A côté de cet état de la route, pour se
rendre à Ngoyla il faut traverser la Dja. La traversée se fait
à l'aide du bac (cf. Photo 11 A) ou avec la pirogue pour les
piétons et les motos (cf. Photo 11 C). Lorsque le bac est en bon
état et le niveau du cours d'eau satisfaisant, il faut en moyenne une
heure pour traverser d'un bout à l'autre. Mais à cause de la
vétusté des installations, il n'est pas rare de faire trois
heures pour traverser ce fleuve. En saison sèche, lorsqu'il y a
étiage, son déplacement devient difficile et à partir de
la fin du mois de janvier cet engin ne peut plus se déplacer à
cause du bas niveau du cours d'eau. Il faut désormais espérer le
retour des pluies pour que les activités reprennent. A partir de la fin
du mois de décembre il faut utiliser des cordes pour aider et tirer
l'engin dans son mouvement (cf.Photo B).
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A
B
C
Source : Cliché Tatuebu, 2011.
Planche photo N°11: La traversée du
fleuve Dja. La photo A ci-dessus a été prise en
Août (période de crue) et la photo B au mois de décembre
(saison sèche). Sur cette dernière on observe un groupe de trois
personnes qui sont en train d'aider le bac dans son déplacement avec une
corde. La photo C quant à elle nous montre des personnes et une moto
dans la pirogue en train de traverser ce cours d'eau. Tout ceci montre les
difficultés que rencontrent les populations de cet arrondissement pour
traverser ce fleuve.
Le déplacement des personnes et des biens sur l'axe
Lomié-Ngoyla n'est pas tout à fait facile. En moyenne, une
voiture quitte Lomié chaque jour pour Ngoyla. Elle quitte la ville de
Ngoyla pour Lomié le matin du jour suivant. Mais si l'état de la
route est inquiétant on peut passer deux jours sans avoir une voiture
qui fait le transport. La moindre occasion qui se pointe fait l'effort de
ramasser tous les passagers. Le voyage se passe dans des conditions très
difficiles (dans une voiture de cinq places on charge neuf personnes et les
autres sont perchés sur le porte-bagages). Dès que l'on manque
cette unique occasion, on est obligé d'attendre le lendemain. Cette
route est bordée en majorité des bosquets (forêt primaire)
qui ne facilite pas la visibilité. La route ici n'est qu'une sorte de
piste sinueuse.
L'absence du pont sur ce fleuve se présente comme une
barrière pour l'arrondissement de Ngoyla. Unité administrative
créée depuis 1967, l'arrondissement de Ngoyla ne reflète
ni la richesse en ressources naturelles dont elle jouit ni son âge au
regard des unités administratives créées après
elle. Nous avons vu dans le chapitre précédent que cet
arrondissement est très riche en ressources minières,
floristiques et fauniques ; sur ce point il est classé parmi les zones
riches en ressources naturelles au Cameroun. Au niveau du développement
socio-économique il est parmi les derniers. Dès que l'on traverse
le fleuve
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Dja tout change. La nature est intacte. Dans les villages, on
compte l'habitat au bout des doigts. Le centre ville ne ressemble pas au
chef-lieu d'une unité administrative.(cf. photo N°13)
Dans cet arrondissement, les populations vivent dans un
habitat fait en matériaux locaux. Même le représentant du
chef de l'État vit dans une maison en terre battue. L'hôpital de
district n'a plus de médecin depuis un an. Les malades meurent par
manque de soins appropriés. Évacuer un malade est un autre
problème à cause de l'absence du pont sur le Dja. Parfois,
à certaines heures de la journée, ceux qui travaillent au bac ne
sont plus là ; il faut crier au bord du fleuve pour espérer qu'on
puisse entendre les cris dans le village voisin et venir déplacer le
bac. L'état de la ville, les conditions de vie des populations et
l'accès dans cet arrondissement laissent à désirer. Avec
toutes ces conditions, les populations de l'arrondissement de Ngoyla sont
habitées par un esprit de découragement quant à ce qui
concerne la production et l'écoulement des différents produits
agricoles et par un esprit de révolte quand on leur parle du projet de
conservation de la zone. Selon eux, ils sont oubliés et les ressources
que regorge leur zone ont plus de valeur aux yeux de l'Etat qu'eux. La richesse
naturelle et le niveau de développement des populations de cet
arrondissement constituent un paradoxe.
Source : Cliché Tatuebu, 2011.
Photo N°12: Le premier adjoint préfectoral
de Ngoyla Mr Essoh Hyacinthe devant sa résidence. Une
maison faite en terre battue avec des tôles qui se détachent l'une
après l'autre.
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B
A
A
C
B
Source : Cliché Tatuebu, 2011.
Photo N°13: Le centre «ville» de
Ngoyla. On observe ici la plaque indiquant la «ville» de
Ngoyla. Les maisons observées sont les boutiques (A) du centre
«ville», (B) est la gare routière et (C) un taxi entrain de
charger pour Lomié.