Le petit commerce est très répandu dans la
zone. Il s'inscrit dans les stratégies de satisfaction des besoins de
subsistance, en même temps qu'ils insèrent les populations dans la
dynamique des échanges et services monétarisés.
D'après notre enquête sur la principale profession seulement 9
personnes soit 6 % ont présenté le commerce comme leur profession
principale. De ces neuf personnes, 6 ont été rencontrées
à Messok et 3 à Ngoyla. Ces personnes sont localisées
à Messok et à Ngoyla parce que ce sont les «villes» de
la zone et où se ravitaillent de plus en plus les populations des
villages et des campements environnants du fait de l'enclavement de la
localité. D'après cette même enquête, 22 personnes
soit 16 % ont présenté le commerce comme leur activité
secondaire. Ceci s'explique par le fait que d'autres personnes, surtout les
femmes utilisent le temps qu'elles ne sont pas dans leur activité
principale pour exercer le commerce.
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Dans ce registre, on retrouve en grande partie les produits
agricoles (macabo, plantain, manioc...), mais aussi, la « restauration de
rue », la vente des produits alcooliques et les mini-boutiques ou commerce
général. Le commerce est développé par les hommes
et les femmes, mais ces dernières dominent.
? Le commerce des produits agricoles.
Il s'agit ici principalement de ceux qui achètent
directement aux paysans pour aller revendre « bayam sellam ». Ce type
de commerce est très peu développé dans notre zone
d'étude à cause de son enclavement. Les produits achetés
varient selon les saisons. Il s'agit surtout du macabo, du plantain et de
certains produits forestiers non ligneux. Le macabo est
généralement acheté en seau de 15 ou 20 litres. Le prix
varie entre 1 000 F et 2 000 F Cfa suivant l'offre et la demande. Quant au
plantain, il s'achète en régime. Le prix varie selon la taille du
régime.
? La « restauration de rue » ici
on retrouve la viande de brousse préparée et le commerce de
beignets. Nous la qualifions de « restaurant de rue » parce que tout
se vend exposé sur la table ou sur un banc dans un hangar ou en bordure
de route même dans les marmites ou les assiettes. Parfois on se balade
avec ces marmites et assiettes sur la tète. Il s'agit principalement de
la viande de brousse cuisinée (biche, pangolin, singe, porc-épic,
...) accompagnée du manioc, du plantain, des bâtons de manioc...
Le plat varie entre 300F et 500F CFA. Les femmes achètent la viande
auprès des chasseurs pour préparer et revendre. Le
bénéfice peut aller de 1000 à 5 000 FCFA en fonction de la
taille de l'animal et de l'espèce. L'autre façon de vendre cette
viande s'appelle dans la région "l'ovianga" qui consiste à
préparer le gibier et le vendre après la cuisson, le morceau de
gibier coûte entre 50 FCFA et 100 FCFA. Il n'existe pas de restaurant
moderne dans la zone.
La vente des beignets est très
développée dans les «villes» de l'interzone. Il est
surtout l'oeuvre des femmes bamoun et foulbé. Tôt le matin, elles
font les beignets chez elles et viennent vendre sur leur comptoir.
? La vente des produits alcooliques
La vente de la bière : le commerce
des boissons en bouteille est assez répandu dans l'interzone. Ceux qui
vendent la boisson se ravitaillent à Lomié et transportent dans
les taxis brousse. La bouteille de bière coûte 850 F à
Ngoyla et les boisons gazeuses (jus) 750 F. Le prix élevé de ces
produits les rendent peu accessible à la population locale. Pour cette
raison, elle se tourne vers le vin de fabrication locale.
Le whisky local (arky ,
l'odontol ou le dontol) est très fabriqué et très
consommé dans la localité. Les femmes sont très habiles
dans la fabrication de ce vin. Il se fait soit
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avec de la banane mûre et du vin de palme soit avec du
sucre et du vin de palme. La méthode de préparation est la
suivante : il faut mélanger les deux produits ; après sept jours
de fermentation, on distille pour obtenir ce vin. Après avoir
fabriqué, elles peuvent vendre elles-même ou bien elles partent
livrer dans des points réputés pour ce genre de commerce. Les
mesures sont très nombreuses et les prix varient suivant ces
dernières.
A
C
B
Source : Cliché Tatuebu, Décembre 2011
Photo N°8: Le dontol exposé sur
un comptoir avec ses mesures à Messok. Un litre et demi (A)
coûte en moyenne 1800F, le demi-litre (B) 600 F et le quart de litre (C)
300 F. les autres mesures vont de 50 à 200F CFA.
Dans l'ensemble, près de 50% de femmes de notre zone
d'étude sont impliquées dans la fabrication de ce vin et cela
procure une part substantielle des ressources monétaires des
ménages concernés. Mais, elle est à l'origine d'un
alcoolisme chronique. En effet, comme dans les points de vente des produits
alcooliques en ville, les populations quittent les points de vente de ce vin
parfois à plus de deux heures du matin. La distillerie est donc une
activité qui procure des revenus mensuels non négligeables dans
les ménages.
? Les mini-boutiques ou commerce général se
retrouvent dans les «villes» de l'interzone. Dans ces petites
boutiques on vend divers produits : quincaillerie, produits alimentaires,
produits cosmétiques et vestimentaires... Ces commerçants se
ravitaillent dans divers centres urbains proches de la région
(Abong-bang, Bertoua et Lomié) et aussi à Douala et à
Yaoundé. Les voitures qui font cette route (grumiers, agence Melo
voyage et taxis brousse) acheminent leurs marchandises auprès
d'eux. Les boutiques appartiennent aux allogènes :
Bamiléké, foulbé, bamoun et les ressortissants des autres
pays.
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A
Source : Cliché Tatuebu, Décembre 2011
Planche photo N°9: Des boutiques dans les
centres «ville» de l'interzone (A) à Messok et (B) à
Ngoyla. Dans la boutique (A), on y vend un peu de tout. Cette
boutique serait la plus grande de l'arrondissement dans le commerce
général. Il appartient à un jeune de 28 ans originaire de
Mbouda. Ce sont des grumiers qui l'aident à transporter ses marchandises
de Yaoundé à Messok. Les boutiques qui sont en la photo (B) sont
dominées par les effets vestimentaires et appartiennent aux femmes
bamoun et aux foulbé.
Comparativement aux prix appliqués à
Yaoundé, l'enclavement est un facteur qui entraîne l'augmentation
des prix des produits dans l'interzone. Le commerce de détail est celui
le plus répandu dans la zone. Les frais de transport énormes et
le lieu de ravitaillement très éloignés sont autant de
raisons qui entraînent une augmentation considérable des prix de
ces denrées. Cette augmentation des prix des produits s'illustre par le
tableau suivant.
Tableau N°12 : Prix comparatifs de quelques
produits à Yaoundé et Ngoyla