IV.3. Un artisanat peu développé au vu de la
matière première.
L'artisanat est une activité très peu
développée dans l'interzone par rapport aux potentialités
qu'offre la zone en terme de matière première. En effet, parmi
les 140 personnes que nous avons enquêtées quatre seulement soit 3
% de notre échantillon ont l'artisanat comme activité principale.
C'est une activité majoritairement faite par les hommes. Ces hommes sont
également des agriculteurs. Les produits réalisés sont
utilisés au niveau local. Une petite quantité fait l'objet d'une
commercialisation. Parmi les plus importants produits de l'artisanat, on peut
citer les paniers, les fauteuils, les sacs à dos pour transporter le
gibier, les nattes pour les toitures des maisons et des séchoirs
à cacao. A cela s'ajoutent les mortiers et pilons (cf. photo
ci-dessous), les tambours, haches, houes et daba ainsi que des cases
construites en bambou, la réalisation des corbeilles, la construction
des huttes, la confession des matelas en paille. Bien que les forêts
soient riches en rotin, la production des articles en rotin est insignifiante
dans toutes les localités de notre zone d'étude. L'utilisation du
rotin dans l'artisanat n'est pas très répandue dans les moeurs
locales alors que l'abondance de cette espèce dans la zone
d'étude (végétation des zones marécageuses) est
importante et pourrait faire l'objet d'une exploitation contrôlée
pour alimenter les filières existantes et approvisionner les petits
artisans de la zone. Le bois rouge ou blanc issu de la forêt est la
principale source de matière première à la fabrication des
produits de l'artisanat.
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Source : Cliché Tatuebu, Décembre 2011
Photo N°10: Des artisans au travail.
Ces deux artisans utilisent des matières
premières différentes. L'artisan (A) que nous avons
rencontré à Nkondong 2 est en train de fabriquer le mortier. Il
utilise le bois qu'il coupe en forêt. Il fabrique aussi des tam-tams, des
pilons,... L'artisan (B) est en train de fabriquer les fauteuils avec ses
enfants. Il utilise le bambou comme matière première. Il fabrique
aussi des lits. Nous l'avons rencontré à Ngoyla. Le prix des lits
et des fauteuils varient entre 800 et 2 000 FCFA. Ceci dépend de la
taille du meuble solliciter.
Ailleurs, l'artisanat est une source de revenu importante,
puisque lié à la production d'autres biens et services. Dans les
communautés où ses produits sont vendus, au sein de ses membres,
ils améliorent le niveau de vie des populations impliquées. Mais
dans notre zone d'étude, l'enclavement est un facteur qui réduit
les possibilités de développement de cette activité. Dans
les localités retenues pour notre enquête il n'y a que deux
marchés : Messok et Ngoyla qui ont lieu deux fois par semaine. Pour
pouvoir vendre son produit l'artisan qui habite le village environnant doit
donc parcourir des kilomètres à pied pour se rendre au
marché. Par exemple un artisan rencontré à Djadom (village
à 30 km de Ngoyla) nous dit que pour vendre ses paniers, il se rend en
ville (Ngoyla), le seul marché le plus proche de la localité ;
ceci à pied et pour vendre à un prix dérisoire. «
On est parfois obligé de faire presque des cadeaux avec nos produits
parce qu'il n'y a personne pour acheter et on doit rentrer », en
témoigne-t-il. Les prix des objets fabriqués dans la zone varient
entre 5 00 F
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pour les paniers et 5 000 F pour les tam-tams. La part des
revenus générés par l'artisanat dans le ménage est
très minable. Ceci s'illustre également à travers notre
enquête ; deux personnes seulement soit 1% ont pour première
source de revenu l'artisanat.
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