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Les moyens d'existence des populations dans l'interzone réserve de biosphère du dja-parc national de Nki. Compatibilite ou incompatibilité avec les objectifs de conservation.

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par Claude Tatuebu Tagne
Université de Yaoundé I - Master  2012
  

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B - Théories de référence

1 - La théorie des besoins de base de MASLOW

La théorie des besoins de base est développée par Abraham Maslow. Selon sa théorie sur la motivation humaine « A Theory of Human Motivation » (1943), un besoin nouveau supérieur n'émerge que lorsque le besoin inférieur a été relativement satisfait. Selon Maslow, les motivations d'une personne résultent de l'insatisfaction de certains de ses besoins. Il existe selon lui certains besoins minimaux ou essentiels pour un mode de vie décent. Ses travaux lui ont permis de classer les besoins humains par ordre d'importance en cinq niveaux que l'on représente par une pyramide.

En partant de la base pour le sommet, on a :

? Les besoins physiologiques : ceux qui permettent à l'homme sa survie (respiration,

alimentation, soif, sommeil...)

? Les besoins de sécurité et de propriété (protection, emploi, stabilité familiale...)

? Les besoins sociaux et les besoins d'amour et d'appartenance

? Les besoins d'estime (se sentir utile, avoir de la valeur...)

? Les besoins de réalisation de soi (réussite, confiance en soi)

Figure N°2 : Pyramide des besoins de Maslow

Tant qu'un besoin n'est pas satisfait, il constitue une source de motivation ; à partir du moment où il est satisfait, c'est le besoin du niveau supérieur qui apparaîtra comme une nouvelle source de motivation. Ainsi, si les besoins physiologiques comme la faim, la soif ne

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sont pas remplis, l'homme, individuellement ou collectivement est prêt à mettre sa sécurité en jeu pour trouver à manger et à boire.

Cette théorie s'avère utile dans le cadre de notre étude. En effet, elle nous permet de déterminer si l'absence de certaines conditions de vie plus favorables constitue un facteur pouvant contribuer à atteindre les objectifs visés par la conservation. Elle nous permettra également d'analyser l'attitude des populations face à la prise en compte ou non de leurs besoins par l'Etat et les organismes de conservation. En somme cette théorie nous sera utile pour comprendre la logique des populations et leurs actions dans notre zone d'étude.

2 - La tragédie des communaux de GARRETT HARDIN (1968)

La théorie des biens communs est une théorie qui concerne généralement les ressources naturelles qui sont soit en accès libre soit qui appartiennent à une communauté. Cette théorie s'appuie sur l'hypothèse centrale selon laquelle l'absence de droits de propriété provoque la surexploitation des ressources.

En effet selon cette approche, lorsqu'une ressource est commune à plusieurs usagers et que son accès est ouvert à tous8 sans possibilité d'exclusion et si les coûts de sa dégradation sont supportés par tous tandis que les bénéfices sont individualisés, chaque utilisateur ou usager de cette ressource tendra à maximiser son exploitation. La ressource serait dès lors vouée à l'épuisement. Cette théorie a montré ses limites dans le contexte des pays en développement. En effet, dans certaines régions la propriété commune a survécu, les ressources ont été le plus souvent maintenues à des niveaux acceptables d'abondance.

Elinor Ostrom (1990) propose une gestion des ressources par les acteurs locaux à travers des normes sociales et des arrangements institutionnels. Ces populations locales

8 Accès à la terre : propriété traditionnelle

Dans la région, c'est l'occupation d'un espace donné qui confère à un individu le droit de propriété. Celle ci se matérialise par les champs, les plantations ou les arbres fruitiers. Il en va de même pour les produits de ramassage, dont les lieux ou arbres de ramassage appartiennent à ceux qui les ont découverts les premiers. Cette propriété est transférée de manière héréditaire par les ascendants aux descendants. En dehors de ces espaces individualisés, le reste du patrimoine foncier traditionnel appartient à la communauté et l'accès y est libre pour les autochtones. Cependant, il arrive que les activités conduisent les ressortissants de villages différents, à coloniser des terres à des distances assez éloignées de leurs origines. Dans ce dernier cas, les terres n'appartiennent pas aux villages, mais plutôt aux individus. Si l'accès au foncier chez les Bantous se définit par l'occupation effective, chez les Baka au contraire, la notion de propriété foncière n'existe pas : l'espace forestier dans lequel ils ont toujours évolué appartient à tous, et chacun accède aux ressources selon ses besoins et ses capacités. Hecketsweiler, 2001.

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doivent trouver des règles limitant l'exploitation sur le long terme et mettre en place des sanctions à l'égard des de ceux qui surexploitent les ressources.

Weber et Reveret (1993) élaborent une nouvelle grille de la réalité qui priviligie l'analyse des divers modes d'appropriations des ressources naturelles et des processus de décision en matière de gestion des ressources. L'originalité de leur idée réside dans la combinaison de cinq niveaux d'un mode d'appropriation ( les représentations de la nature, les usages des ressources, les modalités d'accès aux ressources et de contrôle de l'accès, la transférabilité des droits d'accès et les règles de partage des produits issus de l'exploitation des ressources) et du processus de décision. Cette théorie et les différents points de vue qui ont été apportés par les auteurs nous permettront d'étudier l'accès aux ressources et les règles qui les régissent dans notre zone d'étude.

3 - L'approche participative

Selon Gallard et Koné (1994)9 la participation "est une dynamique sans cesse réactivée, fonctionnelle et pragmatique, dans laquelle agents de développement et populations conjuguent leurs savoirs, leurs savoir-faire et leurs volontés dans des actions concertées de partenariat en vue d'améliorer, de façon durable, la prise en charge et la gestion des actions entreprises". La participation au développement est une approche où toutes les parties prenantes sont équitablement et activement engagées dans la formulation de politiques et de stratégies de développement, ainsi que dans l'analyse, la planification, la mise en oeuvre, le contrôle et l'évaluation des activités de développement. Pour que ce processus soit plus équitable, il faut permettre aux plus défavorisés d'accroître leurs connaissances et de gérer eux-mêmes leurs moyens d'existence, surtout lorsque les initiatives de développement affectent leur vie. Gohl (1993) conçoit que la participation doit être comprise comme un processus dans lequel la population apprend à gagner de plus en plus d'autonomie tandis que les structures d'appui apprennent à céder de plus en plus de pouvoir. En outre, cette approche est vue comme un système itératif menant à un processus continu d'harmonisation des relations entre les divers membres d'une société, l'objectif étant d'accroître leur influence, voire leur main-mise, sur les initiatives de développement qui affectent leurs vies.

9 GALLARD, J. et KONE, P. 1994b. La méthodologie de l'approche participative

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Se situant dans la même logique, Ngoufo (2005) cité par Mbatchou (2010) considère que la gestion des ressources fauniques doit tenir compte de toutes les forces, externes et internes.

Nguinguiri (1998), distingue deux types d'approches participatives :

- L'approche des alternatives économiques fondée sur les incitations (payement des salaires, partage des revenus générés par l'exploitation des ressources naturelles). Cette approche encourage également la mise en place des activités économiques qui n'entravent pas la conservation des écosystèmes forestiers.

- L'approche des alternatives institutionnelles qui se caractérisent par la création des ONG, des associations locales, de petits projets avec des perspectives de mise en oeuvre des procédures de médiation. Cette approche prend en compte les étapes suivantes pour aboutir à des aménagements viables :

> Gérer les droits et les modes de propriété ;

> Concilier les contraintes d'échelle : du local à l'international ;

> Adapter les processus d'évolution aux acteurs ;

> Utiliser des procédures économiquement viables pour tous ;

> Communiquer, éduquer et accompagner les changements ;

> Soutenir les modalités participatives.

L'UNESCO, bien que n'étant pas directement impliqué dans le secteur de la conservation, a été le premier à se soucier du lien entre la conservation et le développement des populations locales à travers son projet MAB (Man And the Biosphere). Plusieurs organismes (WWF, UICN, PNUE...) vont également exprimer la nécessité de prise en compte de tous les facteurs sociaux dans le programme de conservation. La participation, à la différence de la conservation exclusive classique, exige la prise en compte des divers acteurs, des différents objectifs de la conservation, et la nécessité de faire bénéficier davantage les communautés locales des revenus issus des aires protégées. Sur le terrain, la participation des populations à la gestion des ressources naturelles sera mise en oeuvre à l'aide de divers outils. Nous retiendrons dans le cadre de cette recherche deux outils ; notamment l'approche « zone tampon » et MAB, et les projets intégrés de conservation et développement (PICD).

3 - 1 L'approche « zone tampon » et MAB

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L'ouverture de la conservation vers le développement a été effectuée par l'UNESCO, qui propose en 1974 dans le cadre du programme « Man and the Biosphere » (MAB) le concept de réserve de biosphère, dont l'objectif est de réconcilier la protection de la nature et la satisfaction des besoins humains et d'appuyer le tout sur la coopération scientifique internationale. Afin d'associer ces diverses fonctions, il est mis en place un système de zonage qui comprend une ou plusieurs zones centrales, où l'action humaine est minimale, une zone concentrique qui sert de tampon et accueille davantage d'activités humaines telles que la formation, l'éducation à l'environnement ou certaines activités de tourisme et de loisirs. Enfin, la zone extérieure sert de lien avec le reste de la région où est sise la réserve et sert d'emplacement aux activités de développement, aux établissements humains ou à l'agriculture. Nous pouvons donc dire que les réserves de biosphère réconcilient la conservation et le développement en les séparant spatialement grâce au système de zonage mentionné.

3 - 2 Les Programmes Intégrés de Conservation et Développement

(PICD)

C'est une démarche qui tente de réconcilier la conservation et le développement, comme le souligne S. Worah : « an approach that aims to meet social development priorities and conservation goals »10, cité par Bénédicte Kippes (2007), bien que leur but premier demeure la conservation de la biodiversité. Les PICD se présentent comme une alternative acceptable de gestion des aires protégées. Toujours signe de la notion de pression de la population sur la biodiversité, l'approche PICD a pour objectif de la réduire en offrant des moyens de subsistance (« livelihoods ») diversifiés qui permettent de diminuer la dépendance des populations par rapport aux ressources naturelles et sauvages. Cette approche permet de développer des projets, dépendant généralement de fonds provenant de sources extérieures, et initiés aussi bien par des agences de coopérations gouvernementales, des ministères, des ONG locales, nationales ou internationales que par des organisations comme la Banque Mondiale.

Les PICD ont le mérite de faire admettre la nécessité d'une gestion sociale de la nature, ils nous permettront de voir, à travers le tableau de synthèse sur l'évolution des approches PICD, si les activités des populations dans l'interzone siéent aux objectifs de la conservation.

10 S.Worah, cité par HUGUES Ross, FLINTAN Fiona, Integrating Conservation and Development Experiences : A Review and Bibliography of the ICDP Literature, London: International Institute for Environment and Development, 2001, p.4

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Tableau N°1 : Evolution de l'approche PICD

 

Présupposée

Activités-type

Leçons apprises

1ière phase

Les besoins de base des populations vivant dans et autour des zones riches en

biodiversité doivent être

remplis. Sinon, ils ne
soutiendront pas les efforts de conservation (ou y seront hostiles)

Activités de « développement social » comme la construction

de routes, d'écoles, de centres de santé (infrastructures collectives)

Les bénéficiaires sont passifs, pas assez

concernés et les liens avec la conservation sont peu clairs voire inexistants.

2ième phase

Les impacts négatifs des

communautés locales sur la

biodiversité peuvent être
allégés en leur fournissant des moyens de subsistance

(livelihoods) alternatifs,
moins dépendants des RN à protéger

Développement d' « alternative livelihoods » comme l'agroforesterie, l'apiculture, le jardinage, etc.

Les liens entre la conservation et le développement sont faibles ou peu clairs, ce qui entraîne une perte de connaissance de la gestion traditionnelle des RN. Relâcher le lien entre ressources à protéger et celles porteuses de développement qui affaiblit l'intérêt pour la conservation.

3ième phase

Les communautés locales

peuvent user des
ressources « sagement »
si le lien entre la conservation

de la biodiversité et
l'amélioration des moyens de subsistance est clair.

Ajout de valeur aux RN extraites (par ex. Apiculture

forestière, marketing et écotourisme, etc.)

Il existe des freins légaux ou politiques (accès, foncier, etc.), l'information sur la biodiversité est inadéquate, de même que les mécanismes de partage des bénéfices. Il existe des conflits internes.

4ième phase

Les communautés agiront

pour conserver les
ressources si elles prennent

part aux décisions sur

l'usage et la gestion des

ressources.

Partage de l'accès et des bénéfices, zones

à usages multiples,

planification et

gestion participative

(souvent limitées à

certaines ressources

ou zones

spécifiques)

Il existe des freins politiques et

légaux (accès, foncier, etc.),

certaines forces externes
constituent des menaces qui ne sont pas contrées, participation de la population trop limitée pour susciter un intérêt à long terme. Nécessité d'impliquer des acteurs éloignés de la gestion directe et d'adopter des accords clés entre les parties-prenantes.

Source: WORAH Sajel, «International History of ICDPs», Proceedings of Integrated Conservation and Development Projects Lessons Learned Workshop, Ha Noi (Viet Nam), Cité par Bénédicte Kippes (2007)

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Prélèvement
des PFNL

Exploitation
forestière

Exploitation artisanale, orpaillage

Exploitation légale

Concept Dimensions Variables Indicateurs

Agriculture de subsistance, agriculture sur brûlis

Agriculture de plantation, agriculture de rente

Respect des textes en vigueur, des diamètres de coupe, degré de compréhension des textes, textes juridiques appliqués respect du cahier de charge

Agriculture

 
 

- chasse de subsistance ou chasse traditionnelle

 
 

Coupe artisanale

 

Extraction et utilisation des PFNL

Unité de surveillance/protection

Implication des populations dans la gestion des ressources

Figure N°3 : Schéma conceptuel d'analyse des activités des populations dans l'interzone Réserve du Dja parc national de Nki

Technique de culture, durée de la jachère en année, superficie des champs, rythme de création des champs/ménage/an, localisation, intrants utilisés, régime foncier, développer l'agroforesterie.

Activités Compatibilité

des populations ou et conservation :
incompatibilité

Chasse

Chasse moderne ou braconnage

 

Chasse sportive, tourisme de vision

 

Respect de la règlementation de la chasse, période de chasse, technique de chasse, destination des produits, outils de chasse, règle coutumière, espèces chassées

Connaissance des lois régissant la chasse, dégré de compréhension des textes, texte juridique appliqué, les représentations que les chasseurs se font de la forêt, techniques et armes de chasse, espèces chassées, période de chasse, créer des revenus alternatifs.

Comportement du touriste, respect de la législation en vigueur, les retombées sur l'environnement et les populations,

Respect des normes de prélèvement, modalités d'accès et de prélèvement

Exploitation minière

Exploitation industrielle

Respect de la protection de l'environnement, gestion des déchets, création de nouvelles infrastructures.

Nombre et type de structures de contrôle, poste fixe, équipe mobile de surveillance, moyens financiers des structures en place, payement des salaires,

Service de
gestion

Capacité d'influer sur les décisions, modalités d'accès et de prélèvement des RN, modalités de contrôle et de sanctions, Accès à la rente forestière (différentes taxes liées à l'exploitation, à la transformation et à l'exportation), du tourisme de vision, de la chasse sportive

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"Nous voulons explorer la bonté contrée énorme où tout se tait"   Appolinaire