Quant nous avons défini l'accessibilité urbaine
comme la possibilité d'accéder aux services urbains (cf. chap1),
nous avons précisé que cela implique également les
infrastructures et aménagement permettant l'accès au milieu
urbain. En effet les infrastructures de transport sont les supports de la
mobilité. Elles ont un impact certain sur les déplacements en
ville. Voyons alors comment celles-ci influent sur la mobilité des
citadins sahéliens et l'intervention des autorités publiques en
ce qui concerne ces infrastructures.
Les infrastructures des transports constituent un des
domaines classiques d'intervention des pouvoirs publics dans les transports,
dans tout les pays du monde. Il en est de même dans les pays du sahel ou
les autorités publiques se chargent de la construction des routes
urbaines bien souvent avec l'aide des bailleurs de fond.
Les villes sahéliennes sont
caractérisées par un réseau routier peu dense. Moins de la
moitié des routes urbaines sont revêtues, ce qui réduit
l'accessibilité des autobus aux faubourgs éloignés et
quartiers périphériques densément peuplé.
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Dans une étude réalisée en 2008 par
l'AICD 25 sur les villes africaines dont les villes
sahéliennes sont incluses, il a été constaté que
dans toutes les villes étudiées:
· le réseau routier est inferieur à la norme
;
· La capacité est insuffisante ;
· Le revêtement est dégradé et
l'éclairage réduit au minimum ;
· Les routes sont dans un mauvais état : ce qui
limite la vitesse des véhicules, réduit considérablement
la productivité du parc d'autobus et alourdit le coût d'entretien
des véhicules. Cela favorise également l'utilisation des minibus,
taxis et motocyclettes qui possèdent une plus grande maniabilité
mais peu efficace en tant que moyen de transport public urbain.
L'étude montre aussi que La plupart des routes ont
été construites lorsque les villes n'avaient qu'un seul centre,
et avant la rapide croissance des formes personnalisées des transports
motorisés. Le réseau routier primaire part en étoile du
centre ville vers les zones environnantes et manque de liaisons orbitales ou
circulaires. La majorité des routes n'ont qu'une seule bande de
circulation dans chaque direction. Lorsqu'elles sont plus larges, une des voies
est souvent occupée par les piétons et les véhicules en
stationnement. Les carrefours sont peu espacés et mal conçus pour
changer de direction. La photo suivante illustre les problèmes de
circulation et de stationnement au sahel
Photo 2.1. Véhicules en stationnement et en circulation
à Niamey
Source : www.medianiger.info
Aussi, il a été constaté que peu
d'attention a été accordée à d'autres facteurs qui
facilitent l'opération des transports publics. C'est ainsi que l'on
remarque que les voies réservées aux autobus sont rares ou
carrément inexistantes. Les arrêts d'autobus, les abribus et
autres
25 AICD : African Infrastructure Country Diagnostic,
2008, fichier PDF téléchargeable sur
www.ppiaf.org/.../FINAL
AICD Brochure French.pdf
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aménagements destinés aux passagers sont rares
et en mauvais état. Les terminaux d'autobus sont
légèrement plus grands que les aires de stationnement
surencombrées, sans aménagements pour les passagers.
Enfin l'étude conclue que La plupart des villes
ignorent les besoins des piétons. Environ 65 % du réseau routier
manquent de trottoirs, les piétons et véhicules motorisés
doivent partager le même espace. Lorsqu'ils existent, les trottoirs sont
mal entretenus, comportant des caniveaux à ciel ouvert, et sont
grignotés par les propriétés qu'ils bordent. Il n'y a ni
passages pour piétons ni ponts, sauf dans les centres villes. À
cause de la mauvaise gestion de la circulation, les accidents sont
fréquents. Les piétons représentent deux tiers des
victimes d'accidents mortels.
Ces exemples ne concernent pas bien sûr toutes les
villes sahéliennes. Mais la plupart des villes étudiées
sont les principales villes voire capitales africaines. Donc si la situation
des infrastructures et des transports plus généralement, est
compliquée dans ces villes ; l'on peut se demander qu'en est- il des
autres villes moyennes ou secondaires sahéliennes ?