VI CADRE CONCEPTUEL ET THEORIQUE
A - Cadre conceptuel
Aire protégée
UICN définie une aire protégée comme
« une portion de terre, de milieu aquatique ou
de milieu marin, géographiquement
délimitée, vouée spécialement à la
protection et au maintien de la diversité biologique, aux ressources
naturelles associées ; pour ces fins cet espace géographique doit
être légalement désigné, réglementé et
administré par des moyens efficaces, juridiques et autres »
(UICN 1994). Ce sont des zones qui sont aménagées de façon
à répondre à des objectifs de conservation
spécifiques et compatibles (Sournia, 1998).
Afin d'harmoniser l'effort de conservation de la nature entre
les différents pays à travers le monde, l'UICN a défini en
1994 un référentiel qui lui permet de catégoriser les
divers types d'aires protégées en fonction du degré de
protection du patrimoine naturel et culturel qu'elles renferment. Cette
classification comprend 6 catégories d'aires protégées.
Catégorie Caractéristiques et objectifs de
gestion
IUCN
Ia Réserve Naturelle Intégrale
: aire protégée gérée principalement
à des fins
scientifiques ou de protection des ressources sauvages
Ib Zone de Nature sauvage : aire
protégée gérée principalement à des fins
de
protection des ressources sauvages
II
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|
Parc national : aire
protégée gérée principalement dans le but de
protéger les écosystèmes et à des fins
récréatives
|
III Monument naturel : aire
protégée gérée principalement dans le but de
préserver
des éléments naturels spécifiques
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Paysage terrestre ou marin protégé
: aire protégée gérée principalement
dans le
V but d'assurer la conservation de paysages
terrestres ou marins et à des fins récréatives
VI
|
|
Aire Protégée de ressources
naturelles gérée : aire protégée
gérée principalement à des fins d'utilisation durable des
écosystèmes naturels
|
Source : UICN.
Cette classification permet, entre autres, de comparer les
efforts de protection et de conservation de la nature entre différents
pays.
Biodiversité
Au cours de la convention sur la diversité biologique
tenue le 05 juin 1992 dans le cadre du sommet mondial de Rio de Janeiro sur
l'environnement, la diversité biologique a été
définie comme « La variabilité des organismes vivants de
toute origine y compris entre autres, les écosystèmes terrestres,
marins et autres écosystèmes aquatiques et les complexes
écologiques dont ils font partie. Cela comprend la diversité au
sein des écosystèmes ainsi que celles des espèces. »
Selon le rapport annuel du Fond Mondial pour la Faune et la Flore sauvage (WWF,
1990) cité par Kemasong (1998), la biodiversité représente
l'ensemble floristique, faunistique et des micros organismes des
écosystèmes qui interagissent dans un processus écologique
en rapport avec leur diversité biologique et génétique.
Conservation
D'une manière générale le terme «
conservation » est l'acte qui consiste à préserver un
élément dans un état constant. Conserver signifie
littéralement utiliser quelque chose avec parcimonie. La conservation
est l'effort de conscience pour protéger quelque chose et le plus
souvent un plan visant à prévenir la négligence et
l'extinction d'une ressource naturelle particulière.
La conservation de la nature consiste en la protection des
populations d'espèces animales et végétales, ainsi que la
conservation de l'intégrité écologique de leurs habitats
naturels ou de substitution comme les haies, les terriers, les mares ou les
autres habitats façonnés par l'homme. Selon la convention sur la
diversité biologique de Rio de 1992, la conservation est « une
gestion de l'utilisation par l'homme de la biosphère permettant aux
générations présentes de profiter des
bénéfices durables, tout en maintenant son potentiel de
répondre aux besoins et aux aspirations des générations
futures. » L'un des objectifs principaux du milieu de la conservation est
de maintenir les exigences de conservation de la nature, mais en les inscrivant
dans un cadre développementaliste, qui prendra essentiellement
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la forme d'une participation politique et économique
des populations locales à la gestion des ressources naturelles.
Interzone
Selon le dictionnaire Hachette, 2007, interzone veut dire
« entre plusieurs zones ». Une interzone est donc une zone
qui est entourée par d'autres zones d'un intérêt
particulier. Dans le cadre de notre étude, l'interzone peut donc
être définie comme l'espace compris entre le parc national de Nki,
la Réserve de la Biosphère de Dja et le parc national de
Minkébé au Gabon. Elle permet de renforcer la fonction de
protection des aires protégées environnantes. De manière
générale, l'UICN, le réseau Man and Biosphere de l'UNESCO
et tous les organismes de conservation recommandent que les noyaux
protégés des parcs nationaux soient entourés d'une zone
tampon. Certaines réserves naturelles petites ou vulnérables
peuvent également inclure une zone tampon. On admet dans les
zones-tampon certaines activités humaines, et en essayant de limiter
leurs impacts écologiques.
Moyens d'existence
Selon Chambers et Conway (1992), par moyens d'existence, on
entend les capacités d'une personne, ses avoirs (ressources
matérielles et sociales) et les activités nécessaires au
maintien de sa vie. Les moyens d'existence sont considérés comme
durables lorsqu'ils permettent de faire face à des chocs ou à des
situations de stress, de les surmonter, et de maintenir ou renforcer ses
capacités et ses avoirs à la fois dans le présent et dans
le futur, sans porter atteinte à la base des ressources naturelles et
par conséquent à la génération suivante.
Chaque moyen d'existence dépend de l'accès
à différents types d'avoirs, qui appartiennent à cinq
régistres: naturel, humain, matériel, social et financier. Par
définition, le moyen d'existence renforce les capacités sans
«porter atteinte à la base des ressources naturelles».
Population locale
C'est une notion composite utilisée dans la
littérature du développement durable. Elle recouvre plusieurs
réalités suivant les contextes. Selon l'UNESCO (2003),
l'expression «population locale» désigne aussi bien les
peuples indigènes ayant toujours vécu sur et par le site, les
agriculteurs établis de longue date, les grands propriétaires
terriens, les ménages disposant de résidences secondaires, de
même que des communautés urbaines très diverses. Selon
Joyal, (2006), le "local" est comme un espace ayant une
identité, une dynamique propre, des spécificités qui
entretiennent des relations d'interdépendance avec des espaces plus
vastes (régional, national, mondial) dans lesquels il s'insère.
Elle est aussi utilisée pour
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désigner un groupe d'individus appartenant à une
entité sociologique donnée (communauté, hameau, lignage,
clan, famille...) et résidant sur un site auquel on porte
préoccupation. La limite de cette vision est son caractère
général. Elle occulte notamment, pour ce qui est de notre zone
d'étude, les groupes résidant mais n'appartenant à aucune
entité sociologique locale. Dans le cadre de cette étude, la
notion de population locale va au-delà de cette restriction. Cette
notion y sera utilisée pour désigner les personnes qui
revendiquent, pour leur survie quotidienne, l'exploitation des ressources
forestières environnantes sur des espaces hérités de leurs
ancêtres ou ayant reçu le droit de jouissance d'un groupe ou d'une
autorité coutumière locale reconnue, ou à travers le
premier coup de hache usité dans la région.
Développement durable
En 1980, l'UICN6 définit le
développement durable comme « un développement qui tient
compte de l'environnement, de l'économie et du social ». Au
sens du Rapport Bruntland (1987) il s'agit d'un développement qui
répond aux besoins7 des générations du
présent sans compromettre la capacité des
générations futures à répondre aux leurs. Il
s'agit, en s'appuyant sur des valeurs (responsabilité, participation et
partage, débat, innovation, ...) d'affirmer une approche double :
- Dans le temps : nous avons le droit d'utiliser les
ressources de la Terre mais le devoir d'en assurer la pérennité
pour les générations à venir ;
- Dans l'espace : chaque terrien a le même droit aux
ressources de la Terre.
L'objectif du développement durable est de
définir des schémas viables qui concilient les trois aspects
économique, social, et environnemental des activités humaines ;
« trois piliers » à prendre en compte, par les
collectivités comme par les entreprises et les individus.
À ces trois piliers s'ajoute un enjeu transversal,
indispensable à la définition et à la mise en oeuvre de
politiques et d'actions relatives au développement durable : la
gouvernance. La gouvernance consiste en la participation de tous les acteurs
(citoyens, entreprises, associations, élus...) au processus de
décision ; elle est de ce fait une forme de démocratie
participative. Le développement durable n'est pas un état
statique d'harmonie mais un processus de transformation dans lequel
l'exploitation des ressources, le choix des
6 Les termes de «
développement durable » ont été utilisés, pour
la première fois, officiellement, par l'UICN en 1980 dans sa «
Stratégie mondiale de la conservation : la conservation des ressources
vivantes au service du développement durable »
7 Le Rapport énumère les neuf
besoins essentiels suivants: emploi ; sécurité alimentaire et
qualité du ravitaillement ; vêtement ; énergie ; logement ;
approvisionnement en eau et salubrité ; santé publique, y compris
des services de planning familial ; éducation ; un revenu qui se situe
à un niveau qui permettra à un particulier ou à un
ménage de satisfaire, régulièrement, ses besoins.
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investissements, l'orientation des changements technologiques
et institutionnels sont rendus cohérents avec l'avenir comme avec les
besoins du présent.
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