I.1.1.2. Historique de la
microfinance
La micro-finance a connu un essor considérable dans les
années 70 sous l'impulsion de Muhammad YUNUS, économiste
bangladeshi fondateur de l'organisation Grameen et prix Nobel de la paix en
2006. Mais la micro-finance est en réalité une pratique
très ancienne déjà utilisée du temps des
babyloniens.
· A l'origine : l'épargne et le crédit
rotatif par association
En Inde, le micro-crédit est apparu il y a 3000 ans,
sous trois formes principales : les traditionnels usuriers, les guildes de
marchands, et les ECRA (Epargne et Crédit Rotatif par Association)
Ces derniers désignent des groupes d'individus
volontaires qui construisent un cycle d'épargne et de prêt.
Régulièrement, les membres se rencontrent et chacun contribue de
façon égale à un fond, qui finance le crédit
rotatif dont chaque membre bénéficiera au cours du cycle, chacun
son tour. L'ECRA existe depuis des siècles et dans différentes
régions du monde ; Il est appelé ''tontines'' dans l'Ouest
africain, "tandas" au Mexique, "pasanaku" en Bolivie, "arisan" en
Indonésie, "cheetu" au Sri Lanka, ''esusu'' au Nigeria... Ces formes
d'épargne sont toujours très utilisées aujourd'hui.
· Au 19ème siècle : Des
programmes de microprêt et d'épargne collective pour faire face
aux situations de crise
En Irlande, près les grandes famines du
XVIIème et XVIIIème siècles, le
penseur Jonathan Swift prône le principe du micro-prêt, qui permet
de rompre le cycle de la pauvreté. Il met en place le Système
Irlandais de Fonds pour Prêt, qui soutiendra jusqu'à 20% des
familles irlandaises chaque année.
En Allemagne, en 1848, le maire Friedrich Raiffeisen cherche
à court-circuiter les usuriers. Ayant réalisé que
l'épargne coopérative est plus efficace que la charité
pour permettre aux pauvres de sortir de leur dépendance vis-à-vis
des usuriers, il crée le premier Syndicat du Crédit, qui finira
par toucher 2 millions de paysans. L'idée se réplique rapidement
en Europe et en Amérique du Nord, puis en Indonésie et en
Amérique Latine.
· Les années 1970 :
Des programmes expérimentaux sont lancés au
Bangladesh et au Brésil, où il s'agit d'accorder des
micro-prêts solidaires à des groupes de femmes qui les
investissent dans des micro-entreprises...
Le microcrédit prend un essor considérable
grâce au Professeur Muhammad Yunus qui obtiendra le Prix Nobel de la
paix en 2006. En observant le modèle économique inefficace et
improductif des femmes artisanes pauvres, il décide de créer une
réponse institutionnelle pour aider ces personnes : la Grameen Bank, la
première banque de microfinance moderne.
Il a renversé la logique financière et les a
priori des banques traditionnelles en apportant la preuve que les personnes
pauvres sont très fiables, qu'elles remboursent majoritairement leurs
prêts et qu'elles sont en mesure de payer les taux d'intérêt
couvrant les frais du prêt.
A la fin des années 1980, les initiatives se
multiplient. En Amérique latine, des institutions accordant des
crédits en milieu urbain commencent à couvrir leur frais
sans subvention. L'ONG bolivienne PRODEM créée en
1986 décide de « filialiser » ses activités
de microfinance sous forme de banque en créant la Banco Solario SA, plus
connue sous le nom de BancoSol. C'est l'émergence d'une
« industrie de la microfinance »
· Vers le XXIème
siècle...
A la fin des années 1990, le succès du
micro-crédit à permis le développement de la
micro-finance, qui englobe toute une gamme de services financiers à
destination des pauvres : crédit, épargne, assurance,
accompagnement...
L'on peut constater une financiarisation croissante de la
microfinance qu'il s'agit de surveiller et de réguler pour faire en
sorte que la microfinance reste un outil social au service du
développement des populations pauvres.
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