3.2.2 Contraintes socioéconomiques
Les contraintes socioéconomiques regroupent le capital
financier, la main d'oeuvre, les moyens techniques de production et les
ennemies du bananier.
? capital financier
Les moyens financiers des producteurs proviennent
essentiellement du profit issu de la vente des produits agricoles. La Commune
ne dispose pas de structures d'octroi de crédits pour la bananiculture.
Les quelques structures interviennent uniquement pour les cultures non
pérennes comme les céréales et les cultures
maraîchères. L'inexistence du crédit aux producteurs est
donc un facteur bloquant pour le développement de la filière.
? Inefficacité de la main d'oeuvre
Les producteurs font recours à la main d'oeuvre
salariée occasionnelle et familiale pour exécuter leurs
activités. La main d'oeuvre occasionnelle est recrutée au besoin,
si elle est disponible. Les ouvriers sont rémunérés
à la tâche.
49
Selon 80 % des enquêtés, ce sont les ouvriers
même qui fixent le prix de leur labeur. Les coûts des
opérations culturales sont consignés dans le Tableau IX.
Tableau IX: Coûts des opérations
culturales
Opérations culturales
|
Coût (FCFA) / Kanti
|
Remarque
|
Défrichement
|
1.000
|
sans repas
|
800
|
avec repas
|
Labour profond + Essouchage
|
6.000
|
avec Repas
|
8000
|
Sans repas
|
Labour léger
|
5000
|
Sans repas
|
4000
|
Avec repas
|
Billons
|
2.000
|
Sans repas
|
1500
|
Avec repas
|
Sarclage
|
600
|
avec repas
|
700
|
sans repas
|
Source de données :
Enquêtes de terrain, Septembre 2014
La lecture du tableau IX montre que le coût des
opérations culturales varie en fonction de la tâche. La
tâche sans repas pour le défrichement est à 1000FCFA alors
que celle avec repas s'élève à 800 F CFA. Selon 80 % des
enquêtés, la tâche avec repas est plus coûteux que
celle sans repas du fait des dépenses liées l'alimentation de
l'ouvrier.
? Moyens techniques et intrants de production
Les producteurs ne disposent d'aucun moyen technique de
production. Ils n'utilisent aucun moyen mécanique de production. Les
producteurs n'utilisent pas de semences, d'engrais minéraux et
pesticides qualifiés. L'accès aux rejets est difficile du fait de
l'inexistence de pépiniéristes qualifiés et de la
cherté des rejets introduits par INRAB. Le prix du rejet de la
variété «Aloga'' laquelle donne deux à trois
régimes varie entre 700F et 800F. Celui de la variété
«Aloga''qui donne un seul régime varie entre 300F et 500F. Pour les
engrais minéraux, les paysans utilisent l'engrais coton vendu par l'Etat
Béninois. Aussi, des engrais organiques sont utilisés. Ils
permettent la conservation de l'eau utile dans le sol, de fournir aux plantes,
les éléments nutritifs après la minéralisation ;
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ils favorisent la bonne aération du sol, le bon
développement racinaire des plants et la protection du sol contre
l'érosion. Les engrais organiques sont difficiles à obtenir du
fait du non développement de l'élevage. De même, ils
n'utilisent pas de pesticides. Mais ils utilisent seulement des méthodes
traditionnelles de lutte phytosanitaires comme la solution de la vieille
cendre.
? Ennemies du bananier
Plusieurs bactéries entravent le suivie du bananier. En
effet, la maladie la plus rencontrée dans certaines plantations est
celle de Moko. C'est une bactériose dont l'agent responsable est
Pseudomonas solanocearum. Elle est caractérisée par le
jaunissement et la chute des feuilles au moment où le régime
commence par se développer. Après une coupe transversale du
pseudo-tronc, on observe une nécrose des faisceaux vasculaires. L'agent
pénètre le bananier par des racines, colonise tout le
système vasculaire du plant en bloquant ainsi la circulation de la
sève et entraine son flétrissement. Quant aux nématodes,
le plant présente des racines de couleur noire. Il est rabougri, jaunit,
porte moins de feuilles qui sont de petites tailles. Il porte aussi un petit
régime. En cas d'attaque sévère on assiste au
déracinement ou à la chute du plant. L'agent responsable de cette
infection est un ver microscopique, parasite du bananier appelé
Rodopholus similis. (Lokossou et Rachidatou, 2005). Une autre maladie
plus grave est la cercosporiose noire. C'est une maladie foliaire. Le plant
attaqué présente des nécroses sur les feuilles. On observe
un jaunissement et un flétrissement prématuré des
feuilles. L'agent vecteur est un champignon Mycosphaerella fijiensis.
Pour limiter l'incidence de cette maladie sur le rendement, les producteurs
font systématiquement l'effeuillage. Il existe également d'autres
ennemies dont les ravageurs comme les chiroptères, les chauves- souris,
les oiseaux, les écureuils...etc.
La figure 11 fait la synthèse des contraintes de
production de banane plantain dans la Commune.
1 Pédoclimatiques
2 Main d'oeuvre
3 Crédits
4 Intrants
5 Transport
6
Maladies
2
23
18
26
16
15
51
Figure 11 : Synthèse des contraintes de
production de banane plantain dans la
Commune de Zè.
Source de données : Travaux
de terrain, septembre, 2014
La lecture de cette figure montre que les facteurs qui minent
la production de banane plantain dans la Commune de Zè sont
essentiellement des crédits, les intrants, le transport, les facteurs
pédoclimatiques et l'inefficacité de la main d'oeuvre. Les
maladies ne sont pas aussi plus répandues.
En conclusion de cette partie, plusieurs contraintes entravent
la production de banane plantain dans la Commune. Les contraintes climatiques
sont la pluie (le régime pluviométrique idéal est de 120
à 160 mm de pluie par mois), la température (l'idéale se
situe 18° C-28°C), le vent peut être à l'origine de
dégâts considérables (Robinson, 1996). Dans les
régions comme le Bénin, qui possèdent un hiver
marquée, la date de plantation est choisie de sorte que la
différenciation florale ait lieu en été et la maturation
en hiver. Le matériel de plantation doit être choisi au
préalable afin de faire coïncider la floraison avec la saison
favorable pour obtenir de hauts rendements. La température
prévalant en hiver a un effet sur la période de récolte et
la maturité du fruit: plus les hivers sont froids, plus la
récolte est retardée et la maturation ralentie. Ceci se
répercute sur l'apparition des rejets du cycle suivant et par suite sur
la floraison (IICA, 2012). La croissance est ralentie durant la période
de basses températures. La sélection des rejets doit se faire
selon les périodes appropriées à chaque stade de
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développement. Quant aux contraintes
socioéconomiques, l'existence de ces différents facteurs
bloquants constituent un frein pour le développement de la
filière car les engrais minéraux qualifiés favorisent la
croissance, le développement, la fructification rapide et augmentent le
rendement des cultures. L'utilisation des rejets sains réduit les
risques d'attaque de ravageurs. Les engrais organiques permettent la
conservation de l'eau utile dans le sol, de fournir aux plantes, les
éléments nutritifs après la minéralisation. Aussi,
ils favorisent une bonne aération du sol, un bon développement
racinaire des plantes et une protection du sol contre l'érosion.
Toutefois, la production parcours certaines étapes bien
définies avant de parvenir au niveau des consommateurs finaux.
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