IV QUESTIONS DE RECHERCHE
A- Question principale
Les moyens d'existence des populations dans l'interzone, une
zone de faible densité et enclavée, sont- elles compatibles avec
la conservation?
B- Questions spécifiques
1- Quels sont les atouts naturels et socio-économiques
qui favorisent le développement des activités humaines dans
l'interzone?
2- Quelles sont les caractéristiques des
différentes activités qui permettent aux populations de
l'interzone de trouver leurs moyens de survie ?
3- Les activités menées sont-elles de nature
à compromettre les objectifs de conservation?
4- Quel pourra être la situation dans cette zone dans
les années à venir avec le développement des nouvelles
infrastructures et l'augmentation des densités des populations ?
V CONTEXTE SCIENTIFIQUE
Les multiples travaux à savoir : ouvrages
généraux, articles, mémoires et thèses, etc qui
depuis quelques décennies traitent des problèmes relatifs aux
activités des populations dans la forêt témoignent de
l'intérêt porté aux questions de développement des
activités humaines en milieu forestier. Cette source de
littérature intègre des travaux très pertinents pour notre
étude. Nous avons retenus deux approches pour tenter d'expliquer cette
question.
1) Les approches ayant traité des activités
qui dégradent la forêt
A - L'agriculture
Selon Essama-Nssah et Gockowski (2000), l'agriculture et plus
particulièrement l'agriculture itinérante sur brûlis est la
cause directe la plus indexée pour expliquer la déforestation et
son caractère destructeur proviendrait essentiellement du
raccourcissement de la durée des jachères (Kotto Same et al.,
1997 ; Gockowski et al., 1998 ; Devers et Vande Weghe, 2007).
Dans son déploiement, ce processus procède par une forte pression
foncière
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qui donne peu de possibilités aux jachères
d'évoluer en forêts secondaires comme c'est le cas dans le
système agricole traditionnel.
L'agriculture industrielle, le développement
résidentiel et les routes exercent une pression sans cesse grandissante
sur l'intégrité du milieu forestier et la survie des
espèces qui y vivent. Au Québec par exemple, au cours des
cinquante dernières années, la concentration et l'intensification
des activités agricoles ont engendré des pressions sur
l'environnement et le maintien de la biodiversité. Plusieurs habitats
essentiels pour la faune ont ainsi disparu ou se sont dégradés
à différents niveaux (Direction Générale du
Développement et de l'Aménagement de la Faune au Québec,
2007). Plusieurs espèces éprouvent donc des difficultés
à maintenir leur abondance ou leur présence en milieu agricole en
raison des pressions exercées.
Selon Usongo & al (2007), l'installation des populations
et la création des plantations agricoles (bananeraies, cacaoyères
et quelques palmeraies) dans le secteur Mintom- Lélé-Mbalam au
Sud-est Cameroun serait préjudiciable pour la conservation si ces
pratiques agricoles viennent à se généraliser. Elles
fragmentent l'habitat de plusieurs espèces animales et compromettent les
connectivités qui existaient entre les différents secteurs de la
zone. De plus, les possibilités d'échange entre l'Est et l'ouest
du massif Ngoyla-Mintom sont compromises à cause du développement
de ces activités.
Tazo (1988) attribue la disparition de certaines
espèces de faune et les menaces d'extinction qui pèsent sur le
Loxodonta pumilcio à l'envahissement des
périphéries de la réserve de Sancthou par les populations
à la quête des espaces agraires. De même, selon plusieurs
auteurs ( Youta, 1990 ; Muluh, 1993 ; Tazo,1998 ) la recherche des terres
agricoles et pastorales a entraîné une régression du
couvert forestier dans les aires protégées.
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