La chasse est une activité très
pratiquée par les populations de l'interzone. La zone est très
riche en ressources fauniques. A cause de l'enclavement, les produits de la
chasse constituent leur principale source de protéine. Le rang qu'occupe
cette activité dans la zone s'illustre par nos enquêtes de
terrain. Nous constatons à travers le graphique qui montre les
activités principales des populations enquêtées que la
chasse occupe le deuxième rang après l'agriculture. Elle est
pratiquée par 22 personnes sur 140 comme activité principale,
soit 16 % de la population. Cet effectif devient plus considérable
lorsqu'on prend en considération ceux qui l'exercent comme
activité secondaire ou pour subvenir à leur besoin en
protéine. A cet effet, 64 personnes sur 140 soit 46 % de la population
que comporte notre échantillon font la chasse. Au niveau du sexe, c'est
une activité masculine. Parmi les 64 personnes qui font la chasse,
seulement une femme qui a été rencontrée à
Etékessang affirme qu'elle fait la chasse. Sa chasse en question se
limite aux pièges qu'elle tend dans son champ pour éloigner les
animaux de ces cultures. C'est en se référant à cela que
Balla, (2008), affirme que « le piégeage est une
activité essentiellement masculine, toutefois il n'est pas rare de
rencontrer une femme qui tend les pièges avec la même
habileté que les hommes ». Le reste, 63 personnes, sont les
hommes, soit 85 % de la population masculine que comporte notre
échantillon. La chasse se passe sur tout le territoire de l'interzone
sauf dans les aires protégées. Mais, les braconniers chassent
parfois même dans les aires protégées. Les distances
à parcourir pour se rendre à la chasse dépasse parfois 25
km. On rencontre plus de chasseurs dans les localités comme : Ngoyla,
Etékessang, Nkondong2, Zoulabot2 et Djadom. En fonction de la
destination des produits de la chasse, nous allons distinguer deux types de
chasse dans notre zone d'étude : la chasse traditionnelle et la chasse
moderne.
II.1. La chasse traditionnelle.
La chasse traditionnelle dont il est question ici est celle
qui est faite avec un matériel fabriqué à base des
matériaux locaux. Elle est la principale activité à
travers laquelle les populations de l'interzone couvrent leurs besoins en
protéine. Dans la zone, presque chaque famille pratique la chasse de
subsistance. En dehors du groupe semi-nomade Baka où la chasse est une
activité principale, les autres groupes humains sédentaires la
pratiquent tous mais de manière accessoire, c'est-à-dire
après l'agriculture qui est l'activité principale.
66
Cette forme de chasse que nous qualifions de chasse
traditionnelle regroupe toutes les formes pratiquées par les villageois.
On distingue :
- les pièges ou collets à câble d'acier,
ils peuvent parfois être à fibres végétales
tissées ;
- la chasse à l'arc et à l'arbalète,
elle est surtout effectuée par les groupes Baka et Kaka ;
- la chasse à courre, à lance et aux chiens.
On constate donc qu'elle regroupe les outils tels que le
câble d'acier qui est prohibé par la loi.
La viande tirée de cette chasse est destinée
à la consommation locale pour la satisfaction des besoins des
populations autochtones en protéines animales. Mais de plus en plus une
bonne partie est vendue. La chasse de subsistance est souvent
tolérée par certaines autorités à cause de
l'enclavement de la zone, c'est la seule source de protéine qui est
à la portée des populations. Le gibier constitue l'aliment de
base des peuples autochtones Baka et Ndjem.
|