Afin que la terre retrouve sa fertilité, les champs
sont mis en jachère deux à trois ans après la mise en
culture. La pratique de la jachère est très
développée dans notre zone d'étude. D'après notre
enquête réalisée sur le terrain, on constate, qu'en
majorité, toutes les populations pratiquent la jachère. Sur 137
personnes qui pratiquent l'agriculture, 123 soit 90 % pratiquent la
jachère. Le reste, 14 personnes soit 10 %, qui disent qu'ils ne
pratiquent pas la jachère sont composés de ceux qui cultivent
uniquement le cacao et de ceux qui cultivent uniquement leurs jardins de
case.
C'est grâce à la mise des champs en
jachère que le sol retrouve sa fertilité dans la zone ; le niveau
de fertilité dépend souvent de la durée de la
jachère. Les courtes durées de jachère ne permettent ni au
sol d'être fertile ni à la végétation de se
reconstituer. Par contre, les longues durées de jachères rendent
les sols fertiles, permettent à la forêt de se reconstituer et
d'avoir de bons rendements.
Le choix des jachères à cultiver est important
en ce qui concerne les différentes cultures. En effet, les
jachères de courte durée (2- 4 ans) sont très importantes
pour les cultures comme l'arachide et le maïs. Mais le macabo, le
concombre nécessite les jachères qui ont à partir de 4
ans. Les cultures comme le plantain ont besoin des vieilles jachères ou
de
96
la forêt vierge pour avoir de bons rendements. Les
durées de jachères relevées dans notre zone d'étude
sont représentées dans le graphique suivant :
Effectifs
ect
40
s
50
80
70
60
20
10
0
0
2-3 ans 04 - 05 ans Durée 6 - 9 ans 10
ans et plus
32
75
13
3
Source : Enquête de terrain, 2011.
Figure N°14: Durée des jachères dans
l'interzone.
Il ressort de ce graphique que la durée de
jachère la plus pratiquée dans la zone est de 4 à 5 ans
car sur 123 personnes qui font la jachère ,75 personnes soit 61 % ont
une durée de jachère comprise entre 4 et 5 ans. Ce sont les
jachères très sollicitées pour les cultures
associées telles que le manioc, le maïs, les arachides et parfois
le macabo. Les durées de jachères qui viennent après ces
premières sont comprises entre 2 et 3 ans car 32 personnes soit 26 %
font des jachères qui ont cette durée. Dans cette
catégorie, les jachères de 2 ans sont très rares,
près de 90% de cette tranche est constitué des jachères de
3 ans. Ces jachères sont recherchées pour la culture de
l'arachide parce qu'il n'y a pas trop de forêt à
défricher.
B C
Source : Cliché Tatuebu, septembre 2011
Planche photo N°15: Les jachères. (A :
jachère de 3ans en friche, B : en culture, C : jachère de 5ans
défrichée) Sur cette planche, (A) est une
jachère de trois ans en friche. On
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observe sur elle les bananiers qui peuplaient le champ au
milieu d'une forêt qui est en train de se reconstituée. L'image B
nous montre une jachère de 3 ans qui a été
défrichée puis nettoyée avec le feu avec des petits pieds
d'arachides qui sont en train de sortir du sol. On constate sur la photo qu'il
n'y a pas de reste de tronc d'arbre abattu dans le champ. L'image C quant
à elle nous montre une jachère de 5 ans défrichée.
Celle-ci a déjà de jeunes arbres qui la dominent.
Les jachères de 6 à 9 ans représentent
11 %. Ce sont les champs mis en culture pour le macabo, le concombre et le
plantain. Certaines de ces jachères comme celles de plus de 10 ans sont
des forêts secondaires. De l'analyse précédente nous
constatons que les durées des jachères ne sont pas très
longues car près de 87 % des jachères ont une durée
inférieure à 6ans. Ces durées sont dus au fait que le
matériel utilisé par les populations n'est pas approprié
pour défricher la forêt. Elles ont trop de difficultés
à défricher la forêt vierge avec les machettes et les
haches. Les populations défrichent donc très peu la forêt
vierge dans notre zone d'étude. Ce système de culture qui alterne
jachères et champs permet en quelque sorte une rotation des champs dans
l'espace et de réduire les pressions sur la forêt. Le paysage
créé par l'agriculture dans l'interzone est une mosaïque de
forêts primaires, secondaires et des jachères capable de soutenir
la pression de agriculture sur les ressources.