Section IV : La rencontre de l'offre et de
l'acceptation
A la rencontre de l'offre et de l'acceptation, le contrat est
conclu. Mais lorsque les parties au contrat ne sont pas présentes
physiquement, il se pose deux questions ; celle relative au moment de la
conclusion du contrat et celle relative au lieu de la conclusion du contrat.
Paragraphe I Moment de la formation du contrat
Le code civil congolais est muet face à cette
préoccupation ; et la question trouve de solution dans la doctrine.
A l'origine, les contrats entre absents se concluaient
uniquement par échange de lettres missives. Vu la lenteur des
communications postales, un laps de temps important pouvait s'écouler
entre l'expédition et la réception d'une offre ou d'une
acceptation. Durant cette période, l'objet du
82 AUBERT J.-L., Notions et rôles de
l'offre et de l'acceptation dans la formation du contrat, Paris, L.G.D.J.,
1970, p. 346
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contrat pouvait subir un sinistre, ou l'offrant voire
l'acceptant, tomber en déconfiture, changer d'avis,
décéder ou devenir incapable.
D'où la nécessité de dégager un
critère pertinent pour la détermination du moment précis
de formation du contrat.
Le concours de volonté existe lorsque les consentements
sont non seulement exprimés, mais aussi connus de part et d'autre. Il
n'y a aucun intérêt pratique à distinguer ce double stade
dans les contrats entre présents, parce que volonté
exprimée par l'acceptant et volonté connue par l'offrant ne sont
pas séparées par un intervalle de temps
appréciable.
Il n'en est plus de même lorsque les parties sont
éloignées l'une de l'autre par la distance, et doivent recourir,
pour se mettre en rapport, à un moyen artificiel quelconque qui
augmentera souvent considérablement l'intervalle de temps qui
sépare le moment où la volonté de l'acceptant est
exprimée, et celui où elle sera connue de l'offrant, et ainsi
peut se poser la question de savoir où et quand le contrat se
formera.
On voit ainsi que théoriquement, la question du moment,
tout au moins, de la formation du contrat se pose aussi bien pour les contrats
entre présents que pour ceux entre absents, mais qu'elle n'acquiert
d'intérêt pratique que pour ces derniers.
1. Théories applicables
La question du moment de formation du contrat a donné
lieu à de vives controverses entre, d'une part, les auteurs qui
s'attachent à la manifestation de l'acceptation (théorie de la
déclaration et théorie de l'émission), d'autre part, ceux
qui accordent la primauté à la notification de l'acceptation
(théorie de la réception et théorie de
l'information)82.
Pour les premiers, la conclusion du contrat s'opère par
la simple coexistence d'une offre et d'une acceptation. Pour les seconds, ce
n'est pas la seule coexistence des volontés qui entraîne la
formation du contrat, mais leur connaissance réciproque par les
parties.
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Sans prétention de notre part de se lancer dans la
controverse, examinons les principaux arguments en faveur de ces
théories. Notons que ces dernières ne sont vouées à
s'appliquer que de manière supplétive, si les parties
n'ont pas déterminé elles-mêmes le moment de conclusion du
contrat.
1.1. Coexistence des
volontés
a. La théorie de la déclaration
Selon la théorie de la déclaration, il y a
contrat aussitôt que l'offre est agréée, sans qu'il soit
nécessaire que cette acceptation ait été connue de celui
dont émane l'offre
Néanmoins, le concours purement métaphysique
des volontés ne suffit pas encore faut-il qu'il y ait trace de
l'acceptation. On mesure aisément toutes les difficultés
probatoires liées à l'adoption d'une telle théorie.
Par ailleurs, on ne saurait admettre que les parties sont
liées tant que l'acceptant conserve en sa possession l'acceptation sans
l'avoir envoyée, ayant ainsi tout le loisir de la détruire. Ceci
explique le peu de succès rencontré par cette
théorie83.
b. La théorie de l'expédition
La théorie de l'expédition va plus loin, en
rattachant la conclusion du contrat au moment où l'acceptant s'est
dessaisi de l'acceptation84. Il n'est même pas
nécessaire que le destinataire de l'acceptation en soit
informé.
Qu'importe que l'acceptation ne lui soit pas connue à
l'instant même, puisqu'elle le sera nécessairement plus tard.
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