Section III : L'acceptation de l'offre à
distance
L'acceptation de l'offre est un élément
fondamental de la formation du contrat à distance. Si l'offre s'inscrit
dans la phase préparatoire, avec la manifestation de l'acceptation se
noue la relation contractuelle. C'est seulement à partir de ce moment
là que les droits et obligations énoncés dans l'offre
deviennent effectifs.
Toutefois, dans la mesure où les contrats à
distance dont ceux conclus par voie électronique mettent en relation des
parties physiquement éloignées l'une de l'autre, cela implique
que l'échange des consentements s'effectue à distance.
73 Le professeur Tshizanga enseigne dans le cours
de Droit des assurances dispensé en deuxième licence Droit de
l'Université de Lubumbashi, que contrairement à d'autres
contrats, celui d'assurance s'ouvre par une proposition d'assurance qui
émane de l'assurable ; la personne qui envisage de se protéger
contre le risque ou de garantir le risque souhaité, propose à
l'assureur une pollicitation sur une formule appropriée pré
rédigée par l'assureur. Lorsque l'assureur accepte la
pollicitation, il établit la police d'assurance qu'il signe et remet
à l'assurer.
74 YOUSEF SHANDI, op.-cit., p.32
75 BENABENT A. définit l'acceptation comme
étant « le oui donné à l'offre, qui
réalise une conjonction des consentements, caractéristique du
contrat » : Droit civil les obligations, Montchrestien, 5e
édition 1995, p. 41
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Paragraphe I : La notion d'acceptation à
distance
L'acceptation est l'agrément pur et simple de l'offre.
C'est, plus précisément, l'expression de l'intention
définitive du destinataire de l'offre de conclure le contrat aux
conditions déterminées par l'offrant.
Pour être efficace, l'acceptation doit intervenir
pendant le délai imparti de validité de l'offre. Elle doit
également porter sur tous les éléments essentiels du
contrat ou sur ceux qui ont été tenus pour essentiels par l'une
des parties.
Comme nous le remarquons, la définition de
l'acceptation à distance est la même que celle «
ordinaire », elle n'a donc pas changée, c'est plutôt
sa forme qui change.
1. Evolution de la forme d'acceptation à
distance
A côté des formes classiques de la manifestation
de l'acceptation à distance, une nouvelle forme, par des clics, a
été crée pour l'expression de l'acceptation par voie
électronique.
1.1. La forme classique de l'acceptation à
distance
La forme de l'acceptation dans les contrats consensuels est en
principe libre : les parties peuvent exprimer leur volonté d'une
manière quelconque puisqu'aucune forme n'est requise à titre de
validité dans le code civil.
La loi exige simplement l'existence d'un accord de
volontés. Il est alors nécessaire que l'acceptation soit
extériorisée pour que l'autre partie puisse en prendre
connaissance et pour que les volontés se rencontrent.
La forme dans laquelle l'acceptation s'exprime n'importe pas.
Ainsi, un signe rudimentaire admis par l'usage ou un simple « oui »75
prononcé ou écrit peut, dans un certain contexte, être
analysé comme une acceptation sous réserve toutefois que ceux-ci
traduisent sans équivoque la volonté de contracter.
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Les contrats à distance ne posent pas de
problèmes spécifiques sur ce point car la plupart de ces contrats
sont consensuels et n'exigent aucune forme particulière pour leur
formation.
Cependant, à la différence des contrats conclus
entre personnes présentes, où les parties peuvent exprimer leurs
volontés de façon expresse ou tacite, l'acceptation dans
les contrats à distance ne peut s'exprimer que de manière
expresse. L'acceptation ne sera jamais déduite d'une attitude
passive ou tacite76.
L'acceptation exprimée par voie électronique
s'est avérée problématique au regard des règles
classiques de Droit commun. C'est pourquoi on a inventé un nouveau
système d'acceptation : par simple
clic.77
1.1.1. L'acceptation par simple
« clic »
En effet, l'acceptation par voie électronique se
réalise par un simple clic78. Cependant, la question que nous
devons nous poser est de savoir si ce simple clic est-il suffisant à
exprimer une intention certaine de s'engager.
Une réponse positive s'impose puisque la doctrine et la
jurisprudence affirment depuis longtemps que l'homme peut exprimer sa
volonté de diverses manières : un geste non équivoque ou
un comportement actif peut être considéré comme une
manifestation expresse de la volonté de s'engager.
Il a été jugé, en effet, que le fait de
monter dans un autobus ou dans un taxi en stationnement constitue bel et bien
une acceptation expresse de l'offre de transport.
La doctrine va dans le même sens : hocher la tête
dans une vente aux enchères peut être considéré
comme une acceptation si dans une telle circonstance l'usage donne à ce
geste la qualification d'acceptation.
76 YOUSEF SHANDI, op.-cit., p.14
77 Ibidem, p.146
78 Ibidem, p.146
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L'acceptation par un simple clic ne pose donc pas de
problèmes. Mais pour qualifier ce geste d'acceptation, il faut qu'il
soit voulu, c'est-à-dire, qu'il exprime une volonté interne de
s'engager. Il doit également présenter une volonté
consciente des conséquences attachées à cet
engagement79.
Toutefois, qualifier ce simple clic d'acceptation peut
engendrer un risque, pour le destinataire de l'offre, qui peut prétendre
n'avoir cliqué que par erreur de manipulation sans vouloir manifester
une volonté de s'engager.
Dans ce cas, il peut nier la valeur de son clic tout
simplement parce qu'il ne signifie rien en soi. Il lui sera alors difficile
d'invoquer l'erreur ou le dol parce que ce n'est pas la validité du
contrat qui est en cause mais son existence80. Cfr l'affaire
Rudder contre Microsoft corporation « section 3, chapitre III de notre
travail consacré aux cas pratiques ».
Il y a donc deux intérêts contradictoires : d'un
côté, un simple clic est insuffisant à manifester le
consentement du destinataire et de l'autre côté, imposer des
procédures et formalités complexes, par exemple une
confirmation écrite de l'acceptation, auront pour
conséquence d'affaiblir considérablement le recours au mode
électronique pour contracter. Il convient alors de trouver un juste
milieu.
C'est ainsi que dans le même sens, mais cette fois en
matière commerciale, la Chambre de commerce et d'industrie de
Paris81 prévoyait que le vendeur prépare « un
système d'acceptation par pages écran successives proposant une
série de saisies de données qui amènerait progressivement
le client vers un consentement définitif ».
D'autres auteurs proposent et c'est ce que nous remarquons
plus dans la pratique, la formule de deux clics distincts sur deux icônes
différentes : «j'accepte l'offre » et «
confirmez-vous bien votre acceptation ? ».
79 YOUSEF SHANDY, op.-cit., p.146
80 Ibidem, p.142
81 CCIP, Pour un contrat type de commerce
électronique, 27 mars, 1997, p.12
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Mais étant donné que sur une page Web, tout est
si rapide, que même deux icônes différents, ne garantissent
pas à cent pourcent l'erreur du destinataire de l'offre.
Ainsi, pensons-nous alors, que s'il est possible, de se passer
du papier comme matériel d'écrit, il n'est pas encore temps de se
passer de l'écrit.
Ainsi proposons-nous, qu'outre les deux icônes
différents, («j'accepte l'offre » et «
confirmez-vous bien votre acceptation ? ».), qu'il soit
obligatoire pour la validité d'une acceptation à distance par
voie électronique, que le destinataire, après avoir cliqué
sur les deux icônes, confirment encore son acceptation par un courrier
électronique à l'adresse du pollicitant. Cela insinue que le
pollicitant qui propose son offre sur une page web, devra toujours inscrire
quelque part son adresse électronique.
Notons que toute la théorie développée
concerne, l'acceptation d'une offre faite sur un site Web. Pour ce qui
est de l'offre adressée à une personne par un courrier
électronique, il n'est point besoin d'utiliser toute cette kyrielle
de théorie, il suffira dan ce cas pour le destinataire d'y
réponde par un courrier électronique à l'adresse de
l'offrant.
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