b) La chasse
Depuis quelques décennies, plusieurs auteurs ont
mené des études sur l'impact des prélèvements du
gibier sur la conservation de la biodiversité et son importance dans les
revenus des ménages en zone de forêt.
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Obam, (1992) cité par Mbatchou, (2010) présente
les causes et conséquences de la destruction de la faune. Selon lui, la
chasse traditionnelle a disparu pour laisser place à la chasse moderne
qui utilise de nouvelles armes plus destructrices ce qui constitue une menace
réelle pour la faune. Mahamat, (1999) dans ses travaux distingue trois
types de chasse au Cameroun : la chasse traditionnelle ou de subsistance, la
chasse sportive et la chasse commerciale ou le braconnage. Dans ses
études, il conclut aussi que la chasse traditionnelle a disparu au
Cameroun et la chasse commerciale constitue la cause de la dégradation
de la faune car elle est pratiquée par des chasseurs professionnels qui
utilisent des câbles pour piège et souvent des armes de guerre.
Ndinga et Ngandjui (2006) cité par Usongo & al, ( 2007),
après une étude de chasse conduite dans trois villages de
l'arrondissement de Ngoyla en 2005, confirment également cette
intensité élevée de la chasse commerciale. Il ressort de
leurs travaux qu'au cours de la période d'étude (septembre et
décembre) 777 mammifères ont été capturés
par 56 chasseurs : avec 65% des prélèvements destiné
à la commercialisation. Des travaux ont aussi porté sur la
diversité spécifique prélevée par les chasseurs.
Selon Martial Nkolo et al 5,
(2009) toutes les espèces animales y passent, notamment les
éléphants, les gorilles, les céphalophes, les buffles, les
porcs-épics et hérissons, les singes...etc. De
ces travaux, il ressort clairement que les espèces les plus
visées sont les céphalophes puis les éléphants et
les primates. Seme et Amougou (2000) cités par Mbatchou (op.cit),
après une étude menée dans et autour de la réserve
de biosphère de Dja montrent que les prises des chasseurs sont
constituées à 80% des Artiodactyles (ordre regroupant la famille
des céphalophes) 5% des rongeurs et 4% des primates. Ndinga et Ngandjui
révèlent que des 777 mammifères capturés par les
chasseurs dans trois villages de Ngoyla 75% sont des Artiodactyles 14 % des
primates et 6 % des rongeurs. D'autres études réalisées
dans le département du Haut Nyong autour des UFAs de PALLISCO (WWF et
Nature+, 2004) cité par Martial Nkolo et al (2009) montrent que les
Artiodactyles (75%) constituent la majorité des captures en terme de
biomasse dans les villages, suivis des Rongeurs (12%), des Primates (6%), des
Carnivores (4%), des Reptiles (2%), et des Pholidotes et Hyracoïdes (1%).
De nombreuses études sur le prélèvement des
éléphants au Cameroun et en particulier dans la partie Sud du
Cameroun ont été réalisées. Usongo et Ngnegueu
(2000) parlent de 350 éléphants tués par an par les
braconniers dans le Sud-est Cameroun. Selon Van Der Wall (1998) 150
éléphants sont tués par an autour de la réserve du
Dja.
5 Plan stratégique pour la
mise en place de l'UTO Haut-Nyong (2009)
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Selon Defo (2007a) cité par Usongo & al (op.cit) le
braconnage des éléphants dans le sud-est du Cameroun devient de
plus en plus intense. Ils sont chassés pour leur viande et l'ivoire.
De ces études, on peut déduire l'importance du
prélèvement des espèces, parfois celles qui sont
intégralement protégées. Il ressort également que
les zones de grande chasse sont celles où les densités des
populations animales sont les plus élevées. Ces données
sont très inférieures à la réalité en raison
des difficultés de contrôle rencontrées par les
autorités en charge et le caractère illégal des
prélèvements.
Des travaux ont également porté sur l'apport et
l'importance des produits de la chasse dans les ménages. Ngandjui (1997)
montre l'importance des produits du braconnage dans les revenus et
l'alimentation des populations de la région de l'Est Cameroun. Plusieurs
auteurs (FAO ,1993 ; Tchanou et al 1998 ; Gartlan, 1998...) s'accordent sur le
fait que la faune constitue la principale source de protéine et est la
base de l'alimentation de près de 75 % des populations vivant en
forêt. Considérant la période totale d'enquête pour
15 villages étudiés dans le Haut Nyong (WWF et Nature+, 2004),
l'apport extérieur d'argent est d'environ 3540 FCFA/jour obs/village,
par exemple si on prend le prix unitaire du céphalophe bleu de 6 kg
(1500 FCFA et 2000 FCFA), pour chaque jour d'observation, un village a vendu
une moyenne de 2 céphalophes bleus. Les revenus des chasseurs
reflètent la pression de chasse et l'importance de la chasse
commerciale. Dans le Sud-est du Cameroun, les revenus procurés par la
vente des produits de la chasse constitue la première source de revenus
pour de nombreux ménages. Selon Martial Nkolo et al (op.cit), le niveau
des revenus tirés du braconnage est plus élevé que les
revenus agricoles. Pour certains villageois, seuls ces revenus sont suffisants
pour leur permettre de subvenir à leurs besoins.
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