CONCLUSION
En somme, il nous revenait de présenter les atouts
naturels et socio-économiques de la zone étudiée.
L'interzone Réserve du Dja-parc national de Nki possède un milieu
physique très remarquable. Elle bénéficie d'un climat de
type équatorial guinéen qui lui permet d'avoir une
diversité biologique très importante. Son sol et son sous-sol
sont aussi très caractéristiques. En effet, cette zone
bénéficie d'un sol très épais et fertile et d'un
sous sol très riche en minerais. Elle est drainée par de nombreux
fleuves dont le plus important est la Dja. Du point de vue
démographique, bien que l'interzone soit très peu peuplée,
elle possède une population composite et très active. Le droit
d'accès aux ressources est réglé par le droit dit
coutumier et le droit moderne. Cette richesse naturelle de l'interzone laisse
transparaître une configuration qui met en exergue des hiérarchies
enchevêtrées entre les différents acteurs dans la
région, hiérarchies elles-mêmes fonction des ressources et
des capacités d'action dont dispose chaque acteur. En d'autres termes,
la valorisation d'une ressource dépend des enjeux des acteurs
concernés.
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CHAPITRE II : CARACTERISATION DES MOYENS D'EXISTENCE DES
POPULATIONS DE L'INTERZONE.
messok NGOYLA nkondong2 zoulabot 1 nkondong1 djadom
etekessang zoulabot 2 bareko
AUTRES ENSEIGNEMENT RECOLTE DE PFLN PECHE COMMERCE
ARTISANAT CHASSE AGRICULTURE
Source : Enquête de terrain, 2011.
Figure N°8: L'agriculture : une profession
dominante des personnes enquêtées.
INTRODUCTION
La richesse naturelle de l'interzone Réserve de
Biosphère du Dja-parc national de Nki lui offre un cadre propice au
développement des activités humaines. Les milieux physique et
humain se combinent pour caractériser les activités des
populations dans cette zone. Les populations de notre zone d'étude
pratiquent de nombreuses activités dont les principales sont :
l'agriculture, la chasse, l'artisanat, la pèche, le petit commerce, le
ramassage... De ces activités, elles tirent des revenus non
négligeables qui leur permettent de mener leurs vies. Il sera question
pour nous dans ce chapitre de caractériser les différents moyens
de subsistance des populations dans l'interzone.
I. L'AGRICULTURE : LE PILER DE L'ECONOMIE DE LA
ZONE
La hiérarchisation et l'envergure des activités
économiques des populations peuvent varier en fonction des
communautés du fait essentiellement des conditions du milieu biophysique
et des opportunités. Dans l'interzone, l'agriculture occupe une place
primordiale. Sa place dans l'économie de la zone se justifie par le fait
qu'elle constitue non seulement un important moyen de subsistance mais aussi
une source de revenus. Ceci s'illustre par nos enquêtes de terrain et
d'après la figure suivante :
55
Il ressort de cette figure que l'agriculture demeure
l'activité principale dominante des populations enquêtées.
D'après cette figure, 52 % de la population enquêtée soit
73 personnes ont pour principale profession l'agriculture. Dans tous les
villages, l'effectif des cultivateurs est supérieur à celui des
autres activités. Cette domination des agriculteurs est plus remarquable
dans les localités comme Ngoyla, Messok, Zoulabot1, Zoulabot2, Djadom,
et Etékessang. La chasse occupe le deuxième rang, car elle est
exercée par 16% de la population enquêtée soit 22
personnes. La chasse occupe une place très remarquable dans les
localités de Ngoyla, Etékessang, Zoulabot1, Bareko et Nkondong 2.
Le commerce occupe le troisième rang et représente 7 % de la
population enquêtée. Le personnel enseignant occupe
également une place remarquable dans notre échantillon. Cette
catégorie représente 6 % de la population enquêtée.
Le groupe «autres» représente 10 % de la population
d'étude. Ce groupe est constitué des agents de l'Etat, des
transporteurs, guérisseurs et des personnels des ONG. Ces agents de
l'Etat ne sont pour la plupart que la minorité des responsables des
services qu'on retrouve dans la ville de Messok et de Ngoyla. Ce sont les
services tels : le commissariat, le poste agricole, le service du MINFOF, le
centre de santé intégré et la mairie.
Le reste de la population enquêtée, soit 48 %,
qui n'a pas l'agriculture comme activité principale, l'exerce comme
activité secondaire. En effet, leurs heures creuses sont
généralement consacrées à l'agriculture. D'autres
ajoutent que ce n'est que l'agriculture qui leur permet de vivre dans le
village parce que les revenus tirés des autres activités ne
peuvent pas permettre de vivre.
Notre population enquêtée est essentiellement
constituée de la population active. De ce fait, nous avons
constaté que chaque personne à au minimum un champ, même
s'il n'est parfois qu'un jardin de case où le propriétaire tire
quelque produits vivriers. L'agriculture est pratiquée par certains
comme activité principale et comme activité secondaire chez
d'autres. Sur 140 personnes enquêtées, 137 personnes soit 98
%pratiquent l'agriculture. Le reste est constitué de deux personnes qui
avaient fait moins de quatre mois dans la zone et n'avaient pas encore de champ
; une autre, un forestier, affirme qu'il ne veut pas faire le champ.
I.1.Une propriété foncière accessible
et abondante qui multiplie les possibilités agricoles.
Il existe dans l'interzone plusieurs types de droit
d'accès aux ressources comme nous l'avons développé dans
le chapitre précédent. Le système foncier dans presque
toute la région est de type traditionnel. Il est mis sous le
contrôle des chefs traditionnels. La terre appartient
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au premier occupant : un paysan cultive indéfiniment
une portion désirée des terres qui devient sa
propriété, à condition que la forêt primaire ait
été enlevée par lui, ainsi sa descendance héritera
le droit de cultiver cette dernière. Il existe aussi un système
de location de terre pour les cultures de cacao. Le foncier reste et demeure le
facteur de production qui est accessible à tous. Même si on n'est
pas originaire du village, le chef ou un voisin peut vous trouver un espace
pour exercer l'agriculture. La terre est disponible et par conséquent
n'est pas un facteur de production limitant dans l'interzone. Seul le manque de
temps à consacrer pour les champs pourrait empêcher une personne
de faire de l'agriculture. La présence de forêt primaire à
moins d'un kilomètre du village est un indicateur de cette abondance.
L'habitat est linéaire dans la zone, directement autour des maisons on
retrouve les forêts secondaires. Le mode d'acquisition des champs dans la
zone s'illustre par le graphique suivant :
8%
6%
1% 1er OCCUPANT
HERITAGE
DON
ACHAT
85%
Source : Enquête de terrain, 2011.
Figure N°9: Mode d'acquisition du
champ.
Il ressort du graphique ci-dessus que sur 137 personnes qui
exercent l'agriculture dans notre échantillon, 116 personnes soit 85 %
cultivent les champs qu'ils ont créés eux-mêmes. Partout
dans la zone, chacun peut créer un champ en forêt si celle-ci n'a
pas été déjà défrichée par une autre
personne. On constate que 11 personnes, soit 8% ont hérité leurs
champs des parents. Ce système d'héritage des champs est plus
accentué dans les localités les plus peuplées de nos
localités retenues pour l'enquête : Messok, Zoulabot 1 et 2,
Etékessang et Ngoyla. Ceci parce que se sont des sites où la
sédentarisation est plus ancienne et aussi parce qu'on peut retrouver
une à deux maisons après celles qui bordent la route. Les autres
localités sont très peu peuplées par rapport à ces
premières et par conséquent, les forêts sont parfois
à
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moins de 5 00mètres du village ou du campement. Nous
constatons ensuite que 8 personnes sur les 137, soit 6% affirment que les
champs qu'ils cultivent sont des dons. Ces personnes ne sont également
recensées que dans les localités les plus peuplées
(Messok, Etékessang et Ngoyla). Ces personnes sont des allogènes.
Ils exercent en général l'agriculture comme une activité
secondaire. Ils sont surtout les agents de l'Etat (enseignants et personnels de
l'administration) et les commerçants. Ceux qui ont acheté des
champs ne représentent que 1 % soit deux personnes de notre
échantillon. Ces deux personnes se retrouvent à Ngoyla et
à Messok. Ils sont des commerçants et ils ont acheté ces
terrains pour construire et cultiver le reste.
La disponibilité de la ressource foncière
réduit le taux de conflit relatif à l'accès à cette
ressource. En effet, d'après notre enquête de terrain, les
conflits relatifs à l'accès à la terre ne sont
recensés que dans les localités les plus peuplées.
messok NGOYLA Nkondong2 Zoulabot 1 Nkondong1 Djadom Etekessang
Zoulabot 2 Bareko
OUI NON
Source : Enquête de terrain, 2011.
Figure N°10: Conflits relatifs à
l'accès à la terre.
Il ressort de ce graphique que, parmi localités retenu
pour l'enquête, Messok, Zoulabot 1 et 2, Etékessang et Ngoyla sont
les localités où on retrouve plus les conflits liés
à l'accès à la terre. Ces conflits se limitent
généralement à la dispute des parcelles. C'est souvent
dû au fait qu'un individu défriche une jachère ne lui
appartenant pas. Pour résoudre ce problème, on convoque le
conseil familial. Si le conseil familial ne trouve pas de solution, on se rend
chez le chef du village. Dans les localités qui ont moins de 100 hbts
(Nkondong 2, Djadom et Bareko) on n'enregistre pas de conflits relatifs
à l'accès à la terre. Ceci est dû au fait qu'avec
les faibles densités, la ressource est très abondante et on
manque très souvent les gens qui peuvent cultiver les alentours des
concessions.
Source : Enquête de terrain, 2011.
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