II- REVUE DE LA LITTERATURE
Les structures de recherche agronomique ont enregistré
des résultats scientifiques significatifs ces dernières
années par les mises au point de variétés à
très haut rendement.
Au niveau des productions vivrières, des
résultats très significatifs ont été obtenus par
l'ADRAO et le CNRA.
Ces centres de recherche ont fait passer la
précocité du riz de 160 à 110 jours et les rendements de
800 kg à 3 tonnes par hectare pour le riz pluvial, 2 à 8 tonnes
par hectare pour le riz irrigué. La Côte d'Ivoire a pu ainsi
atteindre en 1975-1976 son autosuffisance en riz. Les autres produits tels que
l'igname, le plantain, le manioc et le maïs ont également connu une
amélioration de leur rendement.
A partir de 1985, avec la politique de l'autosuffisance
alimentaire, les cultures vivrières ont gagné en
intérêt. En effet, elles sont passées du stade de cultures
destinées à l'autoconsommation à celui de cultures de
spéculation pouvant apporter des revenus monétaires au même
titre que les cultures d'exportation.
Plusieurs phénomènes expliquent ce changement,
mais nous en citerons trois majeurs :
-l'accroissement de la population urbaine ;
-les migrations des populations vers les villes ;
-la crise économique qui a accentué le
chômage.
2-1-Historique de l'agriculture urbaine dans le monde et dans
le District d'Abidjan
La pratique de l'agriculture urbaine et périurbaine est
ancienne. Certaines catégories de la population immigrée à
fort pouvoir d'achat ont introduit de nouveaux comportements alimentaires
(Moustier P., 1997). Des ceintures vertes destinées à fournir des
produits frais ont alors été créées pour
répondre à ces nouveaux besoins. Cette forme d'agriculture est
souvent moderne ; elle a été favorisée par des
investisseurs locaux (commerçants, fonctionnaires, hommes d'affaires,
etc.) (Centrès, 1995) et est particulièrement adaptée
à certains produits (légumes et produits maraîchers).
Depuis les années 1970, l'agriculture urbaine et
périurbaine fait en outre l'objet d'un nombre croissant d'interventions
de la part des organisations d'aide au développement. Ainsi, au cours de
cette décennie, l'agriculture urbaine a été
considérée sous l'angle de son apport à la
sécurité alimentaire des populations des pays moins
développés. Aussi, au cours des années 1980, le potentiel
de l'agriculture urbaine pour la création d'emplois a-t-elle davantage
retenu l'attention.
Le paradigme dominant au sein des agences de
développement était d'ailleurs celui de la création
d'activités génératrices de revenus (Labrecque, 1997)
cité par NGUEGANG A.P. 2008). Aujourd'hui, c'est à la lutte
contre la pauvreté, à l'amélioration du bien-être
des populations et de leurs conditions de vie que l'agriculture urbaine et
périurbaine doit, en plus, son essor.
Etant donné ses apports diversifiés,
l'agriculture urbaine est aujourd'hui considérée par un nombre
croissant d'individus, d'organisations de la société civile et de
gouvernements comme une solution viable et durable pour contrer
l'insécurité alimentaire, le chômage, le sous-emploi et la
dégradation de l'environnement dans les villes des pays moins
développés (PNUD, 1996 cité par NGUEGANG, 2008).
L'agriculture urbaine et périurbaine n'est toutefois
pas circonscrite aux seules régions du Sud. Les habitants des pays du
Nord s'y adonnent aussi. Pour ceux ou celles qui cultivent un lopin à la
maison ou dans un jardin communautaire, il ne s'agit pas selon Henning (1997)
cité par Nguegang (2008), d'assurer leur survie et celle de leur
famille, mais plutôt de satisfaire les besoins que l'agriculture
industrialisée ne peut combler.
Chez d'autres, produire des aliments sains et sans intrants
chimiques ou réutiliser les intrants organiques compostés,
contribuant ainsi à la récupération de l'énergie et
à la protection de l'environnement, prendrait une importance
particulière (Nguegang et al, 2005).
L'autoproduction des denrées comestibles peut
également contribuer à abaisser les dépenses alimentaires
des ménages. Au Québec par exemple, c'est ce que font valoir
depuis quelques années certaines organisations impliquées dans la
lutte contre l'insécurité alimentaire (Gauvin, 1997 cité
par Nguegang, 2008). Elles estiment que le jardinage collectif
représente une alternative à l'aide alimentaire pour les
personnes en difficulté.
Certains chercheurs comme Henning (1997), Rees (1997) et Smit
(1994) cités par Nguegang (2008) affirment que l'agriculture urbaine et
périurbaine constitue une activité qui favorise
l'émergence de nouvelles solidarités socio-économiques et
une participation civique accrue, surtout lorsqu'elle est pratiquée dans
un cadre collectif.
Pour Ratta (1993) comme pour Cérézuelle (1996)
cités par Nguegang (2008), l'agriculture urbaine réalisée
au sein de collectifs de production peut être un moyen de faciliter
l'incorporation de groupes marginalisés à une activité
économique et à une vie sociale et démocratique plus
actives.
D'un autre côté, l'agriculture a pendant
longtemps été inséparable de la ville car toute
concentration démographique implique d'en assurer l'approvisionnement.
Celui-ci reste tributaire des environs immédiats tant qu'il n'existe pas
un système de transport associé à un système de
conservation des produits alimentaires (Fleury et Moustier, 1999). Pour
Donadieu et Fleury (1997) l'agriculture urbaine et périurbaine est
encore souvent considérée comme nécessairement
tournée vers l'approvisionnement en produits frais.
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