2-7-L'impact des activités de production et de
commercialisation sur l'espace
Nul ne peut nier aujourd'hui que ces activités ont une
influence sur la structuration de l'espace.
2-7-1- L'impact de la production sur l'espace
Il suffit à tout observateur de se rendre dans les
quartiers périphériques comme Abobo, Yopougon ou dans les
bas-fonds qui séparent Cocody et la Riviera pour se rendre compte que la
production vivrière fait partie de l'espace urbain. Tous les petits
espaces sont occupés par des cultures et cela donne l'image d'une
concurrence entre ces cultures et l'urbanisation.
Pour Chaléard J.L (1996), l'émergence d'un
vivrier marchand provoque une double mutation de l'espace géographique
ivoirien.
A l'échelle régionale, il existe autour de
chaque agglomération, une zone profondément transformée
par l'influence urbaine, au point que les cultures vivrières y exercent
une souveraineté parfois sans partage sur la vie agricole :
limitée à quelques kilomètres autour des villes moyennes,
celle-ci prend de l'ampleur dans le cas des plus grosses agglomérations
comme Bouaké et surtout Abidjan.
A l'échelle nationale, les cultures vivrières
marchandes permettent un rééquilibrage du territoire, apportant
au nord un palliatif, au moins partiel à son retard économique,
et le rend plus solidaire des régions forestières.
CHALEARD J.L (2002) montre que l'emprise spatiale des cultures
vivrières dans le tissu urbain était un phénomène
urbain structurel (et non lié à l'urbanisation). Pour lui,
Abidjan n'en a pas beaucoup : on les rencontre surtout dans les
no man's land entre les quartiers ou dans les
bas-fonds. Cela occupe 3 à 4% de la population active
d'Abidjan. Cet état de fait répond à une diversification
horizontale (des produits cultivés) et verticale (c'est-à-dire
sociale, aussi bien pour les plus pauvres qui cherchent à subvenir
à leurs besoins, que pour les fonctionnaires qui cherchent à
diversifier leurs revenus).
Souvent semblable à des cultures de case, la production
de vivriers donne à la zone d'étude, une vue pittoresque faite de
successions de lots et de champs.
Selon HAUHOUOT A. (1974), les céréales occupent
5% des superficies de la ville d'Abidjan.
Les cultures maraîchères occupent plus
généralement les bas-fonds et autres espaces marécageux
où l'accès à l'eau est facile.
Cependant, l'avancée de la ville se fait au
détriment des espaces agricoles, repoussant ainsi les limites de ceux-ci
au delà des espaces naturels à la périphérie.
2-7-2- L'impact de la commercialisation sur l'espace
Les espaces de production vivrière se situaient pour
l'essentiel à la périphérie de la ville. Aujourd'hui,
compte tenu de la rareté des terres due à l'extension de la
ville, ces espaces s'éloignent de plus en plus. Les marchés
censés accueillir les produits vivriers se localisent surtout au centre
ville. Cependant, l'on trouve certains à la périphérie. Ce
sont donc les lieux de ralliement des nombreuses coopératives
spécialisées dans la commercialisation des produits
indiqués. Avec l'augmentation de la taille des villes, les
marchés grandissent et se multiplient (CHALEARD J.L., 1996).
A Abidjan, une enquête réalisée en
1987-1988 par l'Atelier d'Urbanisme d'Abidjan (AUA), recense 78 marchés
de plus de cinquante étals et 120 marchés en 2000 (POYAU
Aurélie, 2000). En général, on compte un marché
central par quartier, construit en dur et dont le plan est identique, et des
petits marchés secondaires, établis sur des terrains
délaissés ou à des carrefours. Selon les études de
Chaléard (1996), le tiers à la moitié des étals est
composé de produits vivriers.
Cet essor transforme profondément les relations
villes-campagnes. Il favorise la mobilité des hommes et des biens, la
réponse des agriculteurs à la demande citadine et la constitution
des réseaux marchands qui transcendent les clivages spatiaux. Pour
Eliane KOUASSI (1999), ces marchés participent à l'organisation
générale de l'espace urbain.
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