V. ENCLAVEMENT DE L'INTERZONE COMME FREIN AU
DEVELOPPEMENT ET A LA DIVERSISFICATION DES ACTIVITES DES POPULATIONS.
V.1. Un enclavement est lié à un mauvais
état des routes.
Deux axes routiers principaux permettent d'accéder
dans l'interzone à savoir : l'axe Sangmelima- Mbalam 2 (nationale
N°9) et l'axe Lomié-Ngoyla (régionale N°6). Ces deux
routes sont reliées par l'axe Ngoyla-Mbalam 2 en passant par Djadom.
Toutes ces routes sont carrossables et très mal entretenues par endroit.
Elles se présentent comme le principal frein au développement de
la localité. Les populations de notre zone d'étude affirment
qu'il est très difficile de produire d'importantes quantités de
produits avec pour objectif de vendre parce qu'il n'y a personne pour acheter.
Il faut se déplacer pour aller vendre ailleurs ou bien espérer
quand les étrangers seront de passage dans la zone pour qu'ils les
achètent. Pour l'agriculture comme pour les autres activités, il
est très difficile de transporter ses produits pour sortir du village et
aussi si on veut acheter des intrants pour une activité quelconque.
Malgré la quantité importante de certains vivres, les populations
ne bénéficient pas de la vente de ces produits car les conditions
de voyage n'encouragent pas à voyager dans cette localité pour le
commerce. Il n'y a que deux marchés dans les localités retenues
pour l'enquête. Les populations parcourent parfois plus de 20 km à
pied pour s'y rendre.
A cause de ces difficultés de moyen de transport, les
prix des produits locaux sont très bas. Ils sont parfois fixés
par l'acheteur. Le manque de débouchés est aussi un handicap
majeur pour le commerce des produits locaux. La route Lomié-Messok,
longue de 60 km, est plus accessible que celle de Ngoyla. Sur celle-ci, les
voitures des sociétés forestières sont
régulières et multiplie les possibilités de trouver une
occasion à emprunter. Le voyage dure en moyenne deux heures et trente
minutes. Le niveau de développement socio-économique de cet
arrondissement est nettement plus élevé que celui de Ngoyla. La
route Lomié-Ngoyla, quant à elle, est longue de 100 km. Sur cette
route comme toutes les autres de la zone, on rencontre de nombreux bourbiers et
des nids de poule. Ces nids de poules réduisent la vitesse à
laquelle la voiture peut rouler. En saison des pluies, c'est un
véritable enfer. Sur ce tronçon routier on fait parfois des
jours. Par exemple, lorsque nous étions dans la zone, nous avons
dû passer une nuit en route parce que la voiture était
bloquée dans un bourbier. Lorsque je me
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plaignais, c'est là qu'une femme me dit que nous avons
eu de la chance parce que le jour suivant le soleil s'était vite
levé. Elle me dit que la dernière fois qu'elle devait se rendre
à Yaoundé pour chercher son salaire, elle avait fait quatre jours
en route avant d'arriver à Lomié.
L'état de ces routes est le principal facteur qui
réduit les possibilités de développement de l'agriculture
dans la zone. Selon Von Thünen, la meilleure localisation de la production
agricole se fait en fonction des marchés de consommation, car la
population produit en fonction du coût de transport. Le profit par
unité de surface décroit à mesure que la distance entre la
zone de production et le marché de consommation est grande. Il conclut
que la production d'une denrée ne vaut la peine qu'à une distance
donnée du marché. Conformément à cette
théorie et géographiquement parlant, l'arrondissement de Ngoyla,
situés à environ 250 km de la ville d'Abong-Mbang fait face
à de nombreux problèmes d'écoulement des produits
agricoles.
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