CONCLUSION.
En somme, notre étude a été beaucoup
plus focalisée sur différentes activités des populations
de l'interzone. Parmi elles, l'agriculture constitue la principale
activité de subsistance de ces populations. Dans la zone, chaque
ménage pratique l'agriculture. Cette agriculture est de type
itinérante sur brûlis et elle concerne les cultures de rente et
vivrières. A côté de l'agriculture, la chasse occupe le
deuxième rang dans les activités des populations de la zone. Les
produits de cette chasse constituent leur principale source de protéine.
Les revenus tirés de ces deux activités sont considérables
pour les ménages. Après analyse de nos enquêtes, nous avons
constaté que le revenu moyen tiré de la chasse est
supérieur à celui de l'agriculture. Ceci nous a permis de
confirmer notre hypothèse selon laquelle la chasse est
prédominante et constitue la principale source de revenus. Les autres
activités (commerce, artisanat, récolte des PFNL,
pèche,...) sont aussi bien pratiquées dans la zone. Elles
permettent aux populations qui les exercent de tirer des revenus non
négligeables pour satisfaire leurs besoins financiers. Ces
différents revenus se complètent dans les ménages car il
est difficile dans la zone de voir une personne qui n'a qu'une seule source de
revenu.
87
CHAPITRE III : ANALYSE DES MOYENS D'EXISTENCE
DES
POPULATIONS SOUS LE PRISME DE LA
COMPATIBILITE
INTRODUCTION
Après avoir étudié les
différentes activités au sein des ménages de notre zone
d'étude dans le chapitre précédent, il sera question pour
nous dans le présent chapitre d'analyser ces différentes
activités sous le prisme de la compatibilité. En d'autres termes,
nous allons étudier les différentes techniques avec lesquelles
sont développées les activités afin de déterminer
si ces dernières sont compatibles ou incompatibles avec la conservation
de la zone. Nous allons tout d'abord présenter le contexte de la mise en
place du projet Tridom pour ensuite analyser les techniques utilisées
pour développer les activités qui ont un impact direct sur les
ressources de la zone.
I INTERZONE RESERVE DU DJA-PARC DE NKI : UN ESPACE QUI
ABRITE DE NOMBREUX PROJETS DE CONSERVATION.
I.1. La mise en place de l'interzone lié à
l'initiative TRIDOM.
L'espace TRIDOM a été mis en place en 2005
à travers la signature d'un accord de coopération entre les
gouvernements du Congo, du Gabon et du Cameroun. Par cet accord, « Les
États parties s'engagent à coopérer, à mettre en
place et à gérer en partenariat, le complexe transfrontalier
d'aires protégées dit Dja-Odzala-Minkébé, en
abrégé TRIDOM et son interzone dans le but de promouvoir la
conservation, l'utilisation rationnelle des ressources naturelles et le
développement durable au profit des communautés locales en vue de
contribuer à la réduction de la
pauvreté.»18 La TRIDOM comprend dix aires
protégées et un vaste interzone. Les aires
protégées constituent une aire de conservation. L'interzone quant
à elle est divisée en plusieurs zones et vouée à
toute activité humaine compatible avec la conservation. L'objectif de la
conservation de cet espace est de réduire les menaces actuelles et de
concilier conservation et développement tout en maintenant les
écosystèmes des aires protégées.
Au Cameroun, pour renforcer la conservation des aires
protégées, une partie de l'interzone (le massif forestier
Ngoyla-Mintom) abrite plusieurs projets de conservation. Dans cette forêt
vivent des peuples bantous et des « pygmées». Toutes ces
populations dépendent de la forêt mais à des degrés
différents. Si les bantous ont pour activité principale
18 COMIFAC, 2005 : Article
1er de l'accord de coopération relatif à la mise en
place de la TRIDOM
88
l'agriculture, les bakas vivent essentiellement de la chasse
et de la cueillette. Pour ces derniers, la forêt est leur mamelle
nourricière. Cette région prévue pour la conservation se
superpose aux territoires d'agriculture, de chasse et de cueillette de ces
peuples. Selon John Nelson, (2005) « Ces projets de conservation ont
été mis en place sans une consultation préalable des
populations autochtones ». Bien que les accords sur le premier projet
aient été signés depuis 2005, ce n'est que le 29
Août 2011 que la sensibilisation effective a débutée dans
la zone avec « l'Atelier relatif à la consultation
et participation publiques du projet de conservation et
d'utilisation durable des ressources forestières et
fauniques de Ngoyla-- Mintom (MINFOF) ». Ces populations sont ainsi
appelées à modifier leurs modes d'utilisation de certaines
ressources pour s'arrimer aux règles de la conservation. A cet effet
Nelson J. (2005) pense que « Ce projet imposera de nouvelles
règles d'utilisation des forêts qui affecteront leurs
possibilités d'y accéder et d'utiliser les ressources sur
lesquelles est fondée leur subsistance ; pourtant, à ce jour les
communautés concernées n'ont pas été
informées ni impliquées dans la planification de ce projet de
conservation.»
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