IV.2. Les projets d'exploitation minière.
Dans les différents sites d'exploitation
minière, on va assister à la déforestation, à la
pollution de l'eau de surface et de l'eau souterraine. L'exploitation
entrainera le déplacement de la faune. Ces animaux seront exposés
à la chasse et au braconnage. Il y aura une affluence massive des
populations dans ces sites. Par exemple pour le site de Mbalam, les
spéculations prévoient la création de 1000 emplois
permanents et 3000 temporaires. Il y aura un afflux de plus de 20 000
immigrants qui bénéficient des effets induits par le
développement de ce secteur. Tout ceci entrainera une croissance
exponentielle de la population autour de ce site industriel. Toutes ces
populations auront besoin de la nourriture et la viande. Selon Defo (2007a)
depuis que la société Géovic a commencé la mise
place de ses installations d'exploitation à Nkamouna, « on
observe un afflux de la population dans la localité et une
multiplication des points de vente du gibier préparé ».
Toutes ces populations auront besoin des espaces pour pratiquer l'agriculture
et mettront ainsi de vastes étendus de forêt en culture. A
coté de ces populations attirées par l'industrie minière,
les populations autochtones doivent augmenter aussi leurs superficies des
espaces cultivés. Il y aura développement du vivrier
128
marchand. Le risque de recrudescence du braconnage susceptible
d'être encouragé par les employés de ces différents
projets sera élevé.
Actuellement les animaux qui fuient les bruits des engins
d'exploration minière iront s'installer ailleurs au risque d'être
abattus par les populations locales. Dans les villages proches du site du
gisement de fer (Yanebot, Bareko, Menkouom et Eta chefferie), les animaux
(éléphant, gorille, chimpanzé, singe...) causent des
dégâts sur les cultures vivrières des populations. Les
chantiers miniers auront donc trop d'impacts sur ces différents sites :
déforestation, risque de braconnage, développement du vivrier
marchand, augmentation de la surface agricole...
IV.3. Les immigrants et la croissance naturelle de la
population.
Avec le développement des différents projets
évoqués plus haut, il y aura comme nous l'avons montré une
importante immigration de la population dans la zone. Ceci favorisera
l'augmentation de la population. Ajouté à la croissance naturelle
de la population, les populations de ces sites feront face à plusieurs
besoins supplémentaires. Les besoins en produits agricoles, fauniques,
en bois de chauffe seront de plus en plus importants. Il y aura
développement des activités commerciales, augmentation de la
chasse et des champs. D'importantes quantités de bois seront
coupées pour la cuisson des aliments. Dans l'ensemble, les nouveaux
venus auront assez d'impacts négatifs sur cette forêt par rapport
à sa gestion traditionnelle. Notre enquête réalisée
auprès des populations des localités étudiées nous
a permis d'avoir une idée sur le jugement qu'elles portent sur les
immigrants dans leur village. Ces points de vue sont représentés
à travers le graphique suivant.
22%
2%
76%
Oui Non
Sans avis
Source : Enquête de terrain, 2011.
Figure N°23: Point de vue des populations
enquêtées sur l'impact des immigrants sur la conservation de
l'interzone.
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D'après ce graphique,76 % des personnes
enquêtées pensent que les nouveaux venus constituent une menace
pour la conservation de l'interzone. Elles disent que ces nouveaux viennent
exploiter et piller leurs ressources et rentrent dans leurs villages. Elles
ajoutent que ce sont ces derniers qui fournissent armes et munitions aux
populations locales pour le braconnage en contrepartie de l'argent, et parfois
eux même font la chasse. Ceux qui pensent que ces immigrants ne
constituent pas une menace représentent 22 %. Selon eux une bonne
sensibilisation et la punition de ces étrangers peuvent changer leur
comportement.
Dans ce milieu rural, la croissance démographique aura
une pression de plus en plus accrue sur les ressources naturelles. PA'AH P. A.
(2010) note qu' « on enregistre jusqu'à présent une
forte affluence des chercheurs d'emplois dans la zone minière de Mbalam.
Cette affluence des personnes a entrainé la promiscuité dans
toutes les chefferies ainsi qu'une forte pression sur la faune sauvage qui est
la seule source des protéines animales »20. Selon
Durkheim, l'augmentation de la population n'est pas sans effets dommageables
à l'environnement naturel. En effet, pour Durkheim, « tout
accroissement dans le volume et dans la densité dynamique des
sociétés, en rendant la vie sociale plus intense, en
étendant l'horizon que chaque individu embrasse par sa pensée et
emplit de son action, modifie profondément les conditions fondamentales
de l'existence collective ».21
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