2.2- Présentation
du milieu humain
Diarrabakôkô est une entité Goin restreinte
rattachée à la commune de Banfora. Avec une population
estimée selon la Direction Régionale de l'Economie et de la
Développement (DRED) a 2105 habitants soit 999 hommes, 1106 femmes et
344 ménages (Recensement 2006) ; Le village de Diarrabakôkô
est bordé d'un côté par un barrage et le reste par la
brousse. Sa relation avec l'espace étatique est
matérialisée et manifestée par la présence d'un
CSPS (Centre de Santé et de Promotion Sociale) construit au tour des
années 1984, temps de la révolution ; d'une école primaire
et d'un établissement secondaire d'une classe de 6ème.
De plus, le village dispose d'une mosquée, d'une église
protestante, d'une gare ferroviaire qui de nos jours n'est pas fonctionnelle et
de dix forages dont deux sont en pannes. Par ailleurs, l'historicité de
cette entité et de son nom est relatif à sa situation
géographique derrière ce barrage et de cet espace autrefois
occupé par des lions comme le souligne le chef de terre :
« Le nom Diarraba, bon ! Avant il y avait beaucoup de
lions ici et ce sont nos ancêtres qui les ont chassés pour pouvoir
installer le village. C'est ici même Diarraba. Ou tu te trouves, la cour
royale. Le vrai nom en Goin c'est "Diarabanèlè" qui veut dire en
dioula "DiarrabaDougou" ; "nèlè" c 'est "Dougou". Si non
Diarrabakoko c'est un nom en dioula transformé en français. Si
non avant que le village ne s'installe, les jula disaient que "Diara bi ko
kofè" (les lions sont derrière le marigot). C 'est pourquoi les
français ont appelé "Diarabakôkô" (entretien
avec le chef de terre, le 15/04/2012, Diarrabakôkô) ».
En effet, ce témoignage met non seulement en exergue
l'historicité du village mais aussi le statut qu'occupe le Jula en tant
que langue véhiculaire. C'est une société
matrilinéaire dont le système politique est une combinaison d'une
organisation traditionnelle construite sur le lignage anciennement
installé. Ce qui fait que le pouvoir est dans la famille des Karama.
Aussi, l'espace sociale de Diarrabakôkô est mixée
ethniquement et comprend les Goins fortement représentés soit
74%, les Dafing 5,81%, peulh 4,65% et Senoufo 3,49%.
L'islam à travers 50% des enquêtés et
l'animisme 32,56% sont les deux religions dominantes au sein de la population
d'étude. La majorité de cette population est musulmane mais pour
la plupart non pratiquante. La religion semble être une affaire
individuelle. A l'intérieur d'une même famille, nous retrouvons
très souvent ces deux religions. Adama Karama, chef du village, chef de
terre et chez qui nous avons séjourné, a un frère
musulman, deux autres animistes et lui-même chrétien catholique.
De ce fait, l'islam, l'animisme voire le christianisme semblent avoir une
relation pacifique.
L'occupation relative au cadre physique de l'unité
familiale est constituée de deux types de bâtis que sont les cases
rondes couvertes de pailles et les maisons modernes en forme rectangulaire
couvertes de tôles sont construites en banco excepté les
bâtiments administratifs. Les concessions Goin dans leur ensemble
présentent une forme circulaire et portent des noms dont celui du chef
de village est "DiarrabaNtien". Du reste la principale activité
économique est l'agriculture de subsistance en témoigne les
84,88% des enquêtés.
Dans cette perspective, ces caractéristiques
socio-historiques, démographiques, économiques et
environnementales de cet espace social, déterminent l'expérience
locale du paludisme et de la fièvre jaune, les recours
thérapeutiques, en particulier les usages des plantes médicinales
pour leur traitement.
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