1-2- Analyse
herméneutique du discours d'Akaffou
1-2-1-La revendication de
la propriété foncière comme une stratégie
d'appropriation ou de conservation de celle-ci
Selon Akaffou, la conservation de la propriété
foncière consiste au strict respect des normes agraires, sociales et
économiques qui lient les migrants aux autochtones. Il décrit une
situation de non reconnaissance des principes moraux du tutorat foncier. Selon
lui, la rente foncière générée par les
indemnisations aurait dû être déclarée aux tuteurs
autochtones et non au titre d'une appropriation singulière du
côté des migrants.
En fait, le discours d'Akaffou traduit une forme de
conservation perpétuelle de la propriété foncière.
Il s'agit d'une légitimation du contrôle exclusif de la terre et
du renforcement à perpétuité des relations sociales et
économiques avec les groupes ethniques installés à une
époque récente.
En s'appuyant sur l'idéologie de l'autochtonie
comme l'expression des rapports de domination des autochtones sur les
allochtones et allogènes, il s'inscrit dans un système
pérennisé d'obligations liant le migrant à son tuteur et
impliquant un devoir de reconnaissance sociale et économique absolu. On
note par ailleurs que le recours à l'autochtonie vise à
restructurer la rente foncière en ce sens que les migrants n'ont droit
qu'aux indemnités associées aux cultures et les autochtones
celles liées à la terre. Cela met en exergue plusieurs types de
relations telles que les relations de conflits, d'inégalité, de
concurrence et de domination. D'un point de vue des pratiques,la
« non reconnaissance des migrants», l'idéologie de
l'autochtonie et l'identité autochtonie fonctionnent comme des
opérateurs symboliques dans la structuration des statuts et des
rôles au sein du comité. Ainsi, l'on observe un comité de
gestion des conflits construit sur une base ethnique par l'exclusion pure et
simple des allochtones et allogènes.
Extrait de l'entretien d'Akaffou :
« J'ai donné cette parcelle pour que
symboliquement vous veniez me dire merci que ce soit en nature ou en argent.
Mais pourquoi avec l'arrivée des mines, les choses changent. Pourquoi
ces personnes se proclament propriétaire de la terre à l'insu du
donateur. La meilleure solution ou la solution la plus humaine comme la terre
s'en va définitivement, c'est de venir vers son patron, lui dire que la
terre que tu m'as donnée, j'ai été indemnisé, je
viens te dire merci. C'est ça que nous attendons d'eux. Et ils ne le
font pas. Ils se proclament propriétaire terrien et on met les
chèques à leurs noms. Ils ne sont pas
reconnaissants ».
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