IV.2. Une région riche en produits forestiers non
ligneux (PFNL)
La récolte des PFNL est une activité
quotidienne chez les populations de l'interzone Réserve du Dja-parc
national de Nki. Cette récolte est orientée principalement vers
l'autoconsommation et son importance est considérable au niveau
alimentaire, médical et culturel. Certaines de ces ressources sont en
train de revêtir une dimension commerciale qui ne passe pas
inaperçue. C'est le cas de la mangue sauvage et du Djansang entre
autres. Les principaux PFNL de la région sont récapitulés
dans le tableau suivant :
Tableau N°13: les produits forestiers non ligneux
et leur utilisation.
Nom pilote
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Non scientifique
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Produit
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Utilisation
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Igname sauvage
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/
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Tubercule
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Alimentation
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Palmier
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Elaeis guineensis
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Fruit , vin
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Alimentation
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Mutondo
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Funtumia elastica
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Serve
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/
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Koko
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Gnetum africanum
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Feuille
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Alimentation
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Liane
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Eremospatha macrocarpa
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Liane
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Construction de l'habitat
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Rotin
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Calamus deëratus
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Tige
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Artisanat, construction.
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Chenille
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/
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Chenille
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Alimentation
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Kola
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Cola acuminata
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Graine
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Alimentation
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Mangue sauvage
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Irvinga gabonensis
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Fruit, graine
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Alimentation
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Emien
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Alstonia boonei
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Ecorce
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Pharmacopée
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Miel
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/
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miel
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Alimentation
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Esssessang ou
Djansang
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Ricinodendron heudotii
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Graine
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Alimentation
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Marrantathaceae
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/
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Feuille
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Construction de l'habitat
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Escargot
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/
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Escargot
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Alimentation
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Graines de Moabi
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Baillonella toxisperma
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Graine
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Alimentation
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Parmi les produits forestiers non ligneux les plus
utilisés dans l'interzone figurent les produits non ligneux à des
fins alimentaires : graines de Moabi (Baillonella toxisperma) qui
servent à l'extraction d'une huile très prisée ; celles
d'Andok (Irvingia gabonensis) à la confection des sauces ;
ajoutons à tout ceci les graines de Cola edulis. Ecorces,
feuilles, sève et racines d'une grande diversité d'essences
forestières sont utilisées dans la pharmacopée locale. On
distingue également des PFNL utilisés dans la construction : par
exemple, les feuilles de Marantacées pour les habitations des
Baka et feuilles de raphia pour la confection des nattes chez les Bantous. Les
rotangs et les bambous divers sont utilisés aussi bien en construction
qu'en artisanat. Ainsi, les PFNL sont utilisés sous plusieurs formes :
l'alimentation, la médecine traditionnelle, les cosmétiques, le
rituel, l'artisanat, la construction, décoration, comme plantes
ornementales, arbres de couvertures ou d'ombrage, le charbon à bois. La
distance moyenne à parcourir pour collecter ces produits est de 15
km.
Hormis la mangue sauvage et le Djansang, la commercialisation
des PFNL n'est pas répandue. Le manque de filières de
commercialisation pour ces produits récoltés en brousse, n'incite
pas les villageois à se lancer dans le ramassage organisé, les
ventes groupées ou encore les procédés de transformation.
En effet, ils disent qu'ils ne peuvent pas perdre du temps pour ramasser ces
produits pour ne pas vendre par la suite. Chaque ménage cherche la
quantité qu'il doit utiliser. Ils préfèrent très
souvent aller chercher ces produits sur commande. Dès que le
marché pour écouler les produits est connu, la valeur
ajoutée aux produits récoltés en forêt est
considérable. Par exemple, pour le Ricinodendron heudotii le
verre se vend à 300 F et le litre à 1500 F à Ngoyla. Dans
la zone, aussitôt qu'un marché de ces PFNL est connu, en
même temps sa valeur ajouté augmente, et la compétition
à l'accès devient aussi très remarquable.
Selon Bigombe L., (2011) « cette exploitation des
PFNL procure des revenus mensuels non négligeables au sein des
ménages. Le revenu moyen qu'un ménage reçoit de
l'exploitation des PFNL est de 20 000 FCFA ».
Nous constatons que seulement quatre personnes soit 3 % ont
pour première source de revenu l'exploitation des PFNL. Comparativement
aux revenus générés par les autres activités dans
les ménages, ceux tirés des PFNL sont modestes. Mais ces derniers
ne peuvent pas être remplacés car ils constituent une source
importante d'alternatives. La récolte et la vente de ces produits
devront de plus en plus être valorisées afin de permettre aux
populations (hommes) de trouver des sources de revenus alternatifs au
braconnage.
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Les Baka occupent une place de choix dans l'exploitation des
PFNL. La forêt représente tout dans leur vie. Elle est leur
mamelle nourricière, leur gardienne et leur protectrice, la pourvoyeuse
de médicaments, le lieu par excellence de recueillement, de
recréation, de repos et de réalisation des activités
rituelles. Cette relation n'a pas la même intensité que chez les
autres peuples de la forêt. L'agriculture qui est l'activité
principale chez les bantous de la zone n'est qu'à un stade
expérimental chez les Baka.
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