1.2.2.1. Les types de cultures.
L'agriculture vivrière se déroule dans le cadre
des champs familiaux de taille modeste. Les superficies sont
généralement inférieures à un hectare. La distance
à parcourir pour se rendre au champ ne dépasse pas 3 km. Il
s'agit d'une agriculture de subsistance. Elle est menée conjointement
par les hommes et les femmes. Très souvent, il existe une sorte de
division du travail. Les hommes sont plus concernés par le
défrichage et l'abattage et les femmes nettoient le champ, plantent,
entretiennent et récoltent. Il existe deux saisons de culture par an :
la petite saison (septembre-novembre) et la grande saison (mars-juin). Les
principales productions de la zone sont : manioc, macabo, plantain, igname,
concombre, le melon, le maïs, patates, etc. Le plus souvent ces cultures
sont associées. Elle est essentiellement orientée vers la
subsistance et, dans une certaine mesure, vers le marché local. Dans la
zone d'étude, les traits généraux qui caractérisent
cette agriculture sont les suivants :
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? L'itinérance des cultures et la mobilité des
champs ;
? L'utilisation du feu dans le processus de défrichage
et de nettoyage;
? L'utilisation d'un matériel rudimentaire ;
? L'association des cultures ;
? La non utilisation des engrais et des fongicides à
cause de la fertilité naturelle
du sol.
A
C
B
D
Source : Cliché Tatuebu, 2011. Planche photo
N°3: Quelques cultures vivrières pratiquées dans les
villages de l'interzone.
La planche nous présente les cultures vivrières
qui occupent une place de choix dans l'alimentation des populations de
l'interzone. La photo A nous présente le macabo, sur la photo B on
observe le manioc, C nous présente une bananeraie et D un champ de
maïs. Le sol de l'interzone est propice au développement de
nombreuses cultures ; mais les populations accordent une place primordiale
à la culture des tubercules et du plantain. La banane-plantain est la
première culture vivrière pratiquée dans la zone
enquêtée. Ceci s'explique par le fait qu'elle est la plus
consommée dans la région. La deuxième culture
vivrière pratiquée dans la région est le manioc. Il est
consommé sous forme de tubercule, de semoule ou de bâton de
manioc. Le macabo est le tubercule qui occupe le troisième rang
après la banane-plantain et le manioc. Les autres cultures telles le
maïs, l'igname et l'arachide sont peu cultivée dans la
région.
62
Comme nous l'avons mentionné plus haut, c'est une
agriculture caractérisée par l'association des cultures.
Plusieurs types de cultures peuvent être pratiquées sur un
même espace. La superficie maximale des champs de cultures
vivrières est de 1 ha comme nous l'avons constaté dans le tableau
plus haut. Cependant, dans les cas exceptionnels, notamment pour les
agriculteurs qui produisent pour approvisionner les grands marchés comme
ceux de Mintom, de Lomié et de Ngoyla, les superficies peuvent
être revues à la hausse.
A
A
B
B
Source : Cliché Tatuebu, 2011.
Photo N°4: L'association du manioc (B) et du
Xanthosoma sagittifolium (A).
D'une façon générale, bien que
l'agriculture soit itinérante sur brûlis, la faible densité
de la population et surtout l'agriculture vivrière de subsistance en
vigueur minimisent la pression de cette agriculture dans la zone. Cependant,
ces dernières années, on assiste à la mise en place de
nouveaux champs
1.2.2.2. Les types de champs vivriers.
Nous pouvons distinguer deux grands types de champs chez les
populations de l'interzone : les champs établis sur les jachères
et ceux établis en forêt primaire.
? Les champs établis sur les
jachères.
Ces champs représentent 92 % des champs mis en culture
par les populations de la zone. Ce sont des espaces qui sont faciles à
mettre en culture parce qu'il n'y a pas trop de grands arbres à abattre.
Le nettoyage n'est pas très pénible. Mais il est à
préciser que la taille de la forêt à défricher est
fonction de l'âge de la jachère. Les vieilles jachères
(forêts secondaires qui peuvent même atteindre le stade des
forêts primaires) sont presque identiques à la forêt vierge.
Il faut mettre des jours pour défricher une petite superficie. La
matrice culturelle (cultures associées) qui domine le champ est
constituée d'arachides, de manioc et de maïs, de macabo et parfois
du plantain et de concombre (Cucumeropsis mannii). Chaque
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ménage possède en moyenne deux champs : un pour
l'arachide et l'autre associé (manioc et macabo). Il peut arriver que
les préférences des cultures changent d'un champ à l'autre
suivant les paysans. Avec le climat qui règne dans la région,
chaque ménage crée des champs au début de chaque saison de
pluie (grande et petite saison de pluie).
? Les champs établis en forêt
primaire
Cette catégorie représente près de 7 %
de la superficie défrichée dans la zone. Ce faible taux
s'explique par le travail d'abattage des gros et durs arbres de la forêt.
Bien que ces forêts soient plus fertiles que les jachères, les
populations se plaignent que c'est très difficile d'abattre les gros
arbres, étant donné qu'ils n'ont pas un matériel
approprié pour ce travail. A cet effet, un proverbe Badjoué
atteste « Défricher est un jeu d'enfant mais abattre l'ekomo
(forêt primaire) c'est la mort » (proverbe Badjoué)
citer par Pauwel de Wachter, 1997. Les agriculteurs l'apprécient pour le
plantain, le macabo et le concombre parce que les travaux d'entretien y sont
minimaux. Le premier défricheur de la forêt primaire obtient le
droit de l'usufruit.
C
A
A
Source : Cliché Tatuebu, 2011.
Photo N°5: Jeune bananeraie établie en
forêt primaire.
Sur cette photo prise en septembre et en décembre sur
la même parcelle, on observe d'importantes quantités d'arbres qui
ont été abattus. Les branches (C) ont été
éliminées avec le feu ; quant au reste(A), il faudra brûler
les années suivantes ou les laisser pourrir dans le champ. Les points
(B) représentent les jeunes bananiers. Avec cette photo, on peut
constater
64
l'important travail (abattre les arbres et dégager)
qu'il faut effectuer avant de mettre une forêt primaire en culture.
1.2.2.3. La commercialisation des produits
vivriers.
Les produits de l'agriculture sont aussi destinés
à la commercialisation pour satisfaire les besoins financiers.
L'enquête réalisée révèle que près de
61 % soit 84 personnes sur 137qui font l'agriculture, consomment une partie de
leurs produits et vendent le reste. 31 % soit 43 personnes cultivent uniquement
pour la satisfaction de leurs besoins alimentaires. Cette catégorie est
essentiellement constituée des personnes âgées qui n'ont
plus de force pour cultiver assez et aussi de certains fonctionnaires qui
cultivent uniquement les alentours de la maison. Le reste 7 % soit 10 personnes
affirment qu'ils cultivent uniquement pour vendre. Ici il s'agit de la culture
du cacao et ce sont des gens qui ont une activité principale autre que
l'agriculture. La plupart des produits vivriers est vendue sur place en raison
du fait que la majorité des villages n'ont pas de système de
marché organisé ou de marché hebdomadaire. Le troc est
aussi une pratique courante d'échange des biens et des produis agricoles
entre les agents économiques dans la région.
La commercialisation des produits vivriers se passe le long
des pistes et de la route dans l'interzone. Généralement, dans
cette région, chaque ménage dispose d'une claie pour vendre les
produits vivriers. Le macabo se vend en seau de 15 ou de 20 litres. Le prix
varie de 1000 à 2000 Fcfa. Les autres produits comme le maïs et le
couscous manioc sont également vendus en seau. Le seau de maïs
coûte généralement 1000 F. Pour certains produits, on
préfère vendre en tas. Ainsi par exemple, dans la zone, le
plantain ne se vend pas par régime mais par mains, c'est- à -
dire que l'on sectionne un régime de plantain en petits tas, ainsi cela
procure plus de bénéfices. Cette main coute entre 200 et 500
Fcfa. Le concombre et les arachides se vendent en sac. Le sac de concombre se
vend en moyenne à 25 000 Fcfa. Le sac d'arachide à 15 000 Fcfa.
Ces produits vivriers sont surtout vendus aux passants en transit dans la
localité.
Ils sont vendus directement quand les champs jouxtent la
route. Le prix est fixé selon les tractations entre le vendeur et
l'acheteur mais généralement c'est l'acheteur qui fixe le prix.
Parfois par manque des clients, il arrive que les produits vivriers pourrissent
sur les claies. Concernant la filière de commercialisation, en dehors
des passants pour les zones reculées de cette région, les autres
acheteurs viennent de Lomié qui est à 100 km de Ngoyla et parfois
de Mintom. Ces acheteurs prennent les produits à des prix
dérisoires et les revendent
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chers dans les grands centres urbains. Le revenu moyen
mensuel tiré de la vente des produits agricoles est estimé
à 25 000 Fcfa.